Il y a quelques heures, j’écrivais : « PAUSE FORCÉE : Pas d’internet. Enfin, pas souvent. On reprend dès qu’on a du réseau plus de cinq minutes par jour. » Il y a quelques minutes, je vois Feldo, ami et lecteur, et fouine et surveillant pénitentiaire, commenter depuis son mirador : « Et sinon, Graveyard Keeper, c’est bien ? » Qu’est-ce que Graveyard Keeper me demandez-vous ? En fait ça n’a aucune importance, c’est un jeu sans flingues ni explosions ni voitures, mais pas top pour autant. Non, mais vraiment, ce n’est pas le sujet. Pourquoi on en parle alors ? Et surtout que signifie ce commentaire ? Je vais vous le dire. Ce commentaire, c’est une tête de cheval dans mon lit au réveil. C’est le téléphone qui sonne et personne au bout du fil. C’est le message d’un vieux marin pêcheur que personne ne voit car chacun·e est trop occupé·e à suivre le cours et qui dit : « je sais ce que tu as fait l’été dernier. » Voilà. C’est Feldo qui me fait savoir qu’alors que je disais ne pas avoir internet, il m’a vu connecté sur Steam et jouer à un jeu très récemment téléchargé.
Vous savez, moi, je parle sans qu’on me torture. On me demande ce que je trafique, je réponds mêlez-vous de vos oignons, puis on tousse un peu fort et alors je déballe dans le détail ce que je suis en train de faire en partant de la minute où je me suis levé, ce que j’ai mangé le matin et sans oublier la température de l’eau de la douche que j’ai prise avant de sortir de chez moi. Surtout, je veux éviter le bad buzz si nuisible à mon image de marque. On sait comment ça commence, « il a dit qu’il avait pas internet et on l’a vu sur internet » glissé discrètement sur le blog, puis c’est repris sur reddit, puis twitter, enfin m6 fait un reportage et le scandale finit par éclater sur facebook. Alors voilà, je vais tout vous expliquer, mais je vous préviens : ça va être chiant et à la fin vous préfèrerez sans doute n’en avoir jamais rien su.
Hier, à 18h30, je rentre d’une seconde journée d’affilée de onze heures bénévolat (à l’endroit dont je vous ai déjà parlé ici), je suis crevé, mais mon nouvel ordinateur (dont je vous ai parlé ici) est arrivé. Super. Enfin, il me reste encore la note de blog à écrire et à faire à manger, mais je me dis qu’ensuite je pourrais me détendre un peu en regardant ce que ce PC à dans le bide. J’ouvre mon ancien ordi : plus de réseau (comme je vous en parlais ici). Génial. Donc non seulement je n’allais pas pouvoir rédiger ma note de blog, mais en plus je n’allais sans doute pas non plus pouvoir configurer mon nouvel ordinateur lors du premier allumage, puisque aujourd’hui pour configurer la moindre liseuse il vous faut impérativement un accès à internet. Bon, j’abandonne l’idée pour un temps. Deux heures plus tard je me dis que ce serait trop con de ne pas tenter quand même. J’allume le nouvel ordi, il me demande impérativement une connexion. Dépité, je tente par hasard ce wifi qui porte le même nom que celui qui a disparu et que j’utilise d’habitude à la seule différence qu’il est suivi de « -5GHz ». Et pouf. Ça marche. Me voilà confus. Surtout que je m’aperçois d’un nouveau problème.
Mon ancien ordinateur ne peut pas se connecter à ce wifi d’un type inconnu pour une antiquité de son espèce, mon nouvel ordinateur le peut. Mon ancien ordinateur à tous mes mots de passe enregistrés et cela fait bien longtemps que je n’ai plus eu à en mémoriser un seul, mon nouvel ordinateur, lui, ben mes mots de passe, ils ne les connait pas. Me voilà donc avec un ordinateur qui ne me permet pas de les retrouver bien qu’ayant accès (par intermittence également, mais plus souvent que l’autre) à internet, et un autre qui me permettrait d’accéder au blog, mais sans connexion internet. Et vous savez où on en est aujourd’hui, des récupérations de mots de passe ? On en est au stade où plus personne n’a la capacité de se souvenir des vingts mots de passe uniques dont on a besoin chaque jour, ainsi qu’au stade où si vous n’avez pas accès à votre machine habituelle on va vous dire « alerte de sécurité-un appareil inconnu a tenté de s’introduire dans la batcave. » J’ai 5 adresses e-mail différentes que j’utilise pour mes divers projets, dont chacune est l’adresse de référence d’une autre, et si je n’ai pas accès à la principale, il y a de fortes chances que je n’aie accès à rien du tout. Et c’est bien ce qui s’est produit. Impossible de me connecter au blog.
J’ai donc profité de mon nouvel ordinateur pour télécharger quelques jeux auxquels il m’était impossible de jouer sur l’ancien et dans l’optique de pouvoir quand même m’amuser un peu devant un écran si je devais à nouveau me retrouver sans internet, sachant que je vais passer trois semaines seul, mon amie retournant dans son pays pour les vacances. C’est pas que je sois accro aux écrans, mais… et puis de quoi je me mêle, hein ? Bon. Enfin voilà, le mystère est résolu. Ça vous a plu, hein ? Ça valait bien une aventure de Hanshichi ou une nouvelle d’Edogawa Ranpo. Enfin, je dis résolu… J’ai en effet résolu le problème du mot de passe m’ouvrant les portes du blog su mon nouvel ordi, mais je n’ai toujours pas récupéré ceux de la plupart des autres services en ligne que j’utilise. Je ne désespère pas que la voisine avec qui on partage la connexion rentre chez elle lundi et procède à un reboot de la box. D’autant que même la version 5GHz disparaît également des radars de temps en temps.
Ça c’est des nouvelles de la France comme on ne s’y attendait pas en ce samedi de manifestations hein ? Alors que certains et certaines ont versé toutes les larmes de leur corps, avalés et lées qu’ils et elles étaient par les nuages de lacrymo, moi, la seule chose qui m’ait fait chialer c’est que sur les putains d’ordinateurs Fenêtres, on ne puisse pas taper directement des putains de é, è, ç, à et ù majuscules. Ouais, ça mériterait une bonne révolution ça aussi. On se tape des saloperies de claviers différents du reste du monde à alphabet latin, et ils sont pas foutus de nous trouver une façon simple d’accéder justement aux seules quelques lettres un peu particulières de notre langue ? C’est pas se foutre de la gueule du monde ça, sans déconner ?
Raccourcis pour un ordinateur portable
Il faut connaître les codes ISO 8859-1 pour certains caractères :
À : 0192
É : 0201
È : 0200
Ù : 0217
Puis, sur le pavé numérique, suivre la procédure suivante :
– tenez la touche [Alt] enfoncée ;
– tapez les 3 ou 4 chiffres du code sur le pavé numérique ;
– relâchez la touche [Alt], il ne se passe rien ;
– tapez sur la touche [Entr] du pavé numérique, la lettre désirée apparaît.
C’est une honte, un véritable scandale ! Hein ? Ah, mon amie me dit : « si c’est ça ton seul problème, c’est que t’as vraiment une belle vie ». Hmm. Je suis bien d’accord. J’ai franchement une belle vie. Vous aussi ça vous gonfle de me voir râler pour des bêtises comme ça ? Allez donc vous plaindre à Feldo. S’il n’était pas venu me titiller avec ses méthodes du KGB, vous n’auriez pas perdu un temps précieux à lire ces conneries. Quant à moi, je le remercie quand même un peu parce que franchement, wifi ou pas, j’avais aucune idée de ce dont j’aurais bien pu vous causer aujourd’hui.
Allez, à demain.
Mon grand-père est mort à Auschwitz.
« Les meilleures blagues de Jean Roucas, vol. 2 »
Pour le coup, c’était Cauet 😀