#286 – Le Fantastique Japonais de Félix Régamey (1)

Le Fantastique Japonais, c’est une suite de six articles publiée dans la Revue des traditions populaires en 1888 et 1889. Elle est écrite et illustrée par Félix Régamey.

Je vais publier ces six articles un par un sur le blog, mais pour les impatientes et les pressés que je vois déjà se tortiller de curiosité, vous pouvez d’ores et déjà aller lire l’intégralité du texte sur la page du site qui lui est consacrée, dans le dossier Le Fantastique Japonais de Félix Régamey dans la Revue des traditions populaires.


LE FANTASTIQUE JAPONAIS

premier article

Jadis des guerres civiles ont ensanglanté le Japon ; ce coin de terre, si merveilleusement favorisé par la nature, est encore aujourd’hui visité par de terribles fléaux : les orages d’une violence inouïe, les cyclones, les inondations, les tremblements de terre même, ne sont pas rares, et, à ces redoutables phénomènes naturels viennent s’ajouter les incendies qui détruisent des villes entières ; leur fréquence et leur intensité sont dues surtout au mode de construction des maisons faites en bois et en papier, — la pierre n’y entrant qu’en très faible quantité et seulement comme assises.

On a calculé que ces maisons ne peuvent durer en moyenne plus de dix ans.

Ces diverses causes expliquent ce mélange curieux d’insouciance et de naïves superstitions qui est si remarquable chez le peuple, et qui se complique, chez les gens bien élevés, du plus aimable des scepticismes.

Ajoutons que la tolérance, cette vertu si rare, est pratiquée au Japon mieux que partout ailleurs.

Artistes jusqu’au bout des ongles, sensibles par dessus tout au charme de la nature, les Japonais se laissent vivre, peu soucieux de la logique, et les idées les plus contradictoires sont accueillies par eux sans le moindre effort.

C’est ainsi qu’Amida et Zizo, dieux tutélaires, sont l’objet de la même vénération que Foudo Sama, grand justicier et pourvoyeur des enfers.

Le Mayoké, démon sans importance, dont nous donnons la reproduction en tête de cet article, semble avoir été exécuté à l’aide d’un procédé analogue à celui qu’emploient nos emballeurs pour marquer leurs caisses ; c’est le spécimen le plus grossier de l’imagerie japonaise, que nous ayons rencontré dans nos courses à travers le pays.

Tracé à l’encre sur une petite planchette, nous l’avons toujours vu occuper, au-dessus de la porte des chaumières, la place que nos paysans réservent à la Vierge et aux Saints.

Mais rien ne saurait donner une idée plus nette de l’état d’esprit particulier des Japonais, que cette préface d’une ouvrage du peintre Toyo-Foussa, où sont représentés, sous les aspects plus variés, les démons du crû, les génies inoffensifs ou malfaisants de la terre et du ciel, de l’eau, du feu, de la forêt, etc.

« J’avoue, dit l’auteur, que mes yeux n’ont jamais vu en pleine lumière les démons que je représente et que mes oreilles n’ont pas entendu leurs cris — cela tient sans doute à ce qu’ils ne se montrent que la nuit, mais j’ai recueilli les traditions conservées dans les familles, je me suis inspiré de l’œuvre des peintres anciens, et plusieurs de ces monstres, bien faits pour inspirer l’effroi, me sont apparus en rêve. Le sujet m’est familier ; cependant ce n’est pas sans de vives appréhensions que je me suis décidé à le traiter de nouveau.

« Tout le monde sait ce qui advint au vieux peintre chinois qui fut dévoré par le dragon dont il avait reproduit les traits affreux.

« Aussi, c’est à grand’peine que les encouragements de mes amis et les instances de mon éditeur sont venus à bout de ma timidité.

« Et maintenant advienne que pourra et que le diable m’emporte… s’il existe. »

Les petits tableaux qui vont suivre, ayant trait aux choses qui se passent dans la maison, sont empruntés à l’œuvre de Toyo-Foussa. Ils sont traduits librement, non en fac simile, mais seulement de façon à bien faire saisir le caractère des sujets choisis.

Aux personnages fantastiques cités plus haut, dont nous donnerons quelques échantillons curieux, viendra s’ajouter la série des femmes bizarres, des spectres et des apparitions, des légendes religieuses Bouddhiques, des méfaits et des facéties du renard, si populaires au Japon, etc.

L’iconographie japonaise est d’une richesse inouïe en cette matière, et les artistes qui l’ont traitée et que nous mettrons à contribution sont innombrables.

I. — les génies de la maison

Dans tout ce qu’il a touché, l’artisan japonais — aussi bien que l’artiste — a atteint la perfection.

Charpentiers et menuisiers, ayant à leur disposition des bois excellents — il en existe plus de cinquante variétés pouvant être utilisées dans la construction — ont obtenu de superbes résultats. Artistes eux-mêmes, ils ne se sont pas contentés des assemblages savants, des profils délicats que nous connaissons, ils on su aussi tirer parti des bois bruts ou à peine dégrossis, qu’ils ont appliqués à la décoration intérieure.

Ici, (Pl. II) c’est un léger tronc d’arbre débarrassé de son écorce, servant de pilastre.

On a tourné la cime du côté du sol, sans tenir compte du sens de la sève. Alors les petits génies qu’elle contient, gênés de sentir ainsi la tête en bas, ont pris la fuite, et bientôt l’arbre abandonné tombera en poussière. Certes, le dommage causé par cette erreur ne sera pas bien grand, on le réparera facilement sans avoir à craindre la vengeance des petits génies de la sève qui se seront envolés bien loin dans les airs ; mais en voici d’autres (Pl. III) qui ont moins bon caractère ; ils mènent grand bruit et se plaisent à effrayer les enfants. Ne croyez pas que ce soit le vent et la pluie, qui ébranlent ainsi la maison ; ces craquements, ces crépitements, ce sont eux qui les produisent ; ils ne sont pourtant pas bien gros, mais ils ont des muscles d’acier, trois griffes aux pieds et aux mains, comme tout bon démon qui se respecte, et ils s’acharnent aux carreaux de papier qu’ils frappent de leurs minces verges de jonc, grattant, grognant, sifflant ; et pourquoi cette colère ? sans doute parce qu’ils sont méchants — mais pourquoi sont-ils méchants ?

Chokéra (Pl. IV) habitant des toits, celui qui épie par la lucarne et fait fuir quiconque rencontre son regard furieux, le dirait peut-être ? Sait-il seulement ce qui le retient au grenier lorsque le rez-de-chaussée sert de champ d’opération aux autres ?

Nous ne saurons rien, Chokéra paraît trop peu communicatif pour que nous songions à nous adresser à lui.

Nous serons mieux renseignés sur le compte de Kekkaï. Ce jeune démon est blotti dans la cave ; laid comme un fœtus qui serait vivant, il gambade, grimace et détruit tout ce qui tombe sous sa griffe. C’est la plaie de la maison, impossible de l’en faire déguerpir. Il a une mission à remplir, mission vengeresse qui s’exerce sur les habitants du lieu, un couple maudit qui a peut-être transgressé ce précepte bouddhique d’après lequel on doit respecter la vie des animaux.

Il n’en a pas fallu davantage pour qu’après une douloureuse grossesse de plusieurs années, la femme donne à son mari, ce monstre. Bien vite, avant qu’il ait vu la lumière, il fallait le tuer, c’était le seul moyen d’échapper à toute l’étendue du châtiment ; mais rien de plus difficile, le coup a été manqué, et le Kekkaï, avec une agilité de singe, disparaissant à travers le plancher, a pris possession de son obscure domaine. Dès lors plus de résistance possible, la maison entière est à la merci de ce gnome détestable, et ses victimes n’ont qu’une ressource : abandonner la place et laisser aux flammes le soin de la purifier.

(A suivre)

Félix Régamey.


Alors ? Pas mal hein ?

Bon, chaque article de blog contiendra également mes commentaires, pas si éclairés que ça, sous forme de sortes de notes de bas de page, à la suite de la reproduction de l’article. Le plus souvent ces commentaires concerneront les références mentionnées par l’auteur dont je donnerai l’orthographe moderne et auxquelles j’apporterai des corrections en cas d’erreur de sa part. Dès que possible je fournirai également les dessins originaux de Toriyama Sekien (Toyo-Foussa dans le texte) qu’a reproduit Félix Régamey, ainsi que des versions plus anciennes encore des mêmes yōkai par d’autres artistes. Eh oui, vous n’aviez pas deviné ? Ces « génies » japonais sont bien les fameux yōkai, certains très anciens et d’autres inventés, adaptés ou déclinés par Toriyama lui-même.

Dernière précision et on passe aux commentaires : dans les notes de blog comme sur la page du dossier où figure le texte intégral, j’ai corrigé les coquilles du texte original, mais là où dans la page du texte intégral j’ai uniformisé le style des titres et des références aux figures, dans les notes de blog je l’ai laissé tel qu’il était, c’est-à-dire différent d’article en article.


NOTES ET COMMENTAIRES

  • Amida : Amida Butsu (阿弥陀仏), autrement appelé Amida Nyorai (阿弥陀如来)
  • Zizo : Jizō Bosatsu (地蔵菩薩)
  • Foudo-Sama : Fudō Myō-ō (不動明王)
  • Mayoké : mayoke (魔除け) signifie en réalité amulette ou sort protégeant des démons. Le personnage dessiné sur l’amulette est Ryōgen (良源) sous sa forme Tsuno Daishi (角大師).
  • Toyo-Foussa : Toriyama Sekien (鳥山石燕) de son vrai nom Sano Toyofusa (佐野豊房). Artiste illustrateur japonais, né en 1712 et mort en 1788. Il a recensé et dessiné plus de deux cent yōkai dans sa fameuse tétralogie Gazu hyakki yagyō (画図百鬼夜行) ou en français La parade nocturne des cent démons illustrée, constituée de :
    1. Gazu hyakki yagyō (画図百鬼夜行) (« Parade nocturne illustrée des cent démons », 1776, 3 volumes)
    2. Konjaku gazu zoku hyakki (今昔画図続百鬼) (« Cent démons du présent et du passé illustrés », 1779, 3 volumes)
    3. Konjaku hyakki shūi (今昔百鬼拾遺) (« Supplément au cent démons du présent et du passé », 1781, 3 volumes)
    4. Gazu hyakki tsurezure bukuro (画図百器徒然袋) (« Sac illustré de cent démons au hasard », c. 1781, 3 volumes)
  • Pl. II : Sakabashira (逆柱)
TORIYAMA, Sekien (鳥山石燕). « Sakabashira (逆柱) », Gazu Hyakki Yagyō (画図百鬼夜行), 1776.
  • Pl. III : Yanari (鳴屋)
TORIYAMA, Sekien (鳥山石燕). « Yanari (鳴屋 ) », Gazu Hyakki Yagyō (画図百鬼夜行), 1776.
  • Chokéra : Shōkera (しょうけら)
TORIYAMA, Sekien (鳥山石燕). « Seukera (せうけら) », Gazu Hyakki Yagyō (画図百鬼夜行), 1776.
SAWAKI, Sūshi (佐脇嵩之). « Shiaukera (しやうけら ) », Hyakkai Zukkan (百怪図巻), 1737.
Anonyme. « Shiaukira (しやうきら) », Bakemono no e (化物之繪), c. 1700. CC BY-SA 4.0, Brigham Young University.
  • Kekkai : Ici Régamey décrit bien le kekkai, une forme de sankai (yōkai accouché par une femme) des préfectures de Saitama, Kanagawa et de Nagano (appelé kekke dans cette dernière) mais l’illustre avec l’image d’un hyōsube (ひょうすべ), yōkai des rivières proche du célèbre kappa.
TORIYAMA, Sekien (鳥山石燕). « Hyausube (ひやうすべ) », Gazu Hyakki Yagyō (画図百鬼夜行), 1776.
SAWAKI, Sūshi (佐脇嵩之). « Heusuhe (へうすへ) », Hyakkai Zukkan (百怪図巻), 1737.
Anonyme. « Heusube (へうすべ ) », Bakemono no e (化物之繪), c. 1700. CC BY-SA 4.0, Brigham Young University.

Pour voir l’intégralité du contenu lié au Fantastique Japonais de Félix Régamey dans la Revue des Traditions Populaires, consultez le dossier (Régamey file / 一件書類).

Musicouillerie #008 – Seven Eighth (Dans Numéro 0.7)

Audio :


Comme son nom l’indique, la signature rythmique de ce morceau est : 7/8. C’est l’occasion d’une petite leçon parce que c’est pas la première fois qu’on en parle.

Qu’est-ce que ça veut dire, 7/8, pour les ceusses qui causent pas le jargon musiqueux ? C’est à peu près simple. Approchez, je vous explique.

Prenez une chanson de Patrick Sébastien, au hasard. Battez la mesure. Allez-y, personne ne vous regarde. Voilà, en tapant dans vos mains en continu, comme ça : clap clap clap clap… vous pouvez compter 1 2 3 4 et recommencer. Et ça va, ça marche bien : 1 2 3 4 1 2 3 4 1 2 3 4 etc.

La signature rythmique de ce morceau est donc 4/4. Ça veut dire qu’il y a quatre noires dans une mesure. Le premier 4 de 4/4 veut dire qu’il y en a quatre. Quatre quoi ? Ben des noires, je viens de vous le dire. C’est le second 4 qui veut dire que c’est de noires qu’on parle.

Vous vous souvenez des cours de musique de primaire et collège ? Les rondes, les blanches, les noires, les croches ? La ronde c’est la note qui dure toute la mesure, les autres ont des durées moindre. 1 ronde = 2 blanches = 4 noires = 8 croches. Ben voilà z’avez pigé. Bon et maintenant, une signature rythmique en 7/8, qu’est-ce que ça veut dire ?

J’attends. Relisez bien tout lentement si vous n’avez pas trouvé.

Voilà, c’est qu’il y a sept croches dans une mesure. Le premier chiffre dit combien il y en a, le second de quoi on parle. 7/8, sept croches.

Attention plus compliqué : on a dit 4 noires = 8 croches. Okay. Tout à l’heure, vous aviez compté toutes les noires, 1 2 3 4, en tapant dans vos mains sur Patrick Sébastien. Recommencez, sur la même chanson, mais tapez dans vos mains deux fois plus vite (et deux fois plus c’est pas une façon de parler), et au lieux de 1 2 3 4 1 2 3 4… comptez : 1 ET 2 ET 3 ET 4 ET 1 ET 2 ET 3 ET 4 ET 1 etc. Là, vous marquez les croches de chaque mesure, vous comptez en 8/8 on pourrait dire.

Ben voilà. Le morceau Seven eighth, ça veut dire que par rapport à un morceau standard en 4/4 ou 8/8, ce qui est la même chose, il lui manque une croche par mesure. Il n’en a que 7 au lieu de huit, ce qui donne l’impression qu’il « boite ». Il vous faudra compter 1 ET 2 ET 3 ET 4 1 ET 2 ET 3 ET 4 1 etc. pour bien retomber sur 1 au premier temps de chaque mesure, parce qu’il manque un « ET » entre le 4 et le 1.

Pfouu, c’était pas facile sans schéma. Que dire d’autre sur le morceau en lui-même ? Très jeu vidéo, tout synthé… J’ai essayé quelques variations sans trop me casser la tête, j’ai surtout varié les sons de synthé et adapté un poil en fonction du son. Je l’aime quand même pas mal ce morceau.

Quand je l’ai présenté à Numéro 0, la remarque d’un ami a été : « pile quand je me suis dit que ça commençait à être répétitif, le morceau s’est arrêté ». Apparemment, c’est donc un morceau à n’écouter qu’une fois.


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Musicouillerie #007 – Incense (Dans Numéro 0.6)

Audio :


Tout ça est parti de la basse. Car j’ai une basse. Une japonaise, cinq cordes. Je me souviens plus la marque. Elle marche bien. Enfin, en ce moment elle marche pas, mais je veux dire qu’en temps normal elle sonne bien. Faut bien la régler quoi. Bon ben là, on a beau la régler y a plus rien qui sort. Faudrait la faire réparer. C’est l’électronique qui merde et… ah oui, je vois, vous vous en foutez. Vous avez bien raison.

Tout est donc parti de cette ligne de basse trouvée alors que je découvrais l’instrument. J’aimais beaucoup la jouer un peu tous les jours comme échauffement. Je l’ai simplement enregistrée, et j’y ai collé une piste batterie trouvée au hasard dans les samples proposés nativement par Logic Pro X. Tout comme la voix de l’Indien d’Inde : sample de base Logic Pro X.

À ce propos, en me rendant sur Dailymotion histoire de voir où il en était de son agonie, c’est mon côté pervers, j’ai découvert qu’OrelSan avait utilisé le même sample dans le clip de sa chanson Dis-moi (1 m 41 s). Je pense qu’il n’y a plus que lui pour faire vivre Dailymotion. OrelSan, cruel opposant de l’euthanasie ? C’est possible.

Tout ça c’est bien beau, que vous vous dites, mais on s’en tape. Voui, moi aussi, je m’en tape. Si vous saviez comme je m’en tape ! Mais en même temps, ce morceau, Incense, c’est trois fois rien. Une ligne de basse en boucle, une guitare avec trop d’effets, trois samples pourris. Et qu’est-ce que vous voulez que je vous raconte avec ça ?


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Musicouillerie #006 – Yet Another Cop Show (Dans Numéro 0.4)

Audio :


Le funk ça a jamais été mon truc. Non, c’est pas ça. Disons qu’en explorateur que je suis, dans la jungle des genres musicaux, je suis jamais tombé nez à nez avec le funk. J’ai donc fait un morceau avec tous mes préjugés le concernant et ça a donné ça.

Si je me souviens bien, j’avais acheté la piste batterie sur un site qui proposait des enregistrements de… ben ouais de pistes batteries. Des trucs de qualité et dans différents genres. Le site fournissait aussi des samples de chaque coup sur chaque fût et sur chaque cymbale, isolé. Mais là pour ce morceau j’ai juste collé la piste enregistrée telle quelle et j’ai joué par dessus tout ce qui me passait par la tête.

Pour autant on ne peut pas dire que j’ai fait honneur au batteur dans le mix, mais c’était compliqué. J’ai jamais été bon mixeur, et j’ai jamais eu la patience qu’il faut avoir si on n’est pas bon. Je dis ça parce que j’aime m’auto-flageller, mais en y repensant ce mix je l’ai tourné et retourné dans tous les sens, seulement pas possible de m’en sortir correctement. J’ai fini par l’abandonner dans l’état où vous pouvez l’entendre.

C’était compliqué, je disais, parce qu’il y a beaucoup d’éléments. La batterie et les guitares sont réelles, le reste est synthétique, mais en tout ça fait au moins sept instruments qui jouent en même temps.

Ben voilà, après j’ai refourgué ça à Numéro 0 au printemps 2015. Vous remarquez peut-être qu’en ce moment je vous fais bouffer du « fait pour Numéro 0 » à chaque note de blog, c’est pour rattraper la parution des morceaux sur le site. Ensuite ce sera plus qu’une fois toutes les deux ou trois semaines.


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#285 – La police des cimetières : Rodina Nesselová

Alors aujourd’hui, non seulement je vous annonce l’ouverture de la section TYPOGRAPHOUILLEUR du site (qui comporte déjà plus de 400 photos de lettrages repérés à Prague, soit dans les rues soit dans les cimetières) mais je vous présente aussi la version démo de ma première police d’écriture informatique : Rodina Nesselová.

Il s’agit d’une reproduction/adaptation au format OpenType du style de lettrage qu’on trouve sur la tombe de la famille Nessel, au cimetière VII d’Olšany, à Prague.

Téléchargements / Downloads

Pour télécharger la police directement depuis le site c’est ici :

Rodina_Nesselova-Demo_version.otf

Depuis 1001 Fonts, c’est par là :

Rodina_Nesselova_Demo-version on 1001 Fonts

Le PDF démo :

typographouilleur-rodina_nesselova-demo_version-2019_09_19.pdf

Le modèle

Avant de balancer les images je précise que vous pouvez cliquer sur chacune d’entre elles pour l’afficher à sa taille originale.

Voici le tombeau mastoc de la famille Nessel :

« Rodina » ça veut dire « famille ». On ajoute -ová après le nom, parce que famille c’est féminin en tchèque, et qu’en tchèque même les noms se déclinent.

Sympa non ? Maintenant, voici ce qu’on peut y lire quand on s’approche un peu :

C’est qu’il y en a du monde là-dedans, hein ?

Bon, eh bien j’ai dû choisir certaines lettres pour les tracer façon vectorielle. Un choix effectué selon la qualité de la gravure, mais aussi selon la qualité de la photo. Parce qu’évidemment je ne suis pas aussi grand que le tombeau, une partie des inscriptions est donc prise en contre-plongée, ce qui déforme les lettres. Et puis vous remarquez que le granit noir poli, ça brille… Ajoutez à ça le fait qu’aucune lettre n’est absolument identique à l’autre car gravée à la main… Bref, autant de contraintes qui font que j’ai sélectionné les lettres qui me semblaient bien passer et qu’un meilleur choix aurait sans aucun doute été possible.

Voilà donc les caractères sur lesquels je me suis basé pour créer ma police numérique.

Lettres :

Vous remarquez qu’il y a plusieurs P et R ? Là aussi, j’ai du faire un choix. On y revient plus tard.

Accents et signes divers :

Et enfin, les chiffres :

Le procédé de fabrication

Qu’est-ce qui m’a poussé à choisir cette tombe plutôt qu’une autre ? C’est simple : le M.

M

Je n’en avais jamais vu de ce genre au moment où je l’ai pris en photo, et après avoir fait 10 fois le tour de ce cimetière énormissime, eh bien je ne l’ai pas retrouvé ailleurs. Puisque cette combinaison avait l’air rare, j’ai décidé de commencer par reproduire celle-ci.

Sélection du P et du R en fonction du B.

Comme je l’ai dit tout à l’heure, j’avais plusieurs styles de P et de R à disposition. J’imagine que le style dépend du graveur et donc de l’époque. Le problème a été réglé grâce au B. Je n’en avais que d’un style sous la main, et il se trouve qu’il s’accordait avec un type de R. Il ne me restait plus qu’à dériver le P de tout ça.

Inventions : le Q et le X. Et les autres…

Eh oui, en République Tchèque il y a des P, des Z et des Y en-veux-tu-vas-y que-j’t’en-fous, mais les Q et X sont quasiment introuvables. Il me fallait donc les inventer. Les G et les W sont pas courants non plus.

Pour le X, j’ai gardé le fût du Z (si je fais une erreur dans le vocabulaire n’hésitez pas à me corriger) qui a cet ondulation reconnaissable, et puis j’y ai collé une grosse barre oblique bien droite dessus. Et paf.

X Z

Pour le Q, j’ai pris un O, j’ai repris ce fût du Z, je l’ai fait pivoter à 90° et re-paf, je l’ai collé dans le O.

Q

J’ai été bien soulagé quand j’ai eu tout mon alphabet, mais ce n’était pas fini. Il m’a fallu ré-inventer tous les symboles à partir d’éléments de lettres ou des quelques accents et symboles présents sur la tombe. Mais ça m’a plutôt amusé.

J’ai pas encore fait tous les symboles que je voulais dans la version démo, ce sera pour la version définitive.

La galère du vectoriel

Quand je dis ça comme ça, ça à l’air simple, sauf que c’était la première fois de ma vie que je touchais au dessin vectoriel. Enfin, je veux dire c’était la première fois que j’y touchais plus de cinq minutes sans coller une grande claque dans la gueule de mon ordinateur et me casser ruminer ma rage ailleurs.

Le dessin vectoriel C’EST DE LA MERDE. Voilà.

Pourtant dans FontForge 2.0 (c’est le logiciel Open Source et gratuit que j’ai utilisé) on a le choix entre deux modes de dessin vectoriel : le mode ce-que-tu-touches-d’un-côté-tu-le-détruits-de-l’autre et le mode ça-fait-des-jolis-ziguiguis-mais-moi-je-voulais-une-ligne-droite.

On peut donc penser que le plus dur c’est la partie invention et le plus simple la partie traçage de la police par dessus la photo façon papier calque. On peut le penser, oui, mais en vérité le plus dur c’est les deux. Vachement plus dur même.

Bref, je suis pas content du résultat. Je vais essayer de retravailler le dessin pour la version définitive.

Des erreurs de débutant

Si vous testez la police, selon le logiciel que vous utiliserez pour taper votre texte, vous risquez d’avoir des problèmes avec les accents. Pourquoi ? Parce que je suis un gros nul de débutant.

Il fallait tout dessiner dans un carré qu’on appelle le cadratin (ou em square en anglais). Tout, ça voulait aussi dire les accents. Ben quand j’ai eu fini de bien remplir complètement la hauteur du cadratin avec mes majuscules, j’avais plus de place pour les signes diacritiques (nom savant et générique des accents, trémas, cédilles… ). Et voilà.

Ce sera corrigé dans la version finale, mais ça ne devrait pas poser trop de souci cela dit. La plupart des logiciels les afficheront normalement. De toute façon c’est pas une police faite pour être utilisée dans un traitement de texte mais plutôt pour créer des titres, sur des couvertures, affiches… pierres tombales…

Le crénage

AH. Pardon, le plus chiant, c’est ça. Le crénage, voyez-vous, c’est l’ajustement de l’espace entre les lettres. Ben ouais, vous pensiez que c’était automatique ? Non, c’est manuel. Vous pensiez qu’entre le A et le H il y avait le même espace qu’entre le A et le Y ? Re-non ! Décidément, vous êtes mauvais·e en typographie. Regardez bien :

AHA

AYA

Vous voyez ? Non. Ben les A rentrent dans l’espace vide sous les bras du Y. Ça, par exemple, ça doit être réglé manuellement.

Pareil ici, on vient rapprocher le O du creux du R et du K pour que ce soit joli :

RO – KO

Voilà, ben amusez-vous à ajuster chaque paire de lettres comme ça. Ah oui, et y a pas forcément le même espacement entre HN et NH, par exemple. Histoire d’illusion optique, paraît. Je vous expliquerai quand moi-même j’aurai fini de comprendre…

La suite

La suite, donc, c’est la version finale de cette police d’écriture informatique qui comprendra la majorité des caractères latins utilisés en Europe, en Afrique et ailleurs. Malheureusement pas de cyrillique, trop éloigné du lettrage original. Je ne saurais pas inventer ces caractères à partir des l’alphabet latin. Peut-être dans quelques années, mais ne comptez pas trop là-dessus.

Le version finale comprendra également les corrections concernant les signes diacritiques qui dépassent du cadratin.

Ensuite, la suite, c’est aussi toute la ponctuation et tous les symboles qu’il me sera possible de dériver des formes et motifs déjà présents. J’essaierai d’en faire un max. C’est aussi quelques ligatures originales découlant logiquement de la forme des caractères originaux.

La suite, enfin, c’est un gros dilemme. J’ai, à ce jour, passé plus de 80 heures à bosser sur cette police d’écriture. Alors, est-ce que je la vends, la version complète qui m’en prendra 80 de plus, ou est-ce que je la distribue gratuitement ? Est-ce que je la distribue toute seule ou est-ce que j’attends d’en avoir adaptées d’autres pour les distribuer en pack ?

J’en sais rien. Je vais prendre le temps d’y réfléchir. En tout cas la version démo est gratuite et le restera, vous n’avez pas de souci à vous faire en l’utilisant.

C’est qu’en ce moment je suis bien en galère de thunes et je trouve pas de travail, alors c’est tentant de me faire marchand…

Bref.

R.I.P.

Enfin à bientôt quoi.

Musicouillerie #005 – If I Were a Single Man (Dans Numéro 0.2)

Audio :

Paroles :

If I were a single man I’d lie
If I were a single man I’d cry
If I were a single man I’d lay
If I were a single man I’d pay
If I were a single man I’d play
If I were a single man I’d stay
If I were a single man I’d sing
If I were a single man I’d sting
If I were a single man I’d think no more
If I were a single man I’d drink no more
If I were the chosen one I’d smile
If I were the fucking devil I’d smite


Ouhlala. Dans celle-là je chante. J’ai un peu honte. J’ai vachement honte même en fait. Du coup si ça vous embête pas on va se concentrer sur autre chose : le contexte.

Ah non, mince. Le contexte aussi il craint… Bon enfin, faut bien que je vous raconte quelque chose. Donc, nous sommes en… devinez ? Bravo, encore 2015, et je me suis fait quitter par ma petite amie depuis six mois environ, après trois ans de vie commune. Me voilà donc tout seul dans mon petit studio trouvé en urgence et qui me coûte chaque mois 50€ de moins que ce que je gagne avec mon travail à mi-temps en crèche. Il me faut faire quelque chose pour Numéro 0, du fond de ma déprime, pendant que ces connards de voisins du dessous font encore la fête à cent personnes pour la troisième fois de la semaine et que c’est comme ça toutes les semaines, alors que moi je suis désespérément seul, et que même mes amis je les vois presque pas. J’allume mon ordinateur pour noyer mon chagrin dans la musique, ça changera un peu de l’alcool.

Je suis parti sur une mesure composée, un petit 7/8 des familles. Dans ces cas-là, en général, je m’attaque directement à la partie percussion, histoire d’avoir un bon support pour tout le reste. J’ai trop de mal à compter les temps et à trouver des rythmes qui vont bien uniquement avec le métronome en 7/8. Je vous ai dit que je faisais semblant d’être musicien non ? Bon, après ça j’ai couché quelques accords au piano (synthé, bien sûr, vous pensiez que j’avais un piano dans ma cage à lapin de célibataire avec mon salaire de misère ?) et la ligne de basse, puis j’ai enregistré la partie mandoline (avec ma vraie mandoline cette fois, c’est pas cher et ça prend pas de place) et enfin les synthés synthés.

C’est pour le mix que ça s’est corsé. J’avais pas fini de mixer les instruments avant d’enregistrer la voix, ce qui fait que j’y ai passé deux jours à m’en arracher les cheveux. Dès que je baissais ou augmentais le niveau d’un instrument ou que je touchais un compresseur, il fallait que je change tout le reste. J’en pouvais plus, j’ai failli abandonner. Bon ben j’ai pas abandonné sinon vous auriez pas pu écouter le morceau.

Bon et puis pour les paroles vous voyez bien, ça dit en anglais « si j’étais célibataire… » et après je mets des trucs qui riment pour lesquels chacun·e pourra bien inventer un sens.

Anecdote : les rires qu’on entend au tout début de la chanson, c’est les connards de voisins qui font la fête en bas pendant que j’essaie d’enregistrer proprement une mandoline. Je l’ai laissé. J’aime bien.


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Musicouillerie #004 – Something very very flat (Dans Numéro 0.1)

Audio :

Paroles :

« Generally speaking, you’re free until you’re about four years old. And then five arrives, then you go to grammar school and then you start becoming demented and solved and orientated and shoved into areas. You lose what individualism you have. If you have enough, of course, you retain some of it. But most don’t have enough so you become watchers of game shows, you know, and things like that. Then you work the eight-hour job with almost a feeling of goodness. Like you’re doing something. You get married, like marriage is a victory, and you have children, like children is a victory. But most things most people do are a total grind: marriage, birth, children. It’s something they have to do because there’s nothing else to do. There’s no glory in it, there’s no steam, there’s no fire. It’s very very flat. And the Earth is full of them. Sorry, but that’s the way I see it. »

Charles Bukowski, au cours d’une interview.


Toujours 2015. Toujours pour Numéro 0 (voir note précédente).

Alors celle-ci je l’aime bien. C’est pas souvent. Mais je peux pas trop l’écouter, elle me met instantanément dans une état proche de la défonce et vraiment pas loin de la grosse déprime. Je ne sais pas de quoi ça vient. C’est pas les paroles, c’est la musique. Sûr que quand je l’ai faite j’avais bien fumé et j’étais pas dans mon assiette, mais je ne sais pas si c’est parce que ça me rappelle ce moment ou si c’est juste les sons, le rythme qui fait ça. Je sais pas ce que ça vous fera à vous mais à moi elle me fait pas vraiment du bien, et pourtant je le répète je l’aime beaucoup.

L’idée de départ était encore d’habiller un discours parlé, mais cette fois je ne m’étais pas mis de contraintes musicales particulières. J’ai commencé par laisser trainer cet espèce de note aigüe continue qu’on entend dès le début et qui reste présente jusqu’à la fin, puis j’ai rajouté ces sortes de cloches qui sonnent à un rythme régulier sur la même note, avant de leur faire faire des accords et de développer là-dessus. Pour cette contrebasse vraiment très libre, en dehors des temps et mixée très haut, j’ai beaucoup hésité. Encore aujourd’hui je ne suis pas sûr de ce choix. En même temps rien d’autre ne ressort vraiment dans ce morceaux, il faut bien un élément un peu devant et un qui se comporte étrangement, non ? Sinon on se fait chier. Bon ben là c’est la contrebasse qui fait les deux. Bon et j’aime beaucoup le mellotron, vous aimez le mellotron vous ? Je crois qu’on ne peut pas ne pas aimer le mellotron. Moi j’en foutrais partout du mellotron. En plus le mot est sympa. Mellotron, mellotron, mellotron.

Pour le choix de l’interview de Bukowski… bah, disons que c’était pas ma période la plus sobre et que ça devait encore être un de ces jours où j’en veux à la terre entière. Oui, ça m’arrive. Des fois je trouve que vous êtes tous une belle bande de cons qui m’empoisonnez la vie. Après je pense aux gens que j’aime et je me dis que c’est moi le gros con. Des fois je suis de bonne humeur aussi, mais ces jours-là j’évite de lire du Bukowski. Ça aussi ça peut me faire basculer vite fait bien fait, comme ce morceau.

Maintenant que j’y réfléchis c’est peut-être ce sifflement continu qui me fait déprimer quand je l’écoute.


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#284 – Le temps passe mais pas tant que ça

Aujourd’hui je vis mon troisième vendredi de la semaine. Si si, je vous assure, comme dans ces histoires de science-fiction ou d’horreur dans lesquelles le personnage revis jour après jour la même journée. Comment est-ce possible, hein ? Eh bien avant-hier, mercredi, j’ai cru toute la journée qu’on était vendredi. À un moment mon amie m’a bien parlé de « ce week-end qui arrive » mais comme elle n’a pas relevé mon « donc demain quoi » (ce qui prouve bien que personne ne m’écoute (ou qu’elle a trop l’habitude de m’entendre dire n’importe quoi)) je ne me suis rendu compte de rien. Ce n’est que le soir, tard, avant d’aller au lit qu’elle m’a fait remarquer que non, « demain ce n’était pas le week-end. » Zut, que je me suis dit, je suis bien bête. J’en ai donc déduit qu’on était jeudi et je me suis couché.

Hier, jeudi, j’étais donc persuadé qu’on était vendredi. Ben si, puisque mercredi s’était en fait avéré n’être pas la veille du week-end. Je m’étais dit que je m’étais trompé d’un jour, voilà tout, j’étais loin de me soupçonner d’être assez con pour me tromper de DEUX jours… Et comme hier nous n’avons pas parlé de ce week-end avec mon amie, je n’ai pas pu être détrompé une nouvelle fois. Ce n’est qu’en sentant mon amie sortir du lit tôt ce matin et en ne la voyant pas revenir tard dans la matinée que j’ai commencé à me demander où elle pouvait bien être. Je fus, je dois l’avouer, assez surpris en apprenant qu’elle était au travail dans sa réponse à mon SMS.

Voilà donc comment je vis aujourd’hui mon troisième vendredi de la semaine. Vous pouvez applaudir.

Bon, mais paradoxalement, sans que je m’en rende compte, il se sera bientôt passé un an sans que je fasse réellement de musique. Pas possible ? Si. À Lyon, dans notre petit appartement de 22 m² pour deux, je n’en avais pas vraiment la place. Maintenant que je suis en République Tchèque, j’ai la place. Sauf que tous mes instruments sont encore à Lyon et chez mes parents un peu plus au sud encore que Montpellier. C’est donc pas tout de suite que je vais pouvoir m’y remettre comme j’aimerai.

MAIS ! Puisque j’ai dit qu’il y aurait de la musique sur ce site (je sais plus quand je sais plus où mais j’ai bien dû le dire un jour) j’ai ouvert ici même un nouveau blog dédié :

Musicouilleur

(accessible depuis le menu principal en haut du site)

Je l’ai créé indépendant du blog principal (en apparence, puisque dans les faits c’est le même mais les articles de la catégorie musicouilleries apparaissent là-bas et pas ici) parce que je compte le mettre à jour fréquemment et y faire figurer à terme tous mes morceaux vieux ou récents, courts ou longs, cools ou chelous, et je souhaiterai éviter que le blog principal ne soit noyé là dedans.

C’est que la plupart des morceaux sont plus vieux, courts et chelous que récents, longs et cools et j’ai peur d’ennuyer celles et ceux qui s’en tapent de mes petites expérimentations sonores. Je n’ai pas non plus envie que le blog principal devienne uniquement une vitrine pour mes propres fabrications, je veux qu’il reste un endroit où je peux parler du reste du monde aussi.

Chaque article de ce blog musical sera donc consacré à un morceau, ou à un petit ensemble de morceaux s’ils s’y prêtent, et comprendra :

  • le morceau en question à écouter en ligne
  • la vidéo d’accompagnement s’il y en a une
  • les paroles s’il y en a
  • un commentaire du morceau avec anecdotes et infos sur le contexte dans lequel il a été fait
  • des liens de téléchargement vers l’audio et la vidéo s’il y en a.
  • un espace pour poster vos commentaires (pour l’instant « laisser un commentaire » n’apparait pas à côté des articles, mais il suffit de cliquer sur le titre de l’article et d’aller à la section commentaire tout en bas)

Parce que les morceaux ont beau être plutôt vieux (pour l’instant), courts et chelous, ça n’empêche pas qu’ils sont là et qu’il sera toujours plus intéressant de les consulter de cette manière que par une simple liste de 300 fichiers téléchargeables (qui existera cela-dit aussi et sera bientôt accessible depuis la partie Archivouilleur du site).

En espérant que vous y trouviez des trucs qui vous plaisent. La bise.

Musicouillerie #003 – Who Has the Power ? (Dans Numéro 0)

Audio :

Paroles :

« I’m sorry, but I don’t want to be an emperor. That’s not my business. I don’t want to rule or conquer anyone. I should like to help everyone, if possible, Jew, Gentile, black man, white. We all want to help one another. Human beings are like that. We want to live by each other’s happiness, not by each other’s misery. We don’t want to hate and despise one another. In this world there is room for everyone. And the good earth is rich and can provide for everyone. The way of life can be free and beautiful, but we have lost the way. Greed has poisoned men’s souls, has barricaded the world with hate, has goose-stepped us into misery and bloodshed. We have developed speed, but we have shut ourselves in. Machinery that gives abundance has left us in want. Our knowledge has made us cynical. Our cleverness, hard and unkind. We think too much and feel too little. More than machinery we need humanity. More than cleverness we need kindness and gentleness. Without these qualities, life will be violent and all will be lost…. The aeroplane and the radio have brought us closer together. The very nature of these inventions cries out for the goodness in men, cries out for universal brotherhood, for the unity of us all. Even now my voice is reaching millions throughout the world, millions of despairing men, women, and little children, victims of a system that makes men torture and imprison innocent people. To those who can hear me, I say : do not despair. The misery that is now upon us is but the passing of greed, the bitterness of men who fear the way of human progress. The hate of men will pass, and dictators die, and the power they took from the people will return to the people. And so long as men die, liberty will never perish. […] Don’t give yourselves to brutes, men who despise you, enslave you, who regiment your lives, tell you what to do, what to think and what to feel! Who drill you, diet you, treat you like cattle, use you as cannon fodder. Don’t give yourselves to these […] men, machine men with machine minds and machine hearts! You are not machines! You are not cattle! You are men! You have the love of humanity in your hearts! You, the people have the power! The power to create machines. The power to create happiness! You, the people, have the power to make this life free and beautiful, to make this life a wonderful adventure. »

Discours extrait de The Great Dictator, Charlie Chaplin, 1940.


Cette fois on est en 2015, et le morceau fait tout spécialement pour le magazine html underground Numéro 0, premier numéro (c’est-à-dire le numéro 0, suivez).

Au lancement du magazine je me disais que ce serait le lieu idéal pour expérimenter des trucs farfelus, dont le collage musical. Au final, je ne pense pas avoir expérimenté dans Numéro 0 plus qu’ailleurs, vu que je ne me suis jamais vraiment tenu à faire de la musique à formule où que ce soit, mais je reviendrai sans doute sur ce point un autre jour.

Là il s’agit d’une composition qui est partie de l’idée d’accompagner un discours parlé par des accords s’enchaînant selon une certaine séquence de mouvements très brève et répétée sur un Tonnetz néo-riemannien (ça fait mec très intelligent, très qui s’y connait dit comme ça, mais franchement j’ai juste fait mumuse pour la première fois avec de beaux outils que je ne maîtrise pas et auxquels je n’ai jamais retouché depuis) jusqu’à être revenu à l’accord initial. Là je n’ai pas accès à mon projet Logic Pro et je n’ai pas le courage de retranscrire les accords à l’oreille pour vous dire exactement de quelle séquence il s’agit. Ensuite j’ai essayé de dégager des sortes de mélodies pas trop dégueu de tout ces accords contraints.

Représentation animée d’un tonnetz néo-riemannien « toroïdal » ou « en forme de gros donut ». Par Davidwbulger. Enfin allez pas demander un torus à la boulangerie du coin, on va vous regarder bizarre.

Pour le discours, j’ai pris celui du personnage de Chaplin dans son The Great Dictator, non seulement parce qu’il portait grosso modo un message sympa bien que simpliste : « soyez gentils », mais aussi parce qu’il était très simple à trouver et n’était accompagné d’aucune musique de fond. J’ai viré quelques passages du discours que j’aimais moins. Et puis, il y a de l’intention dans la voix, ça aide un peu à tenir cet enchaînement d’accords qui ne semble vouloir aller nulle part. Normalement j’ai pas le droit d’utiliser ça, parce que c’est pas encore dans le domaine public. Chut.

Bon, enfin, pour conclure : j’aime pas trop le résultat.


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Musicouillerie #002 – I Have No Idea What I’m Doing

Avec vidéo :

Audio seulement :


Voilà. Je suis bien d’accord avec vous, c’est n’importe quoi. La musique autant que la vidéo.

Ben oui. Là, contrairement au morceau précédent où je visais un genre (certains diront sous-genre), je me laissais aller complètement. C’est de l’abstrait comme on dit. Comme souvent je pars d’une ligne mélodique et j’empile, et j’entasse, et à la fin ça donne un truc chelou.

Comme pour Midnight Scavenger, le morceau date de 2014 et le clip de 2019. Si vous vous souvenez bien, en 2014, j’étais en train de m’empiffrer de la musique dite « baroque ». D’où contrepoint, d’où présence d’un clavecin au milieu de tous les synthés. Ouais d’accord, c’est une clavecin synthé. Commencez pas, on va pas s’en sortir.

Bon mais je galérais tellement avec la théorie musicale, j’avais tellement mélangé d’éléments venus au hasard, et au final le résultat ne ressemblait tellement à rien d’habituel qu’au moment de trouver un titre m’est revenu ce fameux mème en tête :

J’avais VRAIMENT l’impression d’être ce chien en « terminant » le morceau. Je crois que j’avais fumé beaucoup de pétards aussi, ça peut expliquer des trucs.

Le clip est donc également venu dans la même foulée que celui de Midnight Scavenger, quatre ans plus tard. J’ai dû réaliser quatre clips en cinq jours en comptant la recherche d’images libres de droits, perfusé au café et profitant de l’absence de mon amie. C’est parce que je venais de découvrir qu’il y avait une démo de logiciel de montage pré-installée sur mon ordi et qui me laissait faire pas mal de choses malgré l’état de démo.

Pour celui-ci je suis allé chercher des images d’anciennes vidéos médicales de la Wellcome Library (que j’ai trouvé sur the Internet Archive sous licence Creative Commons CC BY-NC 3.0 US). Je voulais un truc de savant fou pour coller à l’image du mème, un truc genre créature de Frankenstein pour le côté assemblage de pleins de bouts de machins qui ne vont pas ensemble et finissent par donner un truc assez… monstrueux. Pas dans le sens de « c’est monstrueux » des anciens jeunes et qui voulait dire « c’est trop cool ». Monstrueux dans le genre qu’on monstre du doigt et dont on se moque.

Bon ben je crois que j’ai tout dit.


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