Alors que la certitude de vivre à Lyon l’année prochaine était désormais fortement ancrée en nous, voilà que le spectre d’une vie à Lille refait surface. Comme une ombre plane au dessus de nos têtes, à mon amie et moi. Quand je le dis comme ça, on pourrait croire que c’est terrible, la perspective d’emménager à Lille. Il n’en est rien. Je suis sûr qu’on y trouvera notre bonheur, comme partout ailleurs. Il aurait peut-être simplement fallu que la réponse d’admissibilité de mon amie dans l’une des universités de la ville tombe une semaine plutôt, c’est-à-dire à la date qui était prévue, c’est-à-dire (bis) avant que je me rajoute sur le bail à Lyon. Je l’aurais peut-être mieux pris. Ça nous aurait évité bien des soucis administratifs. Ah, l’administration ! Rien que de le dire, j’en ai le cœur qui palpite. Attention, je ne suis pas de ceux qui crachent sur les personnes travaillant dans l’administration, mais je ne peux nier la lourdeur des systèmes eux-mêmes et le désespoir dans lequel m’ont fait tomber nombre d’entre eux lorsque j’ai eu à effectuer quelque démarche que ce soit par leur biais.
Sans compter cette saloperie d’agent immobilier qui n’a pas voulu faire un avenant pour mon inscription sur le bail à Lyon et m’a juste ajouté comme ça. Ah, c’est de l’argent économisé dites-vous ? Oui. Enfin, non. Ça fait qu’officiellement je vais être considéré comme résidant dans l’appartement de Lyon, en couple, depuis le 1er juin, alors qu’en fait ce ne sera réellement le cas qu’au 1er août. Le 1er août, c’est la date à laquelle je ne serai plus ni officiellement, ni réellement, célibataire résidant à Montpellier. Ça aurait été trop parfait. Mais non, là je vais être considéré comme ayant deux appartements en juin et en juillet, comme célibataire et en couple à la fois, sans compter que ce n’est pas la même région, donc pas la même CAF qui va s’occuper des dossiers d’aide au logement, et qu’il y aura du délai dans le transfert de mon dossier. Et allez expliquer ça à une administration. Rajoutez à ça un possible déménagement à Lille à partir du mois de septembre. Re-changement de situation, re-transfert de dossier…
Non, là, vraiment, je m’inquiète. Je me demande quelle somme dépensée dûment on va me faire rembourser. Je me demande quoi déclarer quand, pour ne pas perdre six mois d’aides nécessaires à ma survie. Je me demande où je vais vivre dans deux mois. Je me demande aussi comment je peux à ce point râler dans une pays où, même si l’administration n’est pas parfaite, j’ai au moins droit à des aides alors que je suis membre depuis si longtemps de la fédération internationale des gros·ses branleurs·ses. Bon, ça, je ne me le demande pas trop fort. Parce qu’aujourd’hui, j’ai envie de râler. Ça me fait du bien. C’est ça ou faire de la colique.