Écrivouille, dessinouille et musicouille depuis 198x
Auteur/autrice : Écrivouilleur
Écrivouilleur (ex-Montpelliérien, ex-Lyonniais). Je bave ce qui me vient, comme ça vient. Y en a à qui ça plaît, y en a à qui ça plaît pas. Qu'y peux-je ?
Vous raconter mes recherches d’emploi au jour le jour, c’est moins marrant que ce que je pensais, c’est pour ça que je ne l’ai pas fait.
Je suis pris d’une sale angoisse du moment où j’ouvre les yeux à celui ou je les ferme, entre quoi je rédige des lettres de motivations, des CV, j’envoie ça partout, je passe de heures sur tous les sites d’annonces, je re-rédige des lettres de motivations, je refais mes CV… c’est un cycle infernal.
Une fois n’est pas coutume, c’est mon ami Feldo qui me donne donc l’occasion de vous causer d’un truc intéressant aujourd’hui.
Aimez-vous les jeux de rôle et plus particulièrement Warhammer ? Vous arrive-t-il d’endosser le rôle de MJ lors de vos parties entre potes ?
Assis à son bureau ou en ballade sur des chemins de campagne plus où moins sûrs, il fait fuser les idées comme elles lui viennent, et elles lui viennent ! à propos de PNJ, intrigues, objets, faune et flore que vous pourriez intégrer à votre scénario. Y a qu’a lire quelques titres d’épisodes pour voir qu’il brasse large niveau thématiques : « Le barbier et sa cire », « Les chiens et leurs maîtres », « L’herbier de Warhammer », « Le bon et le mauvais druide », « Tank à vapeur », « Les dix plaies d’Egypte », « Contes, crapauds et potions », « Le vagabond maudit ».
Au moment où je rédige cette note, treize épisodes sont déjà disponibles à l’écoute.
Voici d’ailleurs un petit montage audio à ma sauce à base de morceaux choisis du podcast, réalisé comme premier test du logiciel Reaper (dès que je trouve un appart et un taf, je me remets à la zik).
On va pas se mentir, ce n’est absolument pas représentatif du podcast, mais ça me faisait marrer.
Pour me faire pardonner d’avoir monter musicalement les gloussements et autres bégaiements infortunés de ce cher Feldo, je vous partage également l’adresse de son site consacré aux jeux de manière générale :
Sachez par ailleurs qu’en passant par la partie archivouilleur du site, vous pouvez trouver la page liens sur laquelle je liste divers sites de gens que j’aime bien. Pas été mise à jour depuis longtemps, la page, mais je m’y collerai bientôt.
…serait un parfait titre de roman français. On aurait même pu faire mieux en mettant le longtemps au début : Longtemps, ma mère a cru que les câpres venaient de la mer. Voilà. N’y touchons plus. Un best-seller. Garanti.
Pourtant, ici nulle littérature, tout est vrai dans cette phrase. Et de toute manière je ne pense pas tenir cinq-cents pages sur le sujet. C’est une simple pensée qui m’est venue en achetant ce bocal de câpres aujourd’hui au supermarché, puis plusieurs fois dans la journée, ce souvenir en faisant ressurgir d’autres comme le font les souvenirs. Des odeurs, des couleurs, des bribes de conversations faisant surface comme mille bulles remontant du fond de cette flûte de champagne qu’est la nostalgie, et on va arrêter là les métaphores c’est insupportable.
Conseil aux écrivains en mal d’idées qui passeraient ici, évitez-vous la honte des phrases cent fois lues et relues, ne dites plus madeleine de Proust, mais bocal de câpres d’Écrivouilleur. Vous en étonnerez plus d’un·e.
Alors oui, la grande question est la suivante : comment en vient-on à penser que les câpres viennent de la mer ? Eh bien, c’est un mystère. Peut-être est-ce un phénomène proche du désormais célèbre effet Mandela, je…
Hein ? Ce n’est pas ça la grande question ? Comment avancent mes recherches d’emploi et d’appartement ?
Le koláč a dû faire son effet parce qu’aujourd’hui ça va mieux.
Depuis ce matin je fouille tous les sites d’annonces belges pour trouver les offres d’emploi auxquelles je peux répondre. Y en a pas beaucoup, des offres auxquelles je peux répondre. Je cherche donc aussi tous les endroits cools où envoyer des candidatures spontanées.
Et je refais tous mes C.V.
À un moment, je suis allé fumer une cigarette sur le balcon pour faire une pause —je vous avais dit que j’avais repris ?— et un type, au loin, je sais pas où au juste, jouait au piano et chantait Sur le pont d’Avignon. Avec plein de variations au milieu avant de revenir à chaque fois à l’air d’origine. Je n’arrivais pas à entendre s’il chantait en français ou pas, mais parfois on aurait dit que oui.
Je suis retourné faire mes C.V.
Je suis ressorti sur le balcon une heure plus tard, un orchestre et plusieurs personnes en chœur chantaient et jouaient Sur le pont d’Avignon. Mais qu’est-ce qu’ils ont avec cette chanson sans déconner ? Je sais pas s’ils faisaient les balances pour un concert uniquement de reprises de Sur le pont d’Avignon ou quoi ou qu’est-ce, mais c’était fort étrange. Ça se transformait parfois en chants presque grégoriens, parfois chants quasi bulgares, parfois en fanfare de bal du 14 juillet. J’ai cru deviner que les paroles n’étaient pas en français ce coup-ci, mais rien de sûr. Je vous ai dit, c’était au loin.
Je suis retourné faire mes C.V.
Sur les coups de 14h mon amie a préparé un petit gratin de courgettes que nous avons mangé tranquillement, puis je me suis enfilé un quart de pastèque. Après le koláč d’hier, fallait bien équilibrer un peu.
Maintenant je dois retourner faire mes C.V.
Je crois que je vais plutôt sortir acheter des cigarettes et retourner sur le balcon écouter Sur le pont d’Avignon encore un peu.
Aujourd’hui, il pleut. C’est défaite et pâtes au pesto.
Oh, je sais, certains et -taines d’entre vous me diront que les pâtes au pesto, c’est un petit jour de fête en soi. Pas pour moi.
Attention hein, je ne vous parle pas du bon pesto fait maison, avec du basilic frais, de l’ail en veux-tu tiens y en a, de la bonne huile d’olive qui sent le sud, des bons pignons voire des noix de cajou qu’on peut plus s’arrêter dès qu’on commence à taper dedans… Non, je vous cause des tristes pâtes cons et du vilain pot de pesto insipide du supermarché, du genre qu’on bouffe quand c’est vraiment la débandade et qu’on n’a pas le moral à passer plus de dix minutes à cuisiner.
Aujourd’hui est un tel jour. J’ai pas regardé les annonces d’emplois ni les annonces d’appartements à la location à Bruxelles.
Pourquoi ?
Parce qu’on s’est levés tard mon amie et moi, d’une, parce qu’il pleut, de deux mais ça je l’ai déjà dit, suivez, et, de trois, parce qu’hier j’ai passé une bonne partie de la journée à me renseigner sur les modalités pour obtenir un droit de séjour de plus de trois mois sur le sol belge, sur toute la paperasse à remplir dès qu’on en devient résident ou qu’on y travaille, ainsi que sur les conditions d’entrée dans un appartement.
Comment obtenir un travail sans logement à proximité ? Comment obtenir un logement sans travail ? C’est le chien qui se mord la queue, quand il arrive à l’attraper.
Ça m’a complètement abattu.
J’en parlerai sans doute plus en détail une fois que je serai sûr d’avoir tout compris, mais aujourd’hui, donc, je mets toute mon énergie à ne pas y penser. Heureusement que mon amie est là pour me dire que ce n’est pas grave et que j’ai encore du temps pour le faire, ça limite mon sentiment de culpabilité.
Pour faire passer le goût du pesto, je vais manger une part de koláč, tiens.
Depuis que j’ai quitté le domicile familial il y a quinze ans, des déménagements, j’en ai fait. Mais alors, pfoulala, qu’est-ce que j’en ai fait…
En moyenne, un tous les ans et demi.
À Montpellier d’abord : un petit studio (deux ans), une grande colocation (deux ans). Puis direction l’Angleterre, Canterbury (un an). Retour ensuite à Montpellier dans un nouveau petit studio (un an), puis un faux F3 en couple (trois ans), puis un F2 tout seul (deux ans), puis re-grande coloc (deux ans), puis un tout petit studio en couple à Lyon (un an), et me voici actuellement à Prague dans un grand appartement en couple et en colocation (un an). Et finalement, d’ici trois mois, la Belgique, Bruxelles, en vue.
Comptez donc, ça fera dix déménagements en quinze ans. On est bien à un déménagement tous les un an et demi en moyenne. Je suis pas trop mauvais en maths. Les Tchèques disent de ceux qui ont ainsi la bougeotte qu’ils ont une hélice au cul. Je leur laisse la responsabilité de ces propos.
Ainsi, j’ai déménagé en avion, j’ai déménagé en train, j’ai déménagé en tramway, j’ai déménagé en bus, j’ai déménagé en voiture, j’ai déménagé à pieds. Si vous avez fait plus complet, laissez-moi un commentaire, vous avez gagné.
Mais quel est donc le point commun entre tous ces déménagements ? Hein, lequel est-il ?
La bonne réponse était : je déteste les déménagements.
Enfin non. Ce n’est pas exactement ça. Je ne déteste pas les déménagements, je déteste les recherches d’appartement. Voilà. Vraiment. De toute ma haine. Ça me fout en vrac. J’ai l’impression que je vais mourir chaque jour tant que je n’ai pas trouvé. Je ne sais pas encore comment ça se passe en Belgique, mais en France c’est l’horreur. S’il vous fallait une preuve de ma détestation des recherches d’appartement, voici un petit texte sur le sujet, écrit il y a quatre ans et tout juste publié sur le site pour l’occasion :
Ajoutez aux recherches d’appartement le fait que je vais, en même temps, devoir trouver un travail qui nous permette à la fois de nous loger et de vivre mon amie et moi pendant qu’elle sera occupée à ses études, et vous aurez à peu près pigé quel est mon niveau d’angoisse actuel.
Ajoutez encore à cela la situation d’instabilité au niveau des frontières, et le chômage massif qui se prépare à la rentrée prochaine, à cause de la pandémie, et vous aurez encore mieux pigé.
Je pourrais encore vous demander d’ajouter sur le tas l’idée que je serai un étranger à la recherche d’un bon emploi dans un pays que je ne connais pas et dont les habitants natifs seront sans doute eux-même en lutte contre le chômage, mais je ne voudrais pas vous accabler.
Bref, mon amie et moi repartons pour de nouvelles aventures, sur des bases qu’on aurait du mal à qualifier de bonnes. Pas le choix.
En voilà des manières ! Le cochon ! Le vilain ! Il donne pas de nouvelles pendant plusieurs mois ! Il a chopé le virus ? Ce serait bien fait ! Est-ce qu’il en est crevé ?
Non.
C’est un peu ma spécialité, voyez-vous, de ne pas donner de nouvelles. Et autant vous dire que quand on tient une spécialité comme ça, il faut bien la choyer. C’est ce qui nous distingue du vulgaire. Oh, évidemment, ça ne se voyait pas quand je rédigeais une note de blog quotidienne, mais c’était le tout début du blog, de notre relation. On ne se connaissait pas trop encore. Je vous laissais croire que, moi aussi, j’écrivais chaque jour à tout le monde, je passais des coups de téléphones pour dire « je suis bien arrivé » à chacun de mes mouvements. Je ne peux pas jurer que c’était conscient, mais sans doute ne voulais-je pas vous éclabousser de toute ma spécialitude. Se prendre en pleine gueule les qualités exceptionnelles des autres, ça ne fait de bien à personne.
Enfin, là, je ne peux plus vous le cacher. Je suis un de ces êtres hors du commun. Il faut l’accepter. Ne soyez pas jaloux ou -louses.
Qu’est-ce qui me motive donc à m’adresser à vous aujourd’hui ?
Rien.
J’avais simplement envie d’écrire quelques mots. Je pourrais vous raconter le confinement, mais vous en avez soupé. Je pourrais vous raconter ce qui s’est passé avant le confinement, ou ce qui se passe après le confinement, mais ça resterait du confinement, et honnêtement, moi aussi, j’en ai eu ma dose.
Je peux vous dire que le reste de mes aventures se déroulera sans doute (on croise les doigts pour chasser le fantôme de cette fameuse seconde vague, même si ça sert à rien) en Belgique, à Bruxelles même. Je suis actuellement en recherche d’un emploi et d’un logement dans la capitale de ce pays où je n’ai jamais mis les pieds. Ça risque d’être drôle. Mais ne vous inquiétez pas, tel Saint Machin Du Coin De La Rue, je terrasserai le Dragon de la SDFerie.
Je dis drôle, mais en y pensant sérieusement, ce serait sans doute surtout drôle pour vous de me voir tétanisé devant la bête. D’ailleurs l’idée me vient que je pourrais peut-être vous narrer quotidiennement le déroulement de mes démarches. On ne sait jamais que ça me permette de retrouver l’aspect un tout petit peu créatif de ma vie, que je perds de vue ces derniers temps, tout en décompressant un peu. Je n’ai pas fait de musique à proprement parler depuis plus de deux ans, je n’ai pas écrit quoi que ce soit digne d’être publié ici depuis près de trois mois (et c’était une sorte de jeu, pas véritablement un texte), je n’ai même pas farfouillé dans les loufoques revues anciennes depuis bientôt deux mois. À un moment, il faut bien s’y remettre.
Bon, ben… Pourquoi pas. Allons-y donc. Mission : « Un taf, un toit – édition Bruxelles » sur ce blog pour les prochaines semaines, voire les prochains mois. J’espère que ce sera pas trop chiant.
Eh, matez ça, je commence une note de blog sans avoir quoi que ce soit à vous raconter, et me voilà en train de prendre des résolutions. Vous voyez que vous ne servez pas à rien !
Alors qu’une fois encore je farfouillais dans le catalogue vertigineux de la BnF, du côté des périodiques anciens, v’là-t’y pas qu’je tombe sur un enfant à deux têtes ! Enfin, sur le rapport que fait un certain Monsieur Comiers (on en reparlera sans doute un jour de celui-là) de la naissance et de l’autopsie d’un enfant né avec deux têtes, dans le Mercure Galant de février 1683.
Ce rapport est intéressant à deux niveaux puisqu’il nous permet non seulement d’entrevoir ce qu’on savait ou pas du corps humain et de son développement à cette époque-là dans les sphères savantes, mais qu’en outre l’auteur nous y livre quelques précieux conseils de bonnes pratiques durant la grossesse.
Dernier détail avant la reproduction de l’article la plus fidèle qu’il me soit possible de faire sur ce blog, le texte était à l’origine accompagné de trois dessins, hélas perdus. Dans toutes les éditions numérisées que j’ai pu trouver, les dessins étaient toujours manquants et ils n’ont apparemment été reproduits dans aucune des revues scientifiques de l’époque. Toutefois, sur la version numérisée par la BnF, on peut voir que l’encre du dessin de la Figure 1 a laissé une marque sur l’une des pages précédant l’article, j’ai donc essayé de bidouiller l’image pour rendre celle-ci le plus lisible possible, mais c’est pas génial.
Allez, passons au texte.
LETTRE DE Mr COMIERS d’Ambrun, Profeſſeur des Mathématiques à Paris.
VOicy, Monſieur, ce que je vous avois promis ; la Relation particuliere de l’Enfant à deux teſtes, né le 7. Janvier dernier, & les trois Figures tirées au vif par Mr Compardel, un des plus excellents Peintres de Paris, & qui réüſſit auſſi aux Portraits en Mignature. Vous pouvez en faire part au Public, comme vous l’avez fait eſperer par voſtre dernier Mercure.
Marie-Anne Cacheleu, âgée de 30. ans, Femme de Maiſtre Pliecq, auſſi âgé de 30. ans, Marchand Chapelier, à l’Enſeigne du Bon Laboureur, Ruë Jean-Robert, Paroiſſe S. Nicolas des Champs à Paris, ayant fait cinq heureuſes couches d’un ſeul Enfant à la fois, ſe trouva pour la ſixiéme fois en travail d’Enfant le 7. Janvier 1683.
La Sage-Femme, Madame Marcel, appela à ſon ſecours Mr Bonamy, Maiſtre Chirurgien. Par leur expérience, accompagnée de leurs ſoins, la Malade accoucha le meſme jour à huit heures du ſoir cet Enfant à deux teſtes, quatre bras, & deux jambes, & à une ſeule marque du Sexe maſculin, comme on voit dans les Figures 2. & 3. Cela n’empeſche pas que l’on ne les puiſſe appeller deux Enfans accolez, empruntant ce terme du Blazon.
L’Enfant B, qui eſtoit à droite, & qui reſſembloit au Pere, préſenta un de ſes bras, c’eſt pourquoy on le baptiſa. Il fut nommé Claude. Il falut faire effort pour le tirer hors de ſa première priſon ; & bien qu’il euſt beaucoup ſouffert avant que d’eſtre au jour, il donna encore des marques de vie. Pour l’autre Enfant A, ou ſi vous voulez l’autre moitié de cet Enfant à deux teſtes, il ſortit facilement du ventre de la Mere, & je ne croy pas qu’il ſoit poſſible de voir en cire un plus bel Enfant. Il mourut en meſme temps que ſon Frere aîné collateral.
Pluſieurs Dames m’ont demãdé ſi le Sacrement de Bapteſme, qui n’avoit eſté donné qu’intentionnellement à un ſeul de ces Enfans, pouvoit extenſivement ſervir à l’autre, à cauſe de leur connéxion, veu meſme qu’ils n’avoient pour tous deux que les meſmes jambes, & une ſeule marque d’Homme ; & ce qu’il ſeroit à propos de faire, lors qu’une Sage-Femme a lieu de douter qu’il y ait deux Enfans accolez comme ceux-cy, & qu’il n’y en a qu’un qui préſente quelconque partie de ſon corps. Comme mon ſentiment ne pourroit tout au plus fonder qu’une opinion probable, j’ay répondu qu’il en faloit attendre une juſte déciſion d’une Aſſemblée de Docteurs.
Ce fâcheux accouchement de ces deux Enfans accolez, fut bientoſt ſuivy de la naiſſance d’un autre Garçon, qui ſe porte tres-bien & la Mere auſſi. Ce troiſiéme Enfant n’eut pas à ſouffrir pour entrer au monde, puis que ces deux Freres qui l’avoient devancé, avoient (comme on voit dans la Figure I.) dix-ſept pouces de longueur C E, & ſept pouces de l’épaule O à l’épaule M.
Les Anatomiſtes, & les Curieux ne ſeront pas fâchez de trouver icy que pour déboiter les os, comme auſſi pour les bien & facilement décharner, il les faut faire boüillir dans de l’huile.
Depuis que Mr Theodore Kerckering, a montré évidemment dans ſon Anthropogeniæ Icnographia, ce qu’on peut voir dans les Mémoires concernans les Arts & les Sciences, préſentez à Monſeigneur le Dauphin en 1672. par Mr Denis, Medecin ordinaire du Roy, Que les Femmes font des œufs, comme tous les Oiſeaux, qu’elles les couvent elles-meſmes, & les font éclore au bout de neuf mois, & qu’enfin c’eſt à ces œufs que les Hommes doivent leur origine, j’attribuë cet Enfant double, ou ces deux Enfans accolez, à la colliſion des deux œufs, faite par quelque matiere glaireuſe, puis meſme que nous trouvons aſſez ſouvent deux jaunes, & deux germes dans une même coquille d’œuf car bien que la force de l’imagination puiſſe beaucoup ſur la formation de l’enfant, elle ne ſçauroit neantmoins luy procurer deux teſtes, deux cœurs, &c.
La Relation que je fis de cet Enfant double, dans une des plus belle Maiſons de Paris, porta Madame de B. tres-illuſtre par ſa naiſſance, par ſon mérite, & par ſa vertu toûjours ſolide & exemplaire, à dire que feu ſon premier Fils avoit eſté agreablement marqué, depuis le deſſous de l’oreille le long du col, d’une Jonquille tres-bien formée, dont les cinq feuïlles & la tige paroiſſoient tres-diſtinctement, pour s’eſtre touchée en cette meſme partie avec deux Jonquilles. Elle aſſura encor que Mademoiſelle A. avoit apporté ſur la cuiſſe droite la marque tres-bien formée d’une Couronne, & des Chifres, tels qu’on les voit en pluſieurs Meubles ſuperbes de cette Maiſon, & cela ſeulement pour avoir mis ſur ſa cuiſſe droite, le modelle en terre que le Sculpteur luy en avoit apporté. Enfin je conclus que s’il ne faut que de l’eſprit pour ſeconder une belle & vive imagination à produire des effets cõme ſurnaturels, cette illuſtre Dame auroit pû enfanter des Corps tous ſpirituels, & des Enfans tous brillans de lumiere, & leſquels s’il eſtoit poſſible, d’avoir icy bas plus d’eſprit qu’ils en ont, ſeroient autãnt pleins de feu & de rayons que le Soleil ſimbole de leurs Armes.
Pour éviter que l’imagination, ou l’appetit dépravé du commun des eſprits foibles des Femmes enceintes, ne produiſe des marques fâcheuſes ſur le corps de leurs Enfans, il eſt bon de les avertir qu’elles doivent cracher auſſi toſt qu’elles ſe ſentent avoir quelque appetit violent ou deſordonné, & qu’elles ont, comme on dit, la ſalive à la bouche de ce qu’elles deſirent ardemment, & qu’elles doivent dans ce moment-là éviter de ſe regarder dans un Miroir, & de paſſer la main ſur le viſage, ſur la gorge, ſur les bras, ny ſur autre partie découverte.
Revenons à nos deux Enfans gemeaux accolez. Ils n’avoient comme on voit dans les Figures, qu’un ſeul corps, deux teſtes, & deux cols ou gorges bien dégagez, quatre bras bien faits, & auſſi bien dégagez, une poitrine, un bas ventre, & une ſeule marque du Sexe, deux cuiſſes, avec leurs jambes & pieds R S à l’ordinaire, le tout bien formé & proportionné.
De l’extremité de l’os ſacrum marqué I dans la troiſiéme Figure, ſortoit une appendice membraneuſe & glanduleuſe de la groſſeur du petit doigt de la main, & un peu aiguë au bout, & retreſſie ſur le milieu. Sa racine eſtoit mince, elle prenoit ſon origine de la vraye peau, la Mere s’eſtant gratée au meſme endroit dans le temps qu’elle avoit envie de manger de Sauciſſes.
Voilà ce que le 9. Janvier au matin nous examinâmes à loiſir ches Mr Houſſu, Marchand Boucher, en la Salle duquel le Sujet avoit eſté porté, avec Mr le Prince Borghezzy, Mr Lucas Antoine Guaſtaldy, Mr Hubin, Mr Auzout, & autres Sçavans.
Madame Marcel Sage-Femme, & autres Dames, eſtant arrivées, Mr Bonamy Maiſtre Chirurgien, qui avoit aſſiſté à l’accouchement, fit l’ouverture du dedans de ce Sujet.
L’on commença à ſeparer les integumens & les muſcles de la poitrine, pour voir de la maniere que les coſtes, leſquelles provenoient des deux épines, eſtoient formées. Elles parurent bien faites juſques à la troiſiéme de vraye des deux coſtez, où l’on trouva une gibboſité & union de ſix côtes cartilagineuſes, entre le milieu des deux clavicules arrivant à la partie poſtérieure, juſques aux vertebres lumbaires interſequez les unes avec les autres, faiſant en la partie poſtérieure preſque la figure d’un ſternon, n’eſtant neantmoins que l’embraſſement des coſtes des deux coſtez, leſquelles toutes enſemble ne formoient qu’une ſeule cavité de la poitrine.
Les vertebres du col, du dos, & des lumbaires eſtoient des deux coſtez ſemblables ; & en arrivant aux lumbaires, elles eſtoient ployées comme en demylune, laiſſant vers la partie latérale une eſpace à mettre le pouce, au bout deſquelles eſtoit l’os ſacrum, où terminoient les dernieres vertebres lumbaires.
Apres avoir remarqué les parties externes, on fit l’ouverture du bas ventre ; on n’y trouva qu’une veine umbilicale, mais le double plus groſſe qu’elle n’eſt ordinairement. Les autres vaiſſeaux umbilicaux eſtoient auſſi deux fois plus gros qu’à l’ordinaire.
Le ventricule ou eſtomach, eſtoit double, l’un vers la partie gauche, l’autre vers la partie droite, avec le deux œſophages. A chacun deſdits ventricules ſuivoient les inteſtins ou boyaux grelles ; ſçavoir le duodenum, le jejunum, & l’ileon, à la fin deſquels il y avoit deux boyaux que l’on appelle cæcum, éloignez l’un de l’autre d’environ quatre pouces, leſquels enſuite ſe réüniſſant formoiẽt un ſeul boyau Colon, qu’on trouva remply des excremens, qu’on appelle mechonium, lequel ne ſortoit pas de la région épigaſtrique, comme naturellement ſe rencontre dans tous les ſujets ; mais apres avoir formé deux fois la figure d’un S romain ; dans le meſme endroit ſuivoit le boyau rectum, lequel à cauſe de la grande compreſſion que toutes les parties du bas ventre ſouffrirent en ſortant de la matrice, ſortoit de l’Anus, comme une production de la groſſeur du pouce.
Sous chaque ventricule eſtoit un pancreas, & chaque duit verſſungien entroit dans chaque boyeau duodenum.
Le foye eſtoit un peu plus grand qu’à l’ordinaire, avec deux veſſies du fiel, à quatre doigts l’une de l’autre, & chaque duit ou pore biliaire, entroit pareillement dans un deſdits boyaux duodenum, à l’endroit des duits verſſungiens à l’ordinaire.
La rate s’y trouva ſeule, & auſſi le rein un de chaque coſté. Les vaiſſeaux ſpermatiques & les teſticules n’eſtoient qu’un de chaque coſté ; on les trouva dans l’aine, n’eſtant pas encor deſcendus dans la bource ou ſcrotum. La veſſie eſtoit ſeule, & le diafragme pareillement.
A l’ouverture de la poitrine, on trouva un ſeul mediaſtin, & un péricarde, lequel occupoit preſque toute la poitrine, quoy qu’elle fuſt aſſez grande.
Ce péricarde eſtoit diviſé dans ſon milieu, & formoit deux bourſes, chacune deſquelles contenoit un cœur. Le cœur gauche eſtoit aſſez bien formé ; mais non pas dans le milieu du Thorax, & tournoit ſa pointe au coſté droit. L’autre cœur n’eſtoit pas ſi bien formé, puis qu’il reſſembloit par le dehors à un rein. Il avoit neantmoins toutes ſes parties ; ſçavoir, les deux ventricules, les quatre vaiſſeaux principaux, & ſes valvules.
Les poulmons de la partie gauche n’eſtoient que de la groſſeur du pouce ; ceux de la partie droite, eſtoient tant ſoit peu moindres.
Enfin toutes les parties du coſté gauche, eſtoient mieux formées.
Les teſtes ne furent point ouvertes, parce que nous eſtions bien aſſurez qu’il y avoit deux cerveaux, puis qu’il y avoit deux médulles ſpinales par les quatre ordres des nerfs qui ſortoient des vertebres.
Si cet Homme double eut vécu, il n’auroit pû eſtre marié, à moins que la Femme eut obtenu permiſſion d’épouſer les deux Freres à la fois, outre que les Enfans qui ſeroient provenus de ce Mariage, auroient neceſſairement eu deux Peres.
Mr Hubin a eu le ſoin de faire ſoufler un grand vaiſſeau de verre de criſtal, pour conſerver dans l’eſprit de vin ces deux Enfans accouplez. Mr Bliecq le Pere, doit les faire voir aux Curieux.
Je ne puis finir cette Lettre, ſans vous dire qu’ayant ſuſpendu au milieu de mon Lit mon Phoſphore liquide, duquel vous avez fait mention dans voſtre dernier Mercure, j’ay reconnu qu’il n’a pas beſoin d’eſtre ouvert pour devenir lumineux : il me ſuffit de l’empoigner tirant la main chaude hors du Lit ; & cette phiole pleine d’une agreable lumiere, ſuffit du moins pour connoiſtre quelle heure il eſt à une Montre de poche. Je ſuis voſtre, &c.
COMIERS D’AMBRUN, Claude. « Lettre de Mr Comiers d’Ambrun, Professeur des Mathématiques à Paris. » Mercure Galant (février 1683). Paris, 1683, pp. 227–248. (Voir sur Gallica)
Loin de moi l’idée de faire passer les anciens savants pour des débiles, bien sûr. Il nous a fallu en croire des conneries pour arriver à ce que l’on sait des choses aujourd’hui, et aujourd’hui encore il nous faut en croire des conneries, pour qu’en arrivent demain celles et ceux qui devront bien arriver quelque part demain. Mais bien sûr aussi que si j’ai publié ce texte sur mon blog c’est avant tout parce que ces enfants nés malformés avaient une queue vestigiale dû au fait que leur mère s’était grattée là alors qu’elle avait envie de manger des saucisses. On n’est pas des bêtes, on ne peut pas rester insensibles à ce genre de fines analyses scientifiques.
Police d’écriture utilisée pour la reproduction du texte ancien : IM FELL DW Pica. The Fell Types are digitally reproduced by Igino Marini. www.iginomarini.com
Le nombre de projets qu’on ne mène pas à terme, c’est quand même fou.
En fouillant mes fonds de tiroir, voilà que je retrouve le squelette d’un jeu textuel de zombies en mode rencontres aléatoires (je dirai pas procédural mais il s’en est fallu de peu), réalisé sur Twine il y a quelques années.
Le jeu est totalement jouable en l’état, seulement il ne comporte aucune description. C’est pourtant ça qui en aurait fait un petit jeu très cool, des descriptions, plein de descriptions, de zombies, de tripes, de sang, de lieux glauques, de combats… qui vous seraient balancées de manière aléatoire à la gueule, si bien qu’à chaque fois que vous relanceriez une partie, vous auriez l’impression de suivre un chemin inédit alors que tout ça ne serait que de l’aléatoire.
Le but était de réaliser ce jeu en utilisant le moins de « passages » Twine possible, tout en me laissant la possibilité d’écrire le plus de descriptions différentes pour chaque élément du jeu. Une espèce d’équilibre à trouver quoi.
Je vous présente donc tout ça maintenant, de la manière la plus concise possible.
Avant toute chose : – Pour télécharger Twine, c’est ici que ça se passe : http://twinery.org/ – Pour tester le squelette en question cliquez sur ce lien : Jeu Zombies Twine – Version explicative – Pour ouvrir le projet sur Twine (et comprendre comment ça marche), enregistrez simplement la cible du lien précédent sous (c’est un fichier html), et ouvrez-le dans Twine. Il passe sans problème sur Twine 2.3.2 (j’ai pas testé plus récent).
Je vous conseille tout de même de lire la description du jeu avant d’essayer la version explicative jouable, pour mieux piger, mais c’est comme vous voulez.
JEU DE ZOMBIE MINIMALISTE, À RENCONTRES ALÉATOIRES, SUR TWINE.
https://www.ecrivouilleur.fr/files/jeuxhtml/trucouilleur-jeu_zombies_twine-version_explicative.html
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Ceci est un squelette de jeu fonctionnel.
Il est librement utilisable et modifiable.
Il n'y manque que les centaines de descriptions d'éléments, de lieux, de zombies etc... à rédiger.
Ce que vous pouvez très bien faire si vous le voulez, mais moi ça me barbe.
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LES VARIABLES EN JEU
Tour de jeu : n sur 15
Niveau de stress : n sur 8 (affiché à l'écran)
Encombrement : n sur 3 (affiché à l'écran)
Mordu : True or False
Contamination : n sur 5
Arme : True or False
Arme utilisée : True or False
C'est tout.
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PRINCIPES DE BASE
Votre personnage se réveille dans un grand bâtiment dont il ne connaît pas les plans (hôpital, hôtel...). Vous vous déplacez donc de salle en salle au hasard. Le bâtiment est infesté de zombies. Vous cherchez à en sortir.
Le personnage trouvera la sortie après 15 tours de jeu s'il ne meurt pas avant. (Le joueur ou la joueuse ne le sait pas, et ne connaît pas le nombre de tours de jeu déjà effectués puisque le personnage n'est pas supposé savoir ni où est la sortie, ni combien de temps il mettra pour l'atteindre.)
À chaque tour vous avez autant de chances de tomber sur une salle avec un zombie qu'une salle sans zombie.
Sur votre chemin vous pouvez trouver 2 types d'objets :
- arme (permet de combattre)
- objet rassurant (diminue le niveau de stress)
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TOUR DE JEU
Un tour de jeu passe à chaque fois que vous arrivez dans une nouvelle pièce.
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SALLES SANS ZOMBIE
1 chance sur 3 pour que la pièce contienne une arme cachée
1 chance sur 3 pour qu'elle contienne un objet rassurant caché
1 chance sur 3 pour qu'elle soit vide
Deux options :
- fouiller
- continuer sans fouiller
Si vous trouvez un objet rassurant, vous le prenez obligatoirement, votre état de panique ne vous permet pas de l'ignorer. (+1 encombrement, - 1 stress)
On commence la partie avec un niveau de stress = 2, ce qui permet de tomber sur un objet rassurant dès le départ sans que son côté bénéfique ne soit perdu.
Si vous trouvez une arme vous la prenez (+1 encombrement) seulement si vous n'en avez pas déjà une, et si votre niveau d'encombrement < 3.
(3 = encombrement max)
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SALLE AVEC ZOMBIE
(+ 1 niveau de stress quoi qu'il en soit.)
Deux options :
- Tenter de fuir
- Combattre
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FUIR
Vous pouvez fuir avec succès si encombrement < 3 ET si niveau de stress < 8.
Si encombrement = 3, vous vous faites mordre.
Si stress = 8, la panique vous paralyse et vous vous faites dévorer (Mort type 1).
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COMBATTRE
Vous pouvez combattre un zombie avec succès seulement si vous possédez une arme, sinon vous vous faites mordre.
Au bout de deux utilisations votre arme est détruite et 1 encombrement est libéré.
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MORSURE
Si vous vous faites mordre, vous prenez +1 point de contamination à chaque tour suivant. (se faire mordre une seconde fois ne change rien)
Si vous atteignez 5 points de contamination avant la fin des 15 tours du jeu, vous mourrez et vous transformez en zombie dans le bâtiment (Mort type 2).
Si vous atteignez la sortie avec < ou = 5 points de contamination : Fin réussite moyenne. (Vous sortez mais vous savez que vous mourrez bientôt.)
Si vous atteignez la sortie sans vous être fait mordre : Fin parfaite.
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RÉSUMÉ FINS POSSIBLES
Mort type 1 : incapacité de fuir car encombrement = 3
Mort type 2 : points de contamination = 5 avant d'avoir atteint la sortie
Fin moyenne : atteindre la sortie après avoir été mordu
Fin parfaite : atteindre la sortie sans avoir été mordu
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TACTIQUES
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CAS DE MAUVAIS ALÉATOIRE
Chaque rencontre de zombie ou salle sans zombie est déterminée aléatoirement.
Il y a donc toujours la possibilité de ne faire QUE des rencontres avec des zombies. Dans un tel cas le contrôle échappe totalement au joueur qui ne peut qu'échouer.
C'est la vie ma pauvre Lucette.
Dans le cadre d'un jeu qui se voudrait réaliste, c'est sans doute ce qui arriverait.
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CAS D'ALÉATOIRE ÉQUILIBRÉ
Dans le cas d'une partie ou l'aléatoire est équilibré (ça arrive 2 fois sur 3 je dirais), les dilemmes sont les suivants:
- Si l'on ne fouille aucune salle sans zombie, on ne trouvera donc aucun objet rassurant et l'on mourra vite du niveau de stress.
- Si l'on fouille toutes les salles, on peut vite se retrouver trop encombré pour fuir si l'on ne tombe que sur des objets rassurants.
Cela dit on a toujours l'espoir de tomber sur une arme.
- Si on possède 2 objets rassurants et qu'on tombe sur une arme, on pourra combattre deux zombies avec succès puis fuir les suivants puisque l'encombrement sera retombé à 2 après la destruction de l'arme, ce qui laissera la possibilité de retrouver une seconde arme par la suite.
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DESCRIPTIONS, FLAVOUR TEXTS
Pour chaque:
- salle zombie
- combat
- tentative de fuite
- salle fouillée objet rassurant
- salle fouillée objet arme
- salle fouillée vide
- Mort type 1
- Mort type 2
- Fin moyenne
- Fin parfaite
On peut écrire autant de descriptions différentes que l'on veut, sans limite, et qui seront affichées aléatoirement, afin qu'à chaque relance de partie on ait l'impression d'une nouvelle aventure.
Entre une cinquantaine et une dizaine de descriptions serait l'idéal selon le type d'élément. Ce qui explique pourquoi je n'ai jamais pu me résoudre à faire de ce squelette de jeu un véritable jeu.
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Pour le passage Twine principal ("salles") qui sert de hub et oriente vers les passages avec zombie, salle avec arme, salle avec objet... (voir projet Twine sinon vous allez pas comprendre):
On peut, pour chaque élément, écrire autant de descriptions que l'on veut TANT que l'on respecte la proportion de salles sans zombie et de salles avec zombie, et tant que l'on respecte la proportion de type de salles sans zombie entre elles. (Au minimum en tout: 1 salle arme, 1 salle objet rassurant, 1 salle vide, 3 salles zombie.)
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Évidemment on peut également adapter ce jeu à d'autres thèmes que celui des zombies.
Voilà. Étant trop fainéant pour rédiger des tonnes de descriptions juteuses mais se prêtant au caractère aléatoire du jeu, je n’ai jamais fait aboutir ce projet, mais libre à vous d’en faire quelque chose, de le modifier, de vous en inspirer, de l’imprimer dans son entièreté sur du papier chiottes et de vous essuyer avec (mais c’est pas super écologique).
Si vous voulez tester un jeu terminé, allez faire un tour sur mon article de blog précédent.
S’il y a bien une chose que je prouve à chaque fois que je poste un mot sur ce blog, c’est à quel point je ne suis qu’un gros paquet de contradictions. Dans mon dernier message je m’exclamais « salut les morts ! », aujourd’hui je vous présente un jeu qui se déroule dans un cimetière.
Bon.
C’est un petit jeu que je viens tout juste de terminer de bricoler, sous l’impulsion de la NaNoRenO édition 2020, une game jam qui invite chacun·e à produire un jeu de type visual novel en trente jours. Bon, moi j’en ai pris que douze parce qu’il m’est trop difficile de rester concentré sur un même machin trente, mais normalement les gens prennent leur temps et font ça bien.
Je sais bien que le paragraphe précédent est truffé de mots barbares pour le néophyte mais… Oui alors là je me suis tâté à dire le et la néophyte, mais le néophyte est une plante, vous êtes donc cette fois-ci, mesdames, dans le le. Moi j’ai l’habitude d’être dans le le, mais pour qui est souvent désignée par le la et pas que le le, je conçois que ce soit déroutant. On pourrait en faire une chanson tiens : « Il est le le et que le le, Elle est le la, pas que le le, Laï laï laï laï, laï laï ! Laï laï laï laï, laï laï ! » À chanter accompagné·e d’un ukulélé, bien entendu.
Où j’en étais ? Vous voyez ce que ça me fait de bosser douze jours d’affilée sur un même machin… Ah oui ! Le jeu, le néophyte, tout ça. Donc les termes barbares.
Game jam : évènement invitant tout un tas d’individus à créer des jeux dans un temps imparti, le plus souvent autour d’un thème défini.
Visual novel : genre de jeu basé sur le texte (novel signifiant roman en anglais), agrémenté d’images, de musiques et de sons.
NaNoRenO, une game jam à l’occasion de laquelle on est invité·e à créer une visual novel.
Je devrais dire un game jam et un visual novel puisque on doit supposément employer le neutre devant les termes étrangers, mais hein, bon. C’est moche. Un Game Boy, une Game Boy. Même débat.
Bon mais dites quelque chose vous, sans rire ! Vous voyez que je me perds en digressions et vous faites même pas un signe. Vraiment on se demande à quoi vous servez.
Il a été réalisé par moi-même sur le moteur de jeu Ren’Py entre le 14 mars et le 26 mars 2020.
Il vous tiendra occupé·e environ 1h00 ~ 1h30.
Si vous avez ce temps à consacrer à de la lecture agrémentée de musique et d’images, allez-y. Sinon téléchargez-le quand même et gardez-le sous le coude pour plus tard. Ou encore troisième option, ne le téléchargez pas et n’y jouez jamais. Tout est possible dans la vie.
Si jamais j’arrive à compresser un peu mieux le contenu média du jeu, il est possible qu’à terme vous puissiez même y jouer directement depuis ce site. Enfin, je serais vous je compterais pas trop là-dessus. Si jamais c’était le cas je mettrais à jour cette note de blog et vous pourrez également le trouver dans la partie Trucouilleur du site, plus exactement ici.
Les photos pour ce jeu ont été prises à Prague, dans le cimetière d’Olšaný, dont je vous avais déjà parlé ici.
La police d’écriture utilisée pour l’interface est celle que j’ai réalisée il y a quelques mois et dont je vous avais parlé là. Vous la retrouverez également dans la partie Typographouilleur du site.
Quant à la bande-son, j’ai allègrement pioché dans mes archives personnelles, et vous pourrez retrouver tous les morceaux ici ou là dans le grand bazar.
Voilà. Je crois que je vous ai tout dit.
Bon ben maintenant je vais aller me reposer que ça m’a fatigué tout ça.
Voyez comme je calcule peu. En essayant ma tablette graphique hier, et en dessinant ce que j’ai dessiné, j’aurais pu choisir de ne publier la monstruosité qu’à l’occasion de la Saint Valentin, ce qui aurait été thématique. Eh bien non, car, je vous l’ai dit, je ne calcule pas. Pourquoi réserver l’amour et le cul à la Saint Valentin, l’horreur et l’angoisse à Halloween ? Suivre la vague pour surfer sur la tendance, comme c’est vulgaire. Mais puisque je trouve également vulgaire de trouver les choses vulgaires, laissez-moi me dédouaner de ce comportement tout à fait empêtré dans le snobisme vulgueux en vous avouant qu’en vérité je n’ai aucune notion des dates, fêtes et anniversaires. La chandeleur c’est quand ? Aucune idée ? L’anniversaire de ma mère ? C’est quand elle m’envoie le SMS « Tu n’as rien oublié aujourd’hui ? »
Je calcule peu et pourtant je peux vous dire que cela fait déjà cinq jours que je suis de retour en France pour un petit entracte dans ma vie de travailleur à Prague.
Tout ça a commencé bien petitement. Passons donc sur l’essentiel, et plongeons sans attendre au cœur de l’anecdotique. On aura bien le temps de revenir sur mon emploi de ces quatre derniers mois et sur ma démission un jour. On aura le temps ? J’espère. Faudra pas calancher avant, ni vous ni moi.
Arrivé en bus à Lyon, je cherche un journal à me mettre sous la dent de l’œil pour patienter jusqu’à l’annonce dans quelques heures de mon train destination le Biterrois. Pas un tabac presse ouvert dans le quartier. Je me rabats sur une librairie, tombe sur le roman Kitchen de Banana Yoshimoto (吉本ばなな), suivi de la nouvelle Moonlight Shadow. J’achète. Si vous tombez dessus, ne vous laissez pas tromper par la quatrième de couverture. Ici pas de petites recettes qui réchauffent les estomacs et les cœurs, mais du deuil à toutes les sauces. Non, ne dites rien, je me déteste bien assez comme ça quand j’essaie de filer des métaphores aussi piètrement. Du deuil, donc, par nuits claires, du deuil par jours de neige, du deuil d’âge mur, du deuil de jeunesse, du deuil qui étouffe, du deuil qui rappelle à ceux qui restent de respirer. Je me suis enfourné ça dans les six heures suivant l’achat, je conseille ce bouquin à tout le monde. Cela dit, je n’ai pas fait le trajet jusqu’à chez mes parents l’esprit aussi léger que si je ne l’avais pas lu. Quoi que, quand on voit la gueule des journaux en France, ç’aurait peut-être été pire si j’en étais resté à ma première idée.
Le lendemain, ma mère avait réuni la famille, que je n’avais pas vue depuis presque un an, pour de petits retrouvailles dominicales. Malgré les réjouissances, nous attentions le coup de fil de Barcelone qui devait nous informer de la mort du cousin de ma mère et mes tantes. Le médecin de l’hôpital psychiatrique avait prévenu, plus que quelques heures. Cet homme, que je n’ai que peu côtoyé mais dont j’entendais fréquemment parler, et que j’appréciais notamment car dans sa jeunesse il s’amusait, accompagné de sa guitare, à chanter les chansons de Brassens qu’il traduisait en Catalan, cet homme, donc, a chuté en quelques années à peine tous les étages de ce grand immeuble HLM en béton pourri qu’est la vie, avant de venir s’écraser la gueule sur l’asphalte. Tut tut, relisez plus haut ce que j’ai dit de l’enfilage de métaphores. En quelques années, donc, moins de dix ans, sa femme l’a quitté, il a perdu son emploi, il a subi une opération à cœur ouvert suite à laquelle il a perdu son second emploi, est tombé dans l’alcoolisme (ou peut-être était-ce avant que ça femme ne le quitte, mystère), forcé de retourner partager le logement de 30 m² de ses parents septuagénaires dans la banlieue barcelonaise, s’est découvert Alzheimer comme son père, est devenu presque légume en quelques mois, a atterri dans un hôpital psychiatrique parce que devenu violent, incapable ne serait-ce que de se souvenir comment on buvait une verre d’eau dans les dernier jours et passait son temps à se fracasser la tête dans les vitres et les miroirs dès qu’il en croisait. Médicaments, alcool, blessures volontaires, dénutrition. Il a passé ses derniers jours sous morphine à l’hôpital jusqu’à ce que le cœur lâche, comme il se doit. L’appel annonçant sa mort est d’ailleurs arrivé à 15h30, très poliment, juste après le gâteau. Un bras de vénus, mon préféré. Brazo de gitano, en catalan.
Le soir mon amie m’appelait. L’une de ses connaissances était décédée d’un cancer. À quelques milliers de kilomètres d’elle, je n’avais pas les bras assez longs pour la prendre dans mes bras et je m’en voulais un peu de n’avoir pas mangé assez de soupe quand j’étais petit, comme on me l’avait recommandé.
Le lendemain, puisque décidément je n’en avais pas eu assez de ma ration de mort, j’ai dévoré dans la journée le dernier livre de Cavanna : Crève, Ducon ! Décidément l’un des grands amours de ma vie, ce mec. J’avoue avoir été pris d’une légère mélancolie lorsque m’apercevant qu’ayant lu tous ses livres précédents et venant de lire le dernier qu’il écrirait jamais (puis qu’il est décédé en 2014, en janvier ou février (moi et les dates…)), je n’aurai plus jamais un ligne inédite de sa plume à découvrir. Cela dit, le coup de blues est vite passé. C’est comme ça, lire Cavanna vous pousse à vivre et à aimer vivre tout en regardant la mort bien dans les yeux. C’est chouette.
Voilà comment se sont passés mes premiers jours de vacances. Alors, salut les morts ! et maintenant foutez la paix aux vivants, on n’a pas que ça à faire de pleurnicher à vos mémoires. Avec toutes ces bières à boire, ces baisers à donner, ces fou-rire à fou-rirer, vous pensez pas que vous êtes un peu égoïstes à réclamer autant d’attention ?