Voilà, on y est. Vendredi. Si je travaillais, je me dirais : « Voilà, on y est. Vendredi. » Et j’ajouterais même : « Youpi-pi-pi ! Ce soir c’est le week-end. » Youpi-pi-pi, si j’étais seul chez moi. Putain, en compagnie. On a sa petite fierté. Mais je ne travaille pas. Je suis en week-end depuis un peu plus de trois ans. Un an et demi d’allocations chômage, un an et demi de RSA. Je vois que ça vous intéresse pas ce que je raconte. Vous pourriez au moins faire semblant.
Bon. Anecdote : Savez-vous comment on appelle les Montpelliériens ailleurs en France ? C’est fou comme quand je n’ai rien à dire de particulier je me sens obligé de parler de Montpellier, tout ça parce que c’est dans le titre du blog. Comme si c’était plus intéressant que ma petite vie pour vous. C’est pas comme si j’avais de bons plans à partager. Au risque de me répéter vous n’êtes pas sur un blog mode, un blog tendance, un blog lieux chics. J’ai jamais pu saquer ça, la mode. C’est pourquoi je suis moche. Je l’ai bien cherché. Ouh le vilain, il s’habille toujours pareil. Ça c’était le passage pour que les gens qui aiment la mode et être in (on dit plus ça que dans les mots-fléchés non, être in ?) sentent bien que ce n’est pas une véritable attaque, que je n’ai pas de conviction profonde à ce sujet et que je suis prêt à accepter que je fasse juste un blocage bêbête sur la question. En vrai, j’ai quand même une petite dent contre les modes et ses faiseurs·euses-suiveurs·euses, mais quand on tient un blog à trois lecteurs·rices par jour, on ne peut pas se payer le luxe de risquer d’offenser la grande majorité des personnes les plus consommatrices de ce genre de produits.
J’étais parti pour ne plus parler de ma vie. Les Montpelliériens donc, vous savez comment qu’on les appelle dans le reste de la France, quand on est entre soi ? Les chômeurs à Ray-Bans. Et paf. Prenez-vous bien ça. (J’aurais dû écrire Montpelliériens·riennes / chômeurs·euses pour être systématique, mais je trouvais que ça avait moins d’impact. Au secours Delfeil de Ton.) Moi qui n’aime pas être catégorisé je suis bien content de n’avoir pas de paire de Ray-Bans, d’une, et de n’être plus au chômage, de deux, puisque je suis au RSA. C’est un peu comme les clientes·s de l’Up & Down qui sont appelées·és les déchets par les fidèles d’autre confession habituées·és des autres bars. Je suis donc également heureux de ne plus fréquenter les bars. Les patrons, eux, doivent faire un peu la gueule. Ne plus fréquenter les bars seul, s’entend. Je sors toujours à gauche à droite avec les potes, mais je suis maintenant abonné au jus de tomate. C’est pas si dégueu. C’est moins sucré que le reste des jus de fruits et autres sodas. On va pas s’économiser le foie pour se vautrer dans le diabète.
Pour me sortir du parler-de-soi, faut que je trouve un truc à vous dire. C’est bon j’ai trouvé. Heureusement que vous n’avez pas le détail des minutes qui se sont écoulées entre cette phrase et la précédente.
Puisque j’en étais à vous faire mon cinéma d’ancien alcoolo hypocondriaque, connaissez-vous le Kino Montpellier ? C’est l’antenne montpelliérienne d’une associations de fabriqueurs·euses de films format court. Je vous avais déjà parlé d’un ami qui tournait plusieurs pas-longs-métrages, et bien c’est pour le Kino qu’il le fait. Voilà le concept de l’asso :
Tous les deux mois, les différentes·s abonnées·és se retrouvent pour diffuser leurs productions dans un lieu de Montpellier, parfois le Gazette Café, parfois le Centre Rabelais. On diffuse donc les films, puis toutes les personnes présentes dans la salle sont appelées à proposer un thème pour la session suivante. On met chacun·e un petit bout de papier dans un chapeau —procédé hautement original— puis on en tire trois au sort, et la salle vote à mains levées pour valider sa thématique préférée. Dans la semaine qui suit, toutes·s les abonnées·és qui veulent participer à la session se réunissent en un lieu déterminé à l’avance. On forme des équipes. Qui veut faire un scénar ? Qui veut être réal ? Qui veut être perchman ? (silence dans la salle) Qui veut être comédien·ne ? Bref. Z’avez pigé. Une fois les équipes montées, reste plus qu’à bosser, et rendez-vous dans deux mois pour diffuser les chefs-d’œuvres.
Ce qui est sympa dans cette asso, c’est qu’on se mélange. Pro et amateurs·rices se côtoient et bossent ensemble. Ce qui est visé, ce n’est pas la production de dingue qui va en foutre plein les yeux à tout le monde. C’est d’une part s’amuser en faisant, d’une autre part rencontrer des gens sympa, encore d’une autre part voir le résultat en compagnie de ces gens sympa, toujours d’une autre part — – Décidément ça fait beaucoup, vous attendez combien de personnes ? – On sera quatre, c’est parfait — apprendre les uns des autres, techniquement et humainement. Lisez-donc leur devise et vous aurez tout compris, je vois même pas pourquoi je m’embête à expliquer quand c’est si bien résumé :
« Faire bien avec rien, faire peu avec mieux, mais le faire maintenant ! »
Sur le même principe un jour je vous parlerai de Numéro 0, mais je sais pas si vous êtes prêtes·s
ET DONC, prochaine diffusion Kino Montpellier : lundi 12 février, c’est dans 3 jours, au Centre Rabelais (27-29 Boulevard Sarrail), à 19h30. C’est gratuit. Je vous rappellerai ça le jour même.
Petit point culture : Le Centre Rabelais était, avant d’être une annexe du Corum, le cinématographe Pathé, première salle de cinoche de Montpellier, construite en 1908. Voilà, vous irez faire la sieste moins bête.
Bon, c’est assez pour aujourd’hui. Vous me répèterez dix fois d’affilée, le plus rapidement possible et en faisant toutes les liaisons : « En bon zinzin des azalées déjà j’allais aller jazzer aux allées en zinc des Alésiens ». Ça veut rien dire mais tout doit-il avoir un sens ?
La flemme de trouver un pseudo rigolo