Vous étiez au courant, je cherchais un emploi au pays d’Angèle et Roméo Elvis. Champagne ! J’en ai trouvé un.
Je ne vais pas m’attarder sur les détails, question d’anonymat, mais quand même. J’y serai vendeur. Oui, moi qui n’ai jamais accepté de vendre la moindre chose à part mes services en tant que professeur. Et encore, pas souvent. Vendeur !
Comment retourne-t-on sa veste aussi vite ? Par amouuur, vous dirais-je, dégoulinant de niaiserie. Et c’est vrai. Mon amie sera étudiante, et moi, je ramènerai l’argent à la maison. Ben voilà. On y est en plein dans la vie d’homme, de vrai, de certifiée conforme, que je fuyais comme on fuit un chien furieux qui en veut au gras de votre cul sur un petit chemin de campagne.
Que moi, qui n’ai jamais aimé bosser, je trouve un travail, en à peine plus d’un mois, dans une telle période de chômage massif et d’incertitude, ça laisse rêveur. Ou chauchemardeur, au choix.
Mon futur travail ne sera pour autant pas des plus désagréable semble-t-il, je devrais y être à peu près compètent même, et il devrait également me laisser le loisir de me remettre à vous écrire plus souvent et à vous proposer quelques chosouilleries dont j’ai le secret. Je vais même vous avouer, j’ai hâte.
Eh oui. Après deux longues années sans plus de contacts sociaux que ça, sans avoir l’occasion de développer des amitiés pour cause qu’on va partir bientôt, sans pognon même si j’avais l’habitude, sans activité parce que ben pareil. Bref, sans aucun autre réconfort que de partager mon quotidien avec la femme que j’aime, j’ai hâte de bosser, de rencontrer des gens. C’est très con, je sais, mais j’ai comme une envie de quotidien bébête. Au moins quelques années. On verra quand je me lasse.
Ne reste donc plus qu’à trouver un logement dans un délai d’un mois, et à nous la nouvelle vie. Gageons que je ne chope pas cette saloperie de virus d’ici-là avec tous ces aller-retours que je me tape en bus, traversant trois, quatre pays à chaque fois.
Une fois que nous serons installés et que j’aurais de ce fait mis fin à des mois d’une angoisse assez intenable, j’espère avoir mieux à vous proposer que les habituelles jérémiades : un peu de neuf, un peu de cool, un peu de beau, un peu de sons, d’images et de jolis mots.
J’espère.
Vivement ! J’en ai les mains moites et les pieds poites !