Ça y est. Ils se sont tenu la main. On les a photographiés en train de se tenir la main. Ce qui est le plus important. D’abord, chacun d’un côté d’une ligne de démarcation faite de cairons. Ils se sont tenu la main chacun de son côté des cairons, puis tous les deux au sud des cairons vers les photographes du sud, vers les photographes du nord, et enfin au nord des cairons, tournés dans la même direction. Tous les deux étaient aussi souriant que possible sans que ça fasse trop. Tout ça était très réussi. Il y en a pour toutes les presses et télévisions du monde. Kim Jong-un et Moon Jae-in, se sont serré la main. Là y a du gros symbole en direction des peuples. On osait plus y croire. On se demande pourquoi ils ne l’ont pas fait plus tôt. Ça n’avait pas l’air bien difficile au final. C’est toujours comme ça, on n’ose pas parce qu’on ne l’a jamais fait, mais en réalité c’est rien. Je me demande ce qu’ils ont bien pu se raconter. Peut-être qu’à force d’espionnages ils se sont parlé directement très franchement, chacun connaissant tous les détails de la vie intime de l’autre : – Alors, ta femme, elle est allée consulter ? – Oui, en fait ce n’est qu’une mycose, ça va passer vite avec la crème que lui a prescrite le toubib. Et toi, tu as fini de retaper les volets de la cuisine ? Quelle couleur au final ? – Aubergine. J’étais pas chaud au départ mais mon beauf m’a convaincu, ça va très bien avec la couleur du crépi.
En attendant il est quatorze heures et je n’ai pas mangé. Kim Jong-un, lui, avait bien mangé. C’est tout l’intérêt d’être un tyran, de pouvoir grailler même quand son peuple suce des cailloux sur le bord de la route pour les sels minéraux. Lui et son père ont sans doute été les seuls obèses de la Corée du Nord. Et qu’est-ce que ça va être quand les chaînes des fastfood américaines passeront elles aussi de l’autre côté des cairons ! Vivons vieux pour voir ça.
J’adore.
C’est sans doute l’utilisation tout en retenue mais avec effet du mot cairon qui te fait ça.