Voilà une semaine que la maladie — laquelle on ne sait pas — est là.
Quels sont les symptômes ? Une fois un repas avalé, dans les dizaines de minutes qui suivent, des douleurs atroces, depuis la sortie de l’estomac jusqu’au niveau des reins, pendant des heures. Côté droit tout ça. L’impression que je dois chier, mais rien à.
Ce n’est pas tout. Chatouilles le long de la verge et jusque dans le gland, testicule droit douloureux. Envie de pisser toutes les 30 secondes, mais rien à.
Ça, c’était pendant trois jours, jusqu’au rendez-vous chez le médecin. Trois jours à ne plus savoir si j’avais moins mal couché, assis ou debout. Passer deux heures debout sans bouger au milieu du salon est une expérience à vivre, ça rompt la monotonie de deux heures plié en deux sur les chiottes à attendre vainement que quoi que ce soit ne s’échappe de votre cul.
Les antispasmodiques ont calmé tout ça. Je continue à ressentir des petites douleurs ponctuellement aux mêmes endroits, mais estompées. Ce sont des sensations diffuses, pas agréables, mais rien à côté des premiers jours. Je vais tenter une comparaison… Hum. La différence entre le volume sonore d’une boîte de nuit à l’intérieur de la discothèque et sur le parking. Les picotements dans la verge et les envies d’uriner sont passées. Retour à la normale de ce côté-là au moins, c’est rassurant. Après avoir éjecté un petit caillot lors du test urinaire tout de même, mais plus rien depuis.
Depuis quatre jour et la prescription des antidouleurs, j’ai donc accepté de m’alimenter à nouveau.
Et voilà, on y arrive. Quoi manger ? De quoi est-ce que je souffre, quel régime adopter en conséquence ? Un pour les calculs rénaux ? Pour le syndrôme de l’intestin irritable ? Cancer du colon ? Maladie de Crohn ? Bon. Examens en cours, aucune piste pour l’instant. Faut improviser.
La médecin m’a conseillé de manger léger, pâtes ou riz. Sauf que. Quand je mange des pâtes, ça travaille grave. Quand je mange du riz non. Mais enfin, si je ne mange que du riz matin, midi et soir, je vais finir par avoir d’autres sortes de soucis. Un matin j’ai mangé un quignon de baguette artisanale, bien bien mâché, ce n’était pas une bonne idée. Une brioche au sucre le lendemain matin, c’était pire encore. Alors j’ai décidé de tester… le sans gluten.
Allez, riez.
Eh oui. Vous vous imaginez bien que quatre jours à manger midi et soir des pâtes à rien et du riz blanc je n’en pouvais plus. J’ai donc rajouté un peu d’huile d’olive et une pincée de parmesan (alors que bien évidemment il est à peu près conseillé par tout le monde et dans tous les cas de laisser de côté les produits laitiers). Avec les pâtes, douleurs. Avec le riz rien. Donc en toute petite quantité, huile et fromage semblent passer mieux qu’un certain type de céréales.
Me voilà donc ce matin chez le boulanger à acheter un pain de seigle au levain mastoque de 1kg, puis au supermarché (un dimanche, je sais, ne me jugez pas) des bananes entre vertes et mures, des pâtes sans gluten au sarrasin, un pot de miel bio, 4 yaourts de « lait » végétal nature. Total 21€. Et l’envie de hurler à la jeune et jolie caissière qui me regardait amusée : je suis pas un gros Parisien de ceux qui déferlent sur la commune et font chier tout le monde avec leur attitude de merde et leurs croyances new age je te promets, j’ai juste mal aux tripes et un peu aux couilles, tu comprends ? Tu comprends ?? Moi bobo, pas bobo ! Tu fais un truc ce soir ? Tu as quel âge ? Quinze ans de moins que moi ? Une LAN minecraft à la maison ça te tente ?
Bon. Tout ça pour me rendre compte en rentrant, et en faisant quelques recherches, que les yaourt végétaux et le miel étaient apparemment une fausse bonne idée… 10€ par la fenêtre. C’est les voisins qui vont être contents de récupérer tout ça s’il s’avère qu’en effet ça me fout le bide en vrac.
Je comprends mieux maintenant ces personnes qui s’agaçaient de ne trouver aucun produit sans lactose ou sans gluten dans le supermarché où je travaillais. Je les comprends un peu mieux. En se renseignant, on constate que ce sont des problèmes qui touchent en réalité une bonne partie de la population. On ne s’en rend pas forcément compte quand on est bien portant ou qu’on ne vit pas avec des personnes souffrant de troubles de cet ordre dans son entourage proche. Il semblerait de plus qu’il y ait une certaine gêne à parler de ça chez pas mal de gens.
Attention, ça ne me rend tout de même pas plus tolérant envers ceux qui passent leurs nerfs sur les vendeuses en boulangerie parce qu’ils ne trouvent aucune viennoiserie sans gluten et sans lactose. Ces gens-là méritent une tarte, sans gluten et sans lactose, mais dans le gueule.