Hier, j’ai rêvé que mon père, sous l’apparence d’un être maléfique capable de se métamorphoser, faisait appel à une brigade de mercenaires intergalactiques pour me faire éliminer en plein repas de famille, juste après avoir lui-même pris la forme d’un fœtus pour me mordre le pouce de toutes ses forces.
Mais il se trouve que lorsque je rêve éveillé, c’est moins mon père et plus souvent les paysages japonais qui occupent mes pensées. Et voilà, j’apprends qu’à partir du 10 juin de cette année, le Japon rouvrira progressivement ses portes aux voyageurs étrangers. D’abord en n’autorisant que les visites guidées et un certain nombre de lieux d’accueils, et puis… nous verrons bien.
Je ne sais pas si j’en avais déjà parlé ici, mais au cours de mes dernières années à Montpellier, alors que je ne donnais plus cher de ma propre peau, que j’étais persuadé que ma vie s’achèverait un ou deux ans plus tard dans un caniveau dégueulasse, je me lamentais de n’avoir jamais vu la Belgique. Je pensais à cet ami qui venait d’y passer un weekend avec sa femme, et je me disais : tu te rends compte, tu t’es tellement bousillé que tu ne seras même plus jamais capable, financièrement, socialement et par manque d’énergie, d’aller voir à quoi ressemble Bruxelles, même le temps d’un weekend. J’en étais désespéré.
Un peu moins de six ans plus tard, je suis là, à quelques minutes à pieds du fritkot de Flagey, à quelques mois à peine de fêter ma deuxième année à Bruxelles.
Alors je me prends à rêver. Et si… Et si je pouvais espérer voyager un ou deux mois au Japon, dans quelques années. Une ou deux semaines à Tōkyō bien sûr, quelques jours à Kyōto pourquoi pas, et les campagnes et les plages le reste du temps, surtout.
La lumière du Japon, la façon dont les artistes, peintres, dessinateurs, photographes, réalisateurs et écrivains, me l’ont faite aimer, j’aimerais la voir de mes yeux. Les ruelles, les escaliers, les ruescaliers, et la végétation qui s’insinue par les craquelures du béton (japon, seul pays d’ailleurs où, à ce jour et bien étrangement, le béton ne me révulse pas), mais aussi les ports, la rouille, les bois et les petits chemins presque entretenus, les temples, l’été cuisant sur les champs, encore les ruelles, les devantures des petites boutiques à l’abandon… J’aimerais savoir ce que ça fait de se déplacer dans ce qui n’est pour moi, depuis l’Europe, qu’un décor, un sujet d’art.
Je crois qu’en réalité, il y a quelque chose de mes villages d’enfance que je reconnais dans le Japon tel qu’il m’est montré par les artistes de l’archipel. Le village de mes parents, au bord de la méditerranée, anciennement village de pêcheurs. Ses ports, son béton, ses tôles, sa rouille. Ça a peut-être un peu changé depuis. Et le village de mes grands-parents, toujours dans le sud, dont le nom ne diffère que d’une lettre de celui de mes parents, mais situé dans les terres, avec ses champs, ses pins, ses cigales qui vous vrillent les tympans tout l’été. C’est aussi pour ça que j’aimerais voir le Japon, savoir si mes sens s’y trouvent chez eux comme on doit se trouver chez soi dans un univers parallèle.
Et puis, ça fait maintenant un moment que j’apprends la langue, tout seul et avec de longues périodes où j’abandonne tout de même mais bon, je commence à comprendre… disons 40% de ce que j’entends, si ce sont des conversations de la vie de tous les jours. Voilà qui me donne espoir de visiter le pays sans être un touriste absolu. Pouvoir parler de la pluie et du beau temps, de choses très simples, une minute ou deux, avec un hôte, si je navigue d’auberge en auberge. Rien que ça serait formidable.
Eh bon, ben. Peut-être un jour.
Je n’ai pas eu le temps de vous trouver d’images à vous mettre sous la dent pour cet article et c’est bien dommage. Il aurait fallu que je contacte des blogueurs photographes ou peintres au Japon pour savoir s’ils accepteraient que je partage leur travail ici. Je le ferai peut-être plus tard. J’aurais pu partager mon compte twitter qui me servait exclusivement à suivre des artistes Japonais dont le sujet était les paysages urbains ou ruraux du pays, mais je l’ai supprimé il y a un moment déjà, comme d’habitude.