Nous sommes bien arrivés à Lyon. Il y a trois mois. Non, on n’a pas donné beaucoup de nouvelles. Désolé. Et vous, vous avez écrit pour en prendre ? Hein ? Alors. La ramenez pas trop. Bon. Nous sommes bien arrivés à Lyon, je disais, mon amie et moi. Sommes-nous Lyonniais pour autant ? Je n’en sais rien. On m’avait beaucoup parlé de « l’état d’esprit du coin », mais entre nous, je ne l’ai pas ressenti. Tant mieux. Les états d’esprit du coin, je m’en méfie assez fort. Acharnez-vous à le débusquer, l’état d’esprit du coin, et vous passerez à côté de tout ce qui n’est pas caricatural, de tout ce qui aide à ressentir chaque instant comme inédit et qui empêche de vivre la succession des jours comme autant d’épisodes d’une vieille série dont on se farcit les rediff’ depuis des décennies. Et donc, très bien, personne ne m’a obligé à bouffer de quenelles, les gens que j’ai rencontrés jusqu’à maintenant sont accueillants, souriants, sympa quoi, et on ne me fait jamais remarquer que je ne suis pas du coin. Tout le contraire de ce dont on m’avais mis en garde.
Mmmh, oui… Je vois ce que vous voulez dire… C’est peut-être parce que j’ai pas vraiment une gueule d’arabe ou d’asiatique, ou que j’ai le teint pâlot, qu’on ne me fait pas sentir que je ne suis pas du coin. Peut-être. On va pas se mentir, on remarque vite les affiches et autres stickers de divers groupes identitaires quand on se balade un peu. En tout cas assez pour s’en faire la remarque en tant qu’ex-Montpelliérien. Cela dit, pour être tout à fait honnête, il y avait un peu plus loin un tag sur le sol qui disait « Migrants, bienvenus ! » Je ne l’ai pas pris en photo sur le coup et je ne le retrouve pas. On tombe aussi assez facilement sur des locaux dont on devine au premier coup d’œil qu’ils accueillent les activités de groupes issus des gauches radicales, et tout un tas de lieux de partage et de solidarités. Alors commençons pas à caricaturer.
Puisqu’on cause photo, sur montpellierien.com, Gwlad nous faisait l’honneur de nous en fournir une par jour. Malheureusement pour nous, il est bien loin le temps où elle résidait à Caluire, et donc, pour Lyonniais.com, il va falloir que je m’y colle moi-même. Vous attendez pas à des merveilles du coup. J’ai bien retrouvé un vieux numérique, mais comment vous dire… Je dois l’avoir depuis huit ans sans que jamais ne me soit venue l’envie de m’en servir. Pas une seule fois. Vous voyez si j’aime ça. Déjà qu’un billet par jour je suis pas certain de tenir bien longtemps, ne vous étonnez donc pas si vous n’avez régulièrement que du texte bien sec, bien indigeste à vous mettre sous la dent. Vous êtes prévenus·es. Venez pas chouiner.
Si vous êtes photographe vous-même, vous pouvez éventuellement me fournir de quoi habiller le blog ! Par contre, y a pas de pognon à se faire. Rien n’est monétisé et je suis au RSA. Désolé, j’ai vu que vous y aviez cru une seconde.
Oui, alors, je disais que l’état d’esprit Lyonniais dont on m’avait rebattu les oreilles (et non rabattu comme j’ai pu le lire récemment je ne sais où —ouais, je pinaille pour faire oublier que j’ai recours à des expressions toutes faites, vulgarité des vulgarités pour un écriveur, mais chut, personne ne l’avait remarqué, je serai plus créatif un jour où j’aurais plus de temps, promis—) je ne l’ai pas ressenti, et donc qu’il m’était bien impossible de juger de notre Lyonniaiserie, à mon amie et moi. Non à ce propos d’ailleurs, mais à propos d’un propos tout autre, si vous êtes nouvelle ou nouveau sur le blog, c’est-à-dire que vous ne lisiez pas montpellierien.com, je préfère vous prévenir : ici, faut pas avoir peur de la digression, car je ne vous en économiserai aucune. Sur ce blog, aucun sujet principal, aucune manière de traiter les sujets particulière, simplement Lyon en toile de fond pour être sûr de pouvoir me rattraper à quelque chose les jours où je ne serai pas bien inspiré. Ce qui sera sans doute le cas la plupart du temps. Bref, je vais causer de ce qui me chante, au moment où j’y pense, et revenir très rarement en arrière pour me corriger. Y aura des fois où ce sera sympa, y aura des fois où ce sera chiant. Y aura des fois où, conscient de me faire chier et vous avec, je balancerai peut-être une citation d’un auteur quelconque, comme par exemple cette magnifique introduction de Maurice Pinguet à son sous-chapitre consacré aux suicides des jeunes dans son ouvrage La mort volontaire au Japon : « ce ne sont pas les derniers moments amers qu’ils refusent, mais d’emblée la vie tout entière, avec ses chances indéfinies. Ils semblent avoir eu le sombre courage d’entendre l’oracle de Silène au roi Midas : Quel est le plus grand bien pour l’être humain ? — N’être pas né. Sinon, mourir tout de suite. » Alors vous vous direz : oh, comme c’est beau, ce qu’on en apprend des choses sur ce blog, ce qu’on s’élève culturellement, ce qu’on frissonne d’émotion ! Et le tour sera joué. J’aurais gagné un lecteur ou une lectrice sans trop me la fouler. Vous êtes si facilement manipulables.
Bon quoi qu’il en soit et quoi qu’on en pense, je n’ai pas trouvé l’esprit Lyonniais au cours de ces trois derniers mois, et puisque je ne le cherchais pas, c’est très bien comme ça. D’autre part, comme ce soir c’est moi qui me colle à la bouffe et qu’il est déjà 19h45, nous en resterons là de cette non-recherche pour aujourd’hui. Quant à l’ouvrage de Maurice Pinguet, je le conseille grandement à toutes celles et tous ceux qui s’intéressent au suicide, au Japon ou au deux. C’est une merveille.
Sur ce, portez-vous bien, et à demain.