#234 – Lyonniais #060 – Hé, psst, tu cherches pas du sirop par hasard ?

La semaine dernière, mon amie était malade. Vraiment malade. Trois jours à tenir le lit. À cette occasion, on lui a prescrit tout un tas de produits divers à s’avaler chaque jour. Évidemment, dans ces cas-là, on achète le tout, au cas où, et on n’utilise que ce qui est vraiment nécessaire. Les antibiotiques, on les prend bien tout comme il faut sur la durée prescrite, le reste on jauge. On va pas se cortisonner la gueule pour rien pendant des semaines, sinon faut s’empêcher de bouffer sulé et sacré, et ça c’est vraiment trop. Bon, mais voilà, dans le tas des produits prescrits, il y avait un sirop. Un sirop pour calmer la toux. C’est qu’avec les bronchites non seulement vos poumons vous font mal, mais à force de tousser votre pharynx finit par prendre cher également, et du coup vous toussez de plus belle, et c’est le cercle vicieux. Hein ? Est-ce que j’ai fait médecine ? Pas du tout, je vous conseille même de mettre tout à fait en doute ma parole lorsque je cause anatomie ou pathologies. Mais revenons en à ce sirop. Ce sirop pour la toux. Ce sirop contenant de la codéine…

La codéine, ça faisait un moment que j’en entendais causer. Le genre de trucs qu’est, dit-on, censé vous plonger vite fait bien fait dans le sommeil. Mais aussi le genre de machins qui rend facilement accro, toujours selon les ouï-dire. Bon. Ben j’ai voulu tester. Je voulais pas mourir bête, j’aurais eu l’air bête. Moi j’étais pas malade, évidemment, mais j’ai respecté la posologie quand même. Une cuillère à soupe avant de dormir.

Alors, comment vous dire… Je n’avais pas bu depuis un an (d’ailleurs il y a un peu d’alcool dans le sirop, mais très peu), je n’avais pas fumé de cannabis depuis un mois, j’étais donc assez sobre —si on ne compte pas toutes les cochonneries dans la cigarette que je m’enfile une dizaine de fois par jour— et donc disposé à ressentir pleinement les effets de toute drogue ingérée. J’ai donc pris ma cuillère à soupe de sirop et je me suis allongé dans le lit, attentif à ce qui allait se passer dans mon organisme. Il n’a pas fallu longtemps, dix à vingt minutes, et c’est monté tout doucement. Une sensation de chaleur agréable m’a envahie, pas trop forte mais clairement discernable, par petites vagues. Puis une certaine décontraction a suivie, une très très légère euphorie —mais peut-être était-ce seulement dû à la petite voix dans ma tête qui me disait : « eh ben mon cochon, toi t’es irrécupérable », tout en sachant qu’en vérité ce n’était pas grave—, et finalement un engourdissement des membres, léger aussi. Il y avait définitivement un cousinage avec la défonce procurée par le cannabis, mais moins intense, sans que ça perturbe autant la concentration, sans cette espèce de petite excitation, ce petit stress qui accompagne toujours la fumette pour moi. Comme avec le cannabis, quelques émotions m’ont traversé fugacement, semblables en intensité et en durée à celles que je ressentais durant l’enfance quand j’étais frappé par certaines luminosités, certaines ambiances. Très agréables également. Bref, j’étais serein et je me suis endormi. Le lendemain, je me suis réveillé deux heures plus tard que d’habitude, et je suis resté dans le brouillard jusqu’à assez tard. Comme un lendemain de soirée fumette, mais sans que ne se fasse sentir l’envie d’en reprendre tout de suite. Cette descente un peu chiante, un peu tristounette, qui donne envie de s’en refumer un pour faire passer tout ça, vous savez ? Ben là non, pas d’envie de recommencer dans l’après-midi. Pour ça, il a fallut attendre le soir.

Ouais, le soir même, je me tâtais, j’avais envie. J’étais un peu stressé. Hmm, oui, non, oui, non… J’avais quand même en tête le côté dépendance rapide que ce genre de produits entraîne et le fait que, moi-même, j’ai une tendance à être vite dépendant. J’en ai pas repris. J’ai bien fait. Le lendemain soir, j’en avais encore envie. Le surlendemain aussi. Le sur-surlendemain, toujours. Puis c’est enfin passé. Pfiou. C’était il y a une semaine. J’ai attendu hier soir pour en reprendre.

La journée avait été agréable, je n’étais pas stressé, pas angoissé, il était deux heures du matin, j’allais me coucher, sans y penser le moins du monde. Et puis j’ai vu la boîte et je me suis dit, tiens, c’est maintenant que tu n’en as pas envie qu’il faut en reprendre pour voir si tu ressens les mêmes effets ou pas. Oui, parce que mon amie m’avait mis le doute. Elle, ça la fait dormir et ça l’empêche de tousser, point. Elle dit ne ressentir aucun des symptômes que j’ai décrit plus haut. J’en étais venu à me demander si du coup, la dernière fois ce n’était pas une petite fièvre dû à la proximité des bactéries dans mon lit qui m’avait fait me sentir comme ça.

Non non, je vous assure, c’était bien la codéine. Cette fois, j’en ai pris deux cuillères à soupe. Mêmes effets, un poil plus intense, mais vraiment la même chose. Une très grande décontraction, une chaleur agréable, des sentiments agréables… Pendant quelques secondes, par exemple, j’ai eu l’image d’un enfant Japonais qui traçait un kanji avec un grand pinceau, et j’ai ressenti moi-même une intense joie que j’ai analysée comme venant de la satisfaction de l’enfant à voir son trait apparaître d’un noir extrêmement dense. C’était très rapide, très intense. Ça m’a laissé une forte impression jusqu’à maintenant. Quelques pensées, impressions comme ça, donc, et puis je me suis endormi. J’ai encore dormi plus longtemps que d’habitude ce matin, et je me suis senti très détendu toute la journée d’aujourd’hui également, c’était bien agréable. Voilà, et maintenant, la codéine, c’est terminé.

Je ne ressens pas l’envie d’en reprendre, mais ce soir au moment d’aller au lit, demain soir si je suis un peu stressé, ou après-demain soir… Mais stop, faut pas rigoler avec ça. Je vais pas m’accrocher une mauvaise habitude de plus. Je vous l’ai dit, c’est sérieux. La codéine, ça passe par le foie où 10% de la substance est transformée en morphine. Ah, là ça rigole moins hein ? Ben ouais. Sérieux, je vous dis. J’ai fait ma petite expérience, j’ai réitéré une semaine plus tard alors que ça ne me taraudait plus pour vérifier, c’est bon, j’ai eu mon compte. Je sais ce que ça fait, je sais que je pourrais facilement en abuser si je m’en laissais l’occasion. Heureusement, si aujourd’hui j’ai une histoire personnelle de la dépendance, j’ai aussi une histoire personnelle de vigilance envers la dépendance. Je sais quand il ne faut pas pousser plus loin.

« Le processus de dépendance à la codéine est plus discret, moins rapide que celui de la morphine. La codéine provoque néanmoins, quand son usage est détourné à des fins récréatives, ou dans un usage thérapeutique à long terme, une dépendance psychique et physique forte. Les symptômes de sevrage les plus fréquents sont : diarrhée, sudation, tremblements, douleurs musculaires, anxiété, insomnie, dépression. Les symptômes physiques de sevrage durent, comme pour les autres opiacés, en moyenne une semaine à 10 jours. L’addiction psychologique, néanmoins, perdure dans la plupart des cas de dépendance à la codéine pendant un à plusieurs mois. » nous dit Wikipédia.

Je sais donc à quoi m’en tenir. Si jamais je sens que c’est un peu chaud, que l’envie est un peu trop forte, je me ferais plutôt des space cakes. C’est ma bonne résolution de cette année, ne plus fumer le cannabis. Enfin, moi je la trouve bonne, vous je sais pas.

#233 – Lyonniais #059 – C’est pas très ranormal tout ça.

Ne me demandez pas comment, mais il se trouve qu’aujourd’hui, je me suis retrouvé par hasard à lire la page Wikipédia de Jacques Pradel. Dis-donc, les POG, Jacques Pradel, ce serait pas devenu un blog nostalgie ici, que vous vous demandez ? C’est vrai que ces derniers temps, sur le blog comme dans ma vie, je suis tourné vers le passé plus que vers l’avenir. Y a des périodes comme ça. Donc qu’est-ce que je lis sur Jacques Pradel ? Je lis qu’il animait L’Odyssée de l’étrange, émission qu’il avait co-créée avec Marie-Christine Thomas. J’avais oublié. J’apprends que l’émission devait s’appeler Le Troisième œil, mais que ça ne s’est pas fait car une plainte avait été déposée par le producteur de l’émission Mystères, présentée, elle, par Alexandre Baloud. Là, vous vous dites que nous sommes tombés dans les bas-fonds des productions audiovisuelles françaises, et je ne peux pas vous donner tort.

Ces émissions, je les ai matées étant gamin, j’avais entre cinq et huit ans. Ça m’a marqué. Et pas forcément dans le bon sens. Quelques épisodes dont je me souviens en en relisant les titres : La maison qui saigne, Les pommes volantes, Le monstre du Loch Ness, La forêt de Brocéliande, Les hommes sauvages, Le suaire de Turin, Le poltergeist et un que je n’oublierai jamais car il m’a traumatisé pour des années : Le vampire de Highgate. Je n’ai pas revu la plupart depuis mais ils m’avaient fortement impressionnés. C’est peut-être la raison pour laquelle j’ai longtemps été porté par une passion sans borne pour les monstres et l’horreur. En tout cas, il est tout à fait certain que c’est la raison pour laquelle j’ai tiré ma couverture jusqu’au dessus de ma tête tous les soirs jusqu’à mes neufs ans environ, afin qu’aucun vampire ne puisse accéder à mon tendre cou lorsque je dormais. Ce qui, en fait, à cause de la chaleur et du manque d’air, m’empêchait de m’endormir pendant des heures durant lesquelles j’étais submergé par des vagues de paranoïa, imaginant des personnages livides qui sentaient la chair pourrie et munis de longues crocs avançant à pas feutrés dans le couloir qui desservait ma chambre. Bon, d’accord, c’était pas seulement à cause de l’émission, c’était également à cause de mes cousins, bien plus âgés que moi, qui m’avaient fait une très mauvaise blague le soir où l’épisode du vampire de Highgate passait à la télé et que nos parents étaient trop occupés à bouffer et à picoler pour nous surveiller.

Ce que je déplore le plus avec ce genre d’émissions, c’est qu’ils laissent planer le doute quant à la plausibilité des phénomènes paranormaux qu’ils traitent. Le sommet de la mauvaise foi ayant été atteint avec le dossier Roswell. Pour attirer un audimat de crédules, jamais on n’ose dire que tout ça c’est du divertissement. Je m’en foutais pas mal avant, mais c’était avant. Avant quoi ? Avant de bosser dans une crèche et d’entendre de la bouche de certaines collègues que, par exemple, les enfants pouvaient voir des choses que les adultes ne pouvaient pas voir, par exemple encore, des fantômes. Celle qui m’a raconté ça disait également que si tu avais une angine il fallait simplement déposer des demi-citrons aux quatre coins de ta maison et hop, ça passait. Mais pour le coup des fantômes, où l’avait-elle vu ? Pourquoi y croyait-elle si fort ? Parce que c’était passé chez Cauet. C’était des experts qui l’avaient dit chez Cauet, donc c’était vrai. Forcément, puisque c’était à la télé, chez Cauet. Sinon Cauet les aurait pas invité, si c’était pas vrai, tu penses bien. Ben ouais. Un jour elle a voulu faire venir un « magnétiseur » à la crèche sans prévenir la direction, pour qu’il épure un peu les lieux des mauvaises ondes qu’elle pouvait ressentir. Continuons donc à faire du divertissement sur les sujets paranormaux en présentant ça comme une exposition de faits comme les autres, ça ne peut pas faire de mal, hein ?

Les articles Wikipédia sur ces émissions insistent sur le fait que la sauce n’a pas pris en France, contrairement aux États-Unis et à la Grande-Bretagne qui fournissaient bon nombre d’épisodes à nos programmes copiés sur les leurs. Pfiou. Qu’est-ce qu’on a évité…


#232 – Lyonniais #058 – Demain est un autre jour, du moins on l’espère, sinon y a quelques horlogers qui vont faire un peu la gueule

Aujourd’hui je suis au ralenti. C’est bâillement sur bâillement. Je n’ai pas quitté le pantalon de jogging qui me sert de pyjama, puisque je ne fais pas de jogging. J’ai traîné sur l’internet japonophone, ça m’a grillé le cerveau. Hein ? Non, vous ne me ferez pas dire que c’est parce qu’ils et elles sont foufou et fofolles ces Japonais·es, le sont pas plus que les Français·es ou que d’autres. Je me suis grillé le cerveau parce que je dois aller chercher chaque mot dans le dictionnaire, chaque tournure de phrase sur un site de grammaire. C’est épuisant. À lire déjà, c’est épuisant, mais à écrire… Une toute autre logique que les langues indo-européennes. Après des journées comme ça, je fais généralement des rêves peu agréables remplis de caractères japonais et chinois que je ne comprends même pas. Je les vois, et je me vois tenter de les déchiffrer. C’est pas les rêves les plus reposants. Mais enfin, c’est sans doute signe que quelque chose se passe là haut dans le cerveau, et on ne progresse pas sans se faire un peu violence dans ce genre de domaines.

Vous le sentez ce qui arrive, hein ? C’est que je vais arrêter ma note de blog là. Je n’ai aucune énergie. Je serais même peut-être un peu malade. Au minimum un chouïa déprimé. J’étais bien à fond depuis une semaine et demie, ce doit être le contrecoup. Ce blog me permet d’ailleurs de m’apercevoir de ces phases qui alternent sur des périodes très courtes. Il y a peut-être des périodes plus longues, mais je ne relis en général pas les articles datant de plus d’une semaine, je me fais à l’idée qu’il restera des fautes et que c’est comme ça. Et oui, si vous lisez le blog au jour le jour, vous vous tapez plus de fautes que ceux et celles qui lisent les articles tous les deux trois jours, c’est comme ça. Allez, j’ai dit que j’arrêtais là, j’arrête là avant de me répandre plus en phrases aussi alambiquées qu’inintéressantes.

#231 – Lyonniais #057 – Peut-On Gagner (sans tricher) ?

Un certain commentateur persévérant remet tous les deux jours le sujet sur le tapis, et mon amie m’a également fait part de son envie de me voir traiter la question. Alors voilà : parlons POG, parlons bien.

Selon votre âge, le terme réactualisera chez vous de nostalgiques images de cour d’école ou ne vous dira absolument rien. De mon côté, le simple fait de lire ces trois lettres fait surgir de ma mémoire sacs bananes et croûtes aux genoux. J’appartiens donc à la première catégorie, celle qui était à l’école primaire quelque part entre 1990 et l’an 2000.

Pour les autres, de quoi parle-t-on ? On cause de petits disques de carton d’environ 5 cm de diamètre. Côté face, un dessin, côté pile, une marque. On peut les collectionner, les échanger, mais on peut également jouer aux POG. Dans ce cas, chacun·e ramène ses POG —de préférence dans un sac banane, comme je vous le disais, dont on aura vidé quelques unes des billes qui s’y trouvaient pour faire un peu de place à ce nouveau passe-temps—, puis on discutaille afin de décider lesquels chacun·e met en jeu : « moi je mets mon POG tête de mort qui brille, donc il vaut beaucoup, donc il faut que toi tu mets au moins deux POG qui brillent pas pour que ça le vale ». Ensuite, on monte une petite colonne en empilant les POG choisis par chaque participant·e, côté face vers le sol. C’est là qu’on sort les kinis. Un kini est un disque de plastique, cette fois, de même diamètre qu’un POG mais plus épais. Chacun·e va se servir de son kini en le balançant à tour de rôle sur la pile de POG. Après chaque lancé, la joueuse ou le joueur récupère les POG qu’il a réussi à faire se retourner côté face en l’air : elle ou il les a gagnés. On refait la pile, et on recommence jusqu’à ce que tous les POG aient trouvé un·e propriétaire.

Pour gagner plus facilement des POG, une technique consistait à ne pas jouer soi-même, mais à faire discrètement le tour des bananes restées ouvertes et sans surveillance par les joueurs et joueuses trop concentrés·es sur leur partie. Seulement il ne fallait pas oublier de se sentir un peu coupable ensuite, et surtout se souvenir de ne pas rejouer ces POG-là, sans quoi on se faisait pincer. Au propre comme au figuré.

Il y a quelques années, plein de nostalgie que j’étais, j’avais acheté sur eBaie une machine à fabriquer des POG ainsi qu’une dizaine de planches officielles de POG vierges. C’était encore l’époque où les blogs BD foisonnaient, et je comptais demander à plusieurs dessinateurs et -trices de réaliser des séries d’une dizaine de POG chacun·e. Les POG auraient ensuite était vendus, et la somme récoltée aurait servie à me rembourser de ces achats ainsi qu’à rémunérer les artistes. POGU, que ça devait s’appeler. U pour Underground. Ç’aurait été un peu noir, un peu adulte, monstres et cul. Évidemment, ce projet, comme tout projet digne de ce nom, a fini au fond d’un tiroir. Je ne saurai même plus me souvenir d’où se trouve ce matériel ou si je ne l’ai pas tout simplement jeté.

Tout à l’heure j’ai parlé des années 90, mais par souci d’exactitude il faudrait préciser que ce jeu existe depuis les années 20 ou 30. Dans les pays anglophones, il est mieux connu sous le nom de Milk caps. Pourquoi ? Parce qu’à la base ces petits disques de carton se trouvaient dans des bouchons de bouteilles. Bouteilles de jus de fruit ou de lait. Tout cela aurait débuté à Hawaii quelques décennies après le début du siècle donc, bien qu’un jeu très similaire existait déjà au japon au XVIIe (men’uchi 面打 ou menko 面子). Le nom qu’on connait par chez nous vient d’ailleurs de la marque de jus très descriptive Passion fruit-Orange-Guava créée en 1955 par une entreprise de Maui. Et s’il y a effectivement eu un regain d’intérêt pour le jeu dans les années 90, c’est sous l’impulsion de deux entreprises marchandes ayant flairé le juteux filon: la World POG Federation et la Canada Games Company (qui fit faillite en 1997 quand la mode s’essouffla).

Il y avait, selon les dires des experts, un avantage au POG original, celui sortant d’une bouteille, qui venait de l’irrégularité des disques de carton, ce qui permettait d’intégrer un peu plus d’aléatoire au jeu. Moi avec le recul j’aurais plutôt dit que c’était de ne pas se faire, une fois de plus, taxer son argent de poche par des commerçants peu scrupuleux qui vous vendaient des bouts de carton à prix d’or par l’intermédiaire du tabac-presse du coin. Mais après on va encore raconter que je vois le mal partout.

D’ailleurs, maintenant que j’y repense, je me demande si Passion fruit-Orange-Guava Underground, ça n’aurait pas été un poil ridicule.

#230 – Lyonniais #056 – Quanlité ET quatité.

Pourquoi choisir entre deux options quand on peut choisir entre quatre. C’est toujours sel ou sucre, alors que ce pourrait très bien être secre ou sul. Les gens n’ont plus de fantaisie ma bonne dame. C’est dur ou c’est mou ? C’est mur, c’est doux. Là ça ne marche pas, mais c’est un cas très rare. L’aile ou la cuisse ? L’aisse ou la cuile ? Voyez ? On pourrait tous les faire, ça fonctionne presque toujours. Alors à chaque fois qu’on vous demandera de choisir entre deux options, optez pour la troisième ou la quatrième. La bourse ou la vie ? La vourse. Le bandit en reste comme deux ronds de flan. Il retourne sur son grand chemin et ne vous embête plus. Fromage ou dessert ? Frossert. À moins que ça ne coûte plus cher, auquel cas ce sera démage. Et paf, le serveur. Madame préfère-t-elle le blond ou le brun ? Aucun des deux, emboîtez-les moi l’un dans l’autre et faites-les monter à ma chambre. Impossible Madame, c’est l’un ou c’est l’autre. Alors ce sera l’utre, à moins que ce soit l’aun. Évidemment, si vous l’utilisez trop souvent, cette technique risque de faire vieille blague de tonton. Heureusement, on vous propose rarement de faire un choix entre deux options deux fois dans la même journée, c’est donc un faux problème. Et puis, je vous le rappelle, vous avez droit à quatre options en général, mais une cinquième est souvent possible. À droite ou à gauche ? Vous vous attendiez à ce que je dise drauche ou goite ? Vous me pensez si prévisible ? Dans ce cas, ce sera ou. Ou ? En plein milieu. Mais on ne peux pas tout résoudre par l’absurde Monsieur ! Il faut être responsable. Excusez-moi, mais je crois au contraire que la vie est absurde. Mais non, mais non, voyons, la vie a un sens. Dans ce cas là je prendrai l’autre. Vous êtes idiot ou vous le faites exprès ? Je le fais expiot, mais je ne nie pas être un peu idrès sur les bords. Voulez-vous tirer à file ou pace ? Car j’ai justement sur moi une pièce qui retombe exclusivement sur la tranche, c’est donc le meilleur moyen de trancher qui de voi ou mous a raison… Enfin bref, cessons-là les exemples. Vous avez compris le système. Désormais, vous n’hésiterez jamais plus entre ceci et cela, mais entre celi et ceça, ce qui, concédons-le, ne change concrètement pas grand chose, mais vous fait vous sentir tout de même un peu plus libre. Si toutefois au bout d’un moment vos proches commencent à se lasser de votre petit jeu, ne sachant plus si ce que vous racontez c’est du lard ou du cochon, rassurez-les. Répondez-leur franchement que c’est du cochon, et laissez-les se démerder avec cette réponse. Ils n’ont eu que ce qu’ils méritaient.

#229 – Lyonniais #055 – De quoi vous me parlez ?

Le blog ? Quel blog ? Ah oui ! Le blog… Ben ouais. Hier, z’avez vu, j’étais pas franchement inspiré. Pareil aujourd’hui. Cette photo d’hier, je ne sais pas comment je l’ai prise. Et j’en ai peut-être une centaine des comme ça. J’en ai sans doute plus que des photos prises volontairement. Je ne sais pas comment je me débrouille. iTéléphone, Robotdapparencehumaine, même merde. Flash. Je prends mes bottes pendant que je marche. Schkling. Je prends une capture d’écran pendant que je téléphone. Quand ce n’est pas une image complètement noire.

Bon, allez, je vais pas m’éterniser, il est 21h30, je n’ai pas encore fait la moitié des choses que je comptais faire aujourd’hui et la note de blog n’en était pas une. J’apprends à l’accepter, y a des jours c’est comme ça.

Cela dit, je n’ai pas rien foutu pour le blog aujourd’hui. Je suis en train de regarder pour le faire héberger ailleurs que chez wordpress, parce que sérieux ça devient relou. Tu veux modifier le CSS ? Prends l’offre à 8€ par mois ! Tu veux customiser ton site sans passer par le CSS ? C’est aussi l’offre à 8€ par mois ! Tu veux installer des plug-ins gratuits ? Prends l’offre à 25€ par mois ! Ça commence à me faire grave chier. Je banque actuellement 4€ par mois. Le seul bénéfice ? Vous ne voyez pas de pub. C’est un minimum à offrir à ses lecteurs. Mais quand même, c’est vraiment du foutage de gueule. Donc bientôt le site changera d’hébergeur et de nom de domaine, et pourquoi pas de nom tout court, et peut-être bien de concept aussi. Ce qui sera le plus facile puisqu’il n’y a pas de concept. Le nouveau concept sera-t-il de toujours refuser de suivre une quelconque ligne éditoriale ? Surprise. On saura ça dans quelques jours. Combien ? J’en sais rien. Je vous l’ai dit, je me renseigne. J’ai envoyé des e-mails à droite à gauche, j’attends qu’on me réponde.

C’est bien la peine de changer d’hébergeur si c’est pour pondre des articles comme ceux-là, que vous dites. Je suis bien d’accord, et je vous embrasse.

À demain.

#227 – Lyonniais #053 – La mairie et l’église sans passer par le mariage

Aujourd’hui, je suis allé faire faire ma nouvelle carte d’identité. Nouvelle photo d’identité, toujours la même gueule d’assassin. J’en avais une bien mais elle était trop vieille. C’est toujours pareil, sur ces photos, à force d’essayer de ne pas sourire, on finit par faire carrément la gueule. C’est pas comme si les IA d’aujourd’hui allaient pas te reconnaître parce que tu souris. C’est peut-être simplement pour que quand les flic t’arrêtent ce soit raccord avec la gueule que tu tires sur le moment. J’en sais rien, y a des pays où t’as le droit d’avoir l’air sympathique sur tes papiers, mais pas en France. Parlez-moi toujours d’entretenir un rapport sympathique avec l’administration quand ça commence par là.

Bon, mais ce qui m’a le plus scotché (on dit encore « ça m’a scotché » ?), c’est qu’on n’accepte pas les attestations de la CAF comme justificatifs de domicile. Sans déconner. On préfère vous demander une facture d’abonnement de téléphone mobile, version à télécharger en ligne, que vous pouvez changer en deux clics sans qu’on vous demande aucune preuve, qu’une attestation de l’organisme le plus casse-bonbons (je dis bonbons pour pas dire couilles) qui soit en matière de vérification. Il y a à peine un mois, janvier 2019 donc, je recevais par exemple de leur part un message disant qu’ils n’arrivaient pas à joindre mon propriétaire pour obtenir une quittance de loyer de juillet 2018. Après avoir passé trois mois à leur envoyer touts les baux et les attestations imaginables. Mais ça, non, on n’en veut pas de leur attestation à eux. Par contre, une facture qui ne prouve rien, ça oui. Donc quand on habite depuis peu dans un studio (pas encore d’avis d’imposition à cette adresse) loué meublé et toutes charges comprises, sans internet, on est un peu embêté. Si votre proprio est comme le mien et ne vous fait pas de quittances de loyer, on est encore un peu plus dans l’embarras. Si votre assurance habitation est contractée par votre amie et que votre nom de figure pas dessus, là ça commence à devenir vraiment dur. Votre seul espoir, c’est que la personne avec laquelle vous vivez vous fasse une attestation sur l’honneur comme quoi elle vous héberge depuis plus de trois mois, en gros qu’elle vous héberge chez vous. Vous parlez d’un justificatif de domicile. Petit article-mémo si vous ne vous rappelez plus des documents valables comme justificatifs de domicile.

Sinon, j’ai profité de ce bref passage à la mairie du 2e arrondissement de Lyon (on n’est pas obligé d’aller à la mairie de l’arrondissement dans lequel on réside pour faire faire ses papiers), pour fureter autour de la basilique Saint-Martin D’Ainay. Une basilique, c’est une église ou une cathédrale qui plaît au pape. Le pape se pointe, mate votre édifice et dit : « elle passe bien celle-là ». Et paf, voilà que votre église devient basilique. Attention cela dit, faut quand même pas vous la péter de trop, elle n’est devenue qu’une basilique mineure. Si vous vouliez une basilique majeure, c’est à Rome qu’il fallait la bâtir, et puis de toute façon c’est trop tard, elles sont au nombre de quatre et le petit Jésus a décidé que ça suffisait comme ça. À Lyon, il y en a deux, ce qui veut dire que le pape vient souvent, mais pas autant qu’à Marseille, où il y en a quatre. Les Lyonniais·es sont jaloux·ses. Ils et elles aiment bien le pape par ici, ils et elles voudraient que le pape les aime un peu plus en retour. Moi le pape je m’en fous, je l’ai jamais rencontré.

Alors, qu’est-ce qu’elle a de spécial cette basilique Saint-Martin d’Ainay ? Elle a été construite au XIIe siècle, ce qui est vieux, et dans un style roman, c’est qui est sobre. Et je n’en sais pas plus. Vous avez cru que vous étiez sur un blog tourisme et patrimoine ? Je vous ai dit que j’avais juste tourné autour, z’avez vous y rendre si ça vous intéresse.

J’ai quand même pris deux reliefs en photo. Un où l’on peut voir que le peuple, en danger de mort, trime salement et que le clergé s’en fout :

L’autre ou l’on comprend franchement pas ce qui se passe, à part que deux types soulèvent une teub tellement lourde que chacun doit la tenir par une couille pendant que d’autres font la fête à l’étage.

C’est tout pour aujourd’hui. À demain.

#226 – Lyonniais #052 – Prière de ne pas s’asseoir sur le banc de montage

Allez, maintenant je peux vous parler un peu plus de ce que je trafficotais ces derniers jours. Je faisais du montage vidéo. Mon nouveau joujou, c’est un logiciel pré-installé sur mon ordinateur. Comme quoi, c’est pas toujours de la merde. Sur celui-ci on ne peut pas tout faire, évidemment, il faudrait que je banque pour avoir accès à toutes les fonctionnalités, mais enfin, c’est déjà assez complet pour du gratos.

Je ne pouvais pas vous en parler avant parce que c’était un projet, entre autres, destiné à un tout petit magazine underground pour lequel on se réserve des surprises une fois par mois, et que la date de remise de nos petites œuvres, c’était hier. Pour ne pas spoiler les quelques autres participants·es qui passent sur le blog de temps en temps, je ne voulais donc rien en dire. Mais là c’est bon, ils et elles ont reçu le paquet. Croyez pas que je vais rentrer dans les détails pour autant, car je fais ça sous une autre identité et que je ne compte pas vous révéler ici toutes mes autres vies sous des pseudonymes variés.

Bon, mais qu’est-ce que c’est cool de monter ! Surtout si on a une bonne recharge de café à portée de main et un ordi qui rame pas trop. C’est tout une question de rythme et, quel que soit le domaine artistique concerné, quand on trouve le bon rythme c’est toujours jouissif. Et puis impossible de penser à autre chose tant toute notre attention est mobilisée. C’est un fantastique outil d’évasion. En plus, aujourd’hui, on trouve partout des vidéos dans le domaine public ou sous licence creative commons qui vous permettent, même à vous qui ne savez pas filmer, de vous fabriquer des clips aux petits oignons.

Petit encart creative commons pour ceux et celles qui connaitraient toujours pas. Imaginons que vous utilisez une œuvre sous licence creative commons dans votre propre création. Qu’avez vous le droit de faire ? Partons du principe que vous pouvez tout faire si l’œuvre dont vous vous servez a pour license CC0. Tout, vous posez pas de question. Maintenant, si à côté du CC il y a écrit :

  • BY – C’est que vous devez mentionner l’auteur·e de l’œuvre dans votre propre création ou dans une description qui l’accompagne.
  • ND – Vous n’avez pas le droit de modifier l’œuvre en la redistribuant, vous pouvez donc uniquement la partager telle quelle.
  • NC – Vous n’avez pas le droit de faire une utilisation commerciale de l’œuvre en question ni de votre propre création si vous utilisez une œuvre ou partie d’œuvre dont la licence comprend ce sigle.
  • SA – Vous devez utiliser la même licence pour votre création que celle appliquée à l’œuvre dont vous vous êtes servi·e pour la fabriquer.
  • C’est tout.

Quelques exemples. Vous tombez sur une œuvre sous licence :

  • CC BY : Vous pouvez partager l’œuvre telle quelle, la modifier, l’utiliser dans une de vos créations, monétiser votre création, utiliser la licence que vous voulez pour votre création. Vous devez impérativement citer l’auteur·e de l’œuvre originale dans tous les cas.
  • CC BY NC SA : Vous pouvez partager l’œuvre telle quelle, la modifier, l’utiliser dans une de vos créations. Vous n’avez pas le droit de monétiser votre création et devez obligatoirement appliquer une licence CC BY NC SA à celle-ci. Vous devez impérativement citer l’auteur·e de l’œuvre originale dans tous les cas.

Fin de l’encart creative commons pour ceux et celles qui connaissaient pas encore.

Bon, ben voilà. J’ai monté trois clips en trente-six heures, et là j’en attaque un quatrième. Au lycée, j’avais déjà participé au montage d’un court, je connaissais donc déjà les outils de base de ce genre de logiciels, mais faites-moi confiance, il n’y a rien qu’un tuto de trente minutes ne pourrait vous apprendre. En ce moment je fouille dans les vieilles vidéos médicales. Tout ces gens en blouses blanches, c’est parfait pour que tout soit raccord ! Je vous encourage donc fortement à essayer. C’est très addictif.

Oh, mais il est tard, je comptais vous narrer un peu plus longuement les joies du montage mais il faut que je fasse à manger pour mon amie bien malade et toute fiévreuse. La grippe me guette, je vous le dis, elle est partout et je l’ai toujours pas chopée. Hier elle était à ma porte, aujourd’hui elle est dans mon lit. Si demain je suis pas sous ma couette à trembler, j’aurais eu de la chance. Je sens déjà mes bronches se gorger de mucus. C’est pas sale, c’est la nature.

À demain.

#225 – Lyonniais #051 – Quand j’étais petit, mon dinosaure préféré c’était le stégosaure

J’avais une très bonne accroche pour aujourd’hui, mais je l’ai oubliée. Je savais exactement de quoi je voulais vous causer, mais ça m’est sorti de la tête. C’est un effet collatéral du manque de sommeil. J’ai dormi quatorze heures, donc je suis revenu à mon état normal, mais ce qui n’a pas été enregistré ne peut pas être retrouvé. J’aurais dû noter tout ça sur papier, je l’ai pas fait. Du coup je vais encore devoir trouver quelque chose au pied levé.

Aujourd’hui, c’était le retour du grand soleil, et c’est aussi le retour de mon amie. Coïncidence ? Si je vous dis ça, ce n’est pas pour vous prouver à quel point les sentiments amoureux rendent niais, mais pour que vous compreniez ce qui m’a poussé à aller faire les courses ce matin alors que depuis trois jours je me contente de rousiguer des quignons de pain sec qui trainent çà et là dans l’appartement. Oui ce çà-là prend un accent, j’en suis le premier surpris. Oui, rousiguer, ça existe, c’est un mot du sud qui veut dire ronger. Oui, si je vous dis que je suis sorti faire les courses, c’est qu’il y a une raison. Non, je ne vais pas vous parler du caissier qui a éternué deux fois sur mon panier et qui avait l’air d’être à l’article de la mort. L’article de la mort, ce n’est pas la. La est bien un article, mais dans ce cas-là, c’est l’article comme dans articulus, et ça désigne un moment du temps, comme dans la locution latine in articulo mortis. Bon, vous savez que j’ai la digression facile, ce n’est pas une raison pour m’y pousser, je vous prie donc de bien vouloir cesser ceci.

Donc, si je vous parle du fait que je suis allé faire les courses, c’est pour amener doucement le fait que je suis revenu de faire les courses. Revenu de faire les courses ou revenu d’être allé faire les courses ? On s’en fout. Alors que je passais juste devant la vitrine de l’ancien garage citroën (oui, je mets pas d’accent aux marques, faites-vous une raison), devant laquelle je m’arrête toujours quelques secondes, fasciné par le magnifique stégosaure rouge en acier (prénommé Gustave) de Romain Lardanchet, j’ai entendu une énorme voix rauque se mettre à brailler. Et rauque rauque. Tom Waits à côté c’est un castrat. Il en avait dans les bronches, le gars. Ça portait. En quelle langue hurlait-il ? Vraiment, impossible de le dire. Mais pas besoin de le savoir pour comprendre que c’était pas des gentillesses qui sortaient de sa bouche. C’était une voix en colère, c’était une voix de révolte, une voix accusatrice et pleine de reproches. Était-ce un gilet jaune ? Non. C’était un homme, sans doute saoul, à l’allure de qui-vit-dans-la-rue. Il était sur le trottoir d’en face, devant le supermarché le moins cher, mais instantanément après s’être mis à gueuler, il s’est précipité vers le côté de la rue où je me trouvais, toujours braillant. Ça faisait longtemps que j’avais pas vu une rogne pareille. Bref, il a traversé la route et les voies du tram sans même regarder si un véhicule arrivait, m’est passé devant comme si j’étais pas là, s’est posté devant la vitrine juste à côté, une où on ne voit rien à travers, et, pointant d’un doigt mauvais son propre reflet dans le verre, s’est mis à gueuler de plus belle.

J’ai continué à avancer, un peu perdu dans mes pensées, mais arrivé à la moitié de la rue de Marseille, qui n’est pas courte, je pouvais toujours l’entendre hurler contre son image dans la vitre.

Ça fait réfléchir.

À demain.