Cela fait bien longtemps que je n’ai pas écouté les nouveautés musicales. Jetons donc une oreille à ce qui se fait récemment. Où ça ? Sur itunes ? spotify ? deezer ? youtube ? —Ça vous embête que je ne mette pas de majuscule en début de phrase ? Même si ce ne sont des phrases nominales (disons nominables, plutôt. Une phrase constituée seulement d’une marque, c’est vraiment pas beau) ? Oui, eh ben c’est comme ça. Ce sont des marques qui payent très cher pour conserver leur image de marque. Je ne veux pas mettre de majuscules aux marques, je vous l’ai déjà dit. Mes règles l’emportent sur celles qu’on m’a apprises à l’école— On a du mal à choisir. Quand je vivais en Angleterre, de l’été 2009 à celui de 2010, tout le monde utilisait spotify. Le service n’était pas encore disponible en France. Lorsqu’il le devint, au cours de l’automne 2010, je m’abonnai direct. Non seulement on pouvait écouter un catalogue énorme en ligne, mais on pouvait également écouter tous les morceaux que l’on voulait hors-ligne. C’était le pied. Puis j’ai entendu dire que niveau rémunération pour les artistes, c’était vraiment l’arnaque. Alors j’ai arrêté mon abonnement et je suis passé sur itunes. Sur itunes on achète les albums. Non, c’est pas ça. Sur itunes, on loue les albums. Légèrement en dessous du prix du CD. Et on file du blé à apple. À un moment j’ai décidé ne plus acheter/louer sur itunes que les œuvres d’artistes mortes·s, et pour les autres j’essayais de les leurs acheter en passant par le moins d’intermédiaires possible, et par des plateformes qui leur prélevaient le pourcentage le plus faible sur leurs ventes. Via bandcamp par exemple. Mais lorsque j’ai demandé à l’un des artistes dont je comptais acheter l’album sur quelle plateforme il préférait que je le prenne, il m’a répondu : itunes. Plus on achetait son album sur cette plateforme, plus il avait de visibilité sur celle-ci, et c’est là qu’on trouvait les masses et qu’on risquait de bien vendre. Bon. Je ne suis pas certain qu’il ait jamais été visible entre kanye west et daft punk, mais si ça lui donnait de l’espoir…
Aujourd’hui, je vais juste écouter comme ça vite fait alors disons… deezer. Aïe. Ça me fait penser que non seulement je n’y ai pas d’abonnement, mais qu’en plus j’utilise des bloqueurs de pub. Je n’ai aucun scrupule à utiliser les bloqueurs de pubs d’une manière générale. On ne se paye pas en me pourrissant le crâne de slogans commerciaux sans m’en avertir afin que j’aie le temps de couper le son si je ne veux pas les entendre. Mais peut-être que par honnêteté je devrais tout simplement ne plus utiliser les services qui proposent de se payer comme ça. C’est vrai après tout. Rien ne m’y oblige, même pour écouter comme ça, à utiliser un service commercial sur internet. C’est juste la solution de facilité. Si je veux écouter de la musique avant d’en acheter, je peux très bien me rendre chez le disquaire du coin, et lui dire un peu ce que j’aimerai bien entendre. Il pourra ainsi me faire une petite sélection des nouveautés, et en plus on pourra papoter de tout ça ensemble. Si rien ne me plaît tant pis, ce sera pour la prochaine fois. Oui. C’est vrai, tiens. Finalement, je n’ai plus envie d’aller écouter de la musique sur l’une de ces grandes plateformes. Désolé, je m’étais un peu avancé. Pas de critique de musique aujourd’hui. Vous n’aurez qu’à me dire ce que vous avez bien aimé dernièrement dans les commentaires, et soit je vous ferai confiance, soit j’oublierai votre conseil dans la seconde qui suit.
Quand j’étais beaucoup plus jeune (treize/dix-huit ans), je pensais qu’il fallait tout télécharger gratuitement. Qu’il fallait faire la baise au majors puisqu’elles se goinfraient sur le dos des artistes qui ne touchaient quasiment rien. J’oubliais deux choses. La première c’est que quand on essaie de vivre de son art, presque rien c’est toujours mieux que rien du tout. Un·e musicien·ne peu connu·e signé·e sur une major a sans doute les moyens de se payer une baguette un jour sur deux au lieu d’un jour sur quatre. La deuxième, c’est que les majors ne s’effondreront jamais. Les gros patrons seront toujours là, les gros actionnaires aussi. Les petites mains, elles, se feront virer, remplacer par des machines. Un baisse de bénéfices de la grosse boîte ne fera qu’accélérer le rythme des licenciements des smicards. Ces licenciements sont inéluctables, c’est le progrès capitaliste, mais pensons aux humain. Qui tient son CDI un an et peut pourvoir à ses propres besoins et à ceux de ses proches s’économise cinq ans d’anti-dépresseurs. De la même manière les artistes les moins connus ou les plus originaux se feront lâcher en premier s’il faut faire de menues économies pour assurer des bénéfices max aux actionnaires, mais les gros produits commerciaux bien marketés, eux, seront toujours là.
Bon, je ne sais plus quoi faire moi. Je suis perdu. Et vous ? Comment contribuez-vous à la misère financière des artistes tout en profitant de leurs œuvres de votre côté ? itunes ? spotify ? deezer ? youtube ? occasion ? torrent ?
Allez, on y va. Cette fois-ci c’est la bonne. Attention, ça va être long.
Hier, donc, on était à Sète pour le festival Images Singulières. Dixième édition de ce festival international consacré cette année à la photo documentaire.
Partis à trois dans le camion aménagé de Maurice, mon colocataire, avec l’ami Feldo, nous avons traversé Sète d’est en ouest avant de nous garer au parking (gratuit) du Théâtre de la Mer Jean Villard, ce vieux reste de fortification avec vue sur la Méditerranée où j’avais eu la chance de voir jouer Marcus Miller en 2015. Cette fois-ci, point de musique, mais des photos, et une amie, Léa, pour nous accueillir et nous présenter les photos. Qui exposait ? Justyna Mielnikiewicz. Cette photographe de quarante-cinq ans documente, dans cette sélection de ses œuvres nommée The Meaning of a Nation, la vie des gens des pays du Caucase ou d’Ukraine. Des civils, des soldats. Des femmes et des hommes vivant dans des régions dont l’équilibre politique est précaire. Du noir et blanc, de la couleur, et un fil rouge : les rapports d’amour-haine entre ces peuples et l’empire gigantesque qu’est la Russie. Les tirages sont très beaux, et vous pouvez compter sur la médiatrice pour une contextualisation en profondeur de ces travaux.
Après avoir fumé notre clope avec la médiatrice (c’est comme ça, on connait des gens hauts placés, ne soyez pas jaloux·ses), nous nous sommes dirigés à pieds vers la MID. La Maison de l’Image Documentaire. Qu’a t-on vu là ? L’expo d’Arlene Gottfried, L’Insouciance d’une époque. Qu’en dire ? Les années 60 à 70, les plages américaines naturistes ou non, les quartiers populaires de New York City, par les portraits noir et blanc d’individus en apparence insouciants. De vraies gueules, de vraies dégaines. N’y allez pas pour voir des paysages. C’est cadré serré. Seul l’humain compte ici. Les regards, les actions, les accoutrements parfois farfelus, parfois la nudité, physique ou sentimentale, sont notre navette. On voyage en des régions et des époques loin loin loin de notre ici et maintenant à travers l’image des humains qui peuplaient ce recoin de l’espace-temps. Les tirages sont petits et leur qualité moyenne. C’est dommage, mais ce n’est pas la catastrophe non plus. Ne vous inquiétez pas, vous en aurez pour votre… ah ben non, c’est gratuit, alors vous plaignez pas.
Oui, je n’avais pas précisé, mais toutes les expositions du festival sont gratuites.
Un autre lieu d’exposition était la chapelle. Bon. On n’y a pas été. Enfin, on est bien allés voir une expo photo dans une chapelle, mais on s’est rendus compte à la fin de la journée que ce n’était pas la bonne. Rien à voir avec le festival. Un artiste avait loué le lieu pour exposer ses propres photos d’un élagueur grimpeur. C’était sympa quand même, mais du coup on a pas vu les travaux de Stéphane Couturier. Tant pis.
– PAUSE REPAS – On a mangé des tielles.
Ma chère Natha, j’ai bien reçu ton commentaire de ce matin dans lequel tu me demandais ce qu’était une tielle. La tielle, c’est une spécialité Sètoise. Comme Georges Brassens (mais à la différence des tielles, les Georges Brassens ne se mangent pas, attention donc à ne pas les confondre). C’est une tourte dont la pâte est fine, souple, grasse et orange. À l’intérieur, une sauce tomate épicée et du poulpe. Beaucoup de tomate, un peu de poulpe. On la mange froide ou chaude. Tu en trouveras ici la recette exacte. Mais je t’en supplie, soit gentille avec les poulpes. Ces petites bêtes-là sont sensibles, intelligentes, possèdent sans doute une conscience d’elles-mêmes, et n’aiment pas particulièrement qu’on leur découpe les tentacules, d’autant que l’ail sur les plaies, ça pique.
– PAUSE REPAS – J’ai bu un jus de litchi. J’avais demandé poire.
Ensuite, direction l’ancien collège Victor Hugo. Attention, ne pas confondre avec le nouveau collège Victor Hugo. On a confondu. On a marché un petit quart d’heure avant de trouver le lieu, mais on n’a pas été déçus. Les travaux de trois artistes y étaient exposés. Enfin, un et deux. Ceux de Gabriele Basilico, et ceux de Andrea et Magda.
Basilico prenait des bords de mer en photo. Prenait parce qu’il est mort. Des bords de mers parce qu’il était payé pour. Pas n’importe lesquels, les bords de mer, ceux du nord. Les photos sont grandes et belles, elles occupent le rez de chaussé et une partie de l’étage, il y a de quoi s’en prendre plein les mirettes. C’est du noir et blanc. C’est souvent du noir et blanc, vous allez me dire. C’est vrai. On a remarqué ça aussi.
Andrea et Magda présentaient plusieurs séries sous le titre d’Horizons Occupés. Clichés de Palestine, Jordanie, du Liban ou d’Égypte. Vous voulez voir des villes de pierres blanches au design futuriste montées par un investisseur américano-palestinien et que personne n’habite ? Allez-y. Vous voulez constater le effets du tourisme sur les régions, elles, plus si désertiques que ça mais marketées comme telles ? Allez-y. Vous aimeriez voir l’envers du décors d’une série qui retranscrit aussi fidèlement la vie au Moyen-Orient que plus belle la vie le way of life marseillais ? Allez-y. C’est très beau, tout ce gâchis. Très esthétique. Il vaut mieux le voir en photo que de vivre à proximité. Il vaut mieux en rire que de s’en foutre, comme disait l’autre chanteur dégagé.
Après tout ça, direction les Entrepôts Larosa, où ma colocataire en stage pour le mois nous attendait de pied ferme pour nous offrir un petit café et une belle visite des huit expositions (si je n’en oublie pas) présentes en ce lieu.
C’est là que j’ai trouvé ma came. J’y ai découvert les travaux de Mauricio Toro Goya. Et quel travaux ! Des photos très particulières, des ambrotypes néo-baroques, de la mise en scène, du flou et de la surcharge, du symbolisme à portée critique et politique. Toro Goya retrace l’histoire violente de l’Amérique Latine. La mort est là, partout présente, esthétisée pour raconter les horreurs de l’ère Pinochet et de toutes les maltraitances qu’ont subies les peuples de cette région du monde des années 80 à nos jours. Si vous le pouvez, demandez une visite guidée. D’ici, on ne peut pas comprendre cette sur-accumulation de symboles qui nous sont étrangers, pourtant aucun élément n’est là par hasard. Bref, allez voir ce que fait ce garçon, moi je n’en reviens toujours pas.
J’ai également découvert les photos intemporelles de Martin Bogren. Une espèce de petite révélation. Je prends beaucoup plus de plaisir devant le flou, quand mon imagination doit remplir le vide, que devant une image moderne ultra nette. Une exposition parfaite pour projeter ses sentiments sur des images qui ne disent rien par elles-mêmes, ni d’où elles viennent, ni de quelle époque elles sont tirées, ni qui est la personne photographiée. Je sur-kiffe pour parler jeune vieux.
Et João Pina, on en parle de João Pina ? Pardi qu’on en parle. Des images magnifiques du Brésil. Magnifiques ? Les photos le sont, oui. Mais il ne faut pas être choqué·e par les flaques de sang sur les trottoirs des favelas et les larmes de mères en deuil. Sinon c’est trop dur. Des gangs et des enfants. Des enfants dans les gangs. Et les jeux olympiques, et la coupe du monde de foot, à quelques kilomètres de là. Les mitraillettes dans le dos des adolescents et dans les mains des brigades policières. Des morts des deux côtés. Dix-huit par jour, on estime. Tout est là. Dans les photos. Faut pas fermer les yeux. C’est pas facile.
Et Alexander Chekmenev ? Mais bien sûr qu’on va en parler aussi. Chute de l’URSS. Du jour au lendemain, en Ukraine, il faut refaire tous les passeports. La population est appelée à venir se faire tirer le portrait d’identité. Toute la population ? Oui, toute, mais voilà, pour ceux et celles qui ne peuvent plus se déplacer, comment fait-on ? On envoie Chekmenev les photographier. Il va donc aller rendre visite à toutes ces personnes en incapacité de se déplacer, sur leur lieu de vie. Des personnes trop âgées, des personnes handicapées. La misère qu’il constate le frappe trop fort. Il lui faut élargir le cadre. Il lui faut montrer le dénuement sordide dans lequel le stalinisme a plongé une grande partie de la population des zones rurales. Alors, par ses propres moyens, il arrive à se financer une pellicule couleur. Une seule. Trente-six photos. La série s’appelle Passport. La plus poignante sans doute : une octogénaire, à la louche, vivant dans une seule et minuscule pièce. Elle est assise sur son lit, sur lequel repose toutes ses possessions : ses habits, sa cuisine (une bassine et quelques ustensiles), et au dessus de sa tête, comme l’étage d’un lit superposé, son cercueil, acheté à l’avance. Pourquoi faire refaire leur passeport à des gens incapables de se déplacer ? Ceux et celles qui l’ont reçu ont dû se poser la question. Une bonne partie ne les ont jamais reçus, ces passeports. Ils étaient morts avant. Ah la la, de nos jours les gens veulent tout tout de suite, savent plus patienter.
Il y a aussi le travail de Chloé Jafé, photographe française en immersion dans les vies des maîtresses de Yakuzas. De très belles images qui vous font penser aux structures sociales à la fois si particulières au Japon et si communes aux mafias et autres systèmes d’organisation rigides et patriarcaux.
Et puis, et puis, il y avait aussi l’expo collective sur mai 68. Le gros de l’exposition, ce sont des photos prises par les journalistes de France-Soir. On peut également voir des affiches d’époque, entendre un enregistrement de reportage radio en direct des affrontements. C’est beau. Ça donne envie de lutter contre. De lutter pour. C’est très léger, malgré l’état actuel du pays, à côté de toutes les autres expo. Cohn-Bendit a une maison de vacances à Sète. Il a été invité pour l’occasion. L’a pas voulu venir. Tant mieux. Qu’il reste chez lui. L’expo est assez dure comme ça pour des enfants, on n’a pas envie d’être obligé·e de passer sa visite à se retourner toutes les cinq minutes pour vérifier si notre petite-fille n’est pas en train d’ouvrir la braguette du vieux Cohn soi-disant de son plein gré.
Enfin, on est allés voir les moineaux. Quatre minuscules bébés moineaux lovés au creux d’une petite niche dans un mur au fond de l’entrepôt. Ils se cachaient bien, on n’a vu qu’un peu du duvet du dessus de leur crâne qui dépassait du nid. Ça c’est pas dans l’expo, mais je vous conseille tout de même de finir par ça. Un peu de douceur, ça ne fait pas de mal.
Bon. Pas de conclusion générale ? Non. Vous n’avez qu’à aller voir par vous-même. Le festival se termine ce dimanche 27 mai. Dépêchez-vous.
Aujourd’hui on est dimanche de Pâques, demain, on sera lundi de Pâques, et moi je n’ai jamais bien pigé ce que c’était, Pâques. Pâques est un de ces mots avec un accent circonflexe PLUS un « s » silencieux à la fin. Je sais qu’on est pas là pour juger mais quand même. Pâques, ça m’étonnerait pas qu’il y ait encore le petit Jésus planqué là-dessous. C’est sans doute le jour où il s’est pincé les doigts dans l’une des portes du tramway de Bethléem, ou alors c’est le jour où sa maman lui a fait un bisou sur le bobo et lui a acheté des sucreries pour le consoler. Vous m’excuserez mais quand j’étais petit y avait que les œufs qui m’intéressaient, ceux en chocolats. Les autres je les bouffais qu’à la coque avec des mouillettes.
En fait j’ai vérifié, on fête la résurrection de Jésus. Enfin, on… Vous peut-être, mais moi je fête rien du tout.
Maintenant même les œufs ne m’intéressent plus. Les récits d’enfants esclaves qui bossent quinze heures par jour sans pause pour aller chercher le bon petit cacao qu’on se baffrera comme si de rien n’était, ça me coupe l’envie. Ça me donnerait même plutôt envie de chier sur l’humanité. Pas le journal. La partie de l’humanité, pour être précis, des gens qui sont fiers de manger du nutemerde par exemple, et qui ne se rendent pas compte d’à quel point ils sont bêtes, d’à quel point ils sont laids. Ah je sais bien, ils ont fait tellement de pub pour séduire les gamins et leurs parents depuis des décennies qu’il y a de fortes chances que vous, vous qui me lisez, soyez accro au merdella. Ben écoutez, que vous dire, je veux pas vous vexer, mais quand même… En parlant de journal, Libération, avait très bien titré, enfin très bien, disons bien, il y a fort longtemps : « Pas d’enfants esclaves, pas de chocolat ». Vous trouvez qu’on exagère, Libé et moi ? Il y a sans doute des marques qui, vous vous dites. Mouais, y en a pas beaucoup. Les petites mains propriétés d’entreprises, c’est surtout à la base qu’elles sont là, dans les plantations, à ramasser les fèves. Ensuite, où ça part et qui en fait quoi… Entre 300.000 et un million d’enfants, ils et elles sont, à « bosser » dans le cacao, rien qu’en Côte d’Ivoire. Bosser ça veut dire ne pas avoir le temps d’aller pisser parce que pas de pause, être logées·s comme des merdes à vingt dans une cabane, et acheté·e vendu·e ou échangé·e par les exploitants, être donc possédé par un privé, n’être nourri que ce qu’il faut pour avoir la force de bosser. Vous reprendrez un nœunœuf de Pâpâques ? Gouzi gouzi. Tenez, votre œuf de Pâques, et étouffez-vous avec. On verra lundi si vous avez ressuscité.
Voilà, je suis énervé pour rien maintenant. Enfin pas pour rien, mais à part ne pas en manger soi-même de chocolat, ne pas en acheter, je ne vois pas quoi faire d’autre. Oui, je gueule mais moi aussi ça m’arrive d’en croquer un carré, et je vais pas aller vérifier par quelle filière il est passé. Et s’il n’y avait que le chocolat, ce serait tellement facile. Il n’y a quasiment rien que l’on puisse acheter aujourd’hui qui n’ait pas, de sa fabrication à sa distribution, nécessité que certains·es se fassent exploiter copieusement pour que d’autres puissent en tirer bénéfice. Mais, d’une, c’est pas parce que c’est partout que ça doit être une excuse pour ne faire d’effort nulle part et, de deux, à part ne pas filer de blé à ces filières en évitant d’en consommer du cacao, la seule chose à ma portée, c’est d’en parler. Comment voulez-vous qu’avec du chocolat partout dans les rayons et sur les affiches depuis une semaine, je puisse ne pas penser à la manière dont ces choses sont faites ?
Alors, c’est bien gentil Pâques, mais si j’étais croyant, je me dirais que tout ça doit faire pleurer le petit Jésus.
Misère. J’avais complètement oublié que ce soir c’était la Saint Patrick. Moi qui comptait sortir en ville ce samedi… Je suis dégoûté. Je déteste les fêtes prétextes à beuverie de grande envergure, plus qu’un prétexte d’ailleurs, une injonction à. Attention, faut pas croire, je dis pas ça parce que je ne bois plus. Même quand je buvais mes cinq litres de bière par soir, les férias, les fêtes de la musique et autres Saint Patrick, ça me faisait chier. Les rues bondées de suants·es puant beuglant louchant rotant pissant dans tous les coins et gerbant dans leur pisse, franchement c’est lourd. Ça se croit drôle mais c’est juste affligeant, ça se croit fort et pour le prouver ça se tape sur la gueule pour un rien. Ces soirs-là les gens boivent parce que c’est ce qu’ils sont supposés faire, nul, tout le monde s’engueule parce que personne ne veut aller au même endroit et que chacun·e pense être celui ou celle qui attend les autres alors qu’en fait c’est le contraire, zéro. Bon, vous avez pigé, j’ai en horreur ces fêtes qui ne sont pas improvisées parce qu’on a envie de se bouger sur le moment, les dates prévues chaque année au même jour sur le calendrier, je trouve ça laid, je trouve ça triste, ça vient pas du cœur, c’est pas spontané. Bref, ce soir, je sortirai peut-être quand même, si je me fais trop chier, mais je serai pas jouasse, et je bouderai.
Je vous avais encore jamais vraiment fait le ronchon sur ce blog, hein ? C’est une facette de ma personnalité que les gens adorent d’habitude, quand je chie sur tout ce qu’ils aiment devant eux, alors je la garde toujours pour la fin. Façon de parler. C’est pas du tout la fin du blog. Ce n’est que le début. Hier, j’ai décidé que je le tiendrai quotidiennement pendant un an au minimum. Ensuite on verra. Ce qui me plairait beaucoup, c’est, d’ici un an, avoir assez développé mon écriture pour être capable de pondre un article convenable par jour à coup sûr, d’avoir mis en place une organisation, une méthode qui me permette d’imprimer cet article tout de suite et de l’afficher en ville en plusieurs lieux avant midi. Ou alors, écrire dans un quotidien. Mais pas 20 minutes ou une merde du genre. Honnêtement, je ne vois pas comment un groupe d’indépendants pourrait se donner les moyens de publier un quotidien, alors ce sera sans doute en solo.
Allez, au programme aujourd’hui : à 14h à Le Faubourg, ou au Faubourg, je sais jamais, 15 rue du Faubourg de Nîmes, c’est Repair Café. Vous pouvez y aller faire réparer les objets du quotidien tombés en panne, et apprendre, surtout, à les réparer vous-même. Tous ensemble pour combattre l’obsolescence programmée et la consommation de société.
Ce soir, démerdez-vous. C’est la Saint Patrick, okay, mais soyez pas cons·nes, sortez si vous en avez vraiment envie, vous forcez pas à boire, et vous habillez pas en citrouille sur gazon seulement parce que tous·tes vos amis·es le font.
Salut à tous, salut à toutes. Aujourd’hui, de quoi tout le monde cause ? Tout le monde cause que d’un truc, allez c’est pas difficile. Mais si vous savez. D’ailleurs, vous que je ne connais pas, il y a une chance sur deux pour que cette journée internationale soit dédiée aux droits accordés sur papier et dans les actes aux personnes de votre sexe. Ah la la. J’ai pas envie d’en parler, j’ai l’impression que quoi qu’on en dise on occulte toujours, sans pouvoir faire autrement tant le sujet est vaste, une énorme majorité des implications d’une telle journée.
Il va y en a avoir des lieux communs balancés à la va vite par celles et ceux qui n’ont jamais réfléchi à la question, mais qui tiennent à prendre position dans le grand jeu des pour et des contre. Mais peut-être que cela donnera l’occasion à ceux et celles qui y ont déjà un peu réfléchi de saupoudrer au bon moment la pensée de l’autre de quelques éléments basés sur des études, des essais, des expériences personnelles.
Il y en aura des entreprises qui se serviront de cette journée pour faire un fric fou par le biais d’un marketing du pire goût, des hypocrites qui feront leur promo à grands coups de hashtags et hommages prétextes. Mais peut-être que, au terme d’une discussion qui aura pris de l’importance au cours de la pause de midi dans une boîte, ou d’un instant débat organisé à l’occasion, quelques structures ou individus en leur sein tenteront de modifier leur manière de fonctionner à la suite d’une prise de conscience.
Il y en aura des colloques et des actions qui ne toucheront que les convaincus·es de la réflexion nécessaire et de la modification des comportements et des lois, mais on peut espérer que ce qui s’y dit, s’y fait, bave par on ne sait quels effets sur celles et ceux qui passeraient à proximité par hasard.
J’essaie d’être optimiste, mais je crois que les réflexions merdiques des beauf’ et belles’ et les coups marketings auront largement le dessus sur les discussions constructives suivies d’actes, ou au minimum de tentatives même maladroites d’ajuster une peu la façon dont chacun·e nous fonctionnons dans nos rapports aux autres. Que l’on continuera encore à bien enfermer porteuses·rs de couilles et d’ovaires dans des rôles définis, et d’ainsi les soumettre à des attentes et des exigences spécifiques de la société sans se soucier de ce à quoi chaque individu aspire personnellement. Que chacun·e se sentira encore bien forcé·e de rentrer dans le rang qu’on lui assigne pendant quelques siècles. Si, si, j’essaie d’être optimiste.
On arrête là pour la journée internationale des droits des femmes. Vous allez en bouffer toute la journée, choisi ou subi.
À l’université Paul Valéry, le festival Paul Va au cinéma continue. J’y étais hier, c’était bien sympa, mais je garde mes notes pour plus tard j’ai une petite idée d’article et du moment où le sortir. Ce que je peux vous dire pour l’instant c’est que j’y ai vu trois courts-métrages documentaires qui m’ont plu, et je peux même vous dire lesquels : Les fêtes du village de Ioanna Neophytou, Petit peuple de Amélie Jeammet, et SKOPJE 2014 de Ivan Robert et Antoine Gaunin. Je vous conseille d’essayer de les trouver sur le net, chacun a vraiment son intérêt.
En fait on est pas obligés de sortir tout de suite des réflexions que peut entraîner cette journée spéciale, puisque, aujourd’hui, à la salle Jean Moulin à partir de 11h15 sont diffusés à la suite Paye ton Gynéco, de Nina Faure (j’ai déjà vu un de ses documentaires sur le travail précaire et c’était très très bon) et Je ne suis pas féministemais… de Sylvie et Florence Tissot. À 14h, à l’Utopia, Coby, film de Christian Sonderegger, qui traite de la transexualité. Puis retour à la salle Jean Moulin à 16h15 pour une série de courts-métrages choisis sur le thème du droit des femmes directement suivie de la diffusion du film Free Angela de Shola Lynch, documentaire sur Angela Davis.
Pour une fois ça parle des sexes et le but n’est pas de vous faire gonfler le clitoris ou la verge pour vous vendre des maltesers à l’entracte.
Bon c’est tout pour aujourd’hui. Comme hier, je veux poster cet article rapidement au cas où ça vous motiverait pour aller au festival, surtout que le documentaire de Nina Faure est dans une heure, et que je pense qu’il vaudra le coup. Sur ce, à demain.
Vous souvenez-vous de ce que je racontais hier à propos des touche-à-tout, bons à rien ? Et bien, croyez-le croyez-le pas, je tombais l’après-midi même sur Dominique d’Eugène Fromentin dans une boîte à livre du quartier des Aubes. Non ? Si ! Vous ne voyez pas le rapport ? Attendez, ça va venir, moi non plus je ne me doutais de rien sur le moment. Absolument aucune idée de ce que ça pouvait être comme type de livre. Je regarde donc la quatrième de couverture, c’est un fac-similé d’une page manuscrite du roman, illisible. Bien obligé, j’ouvre le bouquin et je me mets à lire la préface. Quel choc ! Voyez ce qu’écrit André Fraigneau, le préfacier :
« … si encore il se fût agi de quelque intrigue « haute en couleur » avec des héros à turbans ou à burnous… le pittoresque littéraire eût rassuré un public qui ne redoute rien plus que les « touche-à-tout ». Il a fallu, si je ne m’abuse, attendre la boutade d’Erik Satie pour faire justice des préjugés entourant et accablant de mépris la notion « d’amateur » : « Les grands artistes, s’est écrié l’auteur de Socrate, sont tous des amateurs. Voyez Léonard de Vinci, Wagner, etc. » Du vivant même de Léonard, combien de fanatiques de sa peinture se sont-ils plaints de tant d’années de consacrées par le maître à des recherches scientifiques bien vaines (l’automobile, l’aviation). Les musiciens traditionalistes, profitant de la jalousie amoureuse de Nietzsche, n’ont pas hésité à traiter Wagner d’ « histrion », voire de « faussaire ». »
Et voilà ! Heureusement que M. Fraigneau était là. J’aurais pu croire toute ma vie que j’étais un raté, alors qu’en réalité je suis un génie. Dès fois, ça tient à peu de chose l’estime de soi. Mais arrêtons-nous là à ce sujet, Erwan va encore dire que les blogueurs sont narcissiques. Pourtant vous êtes bien témoins, ce n’est pas moi qui me jette des fleurs ! C’est André Fraigneau.
D’ailleurs, qui est ce monsieur ? Coup d’œil rapide sur Wikipédia : « André Fraigneau, né en 1905 à Nîmes et mort en 1991 à Paris, est un écrivain et éditeur français. (…) Lecteur aux éditions Grasset, il est notamment l’éditeur de Marguerite Yourcenar. Homosexuel, il repousse assez brutalement les avances que lui fait cette dernière (…) En 1941 il fit partie du groupe d’écrivains français qui se rendent à l’invitation de Joseph Goebbels au Congrès de Weimar (…) » Okay… C’est trop dense pour un dimanche matin, j’irai fouiller plus en détail un autre jour.
Toujours est-il que j’ai scrupuleusement feuilleté le livre, et trois passages ont été soulignés au crayon gris par un·e précédent·e lecteur·rice, trois passages d’une à trois phrases seulement sur trois cent trente-six pages, je vous les rapporte :
« Leur exemple ne m’apprit rien, leur conclusion, quand ils concluent, ne me corrigea pas non plus. Le mal était fait, si l’on peut appeler un mal le don cruel d’assister à sa vie comme à un spectacle donné par un autre, et j’entrai dans la vie sans la haïr, quoiqu’elle m’ait fait beaucoup pâtir, avec un ennemi inséparable, bien intime et positivement mortel : c’était moi-même. » p. 99
« Cette perpétuelle critique exercée sur moi-même, cet œil impitoyable, tantôt ami, tantôt ennemi, toujours gênant comme un témoin et soupçonneux comme un juge, cet état de permanente indiscrétion vis-à-vis des actes les plus ingénus d’un âge où d’habitude on s’observe peu, tout cela me jeta dans une série de malaises, de troubles, de stupeurs ou d’excitations qui me conduisaient tout droit à une crise. » p. 100
« Toute la question est là : trouver ce qui convient à sa nature et ne copier le bonheur de personne. Si nous nous proposions mutuellement de changer de rôle, tu ne voudrais jamais de mon personnage, et je serais encore plus embarrassé du tien. Quoi que tu en dises, tu aimes les romans, les imbroglios, les situations scabreuses; tu as juste assez de force pour friser les difficultés sans avaries, assez de faiblesse pour en savourer délicatement les transes. » p. 278
J’adore lire ce que les gens soulignent dans un livre, surtout si je ne compte pas le lire, sinon j’avoue que c’est un peu chiant. Enfin bref, c’est là, vous en faites ce que vous voulez. Ça fait écho à quelque chose en vous ou c’est le silence total ? C’est vos oignons. Tout ce qui compte, c’est qu’aujourd’hui je vous ai pondu un article de sept cent mots dans lequel plus de la moitié du contenu n’est pas de moi et vous ne vous êtes aperçu·e de rien. Un génie je vous dis.
Assez rigolé. アセリゴレ。Non, y a pas à dire, les choses sont plus belles écrites en Japonais. Assez rigolé, donc. Il me faut être plus discipliné. Je me disperse trop. Je sais faire mille choses un peu, je n’en maîtrise aucune. L’expression touche-à-tout, bon à rien n’a jamais autant sied à qui que ce soit. J’en éprouve quelque honte. Non seulement quand on me demande ce que je fais dans la vie, je ne peux pas répondre par un nom de métier, mais je ne peux pas non plus répondre que je fais de la musique, que je dessine ou que j’écris. Les gens vont s’imaginer que je le fais bien. Hors ce n’est pas le cas, je le fais pour le plaisir. Je sais ce que vous allez me dire, car devin, je le suis un peu également, vous allez me dire que de vouloir s’améliorer dans un domaine est une chose, mais que de le faire pour se justifier d’être un parasite au RSA sans désir de carrière, c’est moche. Alors vous, vraiment, vous savez taper là où ça fait mal. Je ne pensais pas que vous oseriez alors qu’on se connaît depuis à peine plus d’un mois. Laissez-moi cinq secondes pour encaisser et je vous réponds.
Bon, et bien, oui, c’est une partie du problème. Quelque part je me sens coupable de ne pas travailler comme un esclave, voilà. Quelle surprise dans une société qui nous pousse chaque jour à nous sentir coupable lorsqu’on ne travaille pas ! Je dis dans une société, mais m’est avis que ce fut le cas de toutes les sociétés ayant existé jusque là, d’une manière ou d’une autre. Mais même si j’assume et que je dis que je ne travaille pas, on me demande ce que je fais, du coup, et là… Si je dis que j’écris, dans les rares cas où on me demande de faire lire, je n’ose pas montrer, je trouve ça moi même bien nul. Si je dis que je fais de la musique, dans les rares cas où on me dit de faire écouter, je n’ose pas donner l’adresse du SoundCloud, je sais bien qu’on trouvera ça trop… peu ressemblant à ce qui est fait pour être vendu, et donc pas beau. Si je dis que je dessine et qu’on me tend un crayon, je dessine une bite et je lance un regard de défi. Mais pourquoi donc ? Parce que sachant à quel point je suis médiocre dans ces domaines, je n’arrive pas à trouver la force de décrire ces choses comme étant des éléments qu’il serait important de savoir à mon propos lorsque je me présente. Donc je dis que je ne fais rien. Parfois quand on me demande : « tu fais quoi dans la vie ? », je réponds : « j’attends que ça passe ». Je l’aime bien celle-là. Si au moins dans un domaine j’étais moins mauvais, c’est-à-dire plus travailleur, plus discipliné, si j’y passais plus de temps de manière plus régulière quoi, ça poserait moins de problème, j’aurais au moins un truc à montrer, je ferais au moins un petit quelque chose auquel moi le premier j’accorde de la valeur, et donc auquel, je me dirais, quelqu’un d’autre pourrait très bien en accorder également. Mais je ne fais que ce que je veux quand je veux, alors la discipline, la qualité… Bref, on ne sait plus comment se faire valoir d’une manière humble et honnête quand vient le temps des présentations. Tout ça me cause beaucoup de tourment. Mais ce n’est pas pour ça que je voulais parler de discipline au départ. Je me disperse.
Je voulais vous parler de discipline parce que depuis trois ans environ, j’essaie périodiquement d’apprendre le japonais (d’où les katakana en début d’article, rien n’est là par hasard) et je laisse tout aussi périodiquement tomber. Comme avec le dessin et l’écriture, moins qu’avec la musique même si ça fait bien quatre mois que je n’ai rien enregistré. Comment apprendre le japonais si l’on ne s’immerge pas dans la culture ? C’est impossible. C’est trop étranger pour un·e Français·e, et la langue est indissociable de l’histoire culturelle de l’archipel, il faut donc absolument baigner dans l’histoire, la littérature, les actualités et la pop culture du pays, sans quoi on progresse à pas de kabuto. Mais voilà, je vis en France, et il y a beaucoup d’autres sujets qui me passionnent et qui n’ont absolument aucun rapport avec le Japon. Beaucoup de sujets, d’univers dans lesquels il me faut également m’immerger si je veux m’y sentir comme dans un petit appart cozy, et en tirer quelque profit (non-financier évidemment), qui me sont bien plus facilement accessible. Je sais pas si vous voyez ce que je veux dire, si vous voyez pas tant pis, j’en suis déjà à 700 mots faut que je boucle rapidement parce que je sens que j’atteins bientôt la limite à laquelle vous décrochez. Enfin là, je suis bien décidé, je m’y remets sérieusement, j’avais déjà pas mal progressé et j’aime beaucoup cette langue, je ne veux pas encore une fois être juste médiocre dans ce domaine. Je voudrais pouvoir me baffrer la littérature en version originale, avec en tête des références culturelles qui me permettent de comprendre au mieux l’intention de l’autrice·eur. Je veux pouvoir visiter l’archipel loin des grandes villes et pouvoir converser un tout petit peu avec les habitants. Je veux pouvoir lire les blogs japonais ! Si nombreux, depuis des années, ah les petits bijoux qu’on doit pouvoir trouver quand on s’y connaît un peu… Voilà, m’améliorer dans les domaines dans lesquels je m’y connais déjà un peu, c’est aussi et surtout pour prendre le plaisir qu’on ne prend qu’une fois à l’aise dans ledit domaine. C’est une des raisons principales pour lesquelles il me faut me discipliner un peu et pousser le travail plus loin que d’habitude.
Bon faut que j’abrège. Vous savez que sur ce blog, après avoir écrit chaque article, je me réconforte du fait que je n’ai pas pu raconter tout ce que je voulais en me disant que, postant tous les jours, je finirai forcément par revenir sur le sujet en ajoutant à chaque fois quelques détails nouveaux que j’avais oubliés les fois précédentes, afin que vous puissiez enfin saisir le fond de ma pensée. Si tant est qu’il y en ait un, de fond. Bon faut que j’abrège (bis). Qu’est-ce qui m’a poussé à m’y remettre, au japonais ? Beaucoup de choses en peu de temps, mais surtout Manabé Shima de Florent Chavouet. Connaissez pas ? J’en parlerai quand je l’aurais terminé.
Pourquoi je vous dis tout ça ? Parce que si je veux m’améliorer vite et ne plus lâcher, il faut que je sois plus constant, moins dispersé. Il faut que je reste attaché un peu mieux à la culture japonaise au quotidien et donc, annonce, à l’avenir ce blog risque de parler de Montpellier, du monde, de moi, et du Japon, pays dans lequel je n’ai jamais foutu les pieds. Ça va être croquignole. Ne vous en faites pas, je vais vous épargner les discussions sur les anime et les manga. Il y a déjà une bonne chiée de blogs sur le sujet, et bien que certaines de ces œuvres valent à mes yeux tous les Van Gogh du monde, ce n’est pas par ce flanc-là que je prévois d’aborder le Japon. Ce n’est pas non plus par leur culture du travail qui est peut-être la chose qui me terrifie le plus en ce bas monde et sur ce si petit bout de terre. Enfin bref, vous avez compris, il est possible qu’on cause un peu Japon ici à l’avenir, même si ce ne sera jamais la thématique principale du blog.
Et Montpellier, alors ? À Montpellier il fait beau. Sortez vous promener au lieux de lire mes bêtises. Et à demain.
Aujourd’hui, c’est la Saint Vacherin, contraction de Saint Valentin et de vache à lait. Oh la la, que vous vous écriez, il va pas nous faire le coup de la fête pompe à pognon pour consommateurs chevronnés ! Non, en effet, je vais pas vous le faire, le coup. Mais vous êtes pas passés·ées loin.
Enfin quand même, vite-fait en passant si vous me le permettez, vous laissez pas bouffer le cerveau par les vendeurs de parfums qui puent, de crottes en chocolat, de mauvaises tables labellisées maison alors qu’en fait c’est du Métro micro-ondé. Un peu de dignité, merde.
Baisez plutôt. Baisez, baisez, baisez beaucoup. Ça coûte pas cher, juste le prix des capotes et c’est bon pour la santé, contrairement aux trois cochonneries citées plus haut. Baisez pour vous. Baisez pour moi. Moi je n’ai personne avec qui baiser. Il y a 999 raisons à cela, et seulement deux bonnes dans le tas. Tiens. J’ai écris neuf cent quatre-vingt-dix-neuf en chiffres et deux en lettres. C’est aussi bien. C’est plus joli.
La première, de ces deux raisons, c’est que je ne cherche pas activement de partenaire. Je ne dis pas que je ne suis pas pro-actif en la matière pour ne pas susciter d’angoisse chez les chercheuses·eurs d’emploi. Tourner toute mon attention vers ça, c’est pas mon truc, la drague, c’est pas mon truc, la séduction c’est de l’imposture, et j’aime ni les postures ni payer des impôts. Faudrait que je tombe au hasard sur une nana à mon goût et moi au sien, ou ses seins aux miens et les miens aux siens. Ah le bon mot ! On se régale.
Ce qui nous amène à la seconde raison. Quelle est-elle ? C’est que je ne rencontre pas assez de gens. Dommage, c’était la seule chose qui aurait pu m’arracher à l’isolement intime. Peu habitué aux grosses soirées à musique forte, pas danseur pour un cent, à l’aise plutôt dans les petits groupes où ça tchatche et surtout dans les tête-à-tête, ça ne favorise pas. On pourrait ajouter un manque cruel de confiance en soi comme millième raison, mais j’ai appris qu’il ne fallait pas se dévaloriser en public alors chut. On causerait même plus justement si on disait que je n’aimais plutôt pas me mettre en valeur, si ce n’est pour déconner. Mais je ne vais pas m’étendre sur le sujet parce que tout ça me rend quand même un peu triste et que les claviers électroniques n’apprécient pas bien l’eau salée.
Je vous avais dit que je parlerai de mon cul hier, parce que, justement, le billet d’hier était carencé en moi. C’est pas que ça m’amuse, vous savez, simplement j’aime tenir mes promesses.
Que dire de plus ? Toujours des lieux communs, des relents de romantisme de mec un peu frustré : les petites attentions, les beaux cadeaux, c’est un peu triste quand c’est un publicitaire qui vous en donne l’idée, l’envie. Ni plus ni moins que pour la fêtes des parents et grands-, vous me direz. C’est juste un peu sec. Ça sent le couple en vitrine, l’amour sous blister, le désir en rayon chez Carrefour. Mais les gens vont toujours chez Carrefour par défaut, même ceux qui se disent qu’ils devraient pas finissent toujours par y retourner. On s’en sortira pas.
Si comme moi vous avez personne avec qui partager un petit moment d’intimité, je suis sûr que vous avez tout de même des amis·es. N’allez pas les voir juste pour pas rester seul·e ce soir-là précisément. Allez-y parce que se sont vos amies·s et que vous vous sentez bien en leur compagnie. Les amis·es traditionnellement c’est pas fait pour se faire suçotter le zizi, ni pour se faire bécoter le clicli, mais c’est de l’amour quand même.
Putain c’était vraiment niais à souhait cette fin d’article, moi qui comptait mettre du foutre, de la mouille et de la merde à tous les paragraphes. Je m’excuse bien envers vous, lectrice·teur. Promis je ferai mieux la prochaine fois.
Un loup solitaire, tendance mâle bêta, voire gamma ou delta.
(pour le coup je l’aime bien ce pseudo, mais il est un peu long et il ne conviendra pas à tous les articles. Tant pis, on y était presque.)
Amis·es suicidaires, vous allez être déçus·es. Attendez ! Attendez !! Posez cette corde ! Là… Tout doux… Voilà. Bon. Écoutez-moi quand même avant de faire le petit saut. Bien que j’aie assisté à la séance ciné-débat d’hier au Diagonal à l’occasion de la journée de prévention du suicide, je n’ai pas grand chose à vous en dire. Je peux d’une part critiquer le film, mais si vous ne l’avez pas vu vous vous en fichez royalement, et si vous l’avez vu vous n’avez pas envie de revivre cet enfer, et d’autre part je peux vous filer les rares infos utiles qui ont été échangées dans la salle, mais c’est pas grand chose. Enfin, il faut bien que j’écrive quelque chose alors allons-y.
Commençons par le film, donc, et dans un deuxième temps je vous prodiguerai les quelques conseils que j’ai pu glaner. C’est une manière de vous forcer à lire tout l’article pour avoir droit aux tuyaux qui vous permettront peut-être de ne pas vous crever le cœur d’un coup de tournevis. Pas très glorieux comme procédé, mais si on n’exploite pas les gens dans le besoin, on n’exploite personne, comprenez bien. Allez, laissez-moi faire mon travail de blogueur, on discutera de vos petites revendications plus tard.
Le film. 1:54 qu’il s’appelle. Prononcez ün’sinkantkat avec l’accent Allemand. Le film est Québécois. Résumé : une poignée de bons acteurs au service d’un scénario affligeant de médiocrité. Image : très belle. Musique : juste ce qu’il faut de clichés et de répétitivité pour renforcer la niaiserie (au sens québécois, français, n’importe) du film. Scénario, donc : niveau projet cinéma de lycéens, sur le thème du harcèlement, destiné à des collégiens. Synopsis : Au lycée, Gentil 1 et Gentil 2 se font harceler par Méchant et ses sbires. Gentil 1 et Gentil 2 font des projets de science ensemble, ce qui leur permet de se retrouver seuls le soir dans un parc. Gentil 1 manque d’embrasser Gentil 2 alors qu’il feint de dormir un de ces soirs. Gentil 2 se fait toujours plus harceler au Lycée, quand on le traite de fif (tapette en québécois), il assume. Gentil 1 n’assume pas, il a peur d’être assimilé à Gentil 2 à qui il voulait rouler un patin quelques heures plus tôt. Gentil 2 se suicide.
Gentil 1 décide de ne parler à personne de la situation. Il décide de prendre Méchant sur son terrain. Le 800m. Oui. La course à pied. Il est bon, Gentil 1, il fait peur à Méchant qui risque de perdre sa place de champion. Méchant prend donc une vidéo de Gentil 1 dans laquelle il se fait sucer un fois bien bourré dans une soirée et le fait chanter. [insérer ici 1h30 de film sur la course à pied] Gentil 1 perd la compétition mais la vidéo est quand même diffusée sur les réseaux sociaux. Gentil 1 se fait harceler et décide de faire une jihadette grâce à ses cours de physique-chimie qu’il a bien tous suivis, il fabrique une bombe pour la faire exploser dans un club où tous ses camarades du lycée font la fête, mais en fait, c’est lui qui explose tout seul à la fin.
Ce film parle donc 10 minutes de suicide, 1h40 de harcèlement et d’athlétisme, et 10 minutes de terrorisme.
Bon je suis moi-même fatigué d’en parler, tant pis pour les détails, on va faire un entracte photo et passer à la suite.
Vous avez remarqué ? Notre photographe nous prend un vélo sur un balcon pour la seconde fois ? Un psychanalyste aurait bien des choses à dire à ce sujet. J’ai peur qu’elle n’aille pas très bien mais que n’osant pas nous le dire, elle cherche à faire passer le message par ses clichés.
Toujours est-il que cette photo est pile dans notre propos, contrairement au film dont je vous parlais : le suicide. Qu’est-ce qui peut pousser un vélo à être désespéré au point de se retrouver dans une situation aussi terrible ? Souffre-t-il de solitude ? On ne voit son propriétaire nulle part. Est-il moqué par les autres vélo qui passent en bas ? Va-t-il sauter ? Va-t-il pas sauter ? Il a pourtant l’air neuf et solide, il a une belle vie de balades devant lui, alors qu’a t-il ? Le propriétaire semble même avoir installé un étendoir anti-suicide juste devant le balcon, ce n’est donc certainement pas sa première tentative. Hélas, cela ne suffira sans doute pas, on le voit déjà passer une roue par dessus la rambarde, il semble déterminé à en finir.
Je trouve d’ailleurs ça un peu limite de la part de notre photographe de nous laisser dans l’expectative, sans nous indiquer si oui ou non il a fini par sauter, s’il est mort, si quelqu’un l’a secouru ? C’est jouer avec nos émotions. C’est du sensationnalisme.
Mais revenons-en au suicide chez les humains. Je ne suis absolument pas expert dans le sujet, alors je vais en parler en essayant de dire le moins de bêtises possibles. Pas facile. Commençons.
S’il vous vient l’idée de vous supprimer, le mieux, c’est d’en parler. Plusieurs choix s’offrent à vous : en parler à des proches, amis.es, famille. Il ne faut pas hésiter, dites-vous bien que la petite angoisse que vous susciterez chez eux n’est pas comparable à la douleur et à la culpabilité qu’ils ressentiront si vous passez à l’acte alors qu’ils n’avaient pas su déceler votre mal-être. Malheureusement, on le sait bien, c’est parfois impossible. Question d’entourage, de contexte social. Nombreuses sont les associations qui proposent alors des solutions anonymes pour pouvoir exprimer vos émotions, votre détresse. Par exemple S.O.S. amitié, qui propose une ligne téléphonique ouverte 24/24h, mais également un chat (genre internet, pas la boule de poils), si vous êtes plus à l’aise pour vous exprimer à l’écrit. C’est, d’après leurs dires, la solution privilégiée par les 15-24 ans. Il y a également Le Refuge, association qui vient en aide aux jeunes souffrant d’un rejet social à cause de leur orientation sexuelle. Cette dernière rappelle qu’elle prend les appels de toute nature, nombreuses sont les personnes qui veulent simplement parler, homosexuelles, bi, trans ou hétéro.
Petit détour par des chiffres assez effrayants. Ça touche tous les âges et toutes les couches sociales, le suicide. En France, on compte chaque année environ : 200.000 tentatives, 10.000 morts, 600 chez les 15-24 ans dont 200 liés à une homosexualité mal ou pas acceptée par l’entourage. Chez les 15-24 ans, le suicide est la seconde cause de mortalité (après la route).
Dans tous les cas dites-vous bien que vous n’êtes pas seul·e, et que beaucoup de personnes bienveillantes sont disposées à vous apporter de l’aide et du réconfort par tous les moyens dont elles disposent. En parler est libérateur, tous les médecins et scientifiques sont catégoriques à ce sujet. Osez parler.
En ce qui concerne l’entourage des gens qui vont mal. On sait bien que la solution c’est d’en parler, de faire parler, d’écouter, mais les personnes qui vont mal sont parfois tellement honteuses de leur situation, des idées noires qui tournent en rond dans leur tête, qu’elles ne feront pas la démarche d’aller vers l’autre pour en causer. Ces pensées ne font que les isoler d’avantage. C’est notre rôle à tous, en tant qu’amis·es, que famille, que professeurs, qu’humains·es, d’aller vers celui ou celle qui va mal et de lui montrer qu’on est disponible. Qu’on peut aider. Qu’on veut aider. Qu’on va aider. Bien des personnes n’osent pas demander à un proche qui va très mal si dans son désespoir, il ou elle a déjà pensé à mettre fin à ses jours, craignant de donner une idée qui n’aurait pas déjà été là. Hors, dans l’écrasante majorité des cas, c’est justement lorsque le sujet est évoqué par un·e autre que la personne en souffrance se met à parler, à se soulager, à —et c’est extrêmement important— se sentir comprise. Sachez simplement le faire avec tact, avec délicatesse, en adaptant votre vocabulaire et votre ton à la personne que vous avez en face de vous. Autre chose : à partir du moment où la personne répondra qu’en effet, ça lui trotte dans la tête de se foutre en l’air, il faudra prendre des dispositions, faire quelque chose. C’est une responsabilité, c’est sûr. Mais s’il vous plaît, ne fermez pas juste les yeux en attendant que ça lui passe ou que ça casse, par confort. Si ça casse, et ça peut casser, il sera de courte durée votre confort.
Voici une petite liste d’associations pour parler, être écouté·e et se faire aider, toutes ont des antennes dans plusieurs villes en France, n’hésitez pas à faire appel à elles :
Toutes ces associations ont aussi besoin de bénévoles, n’hésitez pas à y adhérer si vous avez du temps à leur consacrer.
Allez les potos, à demain ! La conversation sera plus légère, ce soir c’est théâtre, je vous raconterai. En attendant ne faites pas de bêtise, j’ai vraiment pas envie de perdre un·e lecteur·rice, déjà que j’en ai pas beaucoup. Déconnez pas, pensez à moi un peu, merde.