On ne va pas refaire la même erreur qu’hier. Écrivons tout de suite quelque chose. J’aurais bien aimé vous raconter mon calvaire au F.I.S.E., mais je n’y suis pas encore passé. Ç’aurait été bien pratique. Je vous aurais dit qu’on était trop nombreux, qu’on avait soif, qu’on était mal assis et qu’on n’y voyait rien. Bon ben, je vous le dirai demain. Parce que j’y vais cet aprem, au F.I.S.E.. Koinkoin n’a pas changé d’avis. J’écris donc maintenant, de peur qu’une sortie en entrainant une autre je ne sois encore pas rentré à minuit.
Tout ça ne m’arrange pas. Non seulement il me faut trouver un sujet mais je n’ai plus de photos en stock. Allez. Inspiration je t’invoque ! Et hop ! On parlait de Lapeyronie, hier. Je suis déjà passé à Lapeyronie. Ce n’est pas un très bon souvenir. Je devais avoir vingt, vingt-et-un ans. On avait commencé fort l’apéro à 17h sur le balcon de mon ancienne colocation. Je crois qu’on s’était enfilé un bon pack de bière et une bouteille de pastis à trois personnes. Pas mal de pétards aussi. Nous avions naturellement continué la soirée dans un bar du centre-ville jusqu’à la fermeture. Puis nous étions allés nous finir à l’alcool fort sur l’une des pelouses de l’Esplanade. Autant vous dire qu’en repartant on ne marchait pas bien droit. Remarquez que j’écris « en repartant », et non « en rentrant », car même si c’était là l’idée principale, nous étions bien incapables de nous diriger dans la nuit éthylique de ce mois d’été.
En passant sur une place, la Canourgue, il me semble, l’ami avec qui j’étais, voyant une enfilade de motos garées, envoie un grand coup de pied dans la première. Effaré, je les vois toutes tomber comme des dominos, et je me rends compte que mon pote se met courir et disparaît à l’autre bout de la place. Je jette un regard sur le côté, lequel de côté j’en sais plus rien, et je vois, tapie dans l’ombre d’une rue pile en face des motos, une voiture de police à l’arrêt. Avec des agents dedans. Bon ben je continue à marcher comme si de rien n’était. Persuadé qu’ils venaient juste de voir l’autre con taper dans les bécanes, se tirer en courant et qu’ils allaient sans doute tenter de le poursuivre, et qu’il serait sans doute loin. Erreur.
À ce moment là, une dizaine de policiers déboulent par les rues adjacentes, on me passe les menottes, et on me dit de fermer ma gueule jusqu’à ce qu’on arrive au poste. Ah oui, on me répète aussi une dizaine de fois qu’on m’a VU faire. Les petits menteurs. C’est ce qui me fout encore le plus les boules aujourd’hui quand j’y repense. Donc menotté, embarqué dans l’énorme Ford à l’américaine qu’ils avaient à l’époque, et baladé jusqu’à Lapeyronie pour des tests sanguins. Sans ceinture, au passage. Menotté les mains dans le dos et sans ceinture avec l’un des cowboys de la municipale au volant, c’était déjà une aventure.
On arrive à Lapeyronie. Il doit être quatre heures du matin. L’un des flics est un petit jeune, hargneux au possible, c’est limite s’il ne m’insulte pas. Oui, ils étaient un peu en colère les flics. Vous vous doutez bien que si une dizaine de poulets était planquée à quatre heures du mat autour de cette place, c’était pas pour chopper un étudiant complètement cramé qui rentrait se coucher avec son pote un peu trop con quand il a bu. Je pense qu’on a dû faire foirer une petite opération bien comme il faut. Donc l’un d’eux était une jeune merde agressive qui se fichait bien de ce que je pouvais répondre à ses questions. Car oui, arrivés à l’hôpital, en attendant les résultats des tests, ils ont bien voulu me laisser répondre à leurs questions pour la première fois. Avant ils me posaient des questions, mais c’était pas pour que j’y réponde, c’était pour pouvoir me dire de fermer ma gueule quand j’essayais d’y répondre. Ça devait les amuser.
Les tests arrivent. L’infirmière est formelle, il me reste un tout petit peu de sang dans l’alcool, mais il est saturé de cannabis. Et je fais de la tachycardie. Tu m’étonnes. Défoncé comme j’étais et après avoir virevolté sur le siège arrière de leur caisse pourrie pendant dix longues minutes. Elle exige des policiers qu’ils me laissent à l’hôpital. Oui. Elle voit bien que je suis complètement cuit et qu’eux ne savent pas bien ce qu’ils font là avec moi, qu’ils exagèrent un peu. Elle leur laisse pas le choix, ils me prendront pas au poste ce soir. Les policiers lâchent l’affaire. De toute façon depuis une demi-heure ils ont bien eu le temps de se rendre compte que j’étais saoul mais honnête et que, effectivement, c’était pas moi qu’avait tapé dans les motos. L’autre flic était plus âgé, plus sympa. Il me demande si j’ai des trucs sur moi avant de partir. Heureusement, j’avais presque tout fumé. Il me fait comprendre qu’il me prend la boulette de shit qui me reste, mais comme ça, petit clin d’œil, on dira rien à personne. Ils ont fini par se barrer et j’ai plus jamais entendu parler d’eux.
Toujours est-il que j’ai passé la nuit à Lapeyronie. Quand je me suis réveillé à onze heures, la pièce s’était remplie. Apparemment c’était la chambre des alcoolos repêchés de nuit. J’avais pas sauté du lit que je me faisais déjà gratter une clope par le voisin. La facture de l’hôpital, par contre, je l’ai bien reçue. 900€ la nuit (et les tests j’imagine). L’assurance me remboursera une partie plus tard, et mon ami ne voudra jamais reconnaître qu’il aurait pu m’aider à en payer une partie, étant donné que tout ça était un peu de sa faute. Évidemment, on s’est moins vus après ça. Bon enfin, c’était il y a dix ans, bientôt je ne lui en voudrai plus du tout.
Ah la la. Que du texte, que de l’anecdote perso, aujourd’hui c’est un peu rude, hein ? En plus maintenant je suis pressé, je n’ai pas le temps de me relire. J’espère que ce sera pas trop la cata. Ah, et désolé pour le jeu de mots dans le titre, je pouvais pas m’empêcher. Allez. Bisettes.