Qu’est-ce qui alimente un blog ? Facile. Un blogueur. Qu’est-ce qui alimente un blogueur ? Difficile. Une multinationale qui donne dans la mode ou la cigarette, un agacement authentique mais néanmoins de spectacle, une envie de briller socialement ? Que sais-je… Appelons ça la batterie. La mienne semblait à plat. Oh, semblait, vraiment ? Au passé ? Non, vous avez raison, n’allons pas trop vite. La mienne semble défaillante en ce moment. C’est mieux comme ça. Les posts vont continuer à se succéder lentement si j’arrive à retrouver un peu de motivation mais je ne promets rien.
Quoi de beau aujourd’hui, donc ? J’ai changé mon téléphone portable. L’ancien n’allait pas ? Non, il n’allait plus. C’était la batterie ? Non, mais ça aurait pu. Après avoir conservé mon précédent téléphone 7 ans, j’avais été horrifié par les réponses aux nombreuses question sur les forums du genre : « quel modèle de téléphone a la plus grande longévité ? » Les réponses en général ressemblaient à ça : « celui-ci il a une durée de vie de ouf, j’en avais un il a tenu 2 ans ! »
Bon, mais on s’en fiche car ce n’est pas une question de batterie. Enfin si. Enfin… Laissez-moi trois secondes pour m’expliquer. Depuis longtemps, je travaille sur moi pour atteindre un niveau de consommation de produits technologiques qui me convienne éthiquement. Après m’être, au cours des années, débarrassé de tout produit et service Facetruc, Gmachin, iBidule (vous pouvez allez (re)lire cet article où je cause de tout ça) la dernière étape était de me séparer du smartphone. Ce machin est un fléau pour la planète comme pour les esclaves qu’on envoie aux mines chercher les matières premières, souvent un chauchemar aussi pour les ouvriers exploités des usines de fabrication. Autre problème du smartphone qui fonctionne sous android, c’est que le systeme android était opensource mais a depuis longtemps été récupéré par Gmachin et que je ne veux plus aucun lien de près ou de loin avec cette entreprise et ses filiales.
Seulement, mon smartphone marchait bien, je n’allais pas le jeter, ç’aurait été du gaspillage. Et là, coup de bol ! La solution est arrivée toute seule, miracle de l’obsolescence programmée. La batterie a foiré. Non, je vous l’ai dit, pas la batterie de mon téléphone. La batterie du téléphone de mon amie. Fastoche, donc : elle récupère le mien, puisqu’elle n’est pas prête à lâcher ce genre de machines, et moi j’en achète un, le plus basique, le moins complexe.
Et c’est ce qu’on a fait. Aujourd’hui, je suis le fier possesseur d’un téléphone à clapet, sans appareil photo, sans même une prise casque, avec 1Mo d’espace de stockage de médias mais aucun moyen de transférer quoi que ce soit dessus. Je peux stocker jusqu’à 40 sms d’un coup sur ce téléphone. 40 !! C’est beaucoup trop. J’ai repris la bonne habitude de les effacer à mesure qu’ils arrivent. Pas de MMS, pas d’emoji, pas d’e-mails. Pour tout ça il y a l’ordinateur.
Une seule question maintenant, tiendra-t-il au moins trois ans ? Je l’espère parce que le but n’est pas d’avoir un téléphone jetable dont on se fiche. C’est d’avoir un téléphone qui ne vous fiche pas et qui ne fiche pas la planète en l’air non plus. Donc, il doit durer le plus longtemps possible.
La prochaine question sera : chez quel opérateur prendre son forfait pour avoir le moins l’impression de participer à la destruction de l’état social et de financer la campagne du prochain président de droite ? Là, vous pouvez m’aider, je suis complètement perdu.
Voilà. Vivre aujourd’hui sans ces services et sans ces machines, c’est possible. J’ai un blog et une adresse e-mail qui tournent sur des serveurs pensés de manière à ne pas détruire la planète à grande vitesse, je refuse de laisser exploiter mes données par des multinationales dont le seul principe est le profit, réseaux sociaux et autres services gratuits piège-à-cons c’est de vous que je parle, et je souhaite que mon confort ne s’établisse pas au prix de l’esclavages d’autres êtres, humains ou pas, à l’autre bout de la planète. Pour autant, je ne vis pas dans une grotte ni dans une forêt, mais en plein centre de Lyon, j’écris, je fais de la musique, je dessine, je bois des verres et des limonades en terrasse en compagnie d’amis ou de bouquins, je ris plusieurs fois par jour et rarement tout seul, je me déplace où je veux par les transports en commun, il m’arrive même de travailler si je trouve un emploi qui me convienne éthiquement. Je ne manque de rien, je me prive parfois quand je sais que pour un petit plaisir instantané je participe à pourrir la vie d’autres, et parfois la mienne, à long terme, c’est tout, et je n’en suis que plus heureux. Hésitez donc pas à faire tous ces changements dans vos vies, vous ne vous retrouverez pas seuls ou isolés pour autant, si c’est votre crainte. Je pense également que l’avenir des populations sera grandement déterminée par le pouvoir acquis par ces multinationales ayant fait fortune dans les technologies et que, que ce soit au niveau du climat, de la vie privée ou de la paix globale, notre avenir paisible, c’est aujourd’hui et sur ce terrain aussi qu’il se joue.