#194 – Lyonniais #020 – Enfin seul

Ça y est, mon amie est partie pour vingt jours dans son pays natal. Je suis enfin seul, qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de tout ce temps et de tout cet espace ? Je sais ! Je vais pouvoir languir. Languir son retour. Peut-être pas tout de suite, mais à partir de demain certainement. Pourtant je me suis sacrément bien entraîné à rester seul, puisque j’ai été célibataire quatre années complètes avant de la rencontrer. Et je parle de célibat ferme, puisqu’en quatre années il n’y a eu qu’une seule aventurette d’une soirée. Négligeable diraient les mathématiciens, j’arrondis donc à quatre ans. Alors franchement, vingt jours, qu’est-ce que c’est ? C’est que j’ai dû vite prendre les mauvaises habitudes. En sept mois maintenant écoulés de relation, il s’est peut-être passé une trentaine de jours au total sans que nous nous voyions. Pas plus. Oh, riez, riez. Vous verrez quand ça vous tombera sur le nez, d’être aussi bien avec quelqu’un. Et appelez-moi ce jour-là, que je rie à mon tour. Car c’est toujours un véritable et risible spectacle chez les autres, bien qu’on ne voit pas le souci quand c’est à nous-même que ça arrive.

Enfin, corrigeons-nous un peu, j’aurais dû poser la question suivante : enfin seul, qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de plus ? Languir. Je ne m’interdis de rien faire en sa présence. Je ne vois rien d’autre car je ne suis pas rentré dans cette relation en renonçant à quoi que ce soit. Je ne gagne donc rien à l’absence de mon amie. J’y perds seulement quelques heures de rire, de discussions et de tendresse par jour. Ou alors si, à la rigueur, je vais pouvoir fumer à la fenêtre si je n’ai pas envie de descendre à la cour griller ma clope à minuit. Ah oui, je ne vous avais pas dit, j’ai recommencé à fumer pour la je ne sais combien-t-ième fois. Enfin bref. On n’est pas du genre à s’interdire des choses l’un·e-l’autre. Plutôt à s’encourager mutuellement et se réconforter. Mais je vais arrêter de vanter mon petit couple parfait, vous vous métriez à déprimer en pensant à l’imbécile avec qui vous partagez votre quotidien et au fait que vous avez vous-même choisi cette personne. À moins que la chose ne fut arrangée… Dans ce cas-là je suis bien sincèrement désolé pour vous. Il paraît que ça se fait toujours. Quant aux célibataires, comme je vous le disais j’en ai bouffé ma part. Solidarité.

Le seul véritable reproche que j’aurais à faire à mon amie, c’est de me laisser aller tout seul passer quatre jours dans ma famille pour noël. Ça, franchement, je ne l’oublierai pas. Enfin, si j’y survis.

Voilà pour vous lecteurs et lectrices. Maintenant, comme je sais que mon amie va lire le blog, je vais lui adresser quelques messages personnels qui ne vous regardent absolument pas et donc : je vous interdit formellement de lire la suite.

Allez tirez-vous, je vous dis.

Ma petite chérie, ce matin quand je suis rentré de t’avoir accompagné au covoiturage, je me suis rendormi et j’ai fait un rêve : je te parlais de musique, des vieux trucs, Brassens, Nougaro, et tu me répondais que de toute façon personne ne connaissait plus Nougaro aujourd’hui, même à Toulouse. Ensuite on se disputait fort en débattant de si les gens connaissaient encore Nougaro ou pas, moi je disais que oui, toi que non. Excédée, tu finissais par sortir prendre l’air toute seule. Ma famille, assise à table, qui assistait à la scène, me disait que c’était un peu normal, que je devais te saouler à force de te parler de culture française. J’ai voulu te courir après, mais j’étais en chaussettes. Donc j’ai pas pu.

Mon canard en sucre (afin de préserver un tout petit peu d’intimité, car je ne suis pas bien sûr que vous ayez arrêté de lire, les surnoms niais que l’on se donne ont été modifiés), après m’être levé, j’ai fait tomber un peu de chicorée sur le sol. Je ne pense pas la ramasser ce soir, mais plutôt demain. Quoique demain comme je vais faire du bénévolat toute la journée, je serai peut-être trop fatigué pour le faire. Je la ramasserai sans doute avant de partir lundi. Ou dans tous les cas, je l’aurai ramassée avant que tu rentres le 9 février.

Mon roudoudou des prairies, j’ai bien fini de faire les cadeaux pour ma famille. Mon compte bancaire est à -20€, tu as bien fait de faire les courses avant de partir. Comme je sais que tu veux que je mange bien même pendant ton absence, ce soir je vais finir le bocal d’olives et si j’ai encore faim je me ferai des nouilles chinoises, pour un repas équilibré.

Ma cerise des déserts d’Arabie en fourrure, quand je suis sorti acheter les cadeaux tout à l’heure, j’ai oublié d’éteindre le chauffage. Heureusement, l’appartement n’avait pas brûlé à mon retour. Heureusement aussi, je n’avais pas oublié de prendre mes clés. Mais tu t’en doutes, sinon je ne pourrais pas t’écrire ces messages, surtout que j’avais oublié de prendre mon portable.

Ma colonne de temple grec en saumure, je vais m’arrêter là parce que je suis sûr que ces fumiers de lecteurs et de lectrices n’ont pas du tout arrêté de lire, alors le reste je te le dirai au téléphone tout à l’heure. De toute façon comme tu peux le voir, ici tout va bien.

Bisous, je t’aime.

P.S. : Je viens à l’instant de faire tomber le bol dans lequel j’avais mis tous les noyaux d’olives par terre. Promis, je l’aurai nettoyé avant ton retour.

#193 – Lyonniais #019 – Maurice Tézenas (1/1)

On me fait parvenir quelques mots d’encouragements, on me refile des tuyaux pour ne pas lasser ni me lasser moi-même en tenant le blog quotidiennement. Merci beaucoup à vous, ô ânmes charitables. On m’invite à traiter des sujets qui resteront les mêmes pour une semaine ou un mois, et on me propose même un thème exemple (choisi aléatoirement) ! Comment refuser cette aide après m’être apitoyé sur mon sort ? Je ne le peux décemment pas, et comme je n’ai pas beaucoup de temps car ce soir je veux passer du temps avec mon amie qui s’en va demain pour presque un mois, je ferai comme l’élève à qui l’on donne un exemple pour un exercice d’invention et qui, au lieu d’en conserver la méthode et de trouver son propre sujet, garde le sujet de l’exemple et ignore la méthode.

Le thème est donc… suspense… sauf pour ceux et celles ayant lu les commentaires sous l’article d’hier… Maurice Tézenas ! (et puis au final je l’ai mis dans le titre, y a vraiment rien à sauver…) Et je le traiterai non pas tout au long de la semaine, mais simplement aujourd’hui. D’ailleurs, je suis tellement pressé que je vais simplement vous restituer de mémoire ce que j’en ai appris sur Wikipédia. C’est parti.

Maurice Tézenas n’est, à la surprise de celles et ceux qui lisent trop vite, pas né à Pézenas et n’a donc pas connu Molière à sa naissance. D’autant qu’il vécut à cheval entre le XIXe et le XXe siècle car, même si cela peut sembler étrange à la jeunesse d’aujourd’hui, le cheval était encore le principal moyen de locomotion à cette époque. Où était-il né si ce n’était pas à Pézenas ? Eh bien, à Montbrison ! Étrangement quand j’ai lu Montbrison, j’ai pensé « prison de Montbrison », mais franchement je ne saurais pas vous dire pourquoi. Sans doute est-ce la rime riche.

À quoi donc Maurice occupait-il ses journées ? Il était avocat. Ceux qu’on trouve au tribunal évidemment, ce n’est pas parce que j’ai fait deux mauvaises blagues au début du paragraphe précédent que je vais me permettre de dire qu’il était un fruit climactérique originaire du Mexique. Ça n’aurait aucun sens puisque je viens de vous l’expliquer, il était né à Montbrison. Montbrison… La prison de Montbrison… Après une brève recherche je me rends compte que non, définitivement, il n’y a toujours rien de particulier concernant cette prison, qui d’ailleurs fut fermée il y a bien longtemps. Enfin, on va pas y passer la soirée. Maurice était avocat et défendit acteurs, chanteurs, écrivains, journalistes, libraires, autant que magistrats, hommes politiques de tout bords, militaires et nobles. Je vous laisse en tirer vos propres conclusions.

Il se fit démarcher par les boulangistes, qui sans doute pensaient que les boulangers étaient les mieux à même de gouverner la République (je ne sais pas, je n’ai pas eu le temps de regarder la page Wikipédia les concernant) mais il ne répondit pas à leur appel, ayant certainement quelque préférence pour les pâtissiers, ce qui laisse à penser que le monsieur était un peu élitiste sur les bords.

On apprend également qu’il fut avocat pro bono du commandant Esterhazy. Mais est-il nécessaire que je fasse une blague au sujet du groupe U2 ? Je ne sais pas, ç’aurait sans doute était préférable au fait d’avouer qu’à l’époque où l’on abordait l’affaire Dreyfus en cours d’histoire, je devais sans doute encore dessiner de zizis dans les marges, j’aurais eu l’air moins bête, car ce commandant Esterhazy, je ne sais absolument pas de qui il s’agit.

La prison de Montbrison… Mais si ! La prison de Montbrison, c’est la prison qu’attaqua Louis Mandrin pour en libérer les prisonniers afin de grossir les troupes de son gang de contrebandiers ! Ah Mandrin, lui c’était pas n’importe qui ! Lui il a une chanson à son nom, la complainte de, que ça s’appelle, pas comme ce Maurice Tézenas qui mourut comme un con dans son château à Bligny ! Ah, eh ben, ça valait le coup d’être avocat ! Faut qu’un mec se plaigne de pas savoir quoi raconter sur son blog pour qu’on se souvienne de vous. Remarquez, les avocats sont utiles. J’aimerais pas me retrouver devant un juge dans un pays où il n’existe pas d’avocats. C’est un coup à finir sur la roue.

Bon, sinon, si vous voulez un bon article sur la prison de Montbrison, c’est ici que ça se passe, et c’est aussi là que j’ai retrouvé pour quelle raison j’associais les deux mots, je vais pas faire semblant de m’en être souvenu tout seul, ce serait vraiment pas beau.

Demain nous parlerons de tout à fait autre chose, mais merci Feldo, c’est encore une note de torchée grâce à toi.


#192 – Lyonniais #018 – Faudrait que je trouve de meilleurs titres, mais pour m’inspirer il me faudrait de meilleurs textes

Seulement comment écrire de meilleurs textes quand on s’impose d’en publier un chaque jour, sans pour autant s’autoriser à en écrire d’avance les jours où l’on a la verve en érection ? [riez]

L’une des solutions possibles serait d’y consacrer plus de temps. Combien d’heures est-ce que je prends chaque jour pour rédiger ces articles ? Une à trois, selon ce que j’ai à dire où s’il me faut ou non me documenter pour ne pas trop raconter de conneries. Quand c’est une je me réjouis, quand c’est trois je ne me félicite pas ; c’est trop pour une activité journalière qui n’est qu’un entrainement à la discipline et à développer une certaine aisance dans l’agencement des idées et des mots (pratique dont je ne compte même pas faire carrière même si, ne nous mentons pas, si on me proposait une petite chronique hebdomadaire où mensuelle rémunérée dans un média qui me plaît à peu près, je ne refuserais sans doute plus aujourd’hui). Une heure et demie devrait être un grand maximum.

Une autre solution serait de choisir une thématique dont je ne m’éloignerais jamais. Au moins la question du sujet ne se poserait plus chaque jour. Par contre je risquerais d’être vite bloqué niveau connaissances car il n’y a pas véritablement de domaine dont je sois un grand spécialiste. L’avantage serait également d’attirer un public particulier, au lieu d’être tellement dispersé que personne ne se sent réellement concerné. Mais c’est comme ça, je suis de nature à picorer un émerveillement par-ci, une colère par-là, une tranche de vie à gauche, un texte absurde à droite, des questions sans réponses un peu partout et des digressions dans tous les coins. Ça se ressent certainement dans ce que j’écris. D’ailleurs, si les quelques lectrices et lecteurs fidèles à mon blog s’y retrouvent, c’est sans doute qu’elles et ils me ressemblent un peu.

Car évidemment, même si je fais tout ça pour moi en premier lieu, je ne manque pas de m’interroger sur l’intérêt que peut avoir la note que je suis en train de rédiger pour un·e éventuel·le lecteur·lectrice. Et je dois avouer que je n’en trouve pas souvent. Je me dis alors tant pis, et je me dis aussi on verra bien, et puis je me dis encore je n’ai rien promis à personne. Je pense honnêtement que c’est la meilleure technique pour ne pas simplement abandonner. C’est vrai, j’aurais aimé que ce blog foisonne de textes sur la musique, l’image qui bouge ou pas et les jeux, de portraits, de réflexions, d’impressions, d’appels à la curiosité, de points de vue décalés, de franches rigolades, de sourires en coins, et de tout ce que vous pouvez imaginer, en même temps que d’être un témoignage de l’époque et du petit coin de terre au cœur desquels il s’est fabriqué… Mais je n’ai pas une vie assez pleine d’activités variées et continuellement renouvelées pour ne pas me retrouver deux jours sur trois avec seulement mon absence d’inspiration à mettre en scène. Alors je continue, et puis on verra bien, et de toute façon je n’ai rien promis à personne. Vous voyez ? Ça marche.

Une troisième solution serait de poster moins souvent. Une fois par semaine, une fois par mois… Mais c’est franchement une mauvaise solution. Si je me mets la pression tout seul pour publier chaque jour une note, je me l’enlève d’un autre côté par le fait que c’est une bonne excuse pour ne pas produire quoi que ce soit de haute qualité. Si j’avais plus de temps devant moi, il faudrait au moins que j’assure de ce côté-là, et ça je ne sais pas bien si je serai capable de le supporter. C’est que je ne me fais pas trop d’illusion ni sur ma non-forme ni sur mon non-fond. D’autant que c’est en faisant qu’on a une toute petite chance de devenir bon à faire ce qu’on fait, ça je tente de ne pas l’oublier non plus. Remarquez, si je ne faisais rien, je deviendrai donc bon à ne rien faire, ce qui est très légèrement mieux que de n’être bon à rien, mais vraiment très légèrement. Plus sérieusement, si je n’écrivais pas tous les jours, je pense que je n’écrirai quasiment jamais.

Lecteur ou lectrice, tu dois bien te demander ce que tu fous là, sur le blog d’un blogueur qui ne sait lui-même pas vraiment ce qu’il fait là. Peut-être qu’au bout de cent et quelques articles, tu commenceras à en avoir une petite idée, ou peut-être que tu te rendras simplement compte que tu as perdu un temps précieux à lire les conneries de cette pauvre andouille de Lyonniais. Lire les écrits d’un écriveur qui ne sait ni ce qu’il veut écrire, ni pourquoi il tient tant que ça à écrire, ça me rappelle l’aphorisme suivant, qui n’en est pas vraiment un, tiré d’un recueil d’aphorismes (par ailleurs pas terrible) de François Rollin, et on se laissera là-dessus :

« Jouir, d’accord, mais dans quel but, exactement ? »

#191 – Lyonniais #017 – Allo ? Tu vas pas me croire !

Aujourd’hui, j’ai été contacté par la police. Je vous rassure toute de suite, ce n’est absolument pas vrai, mais ayant passé ma journée à dormir, manger, étendre le linge ou mixer de la courge, il faut bien que j’invente quelque chose. Veuillez donc me faire l’obligeance d’imaginer que tout ce qui va suivre est vrai. Aujourd’hui, je disais donc, j’ai été contacté par la police. Alors que je mixais bien tranquillement une courge, sifflotant l’air connu ∼Bad boys, bad boys, watcha gonna do ? Whatcha gonna do when they come for you∼, mon téléphone sonna soudainement. Oui, alors là j’essaie de mêler le faux et le vrai pour donner plus de crédibilité à mon récit. Je ne sais pas si c’est très réussi, vous me direz. Je sifflotais, donc, et mon téléphone sonna soudainement. C’était en effet cette sorte de coups de téléphone qui sont soudains. Il y a des coups de téléphone qui arrivent plutôt progressivement, voire même en vous prévenant un peu à l’avance, mais là non. Je lâchai donc, surpris, ma courge et mon mixeur à bras pour répondre, non sans m’être bien essuyé les doigts auparavant. Je précise qu’il s’agit d’un mixeur à bras car les mixeurs qui ressemblent à des sortes de carafes avec une hélice au fond ne méritent franchement pas qu’on les appelle mixeurs. Pourquoi ? Parce que la plupart du temps ils ne mixent rien de ce qui se trouve sous l’hélice, mixent à peu près bien ce qui se trouve au niveau de l’hélice sur une tranche de, disons, un centimètre et demi, et ne mixent  toujours rien de ce qui se trouve plus haut que l’hélice. Enfin, sauf si le mélange est assez liquide, évidemment. Ça marcherait donc sans doute assez bien pour la soupe de courge, mais pour du houmous ou de la purée de cacahuète, excusez-moi, mais c’est un non ferme et définitif. Avec un mixeur à bras, a contrario, on mixe tout. Vous allez me dire que pourtant j’ai explosé mon mixeur à bras quasiment neuf il y a quelques jours à peine en réalisant une purée de cacahuètes —et là nous sortons un peu de la fiction mais il y a des choses qu’on ne peut pas s’interdire de dire sous prétexte de divertir le lecteur ou la lectrice, non vraiment, c’est ma conviction intime, il y a des questions trop importantes pour être évitées et sur lesquelles on se doit d’être transparent vis-à-vis de son lectorat, et je crois, vous me contredirez si vous pensez que je me trompe, qu’il s’agit là d’une de ces questions—, et vous aurez raison. En effet, mon mixeur à bras quasiment neuf à explosé de l’intérieur il y a quelques jours dans une grande odeur de plastique brûlé, me laissant face à un demi kilo de poudre de cacahuète à peine collante et parsemée de gros morceaux. Seulement, c’était peut-être uniquement un problème sur cette série de mixeurs, et je continue de croire qu’il vaut mieux, dans tous les cas, utiliser un mixeur à bras qu’un mixeur en forme de carafe avec une hélice au fond. Que ce soit pour une soupe de courge, pour un houmous ou pour une purée de cacahuètes. « Allo ? fis-je. – Oui allo, c’est la police. – C’est pourquoi ? – Eh ben euh, voilà, on est bien embêtés avec mon collègue, mais le chef nous a demandé de vous demander d’agir un peu plus en adéquation avec votre apparence. – C’est-à-dire ? – Eh ben euh, vous avez les cheveux longs, vous êtes barbu ou au mieux mal rasé, vous vous habillés – « habillez » – Oui, habillez, pardon, en loques et vous passez votre temps à lire des articles de journalistes gauchistes soixante-huitards aux terrasses des cafés en fumant des cigarettes à rouler de la marque Pueblo. – Vous êtes bien renseignés, mais quel est le problème ? – Eh ben euh, c’est que, quand vous passez à côté des manifs, nous, on ne sait plus si on doit ou non vous taper dessus. – Mais, je ne vais quand même pas mettre un gilet jaune pour vous faire plaisir ? – Peut-être pas un gilet jaune, d’autant que la plupart sont des travailleurs ou de droite et que vous vous ressembleriez plutôt à un clochard, mais une petite banderole « étudiants en colère » au moins… – Bon, écoutez, ça va bien maintenant. Déjà que je reste au RSA pour coller à l’image que mes parents se font de moi ! Je ne peux rien faire de plus pour vous. Au revoir messieurs ! » Et je raccrochai. À dire tout à fait vrai, je ne sais pas pourquoi j’invente cette histoire de police, bien que (j’en suis sûr) elle ne vous ait pas laissé insensibles, car ce matin avant de me rendormir et puis de manger et de mixer la courge et d’étendre le linge, je suis également aller faire un bilan de la vue chez l’ophtalmologue. Et là, attention l’aventure ! Quelle ne fut ma surprise quand lisant mon ordonnance pour de nouveaux verres, je découvris que ma myopie s’était semble-t-il améliorée ! Le médecin ne m’ayant pas touché un seul mot durant tout l’entretien, je ne savais pas trop qu’en penser. J’ai été cependant vite déçu en lisant sur internet que ce n’était certainement pas le cas et qu’on m’avait sans doute sur-corrigé par le passé. Ou alors que c’est quelque chose de beaucoup plus grave. Non, tout bien réfléchi j’ai eu raison d’inventer cette historiette, je sens que vous vous en souviendrez longtemps. Allez à demain.


#190 – Lyonniais #016 – Voilà qu’il nous refait son cinéma

« Qu’est-ce qu’il faut faire, chantait Nino Ferre, quand on ne sait rien faire ? On devient un homme à tout faire, on a les embêtements les plus divers. » Eh bien, à mon tour, je pose la question : qu’est-ce qu’il faut dire quand on n’a rien à dire ? Et j’ajoute : on devient un homme ou une femme à tout dire, on a les embêtements les plus divirs.

Eh oui, à peine plus de deux semaines à tenir ce blog et je ne sais déjà plus quoi raconter. Je me demande comment j’ai tenu sur plus de 170 articles sur Montpelliérien.com. En disant tout et n’importe quoi sans doute, mais je ne suis pas assez masochiste —pourtant je le suis— pour relire tout ça et élucider ce mystère qui ne taraude que moi. Alors voilà, aujourd’hui, je vais raconter ce qui me passe par la tête à mesure que ça vient, tout et n’importe quoi, car avec mon amie nous avons dans l’idée de nous faire un petit ciné ce soir si j’en termine assez rapidement avec le blog. Eh ben, vous dites-vous, pour quelqu’un qui dit ne jamais aller au ciné, ça va devenir une habitude ! C’est qu’avec des places à 4€ pour les assistés du RSA que nous sommes, ça devient attractif. Qu’allons-nous y voir ? Nous n’en savons rien. Nous n’avons pas regardé ce qui est à l’affiche. Un autre film coréen ou un film japonais me tenterait bien. À ce sujet, quand je vous exhortais pour rire à ne pas regarder The Spy Gone North dans mon article critique sous prétexte que ça manquait d’urètres, c’était pour rire. Je viens de vous le dire. Suivez.

Ce qui est bien avec le cinéma, c’est qu’il y a à la fois les images, à la fois le son et la musique, et à la fois l’écriture. Ce qui nous donne trois raisons de nous plaindre à la sortie du film. Et qu’est-ce qu’on aime ça, se plaindre ! Les petits malins et les petites malignes (si vous n’êtes pas sûres·s du « gne », vérifiez sur internet, c’est encore une de ces sources inépuisables de débats, moi je n’ai pas le temps pour ça. Au passage, en allant copier le « es·s » d’un ancien article pour le coller dans celui-ci —car je suis un masochiste fainéant, je me fouette mais j’ai le bras mou— je m’aperçois que j’avais écrit « malines·s. » Que voulez-vous, je suis systématiquement incohérent. Où j’en étais ? Ah oui, fermons la parenthèse.) qui ne le sont pas tant que ça dirons qu’il n’y a pas d’écriture dans un film. Mais moi je vous assure que si. Et je ne parle pas des sous-titres ou des génériques. D’ailleurs, pour peu qu’on en ait vu assez, on peut très bien ne voir qu’un long script qui se déroule quand on regarde un film.

Hein ? C’est vrai. Je me contredis encore car je vous avais assuré ne pas m’y connaître en cinéma. Me voilà pris à mentir. Disons que, des films, j’en ai vu une chiée dans ma jeunesse, mais je n’en regarde plus beaucoup depuis sept-huit ans. Et quand je dis que j’en ai vu, je matais surtout ceux qui me passaient sous le pif ou ceux dont des amis·es me parlaient, mais je n’ai jamais véritablement fouiné du côté des classiques, noir et blanc, muet, bien que j’en ai quand même également vu dans le tas… enfin bref, je n’ai jamais développé un savoir encyclopédique du cinéma en tant qu’art, avec son histoire, ses techniques, ses génies et ses humbles artisans. Cela dit, en écriture, je m’y connais un peu, et en mise en scène également (c’est souvent le cas pour les enfants des années 80 qui nous sommes tapés de l’audiovisuel non-stop depuis la naissance —pour peu que nous ayons un peu pratiqué l’analyse d’œuvres au lycée ou à la fac, nous sommes de vrais pro—) et je peux vous dire que devant la plupart des films qui me passent sous le nez, ou devant les yeux plutôt, je me fais super chier parce que, justement, je ne vois qu’un script si cliché et des dialogues si plein d’informations —qui ne sont que des clés pour deviner à l’avance ce qui va se passer dans les trente prochaines minutes— que les images et la musique me passent souvent au dessus de la tête car elles ne font que réitérer un message qu’on avait déjà reçu. Alors, je m’agace sur mon siège, je m’impatiente. Chaque lumière, chaque plan, chaque note sont si souvent tellement pleines d’intentions qu’on n’est plus surpris par rien quand le dénouement arrive. Tout nous est annoncé, faudrait jamais qu’on soit dans le flou on dirait. Ben moi je veux être dans le flou. Je veux ne pas comprendre tout à chaque instant et trois plombes à l’avance. Je veux me laisser le temps de ressentir, de développer des émotions devant une belle photographie, devant un grain d’image, je veux que mes sens soient frappés. Je veux être surpris.

Si la tendance actuelle n’allait pas à l’opposé de ça, je serais sans doute moins demandeur de ce genre de cinéma, et on pourra d’ailleurs me dire que ce style de films existe et qu’il ne tient qu’à moi de les regarder. On pourra également me dire qu’après avoir maté The Spy Gone North et écrit que je l’avais beaucoup aimé car tout n’était que dialogues, c’est un peu fort de chicorée. Ah oui ? Et bien, je vous l’ai dit, je ne suis que contradiction. Et comme j’avoue n’être que contradiction, que voulez-vous bien m’opposer maintenant ? Que parfois je suis cohérent ? Ah ! Si vous faites ça, vous allez être bien embêtées·s , car je vous répondrai encore qu’en étant cohérent je contredis le fait de n’être que contradiction, et un grand trou noir s’ouvrira sous nos pieds et engloutira le monde. C’est ça que vous cherchez ? Allons, soyez raisonnables. Taisez-vous donc, ça vaudra mieux pour tout le monde.

Bon, voilà pour aujourd’hui. Je n’ai peut-être pas tout dit, mais j’estime n’avoir pas lésiné sur le n’importe quoi. C’est déjà la moitié du contrat de rempli, ce dont je me satisferai car, décidément vous n’écoutez rien il faut tout vous répéter, je suis un fainéant. Allez, c’est tout pour moi. À demain.


#189 – Lyonniais #015.1 – L’œil de Sauron

Il y a quelques heures, j’écrivais : « PAUSE FORCÉE : Pas d’internet. Enfin, pas souvent. On reprend dès qu’on a du réseau plus de cinq minutes par jour. » Il y a quelques minutes, je vois Feldo, ami et lecteur, et fouine et surveillant pénitentiaire, commenter depuis son mirador : « Et sinon, Graveyard Keeper, c’est bien ? » Qu’est-ce que Graveyard Keeper me demandez-vous ? En fait ça n’a aucune importance, c’est un jeu sans flingues ni explosions ni voitures, mais pas top pour autant. Non, mais vraiment, ce n’est pas le sujet. Pourquoi on en parle alors ? Et surtout que signifie ce commentaire ? Je vais vous le dire. Ce commentaire, c’est une tête de cheval dans mon lit au réveil. C’est le téléphone qui sonne et personne au bout du fil. C’est le message d’un vieux marin pêcheur que personne ne voit car chacun·e est trop occupé·e à suivre le cours et qui dit : « je sais ce que tu as fait l’été dernier. » Voilà. C’est Feldo qui me fait savoir qu’alors que je disais ne pas avoir internet, il m’a vu connecté sur Steam et jouer à un jeu très récemment téléchargé.

Vous savez, moi, je parle sans qu’on me torture. On me demande ce que je trafique, je réponds mêlez-vous de vos oignons, puis on tousse un peu fort et alors je déballe dans le détail ce que je suis en train de faire en partant de la minute où je me suis levé, ce que j’ai mangé le matin et sans oublier la température de l’eau de la douche que j’ai prise avant de sortir de chez moi. Surtout, je veux éviter le bad buzz si nuisible à mon image de marque. On sait comment ça commence, « il a dit qu’il avait pas internet et on l’a vu sur internet » glissé discrètement sur le blog, puis c’est repris sur reddit, puis twitter, enfin m6 fait un reportage et le scandale finit par éclater sur facebook. Alors voilà, je vais tout vous expliquer, mais je vous préviens : ça va être chiant et à la fin vous préfèrerez sans doute n’en avoir jamais rien su.

Hier, à 18h30, je rentre d’une seconde journée d’affilée de onze heures bénévolat (à l’endroit dont je vous ai déjà parlé ici), je suis crevé, mais mon nouvel ordinateur (dont je vous ai parlé ici) est arrivé. Super. Enfin, il me reste encore la note de blog à écrire et à faire à manger, mais je me dis qu’ensuite je pourrais me détendre un peu en regardant ce que ce PC à dans le bide. J’ouvre mon ancien ordi : plus de réseau (comme je vous en parlais ici). Génial. Donc non seulement je n’allais pas pouvoir rédiger ma note de blog, mais en plus je n’allais sans doute pas non plus pouvoir configurer mon nouvel ordinateur lors du premier allumage, puisque aujourd’hui pour configurer la moindre liseuse il vous faut impérativement un accès à internet. Bon, j’abandonne l’idée pour un temps. Deux heures plus tard je me dis que ce serait trop con de ne pas tenter quand même. J’allume le nouvel ordi, il me demande impérativement une connexion. Dépité, je tente par hasard ce wifi qui porte le même nom que celui qui a disparu et que j’utilise d’habitude à la seule différence qu’il est suivi de « -5GHz ». Et pouf. Ça marche. Me voilà confus. Surtout que je m’aperçois d’un nouveau problème.

Mon ancien ordinateur ne peut pas se connecter à ce wifi d’un type inconnu pour une antiquité de son espèce, mon nouvel ordinateur le peut. Mon ancien ordinateur à tous mes mots de passe enregistrés et cela fait bien longtemps que je n’ai plus eu à en mémoriser un seul, mon nouvel ordinateur, lui, ben mes mots de passe, ils ne les connait pas. Me voilà donc avec un ordinateur qui ne me permet pas de les retrouver bien qu’ayant accès (par intermittence également, mais plus souvent que l’autre) à internet, et un autre qui me permettrait d’accéder au blog, mais sans connexion internet. Et vous savez où on en est aujourd’hui, des récupérations de mots de passe ? On en est au stade où plus personne n’a la capacité de se souvenir des vingts mots de passe uniques dont on a besoin chaque jour, ainsi qu’au stade où si vous n’avez pas accès à votre machine habituelle on va vous dire « alerte de sécurité-un appareil inconnu a tenté de s’introduire dans la batcave. » J’ai 5 adresses e-mail différentes que j’utilise pour mes divers projets, dont chacune est l’adresse de référence d’une autre, et si je n’ai pas accès à la principale, il y a de fortes chances que je n’aie accès à rien du tout. Et c’est bien ce qui s’est produit. Impossible de me connecter au blog.

J’ai donc profité de mon nouvel ordinateur pour télécharger quelques jeux auxquels il m’était impossible de jouer sur l’ancien et dans l’optique de pouvoir quand même m’amuser un peu devant un écran si je devais à nouveau me retrouver sans internet, sachant que je vais passer trois semaines seul, mon amie retournant dans son pays pour les vacances. C’est pas que je sois accro aux écrans, mais… et puis de quoi je me mêle, hein ? Bon. Enfin voilà, le mystère est résolu. Ça vous a plu, hein ? Ça valait bien une aventure de Hanshichi ou une nouvelle d’Edogawa Ranpo. Enfin, je dis résolu… J’ai en effet résolu le problème du mot de passe m’ouvrant les portes du blog su mon nouvel ordi, mais je n’ai toujours pas récupéré ceux de la plupart des autres services en ligne que j’utilise. Je ne désespère pas que la voisine avec qui on partage la connexion rentre chez elle lundi et procède à un reboot de la box. D’autant que même la version 5GHz disparaît également des radars de temps en temps.

Ça c’est des nouvelles de la France comme on ne s’y attendait pas en ce samedi de manifestations hein ? Alors que certains et certaines ont versé toutes les larmes de leur corps, avalés et lées qu’ils et elles étaient par les nuages de lacrymo, moi, la seule chose qui m’ait fait chialer c’est que sur les putains d’ordinateurs Fenêtres, on ne puisse pas taper directement des putains de é, è, ç, à et ù majuscules. Ouais, ça mériterait une bonne révolution ça aussi. On se tape des saloperies de claviers différents du reste du monde à alphabet latin, et ils sont pas foutus de nous trouver une façon simple d’accéder justement aux seules quelques lettres un peu particulières de notre langue ? C’est pas se foutre de la gueule du monde ça, sans déconner ?

Raccourcis pour un ordinateur portable
Il faut connaître les codes ISO 8859-1 pour certains caractères :
À : 0192   
É : 0201   
È : 0200   
Ù : 0217
Puis, sur le pavé numérique, suivre la procédure suivante :
– tenez la touche [Alt] enfoncée ;
– tapez les 3 ou 4 chiffres du code sur le pavé numérique ;
– relâchez la touche [Alt], il ne se passe rien ;
– tapez sur la touche [Entr] du pavé numérique, la lettre désirée apparaît.

C’est une honte, un véritable scandale ! Hein ? Ah, mon amie me dit : « si c’est ça ton seul problème, c’est que t’as vraiment une belle vie ». Hmm. Je suis bien d’accord. J’ai franchement une belle vie. Vous aussi ça vous gonfle de me voir râler pour des bêtises comme ça ? Allez donc vous plaindre à Feldo. S’il n’était pas venu me titiller avec ses méthodes du KGB, vous n’auriez pas perdu un temps précieux à lire ces conneries. Quant à moi, je le remercie quand même un peu parce que franchement, wifi ou pas, j’avais aucune idée de ce dont j’aurais bien pu vous causer aujourd’hui.

Allez, à demain.

#187 – Lyonniais #014 – Fait un peu chaud ici, trouvez pas ?

Dehors, -2°C. Dedans, les esprits s’échauffent autour du repas. Et —comme c’est pas souvent par chez nous je préfère préciser— le pinard n’y est pour rien, puisqu’il n’y en a pas sur les tables. Comprenez rien ? J’explique.

Je fais chaque semaine un peu de bénévolat dans une association située dans une ville proche de Lyon. On y récupère des dons qu’on revend au bénéfice de l’association dont le but est de venir en aide aux personnes se trouvant dans des situations difficiles. J’entre pas plus dans les détails. Moi, je m’occupe des bouquins avec une dizaine d’autres personnes. C’est sympa. Aujourd’hui, par exemple, en mettant un peu d’ordre dans les livres de poche à la vente, j’ai découvert que nous avions Les yeux jaunes des crocodiles de Katherine Pancol en 12 exemplaires. Il nous en arrive toutes les semaines, « et pourtant on en jette ! » me confesse une autre bénévole officiant depuis bien plus longtemps que moi. Douze exemplaires sur les bras depuis Cavanna sait quand, vous vous rendez compte ? Alors qu’on peut parfois faire jusqu’à 200€ par jour à base de 2€ les trois livres de poches. Si c’est pas malheureux pour la forêt, tous ces bouquins qui vont partir à la benne… Seules·s quatre autrices et auteurs arrivent à la cheville de Mme Pancol en ce qui concerne les petits formats qui nous sont donnés par cartons entiers et dont personne ne semble vouloir (ou dont la masse produite et le débit auquel ils nous arrivent ne nous permettent pas de les écouler, soyons pas mauvaise langue) : Isabel Wolff, Douglas Kennedy, Françoise Bourdin et Christian Jacq. Je ne parle que des livres de poche, sinon vous pouvez ajouter Mary Higgins Clark, Patricia Cornwell, Tom Clancy et Didier Van Cauwelaert à la liste. Et Danièle Steel. Il nous en arrive par pleines brouettes, sauf que ses bouquins à elle sont très vite vendus. Vous en connaissiez parmi ceux et celles que j’ai cités·es ? Moi je n’ai jamais lu aucun·e de ces auteurs·autrices. J’en suis pas fier hein,  je me demande juste comment j’ai pu passer à côté d’aussi gros·ses vendeurs·euses tout ce temps, et même pour certains·es ne jamais entendre leur nom avant de « bosser en librairie. »

Ceux-là n’ont pas eu le temps de prendre la poussière sur les étagères de la boutique puisqu’ils sont partis direct à la benne à ordure.

Enfin bon, c’était pas de ça que je voulais vous parler. Je reprends.

À midi tout le monde bouffe ensemble dans une grande salle, les bénévoles comme celles et ceux qui bénéficient du soutien de l’association. C’est sans doute supposé créer des liens entre nous. Ça marche pas bien. Doit y avoir une centaine de personnes qui prennent là leur repas au même moment.

Les non-bénévoles ont pas vraiment choisi d’être ici. Disons que la vie les a menés là. Restent sur place au moins 14/24h, 5/7j. Mangent là, logent là. Je vais tout mettre au masculin parce qu’il y a beaucoup de ceux qui ont des couilles et peu de celles qui ont des ovaires. Donc, dans tout ça y a ceux qui causent beaucoup, y a ceux qui se taisent. Y a ceux qui se marrent, y a ceux qui font la gueule. Y a ceux qui s’entendent bien, y a ceux qui peuvent plus se sentir. Y a ceux qui aimeraient que ça se passe bien, y a ceux qu’en ont rien a foutre. Y a ceux qu’ont vingt-cinq ans, y a ceux qu’en ont soixante. Y a ceux qui sont pieux, y a ceux qui pissent sur dieu comme sur le diable. Y a ceux qu’ont été séparés de leur famille, y a ceux qu’en ont juste plus de famille. Y a ceux qu’ont leur papiers, y a ceux qui en cherchent. Y a ceux qui veulent bosser, y a ceux que ça fait chier.

Les bénévoles c’est l’inverse. Vont et viennent quand ça leur chante. Ont décidée d’être là, rentrent à la maison quand z’en ont marre. Y a beaucoup de porteuses de vagin pour très peu de porteurs de verge, alors j’y vais au féminin. Y a donc celles qui ont des cheveux blancs, pis y a celles qu’ont des baskets aux pieds. Y a celles qui pensent avoir raison, y a celles qui essaient de comprendre. Y a celles qui viennent raconter leur vie, y a celles qui viennent écouter qui en a besoin. Y a celles qui posent des questions embarrassantes, y a celles qui écoutent seulement qui prend l’initiative de se confier. Y a celles qui pensent donner mais qui demandent beaucoup, y a celles qui, conscientes d’avoir un intérêt à être bénévoles, font bien attention de ne pas prendre plus qu’elles ne donnent. Y a celles qui parlent de tout le monde, y a celles qui parlent à tout le monde. Y a celles qui décident pour tout le monde, y a celles qui font attention à ce que personne ne vire petit chef.

Vous voyez bien comment ça peut vite chauffer. Et ça chauffe. Entre bénévoles, entre non-bénévoles, entre bénévoles et non-bénévoles. Entre tout le monde et les responsables. Y a des sensations d’injustice. Y a ceux dont on fête le départ avec des petits fours et des gâteaux, y a ceux dont on fête le départ avec des chips et des crackers. Y a celles qu’on vire pour une cannette de bière retrouvée dans la chambre, y a celles qui restent après s’être faites gauler pour plus grave. Y a ceux qui reprochent à ceux qui reprochent certaines choses à certains de foutre une ambiance de merde, et y a celles qui s’entendent avec tout le monde sauf avec celles qui ne font pas en sorte de s’entendre avec tout le monde.

Saupoudrez le tout des troubles sociaux qu’on vit en ce moment, auxquels personne ne semble apporter de solution satisfaisante en même temps que chacun·e a sa bonne idée de qui est responsable, d’où ça nous conduit, et de comment régler l’affaire. Ajoutez un zeste d’attentats. Laissez mijoter. C’est prêt, pouvez servir.

Hein ? Ah oui, merde. J’ai complètement foiré mon filage de métaphore de la température qui augmente en passant à la recette de cuisine… Eh ben tant pis, z’avez qu’à faire mieux si vous êtes si malines·s.

#186 – Lyonniais #013 – Moi je voulais pas, c’est la société

Dans à peine plus de six mois, mon ordinateur portable aura dix ans. Il y a un peu moins de six mois mourrait mon téléphone portable qui avait sept ans. En voit-on encore de nos jours des longévités comme ça dans le petit monde de l’informatique ? M’étonnerait. Quand j’ai voulu choisir quel nouveau téléphone acheter pour remplacer l’ancien, les avis en ligne qui notaient la longévité dans la colonne points positifs étaient tous suivis de commentaires qui expliquaient comment leur machine avait tenu deux ans ou trois. Génial. Bon ben voilà, aujourd’hui j’ai acheté un nouvel ordinateur.

Quoi, j’ai même pas attendu que l’autre me claque dans les doigts ? Non. J’ai pas attendu. J’ai pris les devants. Mon téléphone m’a appris qu’avec un vrai matériel de qualité les performances ne diminuent pas petit à petit, non, le matos cède d’un coup d’un seul. Pouf, écran noir. Tu l’avais pas vu venir. Il te reste combien dans ton porte-monnaie ? Dommage. Donc, j’ai pas attendu, j’ai voulu éviter la grande merde qui serait sans doute tombée en période de disette financière, chanceux comme je peux l’être. J’avais le pognon pour une fois (chèques cadeaux reçu pour mon anniv, suivez, croyiez pas que j’étais allé bosser quand même ?), alors j’en ai acheté un. Pas la même marque que l’ancien, pas le même prix non plus. Je veux dire que le nouveau n’est pas de chez Pomme, parce que je voulais plus filer de pognon à ces connards (le téléphone qui a tenu sept ans était de chez eux aussi). Résultat, j’ai choisi un modèle chez un gros constructeur bien énorme avec dessus installées les Fenêtres de Monsieur Portes, là y a carrément pas plus énorme. Quelles différences entre Pomme et Fenêtres ? Aucune qui me fasse franchement me réjouir d’avoir choisi l’un plutôt que l’autre. Les deux font sous-traiter chez d’autres grosses boîtes qui font bosser des employés sous-payés dans des conditions de merde et contribuent à pourrir la planète, ne serait-ce que par l’ampleur de leur production. Se partagent le stéréopole des systèmes d’exploitation, les géants. Z’avalent tout ce qui bouge, z’écrasent tout sur leur passage, veulent un max de pognon, l’auront par tout les moyens même les plus dégueulasses. Avant je me disais qu’au moins chez Pomme on pouvait garder son matériel longtemps, et que quitte à chier sur la planète de temps en temps pour pouvoir communiquer à distance, avec vous via ce blog par exemple, autant payer un peu cher et investir dans du matos qui ne demandera d’être renouvelé que six fois dans une vie. Mais aujourd’hui, ce n’est plus le cas, même chez eux. C’est juste de la merde vendue à prix d’or. Si je dois racheter une bestiole dans quatre ans, je préfère ne pas me mettre dans la merde financièrement pour l’année à venir pour si peu.

Je m’étais pourtant promis de me monter un petit ordi à partir de pièces détachées et de le faire tourner sur Ubuntu ou quelque chose du genre. Et ben j’ai pas fait ça. J’ai continué à engraisser les autres tâches déjà surpuissantes. J’ai eu envie de continuer à faire de la musique sur des logiciels pro. J’ai eu envie d’essayer les centaines d’applications de développeurs indépendants dont on ne retrouve pas le quart sur Pomme ou Linux… Que des mauvaises excuses. Je sais pas comment vous vous débrouillez avec votre conscience vous, mais moi, quoi que je fasse, j’ai l’impression à la fois de me faire avoir et de contribuer à un truc vraiment dégueulasse. Quand j’étais gamin pourtant un ordi tout neuf c’était une fête. Aujourd’hui, la culpabilité me bouffe, j’arrive pas à me réjouir. J’ai presque envie de courir me faire confesser et de me passer le portefeuille à l’eau de javel.

Et vous voulez savoir le pire ? Je l’ai acheté à la fnac. Allez vite, je me tire avant de recevoir des jets d’étrons.

#185 – Lyonniais #012 – Critique en profondeur : The Spy Gone North

Hier, mon amie et moi sommes allés voir The Spy Gone North au cinéma. Quel cinéma ? Le cinéma Lumière Fourmi. Tout petit rikiki cinéma cozy. Tire-t-il son nom de là ? Peut-être. Je ne suis pas expert des salles de cinéma de Lyon. En fait, je ne suis pas expert des salles de cinéma tout court. Et même, pour être tout à fait franc, je ne suis pas expert en cinéma. Hein ? Oui, vous avez raison, quitte à être honnête, soyons le jusqu’au bout : le cinéma, je n’y connais rien, je n’y vais jamais. Vraiment jamais ? Oh, si peu. Une, deux fois par an. Mais j’estime avoir le droit de donner mon opinion.

Voici donc ma critique de The Spy Gone North : c’est un film que peuvent apprécier ceux qui ne vont jamais au cinéma. Voilà. C’est un peu court, je sais, mais au moins je suis sûr de ce que je raconte puisque j’ai moi-même beaucoup apprécié. Mon amie aussi, et elle ne va pas au cinéma plus souvent que moi. Quoi ? Vous en voulez plus ? Je comprends, c’est pas souvent que vous avez droit à du pointu comme ça. Le fossoyeur de films, paraitrait qu’il a mis fin à sa série de chroniques en apprenant que je préparais cette critique. Bon, on continue donc, qu’il se soit pas arrêté pour rien. The Spy Gone North : zéro action, que des dialogues. C’est parfait. Les James Bond m’ont toujours fait chier. J’ai jamais pu en mater un sans m’endormir. Vraiment, jamais aucun. Ça dure combien un James Bond ? Vu que je m’endors au bout de trente minutes qui semblent durer deux jours de pluie enfermé dans une maison de campagne sans même un scrabble pour se tenir occupé, j’ai du mal à estimer. Ben ce film-là dure 2h30 à la louche, et j’en aurais bien repris le double. Ça change pas une vie, mais c’est pas à chier. Le jeu d’acteur est parfois mouais, souvent ça passe, et de temps en temps félicitations du jury. Le scénar est bien foutu, en même temps c’est supposé être une histoire vraie. Parlons-en d’ailleurs de cette histoire vraie. Qui en a déjà entendu causer ? Moi non plus, rassurez-vous. Et pas une page wikipédia au nom du gonze Park Chae-seo, l’espion qui a inspiré cette histoire inspirée de faits réels… Procédons à une petite recherche…

Okay. Ça c’est pas dans le film. Je révise ma critique : ce film est pourri. Aucun urètre, aucun micro caché dedans, même pas un tout petit urètre de rien du tout avec un minuscule micro à l’intérieur qui ferait même pas mal tellement il serait microscopique. Ce film manque cruellement de réalisme. N’allez pas le voir, c’est une escroquerie.