À Lyon, je suis un touriste, car domicilié à Montpellier. Au 1er août, je serai un touriste à Montpellier, car domicilié à Lyon.
Cela change-t-il quoi que ce soit ? Je ne crois pas. Hier, je demandais à mon amie si elle souhaitait prendre un jour la nationalité Française, et elle m’a répondu que non. J’étais bien d’accord avec elle. C’est déjà assez embêtant de devoir répondre des bêtises du peuple auquel on a été assigné à la naissance vis-à-vis des autres peuples, mais, au moins, on peut toujours se désolidariser d’une foule en disant qu’on ne nous a rien demandé. Alors que, si c’est un choix… Elle m’a à son tour demandé si moi je souhaitais prendre la nationalité roumaine. Puisqu’elle est Tchèque. Hein ? Ah oui, elle est Tchèque mais une grande partie de sa famille est roumaine. C’est pour ça. Alors, nationalité roumaine ? Qu’est-ce que j’y gagnerai, je lui ai demandé ? Beaucoup de préjugés, m’a-t-elle répondu. Bah, non, j’ai dit, c’est déjà assez embêtant de devoir répondre des bêtises du peuple auquel on a été assigné à la naissance vis-à-vis des autres peuples, mais, au moins, on peut toujours se désolidariser d’une foule en disant qu’on ne nous a rien demandé. Alors que, si c’est un choix… Je l’avais déjà dit ? Et bien, ça ne fait pas de mal de le répéter. Je le pense réellement. Enfin, Tout cela pour dire que, Montpelliérien ou Lyonniais, cela ne changera pas grand chose.
La notion d’identité, c’est très flou pour moi. Koinkoin me disait récemment que selon lui, beaucoup de gens n’accrochaient pas à Montpellier car, la ville étant composée de beaucoup d’étudiantes et d’étudiants qui venaient et s’en allaient au bout de deux ou trois ans, aucune identité, ou personnalité, ne s’en dégageait. Pour paraphraser, Montpellier ne satisferait pas le besoin de ceux qui ressentent la nécessité d’appartenir à un groupe en se revendiquant de telle ou telle ville. Au cours du trajet de vendredi, notre conducteur de covoiturage, Lyonniais d’origine, m’a dit exactement la même chose sans que j’énonce la théorie de Koinkoin : Montpellier, contrairement à Lyon, n’avait pas une identité à laquelle il avait la sensation de pouvoir appartenir. Mince alors ! Moi qui n’aime appartenir à aucun groupe, ne serais-je pas très Montpelliérien sans le savoir ? Voilà qui me chagrinerait…
Attendez, attendez… Je ne peux pas en rester là. Il me faut trouver une issue satisfaisante à ce paradoxe qui n’en est sans doute un qu’en apparence. Il se peut que, de l’extérieur, certaines personnes trouvent mon comportement très Montpelliérien. Et après tout, après avoir vécu douze ans dans cette ville, et trente ans dans le même département, il est très possible que j’aie été influencé par un comportement répandu dans cette région du monde. Ce qui me gênerait, ce serait de me laisser aller à cette tendance qu’ont certains et certaines à se revendiquer eux- et elles-mêmes d’un certain état d’esprit régional, juste pour appartenir à un groupe, dans le but sans doute de ne pas être rejetés·es et de pouvoir à leur tour rejeter ceux et celles qui n’en font pas partie d’une manière ou d’une autre. Le fameux coup de la victime qui se transforme en bourreau, de l’enfant battu batteur d’enfants, du pédophilé pédophilant. Ce comportement semblant entraîner chauvinisme, racisme, sexisme, classisme, fascisme… bref, tous ces -ismes qui font peur, et surtout qui font chier, à sa suite. Enfin, je crois que, pour résumer, j’aime beaucoup réfléchir à nos comportements, et même à d’où vient-il qu’on les ait adoptés, mais jamais aux groupes dans lesquels ceux-ci seraient censés nous classer, ça me semble être LE piège. Voilà. Je suis à peu près satisfait de cette explication. En fait non, pas du tout, mais j’en ai assez d’écrire, alors faudra s’en contenter.
Vous ne pensiez pas passer au PMU pour l’instant philo d’entre le petit blanc et le pastis aujourd’hui, hein ? Eh bien c’est le PMU qui est venu à vous. Non, ne me remerciez pas. Offrez-moi plutôt un verre tant qu’on y est, pour moi ce sera un jus de tomates, merci.