Ah la la, comme je me sens mal. Je travaille avec un incompétent. Mais un vrai attention. Moi qui ai l’habitude de gueuler contre l’utilisation du mot « intelligence » et de ses dérivés, je dois avouer que pour la première fois de ma vie, j’ai là affaire à un con. Con de chez con. Con, con, triple con. Je me dégoûte à utiliser ce mot, non pas car il serait dégradant pour les parties génitales féminines, mais parce que normalement, quand on dit de quelqu’un qu’il est con, on n’a rien dit. Simplement qu’il ne nous plaît pas. Mais là… Con. Tout ce que vous pourriez bien avoir en tête comme lieux communs sur les cons, celui-ci les embrasse. Il en est l’incarnation.
Depuis plus d’un mois qu’il travaille avec nous, et malgré sa formation initiale qui ne s’est jamais arrêtée depuis son arrivée, quand elle dure une semaine pour la plupart des gens, il ne progresse pas d’un pet. Rien à faire, aucune information ne reste gravée plus de 24h dans son cerveau. Une erreur de temps en temps, ça arrive à tout le monde. Pas un jour sans une erreur, cela reste concevable au bout d’un mois sur un nouveau lieu de travail. Mais dans ce cas-ci, c’est pas une tâche qu’il n’arrive à mener à bien, pas une. Jamais. Après lui avoir montré chaque tâche plus d’une dizaine de fois dans le moindre détail, avec le sourire, encourageant, après avoir bien pris soin de lui faire prendre des notes : rien.
Cette personne, embauchée en CDI aux 38h/semaine, au lieu de nous aider à bosser mieux, donne le double de travail à chaque personne dans notre petite équipe de quatre. Et on n’est pas payé pour travailler le double de ce qu’on fait. Vraiment pas.
Alors je fais quoi moi ? Avec mes belles idées d’il faut garder tout le monde, avancer même avec les plus lents, ne pas les laisser sur le côté ? Quand mes supérieurs me demandent comment ça se passe, je réponds que ça va ? Même eux ne peuvent plus le supporter, va pas tarder à se faire virer de toute façon, mais je n’ai pas envie de savoir qu’un pauvre gars complètement con va se retrouver au chômage. Que va-t-il devenir ? De ce que j’ai compris il n’a jamais réussi à rester quelque part plus de deux mois.
D’un côté je me dis qu’on devrait lui laisser une année s’il le fallait, d’un autre j’ai quand même passé une demie heure à lui expliquer comment faire un nœud l’autre jour. Un bête nœud. Il n’a toujours pas compris. C’est qu’il a passé les trente ans le jeune homme, et je me demande s’il est de mon ressort de lui apprendre comment faire ses lacets.
Bon, je passe sur son caractère de cochon, son égocentrisme, sa logorrhée, le fait que lui pense être meilleur que tout le monde, sa dureté avec les employés étudiants qui selon lui ne bossent pas bien… Je n’ai travaillé que quatre heures aujourd’hui, mais en sa présence, j’ai la sensation d’y avoir passé la semaine.
Alors que faire ? Rien. Je vais continuer à serrer les dents jusqu’à ce que même le grand patron ne puisse plus le voir en story. Attendre qu’il se fasse virer sans que j’y sois pour rien. Comme un lâche que je suis. Enfin, heureusement qu’il était là, ce con, parce que je ne savais vraiment pas quoi vous raconter aujourd’hui.