#336 – Mon amie

C’est décidé. Mon amie n’est plus mon amie. Elle reste une amie, mais plus la mienne. Faites pas semblant de pas comprendre.

Nous avons fait au mieux. Nous nous quittons en bons termes, sans rancœur, sans grosse dispute. Les sentiments sont toujours là, mais nous n’envisageons pas le futur de la même manière. « Aimer, ce n’est pas se regarder l’un l’autre, c’est regarder ensemble dans la même direction » écrivait Patate de Saint-Exupéry, qui lui aurait plutôt dû regarder où il mettait les ailes au lieu de donner des leçons aux autres. Mon amie… ah… ben non… Elle ? Elle. Elle, serait plutôt d’accord avec cette phrase, moi je pense que c’est le contraire. Alors, avant que notre relation ne se dégrade, puisqu’en fin de compte nous semblons incompatibles sur bien des points, nous avons décidé d’arrêter après ces quelques belles années.

On a passé des moments durs ensemble, car nous nous sommes rencontrés à une période difficile de sa vie, et pas bien belle de la mienne. Nous n’avons jamais eu beaucoup de moyens ni de grands espaces. Pour autant je n’avais jamais été aussi heureux. Chaque jour à me réveiller à côté d’elle, chaque soir à me coucher en sachant qu’elle était là, m’apportait un réconfort sans comparaison. Sur les trois années que nous avons passées ensemble, si l’on additionne tous les jours, on doit bien pouvoir en compter deux complètes entièrement remplies de rires et de tendresse. On a beaucoup ri. Beaucoup, beaucoup.

Évidemment, quand je repense aux jours heureux qu’on a vécus ensemble, j’ai envie de pleurer. Il ne faut pas. Quand on est dans le trou, on ne s’assoit pas au fond en attendant de se noyer dans ses propres larmes. Il faut en sortir. Penser à l’avenir. Je n’aime pas ça, mais il faut bien. Son avenir est sans moi, tant mieux pour elle. Mon avenir est sans elle, tant pis pour moi.

J’ai mauvaise mémoire. J’ai très peur d’oublier à quel point j’ai été heureux avec elle, son sourire, ses yeux amoureux, ses petites habitudes. Mais je ne peux pas encore me repasser les souvenirs. Ce serait trop dur. Je me les garde pour mon grand âge, si je l’atteins. Elle a bonne mémoire, elle se souviendra de tous les petits détails. Je suis un peu jaloux. Mais ce sera sans doute plus difficile pour elle.

J’aurais aimé écrire un plus joli texte, mais comme pour les souvenirs, ce n’est pas le moment de se tourner les sentiments dans tous les sens pour voir où ça fait le plus mal. Alors j’abrège, j’en parle sans y réfléchir trop en profondeur.

Voilà. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise de plus. C’est la dernière fois que j’écrivais mon amie sur ce blog. Ça me fait quelque chose.

#335 – Tapixeries

Aujourd’hui, je vous explique comment faire des tapisseries de pixels. Des tapixeries. Je me doute bien que vous n’en ferez jamais, mais bon, c’est là. Si besoin, servez-vous.

Je me ressers de motifs créés pour les besoins de la petite énigme partagée hier, cela dit il n’y a aucun lien avec l’énigme en elle-même. Ne cherchez donc pas la réponse ici.

Je me rends également compte que le blog affiche mal les images avec très peu de pixels et ajoute une sorte de flou dégueulasse par dessus, c’est pourquoi je vous invite à cliquer sur ces dernières pour les voir dans leur taille originale.

Allons-y donc pour le tuto tapixeries.


Sur un canevas carré, dessinez un petit motif.

Sur une grille de 2×2 carrés, placez votre petit motif en respectant une certaine symétrie, pour en faire un plus grand motif.

Faites varier cette symétrie pour obtenir d’autres grands motifs à partir du même petit motif de base.

Créez d’autres petits motifs.

Recommencez les étapes précédentes.

Ensuite, faites en des tapisseries de pixels, en plaçant vos motifs aléatoirement les uns à côté des autres.

Voilà, vous avez gaspillé de nombreuses heures de votre précieuse existence à réaliser quelque chose d’absolument inutile et de même pas vraiment beau. Tant pis pour vous.

#334 – HTF

Alors voilà, aujourd’hui pas de parlote. Une sorte d’énigme.

C’est un truc fait récemment pour Numéro 0, ce machin dont je vous ai maintes fois causé.

Évidemment, ce n’est pas clair. C’est même difficile. Ça vous prendra du temps, et vous ne trouverez peut-être même jamais quoi en faire. C’est le jeu.

Toutes les informations indispensables sont inclues là. Suffit de les interpréter correctement.

cliquez pour obtenir l’image à sa taille originale.

C’est ça, grattez-vous la tête. Quand avez trouvé ce que c’est, vous m’appelez. Pour tous les autres machins indéchiffrables de mon cru, c’est dans la partie codes du site qu’il faut aller.

#333 – trois fois trois, trois cent trente-trois

Faut-il rédiger une note thématique sur le nombre trois cent trente-trois quand on n’est pas croyant ? Je n’en sais rien. Mais arrivés à l’article #334, si ratée, l’occasion ne se représentera plus de le faire.

Me voilà donc parti, une fois de plus, pour vous éduquer. Cette fois-ci, nous allons nous plonger dans les aspects étranges et méconnus du nombre trois cent trente-trois ! Hein ? Oui, c’est ça, je vais aller sur Wikipédia et tout recopier ici en insérant un ou deux mots à gauche à droite. Vous n’avez qu’à le faire si vous trouvez que c’est si facile.

Il se trouve, par exemple, que 333 est un zéro. Ça, vous ne vous y attendiez pas à ça. Moi non plus. 333 est le zéro de la fonction de Mertens que voilà :

où μ est la fonction de Möbius

Heureusement, Wikipédia, bien gentil, nous explique qu’en termes moins formels, on peut dire que M(n) est le nombre d’entiers sans facteur carré inférieurs ou égaux à n et dont le nombre de facteurs premiers est pair, moins le nombre d’entiers sans facteur carré inférieurs ou égaux à n et dont le nombre de facteurs premiers est impair…

Attendez. M(n) est le nombre d’entiers sans facteur carré inférieurs ou égaux à n… et dont le nombre de facteurs premiers est pair moins le nombre d’entiers sans facteur carré inférieurs ou égaux à n… Moins le nombre d’entiers sans facteur carré… Inférieurs ou égaux à n et dont le nombre de facteurs premiers est…

Hmm… Écoutez. Retenez plutôt que 333 est utilisé pour représenter le démon Choronzon (prononcer koronzon) dans la Thelema d’Alister Crowley. Thelema dont on compte parmi les adeptes les plus fidèles les membres du groupe de musique Los Machucambos, qui composèrent le fameux titre Pepito (mi Choronzon) en 1961.

1+9+6+1 = 17

1 + 7 = 8

333 n’est pas divisible par 8, ou alors si, mais ça donne un chiffre à virgule pas très très joli. Que vous faut-il de plus ?

#332 – Tsss

Les idéaux hurlent car mes lèvres ruminent lourdement. Je désire ma bile comme mon destin avide ravage mes souvenirs ! Les fluides rouges existent !!! Crevasse ! Les automatismes liquides s’agenouillent contre la graisse inutile !!! Je couine quand ma nécrose touffue s’écroule… chiez mes fous engourdis ! L’autorité éclate ! JE CHÂTIE MA SYNTAXE, dénouez mes blasphèmes avides ! Le fou mendie lorsque les cadavres démesurés oscillent derechef.

Hé hé ! Ra-ta-ta-ta !! Baisez lentement mes mécanismes incapables ! Mon Dieu vorace écoute la psychose comme mes odeurs baisent mes nations… la lune gigantesque cicatrise lourdement, mon pouvoir absent ferme lentement les abîmes cyanosés puisque ma langue géante conchie le gendarme… soldat, gardien du chancre blasphématoire de mes chaînes ! Angoisse ! Angoisse ! Angoisse ! Dieu ! Tssss ! Dieu ! Néant !! Je pue sans arrêt autant que les hymnes damnés. Mâchez mon hymne ! Dieu ! J’écoute derechef !


Non, je n’ai pas viré zinzin. Les paragraphes que vous venez de lire ont été générés aléatoirement par le Vocifératron d’Ambroise Garel.

Ne sachant, une fois de plus, pas bien quoi vous raconter aujourd’hui, j’ai dû me résoudre à faire appel aux génies combinés d’une machine et d’un programmeur. Veuillez bien croire que l’aridité intellectuelle dans laquelle me plonge cette rupture en cours couplée à mon job en supermarché dont je sors fourbu ne m’aurait permis de produire plus divertissant aujourd’hui. Une note de blog par jour, c’est beaucoup trop quand on vit si peu.

Chose rigolote, j’avais intitulé l’article « Tsss » avant même de penser à user de ce générateur. Riez. Trivia : il y a un s de moins dans le titre que dans le texte. Triviez.

Si comme moi vous manquez d’inspiration, ou si vous voulez juste rire, pour de vrai, un bon coup, ou simplement vous émerveiller de ce qu’on peut programmer de bons générateurs de textes, je vous invite à faire un tour au Café de Faune, dans la petite salle dédiée à l’OuGéPro. Je dois dire que depuis la découverte de ce site il y a quelques paires d’années maintenant, j’ai du mal à m’extasier devant les autres générateurs tant ceux-ci sont minutieusement programmés.

Et quoi d’autre ? Rien, je vous ai dit, j’ai la tête en jachère. Allez voir ailleurs si l’herbe est moins jaune.

#331 – J’ai passé la nuit

Les yeux me piquent un peu, j’ai le bras gauche bloqué, mais je ne me suis cogné sur rien et n’ai donc pas commencé à me décomposer sur le parquet dans le plus grand secret des voisins. Relisez les deux billets précédents si vous ne comprenez rien.

En allant me faire piquer, j’ai pu constater une fois de plus que les anti-vaccins avaient pris les stickers comme armes de communication massive.

C’est dangereux parce que c’est drôle et percutant.

Mon ami Feldo m’a dit qu’à Montpellier, c’était aussi le cas. Mais à Montpellier, les gars sont nuls en communication, aucune chance que ça ne marque les esprits.

Nul. Niveau facebook.

Je ne suis pas un anti-anti-vaccin. Enfin, dans une certaine mesure, si. Mais, j’essaie de ne pas mettre tout le monde dans le même panier, je fais un effort pour comprendre d’où vient ce rejet. Certains raisonnements ne sont pas tout à fait à jeter. Il serait idiot d’avoir une confiance aveugle en la médecine, science ayant connu plusieurs révolutions, appelée à revoir encore sa copie au cours des siècles à venir, et sans doute à jamais. Comme, tout en comprenant l’importance de la vaccination à grande échelle, on peut partager une certaine inquiétude vis à vis des gouvernements qui s’entrainent à rendre obligatoire ou interdire un certain nombre de choses sur des périodes très courtes et sans demander leur avis à personne. Ou encore, on peut tout à fait raisonnablement se méfier des conséquences possibles de la cupidité des grandes entreprises pharmaceutiques sans se mettre à croire en un complot mondial.

Anti-vaccin ou pas, s’il y a un comportement humain qui me laissera toujours songeur, c’est celui qu’adoptent certains une fois placés dans une file d’attente. Personnes charmantes hors file, vrais cons prêts à tous les subterfuges pour gratter trois places une fois dedans. Il se trouve qu’hier, au centre de vaccination, la file était longue, zigzaguait le long d’un escalier et se prolongeait de plusieurs mètres sur le trottoir. Ça faisait long à redescendre pour ceux qui pensaient gruger le personnel à l’entrée. Tant pis pour leur gueule.

À l’entrée du centre, des dessins d’enfants nous attendaient.

Là, j’avoue qu’en voyant ça, tout raisonnable que je suis, j’aurais pu repartir chez moi.

Enfin, on est passé à la piqure. C’était le même médecin/infirmier/piqueur professionnel qui m’avait administré la première dose, j’étais donc en confiance. Trente secondes plus tard, j’écrivais à mes amis : « Putain il ma défoncé l’épaule ce con. C’était le même mec qu’à la première dose, il m’avait fait ça sans que je sente rien. Il a cru que ça y était, qu’il m’avait sous son charme, plus d’effort à faire… Si j’avais couché avec il aurait pété au lit après l’amour. »

C’est la morale de mon histoire. Quand on a des attentes, on est toujours déçu. La piqure m’a fait mal alors que je m’attendais à ne rien sentir. A contrario, je me porte bien mieux qu’après la première dose, alors que j’avais bon espoir de faire sauter un jour de travail pour cause de fièvre. Qu’est-ce que vous dites ? Rien dans l’article ne mène à cette morale à part le paragraphe précédent ? Je vois. La morale de cette histoire, c’est que quand on a des lecteurs comme vous, on se demande si on ne ferait pas mieux de se mettre à Instagram.

À demain peut-être.

#330 – Sauter le pas

C’est le grand jour. Le ? Jour de la deuxième dose. Vous me vexez un peu. Pourriez lire le blog plus assidument, sans ça je dois me répéter et c’est embêtant pour ceux qui suivent. Bon. La grande question est : vais-je survivre ? Les statistiques disent que oui. Il n’y a pas de raison, sauf à me cogner la nuque sur l’angle d’une table entre deux tremblements. C’est possible. Improbable, d’autant que la seule table chez moi a les angles arrondis, mais possible. On me retrouverait alors dans une semaine ou deux déjà bien liquéfié. J’accepte l’idée d’être enterré, brûlé, mais épongé ça va trop loin.

À ce sujet, j’ai eu ma mère au téléphone, dimanche dernier (je précise pour les archéologues des siècles à venir qui voudront dater les évènements avec rigueur, eu égard à l’importance des mes travaux sur les générations futures), qui me demandait quand mon amie rentrait de voyage, et si je n’avais pas envie de la rejoindre avant, car elle n’aime pas me savoir seul. Je n’ai rien osé lui dire. Mon amie qui ne l’est à demi-plus déjà est partie en vacances, mais ne reviendra sans doute pas tout à fait. Oui, je vous raconterai. Les choses se décident. Enfin, nous décidons des choses. Comme par exemple faire appart à part quand elle rentrera. Mais chaque chose en son temps.

Un collègue de travail fait également le vaccin aujourd’hui, il a trouvé une camionnette à Flagey qui faisait ça. Il m’a dit leur avoir dit : « ça, j’aime bien que vous veniez à moi, là okay, je veux bien le faire. » Ce n’était pas de l’humour. Très honnête, très sérieux, qu’il était. Moi, décontenancé. S’il n’avait pas trouvé ce centre ambulant, il n’aurait pas fait le vaccin. Pourquoi ? Parce qu’il estime que chacune des deux parties doit faire un pas vers l’autre, et pas seulement lui. C’est une drôle de manière d’envisager le monde. On sent les déceptions amoureuses de toute une vie pesant sur la région de son cerveau dédiée à sauter les pas qu’il faut bien parfois sauter.

J’ai en général une certaine tendresse pour les colleurs et -leuses de stickers, mais là… fait bien de rester anonyme.

Cela fait d’ailleurs dix minutes que je me demande quoi vous raconter d’autre. Sautons le pas. Arrêtons là. Ne nous demandons même pas pourquoi sauter le pas est bien défini comme : « après avoir pesé le pour et le contre, se décider d’agir même si la situation est risquée » sur le site linternaute, alors que sur le site du Parisien on trouve : « ne plus avoir les moyens physiques et les fonctions nécessaires pour prolonger sa vie. » Contentons-nous de plaindre les lecteurs du Parisien.

À demain si tout va bien.

#329 – 500 litres de livres

Je ne suis pas malade. Du Covid-19, je veux dire. Vous voilà rassurés. Je vais donc continuer à écrire ici. Moi qui cherchais une excuse… Cela dit, j’ai droit à ma seconde dose de vaccin demain. La première m’avait déclenché de terribles crises de tremblements dès que j’essayais de me lever pour faire deux ou trois pas. L’impression qu’il faisait −40 °C dans mon corps. Jamais tremblé aussi intensément de ma vie. Alors quand on me dit que la seconde est en général la plus violente, j’avoue ne pas savoir à quoi m’attendre. Il est possible que je néglige ce site quelques jours.

Vous savez ce qui, par contre, me rend malade ? Qu’on jette des livres.

Si vous n’êtes pas de Bruxelles, vous avez peut être du mal à saisir. Il s’agit là des sacs homologués qu’on utilise pour jeter les papiers et cartons d’emballage. Il me semble que ceux-ci ont une contenance d’une vingtaine de litres. Voilà donc environ 500 litres de livres jetés à la poubelle. En grande partie des Sélections du Reader’s Digest, mais j’y ai vu d’autres gros ouvrages en dessous.

Évidemment, je n’allais pas commencer à déchirer les sacs, foutre le boxon dans la rue, pour en récupérer autant qu’il en rentrerait dans mes poches, c’est-à-dire deux ou trois. Alors je les ai laissés. Doivent être bien défoncés au fond d’une benne à ordures à l’heure qu’il est, entre un prospectus de supermarché et un paquet de céréales. On ne se désespérera pas tout à fait en songeant qu’ils partent au recyclage et non à la décharge, et on se consolera en supposant qu’il n’y avait sans doute pas d’ouvrage rare qui ne se trouve sur chaque brocante. Mais quand même. Pourquoi ne pas les disposer dans de petits cartons sur un banc de la petite place à deux mètres de là, que les passants se servent ? Pourquoi ne pas les donner à un brocanteur ? Bref.

Arrêtons-là les frais, ça me rend triste et je n’ai pas besoin de ça.

La bise, et à demain.

#328 – L’alarme à l’œil

Il y a des jours où on se prend une tige dans le nez. C’est comme ça. Pas qu’on ne s’y attende pas, hein. À Bruxelles c’est sur rendez-vous, on est un minimum au courant. Mais enfin, ça surprend toujours quand ça rentre.

L’œil du côté de la narine pénétrée s’est quelque peu humidifié. C’est normal. Une fois l’opération terminée, je dis donc à la dame chargée de ce noble frottage de muqueuse : « ça chatouille », à quoi elle répond : « vous savez, moi aussi j’ai les yeux qui commencent à picoter à force de voir les gens qui ont les yeux qui picotent. » Sacrés neurones miroirs. Bon, l’évènement se déroulant sur une durée de 45 secondes environ du bonjour aux adieux, nous n’avons pas eu le temps d’échanger plus sur ce curieux phénomène. Dommage.

Mais pourquoi donc suis-je allé me faire professionnellement touiller la morve ? Je vous sens inquiets. Aura-t-on une note de blog demain ? que vous vous demandez. Vous n’y tenez plus, drogués de ma verve que vous êtes. Si je devais disparaître, qu’adviendrait-il de vous ? Je préfère ne pas y penser.

Sticker de Noémie Crumble à Ixelles

Toussé-je ? Non. Grelotté-je ? Non. Mais j’ai eu, dans le cadre de mon travail, des contacts rapprochés avec des gens peu masqués du nez. Oui, vous voyez très bien, les gens qui laissent dépasser leur appendice nasale du carré de tissu supposé masquer cette partie même de leur anatomie. Ça leur fait une tête de con, en plus d’être complètement inutile. Bien fait pour eux, bien fait pour nous qui les côtoyons. Bref. Contact avec des gens, je disais, aux orifices à demi-couverts, et qui viennent vous annoncer à cinq centimètres qu’ils sont positifs au covid. Des qui, quand vous sortez fumer votre clope à la pause, sortent en même temps pour fumer aussi, toujours à cinq centimètres de vous, et vous expliquent comment leurs vacances sont foutues. Je dis des gens, vous aurez deviné qu’il s’agit d’une seule personne. Simplement, j’ai dit des gens parce que… je ne sais pas pourquoi j’ai dit des gens.

Bref, me voilà bien dégagé du conduit droit, de mon point de vue bien sûr, du gauche pour vous si vous me regardez de face, si vous me regardez de dos par contre ça ne change rien, si vous choisissez un angle intermédiaire démerdez-vous. Bien dégagé donc. Je n’ai plus qu’à attendre sagement le résultat jusqu’à ce soir, pour savoir si je pourrai me faire injecter la seconde dose de 5G dans deux jours, ou s’il vaut mieux repousser d’un mois et prendre une dizaine de jours de vacances bien méritées et cloué au lit.

Je vous dis quoi mañana.

#327 – Opinions de la tête

On ne m’a jamais interviewé. Entretenu oui, mais interviewé jamais. Pas une seule fois un journaliste n’est venu, avec son micro ou son petit carnet, me faire parler de moi ou d’autre chose. Je n’y avais jamais pensé jusqu’à aujourd’hui, mas je dois avouer que cela me trouble.

Évidemment, je me doute qu’aucune personne sensée ne tomberait sur ce site sans me connaître d’abord. Je n’ai pas de statistiques, mais j’imagine que nous sommes à une visite tous les trois jours si l’on ne prend pas en compte celles de mon amie. Combien y a t’il de chances que cette personne tous les trois jours, donc, soit journaliste ? Pas beaucoup.

Mais même sans qu’on m’interroge sur l’ensemble pourtant riche et génial de mon œuvre, jamais aucun journaliste n’est venu non plus recueillir mes impressions, mon opinion, sur tel ou tel aspect de la vie, évènement, catastrophe…

Quoi alors, j’ai pas la tête à pouvoir parler des inondations, d’art contemporain, de la rénovation de ma rue, des déclarations du ministre, de la reformation de ce groupe de rap ou de la jeunesse que c’est plus ce que c’était ? Pourtant j’en connais, des amis, des oncles, des parentes éloignées, des copains d’une copine, qui sont passés à la télé, à la radio, à l’occasion d’un reportage ou d’un micro trottoir ! Et pas moi. Injustice.

Serait-ce parce que dès que je vois une caméra en ville, je passe illico dans son angle mort, sur l’autre trottoir ou dans une rue parallèle ? Ou parce que j’évite le regard des tendeuses de micro comme des distributeurs de prospectus ? Je veux bien que ça joue mais enfin…

Cela dit, en y réfléchissant, quand on me demande ce que je fais de ma vie, comme travail ou artistiquement, je me mets à balbutier, je baisse les yeux et je change de sujet très vite. Quand on me demande mon opinion, je réponds que je ne sais rien, ou alors quelque chose de très déprimant qui ne laisse que peu de place à l’espoir et à un quelconque développement.

Non, non, vous avez raison. En vérité, c’est très bien qu’on en m’ait jamais interviewé.