Écrivouille, dessinouille et musicouille depuis 198x
Auteur/autrice : Écrivouilleur
Écrivouilleur (ex-Montpelliérien, ex-Lyonniais). Je bave ce qui me vient, comme ça vient. Y en a à qui ça plaît, y en a à qui ça plaît pas. Qu'y peux-je ?
Aujourd’hui, alors que je ne me promenais pas, je ne décidai pas de m’asseoir sur les berges du Rhône pour y griffonner quelques mots dans un carnet en profitant du soleil. Et cela je ne le décidai d’autant pas qu’il ne faisait pas soleil aujourd’hui. Au bout de quelques minutes qui n’arrivèrent donc pas, personne ne vint se pencher sur mon épaule me demander ce que je pouvais bien écrire, personne ne fut rendu hilare par le texte humoristique que je n’écrivais pas ni ne me demanda par curiosité si ce texte allait être publié et où. Je ne répondis donc jamais que je ne savais pas encore si j’allais fonder un chouette magazine papier underground ou si je comptais simplement l’imprimer et le placarder à des emplacements stratégiques en ville, mais qu’en tout cas celui-là ne finirait pas perdu sur internet comme autant de 0 et de 1 emportés par les flux de la consommation en ligne et que personne ne lirait jamais dans cet océan numérique désormais plus vaste et profond que le Pacifique. Personne ne s’écria alors que c’était génial, que lui·elle aussi écrivait, dessinait, rêvait de participer à un chouette beau nouveau magazine ou à un collectif underground d’afficheurs d’art gratuit, et qu’en plus il·elle était plein·e de fric à ne plus savoir qu’en foutre et cherchait justement comment le dépenser dans un projet ne rapportant rien. Aussitôt, je ne bondis pas en m’exclamant que tout ça était un sacré coup de pot alors ! Et que quand est-ce qu’on commençait ? Et comment tu t’appelles ? Et montre-moi ce que tu fais toi ? Waah, mais c’est génial ! Vite, faut qu’on se mette au travail ! Tiens voilà mon numéro, tu peux m’appeler de jour comme de nuit, on va le faire ce putain de magazine, relié ou éparpillé sur les murs ! Ne nous étant pas quittés ainsi gonflés à bloc et pleins d’espoir pour l’avenir de l’art vivant (à opposer aux cadavres d’art en vitrine dans les musées qu’on doit pas toucher avec les doigts, les cadavres c’est sale), je ne rentrai pas chez moi pour me mettre illico à bosser comme un acharné, l’esprit en feu, les rêves en ébullition, la libido regonflée à m’en faire craquer le bouton du calcif et écarte-toi de là si tu veux pas te le prendre dans l’œil.
Non. Rien de tout ça ne s’est passé. Aujourd’hui, j’ai fait le ménage.
Aujourd’hui, je me suis levé un peu tard et il faisait beau. Comme souvent quand je me lève un peu tard et qu’il fait beau, je me suis dit tiens, si j’allais lire le journal en buvant un café quelque part en terrasse. C’est que l’énergie post-vacances revient doucement, mais le moral lui n’est pas encore totalement là. Alors soleil-café-lecture me paraissait être la base d’un bon programme du dimanche.
J’ai filé prendre ma douche sans rien avaler, mais quand j’en suis sorti, le caleçon à peine enfilé, j’ai aperçu par le fenêtre un terrible ciel gris, gris à perte de vue, gris même pas lumineux, gris clair à bien foncé dans les coins. Un coup d’œil sur le site de météo-france m’avisa que le beau temps, c’était pour demain. Pas grave que je me suis dit, déterminé, il faut que je me tienne un peu au courant de ce qui se passe dans le monde, et puis j’ai vraiment envie de cette cigarette trempée dans le café. J’ai transféré les deux derniers numéros du monde diplomatique que je n’ai pas lus sur ma liseuse, et après avoir refermé la porte de l’appartement, je me suis lancé dans les escaliers.
Arrivé au deuxième étage, j’ai commencé à entendre un son étrange et continu. Une sorte de bruit blanc dont l’amplitude augmentait à mesure que les marches défilaient sous mes pieds. Presque arrivé au rez de chaussé, j’avais l’impression qu’on avait allumé un aspirateur de la taille de deux immeubles devant ma porte, ou qu’on y faisait décoller un avion. C’est la pluie ça, que je me suis demandé ? Non, perdu. C’était le vent. La porte d’entrée, à peine ouverte magnétiquement, fut projetée en arrière et moi avec de quelques pas. J’ai dû lutter dans le couloir pour avancer vers la rue, et quand j’ai finalement réussi à mettre un pied sur le trottoir, voilà que cette saloperie de vent s’est jeté sur moi et mis à me torgnoler violemment, me balancer des postillons de nuages dans la gueule et me remplir les narines de poils de boules de platanes.
En levant les yeux pour essayer de mesurer ce qui se passait malgré les fines gouttes, le pollen et toutes les autres merdouilles qui voyageaient à grande vitesse à travers l’air, et semble-t-il spécifiquement en direction de mon visage, j’ai quand même réussi à apercevoir au loin les bouquinistes qui se battaient avec leurs tonnelles, essayaient de les rattraper avant qu’elles ne décapitent un passant ou, pire, un client, puis les démontaient. Vues aussi les serveuses du ninkasi qui courraient (enfin, courraient… avançaient péniblement courbées face au vent), pour plier la terrasse avant qu’elle ne se plie elle-même et s’en aille voir dans le Rhône ou sur la route, au choix, si les voitures et les péniches étaient assurées contre les chutes de tables.
Si j’étais du genre à croire au destin ou a voir des signes là où il n’y a que coïncidences, je ne serais pas sorti. L’univers, me serais-je dit, veut me faire comprendre que ce n’est pas le jour pour reprendre vie. Ou que le café-cigarette est mauvais pour ma santé. Ou encore que la lecture du monde diplomatique ne ferait qu’accroître en moi les sentiments d’angoisse face au futur et de résignation. Qu’est-ce que j’ai fait, alors, hein ? Eh bien je ne suis pas sorti. Mais pas parce que je crois à la destinée. Simplement parce que je n’avais pas envie de me prendre une tuile ou pire sur le coin de la gueule, en plus de me retrouver trempe et couvert de ces saloperies de poils que les platanes balancent en masse dans l’air en ce moment. J’ai donc pris trente secondes pour refermer la porte de l’immeuble contre son gré et je suis remonté chez moi, écouter du Brassens et continuer à déprimer tranquillement comme j’avais commencé à le faire en me levant.
Non, mais vraiment, les poils de boules de platanes, c’est peut-être le pire dans tout ça. Ça se colle dans les narines, dans les cheveux, dans les fringues, ça gratte les yeux, ça fait tousser, ça colle des maux de tête. L’horreur des allergiques et ça dure plus d’un mois. En a-t-on parlé dans le grand débat pour les faire interdire ? Non. Pourtant c’était à ce jour la seule véritable question qu’il y avait à poser. Celle-ci et la question des limitations de vitesse du vent. Bon, eh bien puisque c’est comme ça, je resterai donc toute la journée chez moi à bouder.
Quelques jours sans penser à écrire une note de blog. Ça va faire du bien. J’espère qu’à mon retour j’aurais plus de choses intéressantes à dire que ces derniers jours, mais je ne promets rien.
Attention, le message qui suit a été codé. Soyez à l’affut des indices glissés dans le texte pour en découvrir le véritable sens :
J‘ai pas écrit la note de blog. J‘ai pas écrit la note de blog. J’Ai pas écrit la note de blog. J’aI pas écrit la note de blog. J’ai Pas écrit la note de blog. J’ai pAs écrit la note de blog. J’ai paS écrit la note de blog. J’ai pas Écrit la note de blog. J’ai pas éCrit la note de blog. J’ai pas écRit la note de blog. J’ai pas écrIt la note de blog. J’ai pas écriT la note de blog. J’ai pas écrit La note de blog. J’ai pas écrit lA note de blog. J’ai pas écrit la Note de blog. J’ai pas écrit la nOte de blog. J’ai pas écrit la noTe de blog. J’ai pas écrit la notE de blog. J’ai pas écrit la note De blog. J’ai pas écrit la note dE blog. J’ai pas écrit la note de Blog. J’ai pas écrit la note de bLog. J’ai pas écrit la note de blOg. J’ai pas écrit la note de bloG. J’ai pas écrit la note de blog.
C’est sans doute un peu difficile pour les novices en cryptographie, mais quand on trouve finalement le message caché après des heures d’acharnement, on est drôlement satisfait·e.
Mais voilà, je marche et je marche dans Lyon sans jamais trouver d’agence de voyage. Pas une. Pourtant je suis sorti deux fois aujourd’hui, et j’ai bien cherché. D’autant que la première venue ferait très bien l’affaire. Je suis un client facile. Pas regardant sur la qualité des transports, ni sur la destination. Maroc, Jamaïque, peu m’importe. Cet après-midi il y a eu manifestation. Les agences de voyage auraient-elles fermé de peur qu’on leur brise les vitrines ? Ou que la police vienne mettre le nez dans leur comptabilité s’ils s’approchaient trop des gilets jaunes pour leur proposer quelques jours au soleil ? Je n’en sais rien. Toujours est-il que les agents, d’habitude si prompts au racolage avec leur fameux « eh psst, tu cherches pas à partir en vacances ? » sont aujourd’hui introuvables.
Mon amie, elle, part aussi en vacances, en Angleterre, pendant toute une semaine. Ç’aurait été parfait pour voyager de mon côté sans l’importuner avec toutes ces odeurs d’épices exotiques que j’aurais ramené dans ma valise. Tant pis. Je ne partirai pas ce soir, mais peut-être aurais-je plus de chance dans les jours qui viennent. Ne vous étonnez donc pas si d’ici la semaine prochaine vous débarquez ici et trouvez le rideau fermé, c’est que j’aurais réussi à trouver un vol pas cher.
…j’avais un copain qui ne voulait pas manger de volaille, alors sa mère lui faisait manger des dindosaures en lui disant que c’était du sanglier. Il les mangeait bien, pour être fort comme Astérix.
…j’avais une copine qui était allergique aux fraises. Un jour sa mère est venue la chercher à l’école et elle avait les joues remplies de gros boutons rouges. Sa mère lui a demandé : « tu as mangé des fraises ?! » et elle a répondu : « Non, j’ai bu que le jus. »
…j’avais une passion pour la nourriture. Si on m’avait demandé ce que je préférais dans la vie, j’aurais répondu le camembert, la grenadine et les trucs à la vanille. Pas loin derrière il y aurait eu les dindosaures.
…j’avais un copain qui avait un trou tellement grand dans le talon (du pied, pas de la chaussure) qu’on pouvait y mettre le doigt presque en entier dedans.
…j’avais un chat qui, si je rigolais beaucoup ou si je pleurais fort, montait sur mon lit et me mordait.
…j’avais un copain avec qui on jouait aux comiques derrière chez lui. Lui il faisait Bigard et moi je faisais Lagaf’.
…j’avais une copine qui dessinait mal les « s ». Un jour je lui ai dit qu’elle les enroulait trop, mais sa mère qui passait derrière lui a dit que c’était pas vrai, qu’elle dessinait très bien les « s ». Menteuse.
…j’avais un copain dont le papa était policier et qui un jour avait amené ses menottes à l’école. En vrai, c’était des fausses très bien imitées, mais la maîtresse était quand même en colère.
…j’avais un arbre préféré dans la cour de l’école. C’était un vieux mûrier qui avait des branches toutes difformes dans les nœuds desquelles on avait l’impression de voir des visages grimaçants et des têtes de mort. Avec mes copain on s’asseyait toujours autour aux récréations. On l’appelait l’arbre de la peur.
…j’avais un copain anglais. Un jour, il s’est trompé de date pour le carnaval de l’école et il est arrivé déguisé en vampire. Il faisait « gwwwaou gwwwaaouuu » à tout le monde en gigotant les doigts, il était super content. Puis il a compris qu’il s’était trompé. Il a dû garder son costume toute la journée et les autres se sont moqués de lui. J’ai eu tellement de peine pour lui que j’ai failli pleurer.
…j’avais une copine dont la maman me gardait certains jours. Quand elle était malade, je n’allais pas à l’école pour rester jouer avec elle.
…j’avais plein de figurines dragon ball. Aujourd’hui, à l’association où je travaille, un petit garçon de sept ans est venu me demander si on avait des figurines dragon ball. On n’en avait pas. J’étais triste pour lui.
…j’avais un copain qui était très gros, alors les autres le faisaient tomber par terre et lui donnaient de coups de pied en le traitant de grosse patate. Plus tard il est devenu méchant.
…j’avais un copain qui ne savait pas se moucher, alors sa mère lui tenait le mouchoir sous le nez et lui disait : « Fais le dragon » et lui il faisait le bruit du cochon. C’était le même qui voulait pas me croire quand je lui disais que les dindosaures, c’était pas du sanglier.
…j’avais un copain qui s’appelait Évian. Les autres l’appelaient « l’eau pure des égoûts ». Moi j’essayais d’être son copain, mais il voulait parler à personne. Plus tard son père m’a expliqué qu’il avait été traumatisé en arrivant dans cette grande école de cent élèves. Dans son ancienne école à la campagne, ils étaient cinq.
…j’avais une copine qui, quand les garçons l’emmerdaient, criait : « SAILOOOOOR MOON ! » avant de leur balancer un grand coup de pied dans les couilles avec ses semelles compensées (pour raisons médicales).
…j’avais un copain qui avait une casquette polaire avec des cache-oreilles intégrés. C’était Évian. Comme c’était la première fois qu’on voyait ça dans notre sud profond, on a appelé ça des oreilles d’Évian pendant des années.
Cela doit bien faire trois semaines que je n’ai pas pris des nouvelles du monde. Je reste dans ma bulle. Où en est le grand débat national ? Y a t-il eu de nouvelles élections au Venezuela ? La Corée a-t-elle été réunifiée ? Je n’en sais rien. Je suis quand même sorti faire quelques courses, j’ai vu que ce n’était toujours pas la révolution.
Quand je passe quelques semaines à fumer des pétards du matin au soir, il y a toujours le moment où, me remettant à la sobriété, je redeviens super dynamique. Je ressors marcher et observer le monde, je lis les journaux, à l’affut de tout ce que j’ai pu manquer, et j’écris sur ce blog avec plaisir, tous mes sens me reviennent et j’en profite. J’ai l’impression de me retrouver. Seulement ça fait bien longtemps que je n’ai pas fumé. Pas le pognon pour. Alors je cherche ce regain d’énergie, mais je ne sais pas où le trouver. Je macère dans mes petites activités créatives. Je manque d’un effet de contraste pour me remettre d’aplomb, pour me redonner l’envie de changer les habitudes.
J’ai bien l’impression que ces périodes de repli sur moi-même, que je mettais sur le compte de la verte, sont en fait là quoi qu’il en soit. Fallait simplement rester sobre assez longtemps pour m’en rendre compte. Il y a des périodes où je me sens complètement nul de ne me concentrer que sur mes petits passe-temps et d’ignorer le reste de la planète, où j’ai l’impression que la vie se passe à l’extérieur, au contact des autres. Et puis il y a les périodes où je ne peux rien faire d’autre que de me noyer dans mes hobbies tous plus solitaires les uns que les autres, je commence à faire un peu de musique, et puis finalement j’y passe douze heures par jour sans même penser à manger, sans vouloir aller me coucher, sans vouloir rien faire d’autre le lendemain que de recommencer. Faire durer cet état étrange. Seulement en général, ces périodes-ci s’accompagnent de fumette et quand il n’y a plus rien à fumetter, je me ressaisis. Je me relance dans ce que je sens être la vraie vie, la bonne vie. Celle où on n’évite pas de croiser ses voisins parce qu’on anticipe de ne rien avoir à leur dire, tout ça parce qu’on a passé trop temps enfermé dans son propre petit monde et que tout ça ne nourrit pas les sujets de conversations. Parce qu’on est trop absorbé par ses idées. C’est un peu pareil pour le blog d’ailleurs.
Bon, ben là y a rien à arrêter. Je me demande quand je vais ressentir de nouveau ce plaisir à aller vers l’extérieur. Ça n’a pas l’air de venir tout seul. Vivement que je puisse refumer pour arrêter.
Hier, Feldo me disait qu’il serait intéressant de savoir comment ça marche concrètement le vocaloid. Alors je vais faire une présentation des éléments de base. Si vous avez déjà touché à un logiciel de MAO, vous allez voir que ce n’est pas sorcier. Sinon, ben vous pouvez toujours en profiter pour vous lancer. Accrochez-vous, ça va être long même si je vais tâcher d’être le plus rapide possible.
Brève présentation du machin
Vocaloid est un logiciel distribué par Yamaha. C’est un synthétiseur et un séquenceur MIDI. Un synthétiseur, vous savez ce que c’est, et un séquenceur MIDI, ce n’est qu’un orgue de barbarie numérique. Vous voyez les orgues de barbarie ? Cet instrument dans la fente duquel on fourre des plaquettes de carton trouées puis dont on tourne la manivelle pour qu’il joue les notes perforées dans les plaquettes ? Voilà. C’est ça. Le petit singe sur l’épaule est optionnel.
Attention, comme je le disais dans un précédent article, les vocaloids sont aussi des chanteurs virtuels. Ils s’achètent indépendamment du logiciel vocaloid. On les appelles normalement « banques de voix ». Donc, pas confondre vocaloid et vocaloids. Avec la version 5 du logiciel, quatre banques de voix sont intégrées. Si vous utilisez une version ultérieur il vous aura fallu en acheter au moins une pour pouvoir faire quoi que ce soit avec, mais de toute façon elle n’est plus à la vente. Donc si vous vous y mettez aujourd’hui, vous aurez forcément des banques de voix intégrées. Moi, j’utilise la version 4 du logiciel, mais ne vous inquiétez pas, la v5 n’est qu’une version améliorée de la v4. Tout ce que je vais vous montrer fonctionnera donc très bien sur les deux versions.
Allez. Vous avez le logiciel ? Vous avez au moins une banque de voix ? Alors lançons la machine.
On prépare le terrain
Vous pouvez déjà voir les blocs essentiels ici.
tout en haut, la barre de menu
juste en dessous de gauche à droite : les outils pour dessiner vos mélodies et ajuster les paramètres midi / un petit bouton sur lequel nous reviendrons plus tard si j’y pense / les boutons liés à la lecture du morceau (pas plus compliqué qu’un magnétoscope, hein ? Oui je me fais vieux.) / les indicateurs de position, de tempo et de signature rythmique / des informations relatives à la position et durée des notes et la façon dont ces dernières vont s’aimanter à vos barres de mesures ou à leurs subdivisions.
En dessous encore l’éditeur de piste. Imaginez que votre orgue de barbarie a plusieurs fentes, chacune de ces pistes en est une. Il y a également des pistes dédiées aux fichiers wav. Pour que vous puissiez synchroniser la musique pour laquelle vous composez votre ligne de chant.
Toujours plus bas, l’éditeur de musique, ou piano roll : ce sont vos plaquettes de carton, et c’est ici que vous allez les perforer là où il faut pour que l’orgue de barbarie joue les note que vous voulez entendre. (En fait le terme piano roll vient des piano automatiques qui marchent sur le même principe que l’orgue de barbarie, on y glisse des partitions sur rouleaux de papier perforés et le piano joue tout seul.)
Dans la même section, un endroit pour gérer les diverses modifications qui s’appliqueront aux notes que vous aurez dessinées juste au dessus.
Si aucune piste n’est crée (mais il y en a toujours au moins une), ben commencez par en créer une. Patate. Une ou plusieurs si vous voulez faire jouer plusieurs voix en même temps, car on ne peut pas superposer plusieurs notes dans la même piste. On dira donc que chaque piste est monophonique. Elle ne produit qu’une note à la fois.
La piste est créée. Bravo, vous venez de créer une fente dans votre orgue de barbarie, maintenant il va falloir créer les plaquettes en carton sur lesquelles vous allez perforer (enfin, ici dessiner) vos notes. C’est ce qui s’appelle une « part » dans ce logiciel. Plus communément, dans les logiciels de MAO (Musique Assistée par Ordinateur), on appelle ça une région MIDI. Cliquez sur une piste, puis allez chercher « Add Part » dans la barre du menu.
Chaque piste peut contenir plusieurs régions MIDI (les unes après les autres), et pour chaque région vous pouvez sélectionner une banque de voix différente de la précédente. L’avantage c’est que vous pouvez donc alterner les vocaloids sur une même piste si vous n’avez pas besoin de les faire chanter simultanément. En bout de course une piste est souvent égale à un fichier wave, donc c’est de la place économisée sur votre disque dur.
Évidemment, si vous créez plusieurs pistes, ça va vite être le bordel niveau volume sonore. En appuyant sur F3 vous pouvez ouvrir le mixeur. Ici vous contrôlerez le volume et le panoramique stéréo de chaque piste.
Bon. Vous avez créé une piste et une région MIDI (part) sur cette piste. En cliquant avec le bouton droit de la souris là-dessus, un menu déroulant s’ouvrira grâce auquel vous pourrez choisir quelle banque de voix vous voulez utiliser. En gros, c’est le choix de l’instrument.
Tout ça s’annonce bien. Seulement, je ne vais pas faire une mélodie comme ça toute seule sortie de mon imagination. Parce que je suis fainéant. Je vais donc importer une musique déjà existante et reproduire la ligne de chant du refrain de ce morceau. Ce morceau, c’est le générique des Mystérieuses Cités d’Or. Pour importer le fichier un simple glisser-déposer depuis le dossier où se trouve le fichier jusqu’à la piste wave stéréo.
Maintenant je cherche le tempo de la chanson, je trouve que c’est à peu près 104.5 BPM, donc je double clique sur l’indicateur de tempo que vous avez pu voir sur la première image et je rentre cette information. Vous pouvez voir sur l’image juste en dessous qu’il est également possible de modifier le tempo en cours de morceau, pour cela il suffira de spécifier à quelle mesure et sur quel temps le faire varier.
Ensuite, on s’appuie sur la forme d’onde pour faire correspondre le premier temps des mesures du morceau aux barres de mesure du logiciel et on prie pour avoir trouvé le bon tempo sinon ça va se décaler et… bon ben ça va être la merde parce que musique et voix n’arrêteront pas de se désynchroniser.
Dernier ajustement avant de commencer à dessiner vos notes dans l’éditeur de musique. Sélectionnez les bonnes durées pour la quantification et la durée des notes, sinon vous allez de venir fou·folle. Comme vous le voyez ci-dessous, vous pouvez sélectionner une durée (1/4 : une noire ; 1/8 : une croche ; 1/16 : double croche…) dans ces deux catégories. Le quantificateur (quantize) va déterminer à quelles subdivisions de mesure le début de vos notes vont pouvoir s’accrocher, la durée (length) déterminera la durée minimale des notes que vous pourrez dessiner : noire, croche etc… et quand vous étirerez votre note, de quelle durée vous l’étirerez au minimum.
En gros, si vous sélectionnez 1/4 pour le quantize, vous ne pourrez débuter vos notes que sur chaque temps d’une mesure. Si vous sélectionnez 1/8 pour le length, à chaque fois que vous dessinerez une note le logiciel vous proposera des durées égales à des multiples de croches. Donc plus vous sélectionnez des fractions de petite durée plus vous pourrez ajuster finement le placement et la durée de vos notes.
Maintenant on peut commencer à faire n’importe quoi
Bon, ben voilà. On peut commencer à dessiner nos notes. Sélectionnez la bonne piste et la bonne région. Avec le bouton droit de la souris, cliquez sur le piano roll et sélectionnez l’outil crayon (ou allez le chercher tout en haut à gauche de l’écran comme vous avez pu le voir sur la première image de l’article). Ensuite dessinez vos notes à la hauteur et de la durée que vous désirez.
De base, quand on dessine les notes, elles sont remplies par la voyelle [a]. Voici donc le résultat de mon dessin sans avoir encore modifié les phonèmes de chaque note :
Vous savez que si j’aime autant v4 flower, c’est parce que dans les graves on dirait un·e gamin·e qui fait la gueule, et dans les aigües, ben on dirait la voix du refrain des Mystérieuses cités d’or. Oui, je suis un brin nostalgique comme garçon.
Bon, faites gaffe. De base quand vous dessinez de longue notes, le logiciel vous colle d’office un vibrato, si vous voulez le virer, placez votre curseur à la base des vaguelettes sur la ligne affichée en dessous des notes, maintenez le clic et tirez vers la droite. Si au contraire vous voulez en ajouter, placez le curseur au bout de la partie droite de la ligne horizontale et maintenez le clic en tirant vers la gauche.
Les choses sérieuses maintenant. On va commencer à rentrer les paroles. Attention, très compliqué : double-cliquez sur la note dont vous voulez éditer le phonème.
Maintenant entrez vos paroles. Tadaa. C’est fait. Sauf que. Sauf que v4flower est une chanteuse virtuelle japonaise. Donc ici j’utilise le japonais. Pour passer votre clavier en japonais, y a des tutos partout sur le net, merci de vous y référer.
Donc, pour commencer : une note = une syllabe. C’est pas obligatoirement le cas, mais là c’est un tuto grand débutant, alors on fait simple. Ici, on veut lui faire dire « Esteban, Zia ». Je commence donc par entrer les syllabes japonaises qui sont le plus proche possible du son que je veux obtenir sur chaque note.
Les japonais n’ont pas de syllabe « zi », mais ont un « dji » à la place. Pour palier à ça, je veux lui faire prononcer « si » pour le « zi » de « zia ». Mais ils n’ont pas de son « si » non plus. Ils ont « sa », « so », « se », « su », mais avec le i, ça devient un « shi ». Cela dit pas de problème. Le phonème [i] existe, le phonème [s] aussi. Alors allons modifier ça dans les propriétés de la note.
Voilà ce que me donne le logiciel pour le シ / « shi » : [S i]. Pour le logiciel, ce S majuscule dans la case « phonetic », correspond au son « ch » en français, comme dans chat. Je vais donc modifier ça manuellement.
Je remplace donc le [S] par un [s], qui lui désigne le son ssss. Oui, comme le serpent. Bravo. Vous avez 5 ans ou quoi ?
Une question ? Pourquoi je n’ai pas choisi [z i] ou [dz i] ? Parce que ça passait mal avec v4 flower. Comme je vais vous le dire deux paragraphes plus bas, à chaque banque de voix sa prononciation particulière.
Notez avant ça qu’on n’a pas besoin de changer la syllabe des paroles associées quand on modifie l’aspect phonétique. Paroles et phonétique sont dissociées, même si quand vous entrez des paroles directement dans les notes, le logiciel remplit directement la note avec des phonèmes adaptés. Cliquez sur « protect » pour faire en sorte que même si vous modifiez cette syllabe dans les paroles, les phonèmes que vous avez choisis restent inchangés.
En ce qui concerne les symboles phonétiques acceptés par le logiciel pour les vocaloids japonais, je vous laisse apprendre ça par cœur sur ce site (il existe également un page similaire pour les vocaloids anglais). Sachez toute fois que chaque banque de voix gère différemment les phonèmes, donc pour chacune il faut adapter ses techniques. D’où le fait que la plupart des compositrices et compositeurs restent fidèles à une poignée de vocaloids qu’elles et ils maîtrisent bien.
Si vous êtes assez maligne ou malin, vous aurez pigé que vous pouvez directement entrer les phonèmes dans la case phonetic de chaque note sans passer par le clavier japonais. Ce qui peut être utile, bien que sans savoir quels sons existent en japonais, ça risque d’être assez fastidieux.
Allez, la suite. Je rajoute un « su » (ス) après le « E » de Esteban, et je neutralise le son « u » (noté [M] dans le logiciel) en lui adjoignant un petit [_0] pour qu’il ne reste que le son « s ». C’est ce qu’on appelle un dévoisement, en phonétique. Eh oh, vous vous doutiez bien qu’en voulant faire causer un synthétiseur vous alliez un minimum devoir bosser votre phonétique non ? Sans déconner, veulent plus bosser les jeunes aujourd’hui…
Je rajoute également un [N] après le « ba » de Esteban. Et je fais ainsi pour toutes les autres notes auxquelles il manquait des sons complexes à produire pour des japonais après que je leur avais attribué une syllabe simple.
Voici donc ce que donne donc cette même mélodie avec tout les phonèmes qu’il faut là où il les faut :
C’EST PAS TERMINÉ !!!
Enfin, pour moi si, parce que je suis un gros fainéant. Mais voici tous les potards que vous pourriez tourner pour changer le son global de chaque note :
D’abord de succinctes descriptions, ensuite quelques démos.
VEL: La manière dont la première consonne est prononcée (sur certains phonèmes c’est l’intensité avec laquelle ils sont prononcés, sur d’autres ça joue sur le timing). N’affecte que les consonnes.
DYN: Un bouton de volume en gros. En haut ça gueule, en bas ça chuchote.
BRE : Pour rajouter du souffle dans la voix, pour simuler la respiration, ou simplement ajouter un petit grain à la voix.
BRI et CLE: Deux filtres type égaliseur qui jouent sur les haut médiums et aigües, jouant donc sur la clarté et la brillance du son.
OPE: Un autre filtre qui simule la proportion dans laquelle la voix virtuelle ouvre sa bouche qui n’existe pas. Ce qui étouffe ou rend plus claire l’énonciation.
GEN: Pour jouer sur la qualité masculine ou féminine de la voix.
POR: pour régler à quel point la note précédente bave sur la suivante.
XSY: J’ai pas pigé. Cherchez vous-même.
GWL: Pour ajouter du grognement. De la saturation dans la voix.
PIT et PBS: Pour modifier manuellement et très finement la hauteur des notes.
On sélectionne ces effets dans le sélecteur d’effets (sans dec…) dont vous pouvez voir le menu déroulant dans l’image du dessus, et on les module avec l’outil crayon en dessinant des courbes et lignes (la partie verte et les barres dans l’image) sous les notes.
Illustrations de quelques uns de ces effets. Évidemment, pour que vous entendiez bien les différences, j’ai poussé les boutons à fond, ce n’est pas très esthétique.
En jouant finement de ces deux paramètres, on peut arriver à reproduire des voix plus réalistes. Mais moi je suis un bourrin donc j’y touche pas trop. Du coup j’ai essayé quand même, pour donner un exemple, mais c’est peu concluant et ça m’a vite saoulé :
Autre exemple, le paramètre GEN pour gender :
Voilà. Quand vous avez fini de faire mumuse avec tout ça (moi je ne le fais pas trop, mais si vous voulez un résultat soigné vous devriez). Vous pouvez ajuster vos volumes dans le mixeur si vous avez créé plusieurs voix, ainsi que le panoramique stéréo (ce que j’ai oublié de faire).
Et finalement il ne vous reste plus qu’à exporter le résultat en wave. Plusieurs options s’offrent à vous, elles sont listées dans l’image ci-dessous.
OUF !
C’est fini. J’en peux plus. Définitivement je ne suis pas fait pour rédiger des tutoriels. J’y ai passé bien trop de temps et j’ai les yeux éclatés. J’espère que vous avez appris deux trois trucs au moins.
Et que vous avez la musique des Mystérieuses cités d’or dans la tronche pour quelques jours.
À demain. Et désolé pour les fautes, mais clairement cet article est trop long, je vais pas me relire.
Je dis à mon amie qu’il faut que j’écrive ma note de blog. Elle me dit : « tu en fais une vraie aujourd’hui, hein ? » Alors me voilà parti pour une vraie note de blog, car je suis facilement influençable, et que de toute façon nos deux mètres carrés de coin cuisine sont occupés par la confection d’un pain maison, alors je ne peux pas faire réchauffer les haricots rouges qui vont nous servir de repas.
Une vraie note de blog, une vraie note de blog… Pfff. J’avais promis que je ne parlerai plus de vocaloids, mais en fait je ne fais que ça de mes journées. Difficile de parler d’autre chose. N’ayant pas encore le niveau pour écrire des chansons en japonais, je les fais chanter en espagnol en reprenant toutes sortes de chansons cubaines. Oui, j’aime la musique cubaine. Qui n’aime pas ça ? Les cons. Bravo. Très bonne réponse.
Ce doit être parce que nous avons un grand ciel bleu depuis deux semaines que je me remets à la musique cubaine. C’est un peu la programmation de tout mes printemps et mes étés. Les éternels Buenavista et autres Panchos… Y a du soleil là dedans. Y a des joies et des larmes. De la bonne musique comme on l’aime.
En tentant de reproduire une musique jouée par un groupe cubain sur mon logiciel de musique j’ai fait une étrange découverte aujourd’hui. Les gars sont dans le temps une mesure sur dix. Il y a bien un tempo reconnaissable, mais entre deux parties où ils se calent les uns sur les autres, ça part dans tous les sens. Pourtant, ça sonne d’enfer. Comment est-ce possible ? Ils doivent tellement avoir l’habitude de jouer ensemble qu’ils se connaissent par cœur, et peuvent donc accélérer, ralentir, sans que la musicalité n’en souffre, sans jamais manquer de retomber sur leurs pattes. Au début, j’ai cru que le contrebassiste était à la ramasse, mais en fait ils le sont tous, ou aucun ne l’est. C’est vraiment bluffant. Je suis jaloux.
Ah ! La pâte à pain est dans la machine à pain, je peux donc aller faire la cuisine. Je vous parlerai en détail de la musique cubaine une autre fois. En attendant… euh… ben non. J’ai rien à ajouter