Fini la sensation d’avoir la tête comme une pastèque, je retrouve peu à peu mon melon habituel. J’avais oublié cette sensation de vivre à l’intérieur de soi comme à l’extérieur. Quand les oreilles sont tellement bouchées que les seuls sons audibles sont les battements du cœur. Quand on a des ziguigui presque invisibles qui gigotent devant les yeux tels le plancton des profondeurs qui s’irise mais pas trop, et qu’on a beau cligner mais rien n’y fait, et qu’on regarde dans l’autre coin de la pièce, mais non, c’est toujours là. Quand on sent ce qui passe où ça passe, et si ça file plutôt droit dans les tuyaux ou si les angles touchent le bord. Je parle de boire et de manger, bande de sales. À mesure que je progresse en tâtonnant dans mes sensations internes qui s’imposent à ma conscience comme de réels stimulus extérieurs, alors que d’habitude je les ignore tout simplement, je sens qu’autour de moi les parois sont de moins en moins gluantes, que ça renifle moins au bout du couloir, que les oursins fichés dans le secteur du larynx commencent à tomber leurs piquants, ça doit être le printemps. Enfin bref, je le sens, je commence à voir la lumière de derrière le rideau de mucus, le bout du tunnel quoi. J’en suis sûr, la sortie c’est par là.
Si j’avais le temps d’aller voir un concert ce soir, ce serait les Gramophone Stomp au Broc’ Café, 2 boulevard Henri IV. C’est gratuit, ce qui en soit pourrait suffire, mais surtout le dernier concert que j’ai vu là-bas, celui des Canibal Dandies, ma donné envie d’y retourner histoire de confirmer s’ils avaient toujours autant de goût pour choisir les artistes qui passent chez eux. En plus, on aura peut-être droit à une coupure de courant, et laissez-moi vous dire que si vous n’avez jamais vécu une coupure de courant au Broc’ Café, c’est que vous n’êtes jamais allés au Broc’ Café. Moi j’aime bien les coupures de courant, je trouve que ça met l’ambiance.
Mais je n’en aurais pas le temps, vous me direz comment c’était. Ce soir, c’est la soirée bouclage de Numéro 0. Si vous savez pas de quoi je cause, vous pouvez vous mettre à jour en lisant cet article d’avant la Grande Crève : Connaissez-vous Numéro 0 ?
Je vous rappelle également que les bouquinistes sont installés, comme chaque samedi, aux Arceaux et sur l’esplanade Charles du Gaulle, qu’ils ont des livres à pas cher du tout, à trop chers pour moi, à juste le bon prix pour qu’on hésite une bonne demi-heure avant de céder.
Allez, à demain, en espérant avoir retrouvé toutes mes facultés d’ici là, parce que je vous raconte pas comment je rame pour écrire trois mots ces derniers jours…