Aujourd’hui, alors que je fumais tranquillement ma cigarette à la fenêtre en rêvassant, je vois un oiseau tout noir dans la cour de l’immeuble qui, à tour de bec, balance les feuilles mortes qui jonchent le sol à une trentaine de centimètres de lui, sans doute dans le but de dénicher les bestioles qui s’en serviraient de cachette.
Tiens, bizarre, que je me dis. D’habitude il n’y a que des pigeons ici. Qu’est-ce que c’est que ce piaf tout noir ? Un corbeau ? Mmmh… Mais il me semble que les corbeaux ont un bec plus gros que ça… Une corneille peut-être alors ? Mince. Être citadin, c’est vraiment la honte, on sait même plus reconnaître les oiseaux. Remarquez, jusqu’à mes dix-sept ans, j’étais villageois, pas citadin, mais les oiseaux de par chez moi étaient plutôt du genre canards, mouettes et goélands. Enfin, j’étais bien embêté avec mon oiseau noir. Je me suis donc décide à faire une brève recherche sur internet, résolu à ne pas mourir un beau jour sans jamais avoir su faire la différence entre un corbeau et une corneille, et je vous rebalance ici les info que j’ai pu trouver à droite à gauche, un peu comme je l’avais fait sur Montpelliérien dans l’article « Hirondets et Martinelles. » On ne sait jamais que vous non plus ne vouliez pas mourir idiot·e.
Apprenons donc à différencier le corbeau freux de la corneille noire, les deux espèces les plus courantes par chez nous.
Premièrement, les becs. Le corbeau freux possède un bec plus fin que celui de la corneille. Oui, d’accord, là il faudrait qu’une corneille et qu’un corbeau se posent tous les deux devant vous au même moment pour que vous puissiez comparer leurs becs, ce qui n’arrivera sans doute pas tous les jours, donc c’est moyen… Et puis, j’ai également lu que c’était la corneille noire qui avait le bec plus fin que le corbeau freux, alors allez savoir… Heureusement, ils se distinguent d’une autre façon : la corneille a le bec bien noir quand celui du corbeau tire sur le gris parfois très clair et est légèrement recourbé vers le bas.
Deuxièmement, le plumage. La corneille a la robe bien noire, la plupart du temps d’un noir bien mat, là où le corbeau peut arborer des reflets bleus, violets ou verts. Je suis bien d’accord avec vous, les corbeaux c’est n’importe quoi.
Troisièmement, le crâne. Le sommet du crâne du corbeau est conique. Non, pas rigolo, en forme de cornet de glace à l’envers. Vous lisez très mal. La corneille, elle, a le crâne plat. Et pas de commentaire s’il vous plaît. Ne versons pas dans la phrénologie de comptoir.
Quatrièmement, la queue. La personne qui vient de s’esclaffer comme un enfant de douze ans quand j’ai dit « queue » pourrait-elle sortir ? On est entre adultes ici, merci. La queue du corbeau, donc, est pointue, celle de la corneille est carrée.
Cinquièmement, l’allure au sol. Si la corneille peut se déplacer au sol en faisant de petits bonds ou en marchant, le corbeau, lui, ne sait que marcher. Je ne comprends pas bien le concept de l’animal qui peut marcher, voler, mais pas sauter, mais enfin, doit y avoir une raison physiologique à ça vu que les corbeaux sont, paraîtrait-il, pas les plus cons des animaux.
Sixièmement, et pour finir, la différence essentielle qui fait que jamais plus vous ne confondrez le corbeau freux et la corneille noire : le cri. Ben oui, puisque le corbeau croasse alors que la corneille craille ! Franchement, quand on sait ça faut le faire exprès pour se planter.
Mais non, je déconne. Je me doute que vous n’avez aucune idée d’à quoi ça peut bien ressembler. Allez, petit coup de pouce. Selon wikipédia, le cri du corbeau peut être « Kah » ou bien « Krah », voire « Krèèèèh » s’il est agressé ou « Rrrah » s’il est jeune, ou encore « Kiou kiou » si c’est le printemps. La corneille, elle, fait des « Kraac » ou des « Tchaar-tchaar », à moins qu’elle ne soit en vol, dans quel cas ce sera des « Yonk », nous apprend ce site. Allez, c’est pas dur, lisez à voix haute pour bien mémoriser : le corbeau fait « Kah », « Krah », « Krèèèèh », « Rrrah » et « Kiou kiou ». La corneille fait « Kraac », « Tchaar-tchaar » et « Yonk ». Répétez jusqu’à ce que ça rentre.
Voilà. J’espère que tout ça vous sera utile. Un jour peut-être, on sait jamais, au moins pour crâner devant vos potes.
Hein ? Du coup ? L’oiseau dans ma cour ? Ah… oui… Ben en fait c’était un merle.
À demain.