Les uns·es ont commencé, les autres ont suivi. À moins qu’ils ou elles se soient concertés·es, mais franchement ça m’étonnerait. En tout cas les premiers·ères ont bien dû s’apercevoir que les autres les avaient copiés·es à un moment. Ça la fout mal. Je ne sais pas qui s’est lancé d’abord, mais c’est allé très vite. Les suiveurs·ses ont certainement eu un peu honte. Je les imagine : « -T’as vu ça ? Il nous faut la même chose, c’est super ingénieux. -Oui, mais on va quand même pas les copier juste après ! Ça fait un peu con tu trouves pas ? -Et toi, t’as pas l’air un peu con à t’occuper de ce que vont penser les autres ? En tout cas, le rebord de leur fenêtre est impeccable. » Ou alors, peut-être que ça a donné quelque chose du genre : « -Oh non, c’est pas vrai ! Viens voir. – Quoi ? Ah, mais je t’avais dit de le faire y a une semaine déjà ! Maintenant si on fait la même chose on va passer pour des cons. -Pas question que j’abandonne. C’était notre idée en premier. » Quoi qu’il en soit, de part et d’autre de la cour intérieure, séparés d’une centaine de mètres, des CD, suspendus à des ficelles, volètent maintenant tranquillement à la fenêtre des deux appartements qui se font face. Stratagème pour éloigner les pigeons sans doute. Nous, à équidistance des deux, on n’a pas de pigeons. Pourtant on n’a pas attaché de CD à notre fenêtre, on a même un bon espace sur le rebord et des cadres métalliques pour mettre des pots de fleurs, ce serait parfait pour eux. Mais ils viennent pas. Par contre maintenant j’ai deux fois plus de flashs éblouissants quand j’y fume ma clope, à la fenêtre. Je me demande de quels CD il s’agit. CD audio genre vieux single de Zebda ou d’Eiffel 65 ? CD-ROM du genre Adi : Français Maths 6e ou Versailles 1685 ? J’irai pas leur demander. Finalement, les CD, aujourd’hui, c’est sans doute encore à ça qu’ils sont le plus utile.