Hier, je parlais de musique chiante. Aujourd’hui, je vous partage un peu de ma propre musique chiante, mais une petite introduction s’impose.
Aux alentours de 2010, alors que je vivais à Canterbury, je redécouvrais Kaamelott. Par là je veux dire que c’était la première fois que je ne m’arrêtais pas juste 3 minutes devant un épisode qui passait par hasard à la télé. Je matais toute la série du livre I au livre V. C’était à peu près ma seule source de français en audiovisuel. Au cours de ce marathon, voilà qu’arrive le livre II et son épisode 83 : Pupi.
Pour ceux qui ne savent pas, les Pupi sont les marionnettes du traditionnel théâtre de marionnettes sicilien (Opera dei Pupi). Je savais pas avant d’aller voir sur Wikipédia.
L’épisode est particulier. Arthur, incognito sur une place de marché, assiste en bonne compagnie à un spectacle de marionnettes narrant les péripéties survenant à la cour de Kaamelott. Lorsque le spectacle est terminé, et alors que les marionnettistes remballent leur théâtre, Arthur reparaît, un enfant dans les bras. Vêtu de sa tenue de cour cette fois-ci, couronne sur la tête, il use de son autorité royale et fait rejouer le spectacle à la demande de l’enfant, payant tout de même les artistes d’une bourse.
On pourrait passer des heures à causer de cet épisode sous divers angles, mais ce qui a contribué à la place toute particulière que je lui accorde, en plus de son étrangeté, c’est en grande partie la musique. Et je ne suis pas le seul.
Il s’agit d’un thème, composé par Alexandre Astier, évidemment, qu’on peut entendre uniquement dans cet épisode, et que je me trimballe dans la caboche depuis maintenant plus de 12 ans. Il va, vient. Il vit sa vie d’air au creux de mes synapses. Un matin je me réveille, il est là. Le lendemain il a disparu, mais ce n’est que pour mieux reparaître quelques semaines plus tard à l’occasion d’un grand soleil, ou d’un soir qui tombe, ou d’une voiture qui passe. Bref, cet air est devenu un compagnon fidèle.
J’ai bien essayé d’en faire une ou deux reprises au cours des dernières années mais bof. D’autres l’ont déjà si bien joué au piano, à l’accordéon, en mode one man band… Et moi, rien. Que vous voulez que je fasse avec mes petits VST tout pourris et mon inaptitude à jouer du clavier ?
Mais il y a deux mois, vlà-t-y pas que je transcris le morceau et que je décide de diviser le tempo par deux à la louche et d’y ajouter une ligne mélodique. J’y ajoute aussi des parties de basse aux endroits où il n’y en avait pas dans l’original, ou là où je n’en ai pas entendu, je transcrivais à partir d’un enregistrement de qualité piètre.
Et voilà. J’avais accouché d’un petit caca musical de plus, et je l’aimais bien. J’ai pas su tirer la chasse et lui dire au revoir. Je ne sais pas pourquoi je me suis dit celui-là, je vais le partager. Ce n’est que l’air des Pupi joué très lentement avec une mélodie plus rapide greffée là-dessus et des percussions derrière. D’autant que je me suis ensuite rendu compte que plus tôt dans l’épisode on l’entendait déjà à un tempo très lent. Mais je sais pas. Je l’aime bien.
Le voilà donc ce morceau, version démo, À propos des Pupi. Essayez de pas être trop impressionnés par la qualité de tous ces instruments virtuels gratuits, ça vous divertirait du génie de mon œuvre.
Je ne sais pas ce qui, de la basse, des percussions originales ou des harmonies, me faisait ça, mais ça me grattait la partie de la tête où sont rangées les mélodies et les rythmiques afro-cubaines. Peut-être parce que ça faisait déjà un mois que je tentais de composer (sans que rien de formidable n’en sorte) des son cubanos et des boleros. Parce que j’adore certains types de musiques cubaines traditionnelles.
Pour autant, je crois vraiment que ma musique en dit moins sur mes goûts musicaux en tant d’auditeur, que sur les outils que j’ai utilisé, sur mes connaissances et mes lacunes musicales au sens large, sur les contraintes dans lesquelles je me crois obligé de travailler, sur ma curiosité, et sur ma fascination pour des sons inattendus qui se produisent par hasard et/ou par erreur et autour desquels j’essaie de broder quelque chose. C’est pour ça que ce ne sont jamais de très bons morceaux. Pas des trucs qu’on mettrait dans une playlist. C’est toujours des mélanges étranges. Rien de très marqué. Ça sonne bizarre, on ne sait pas trop dans quel slip on habite. C’est comme ça, je m’y fais.
Je vois souvent mes morceaux davantage comme de petits dessins animés sans images qu’autre chose. Voire simplement comme des génériques parfois. Des années 80-90, évidemment.
Ça n’a pas de rapport, mais vous savez quoi, je me demande si ce n’est pas simplement parce qu’il y a l’air des Pupi en boucle tout au long du morceau que je l’aime vraiment bien celui-là.