#210 – Lyonniais #036 – Plutôt me les couper que de ne pas avoir le choix de ne pas le faire

Ce matin, alors que j’étais en train de lire l’article de Gérard-François Dumont, Japon : le dépeuplement et ses conséquences, publié en 2017, je reçois l’e-mail d’une amie qui m’y cause (non, elle ne mycose pas, lisez mieux) d’amie enceinte et me demande si j’ai déjà envisagé de me faire faire une vasectomie (car l’idée que je me reproduise fait frissonner pas mal de monde, savez-vous). Vous ne voyez pas le rapport ? Ou alors peut-être vous demandez-vous si je pense qu’en me vasectomiant (ça n’existe pas plus que le verbe mycoser, cherchez pas) je craindrais quelque part de contribuer au dépeuplement de la France et à ses conséquences ? Non, vraiment, vous me prenez pour un Eric Z. ? Sans déconner…

Eh bien non, c’est que mon inculture est si profonde qu’à chaque nouvel article que je lis, j’apprends quelque chose. La plupart du temps, même, quelque chose que tout le monde sait certainement déjà. Dans l’article cité plus haut, j’apprends donc que « le Japon vote une « loi sur l’eugénisme national » mise en œuvre en 1948. L’objectif affiché est d’empêcher la naissance d’enfants considérés comme présentant des handicaps et de protéger la vie et la santé des mères. Aussi la loi rend-elle obligatoire la stérilisation des porteurs d’un certain nombre de caractéristiques jugées négatives et l’avortement pour raison de santé ou motifs sociaux ; le nombre des stérilisations s’élève de 5 600 en 1949 à 38 000 en 1955. Quant au nombre des avortements officiellement recensés, il dépasse le million de 1953 à 1961, avec un taux rapporté aux naissances qui atteint même 71,6 % en 1957. »

Ça vous la coupe hein ? C’est le cas de le dire. La coïncidence était trop belle pour moi qui ne savait, une fois encore, pas quoi vous raconter, du pain béni, comme on dit. Eh bien oui. Depuis mes dix-huit ans, j’y pense vaguement, à la vasectomie. D’où me vient donc cette idée ? De mon incapacité à pouvoir garantir à l’enfant que je mettrais hypothétiquement au monde une vie sans souffrance, ainsi qu’au refus de penser cyniquement « de toute façon, tout le monde souffre. » Vivre m’a bien des fois été insupportable, au point qu’il n’y ait pas un seul jour qui passe sans que je ne songe à la mort (sinon à me la donner, du moins comme elle doit être apaisante quand elle vient finalement et cesse d’être une source d’anxiété permanente). Pourtant, si je devais comparer mon existence à celle de la majorité des êtres ayant vécu sur cette terre, mon parcours en ce monde apparaît comme une véritable balade à la fête foraine par un beau soir de printemps. Je me demande ce que ça doit être pour ceux et celles dont la misère est des plus totale. Parfois, donc, quand je pense à tout ça, je me dis que je préfèrerais me les couper moi-même au couteau à beurre plutôt que d’assister impuissant à la douleur de celui ou de celle à qui je n’ai pas demandé l’avis avant d’égoïstement le ou la plonger dans un enfer qu’à sa naissance je n’ai pas voulu regarder en face.

D’un autre côté, il y a des gens très heureux. Des qui ont vécu des horreurs, mais qui sont malgré tout à peu près satisfaits d’être là. Et moi-même, si aucun jour ne passe sans que l’angoisse ne vienne faire un peu d’ombre à mon bonheur, je me sens ces derniers temps plutôt bien que mal et j’ai, par le passé également, eu quelques beaux moments de fou-rires et de joie. Attention, aucun de ces beaux moments ne vient se rappeler à ma mémoire quand ça ne va pas, mais ils ont été là et continuent de se produire. Certaines relations parent-enfant sont également sources de joies intenses et de bien-être qui peuvent vous faire relativiser les tracas de l’existence, et il ne fait pas de doute que les enfants sont souvent les meilleurs remèdes à la morosité ambiante du monde des adultes.

Alors quoi faire ? Je n’ai pas fini de me poser la question. Et justement, j’ai envie d’avoir longtemps l’occasion de me la poser, donc point de vasectomie à l’ordre du jour. Étant d’un caractère à détester toute injonction ou tentative de coercition, d’où qu’elle provienne, des lois comme celle promulguée dans le Japon d’après-guerre me donneraient envie de me les arracher pour les coller au fond de la gorge de ceux qui l’ont votée. Histoire d’être bien sûr de n’imposer ce monde où règnent les raclures à aucune éventuelle descendance, et à la fois de bien leur faire comprendre ce que j’en pense, de leur autorité autoproclamée sur mon corps, ma personne, à ces décideurs-à-ma-place. Plutôt me les couper que de n’avoir pas le choix de ne pas me les couper, en somme. Mais dans ma région du monde et à mon époque… je ne peux pas me résoudre à un acte aussi définitif.

Moi qui n’aime pas l’idée des tatouages de par leur caractère permanent, vous imaginez si l’aspect définitif de la vasectomie me séduit peu. C’est qu’en dix ans, j’ai beaucoup changé. Pas tant physiquement que dans mes idées et ma façon d’être, ou par les désirs et les aspirations que je nourris. Aujourd’hui, si je ne veux pas d’enfant (et je n’en veux pas) je peux très facilement me retenir d’en avoir sans vasectomie. Même si, oui, l’amour est meilleur sans capote et sans se retirer juste avant de jouir. Mais qui sait où j’en serai dans dix, quinze ans ? Je me laisse donc le choix de pouvoir choisir jusqu’au bout, car en ce qui concerne l’avenir, je ne suis sûr de rien. En ce qui concerne le bonheur de ma voisine ou mon voisin comme des mes rejetons virtuels, je ne suis sûr de rien. En ce qui concerne le bienfondé d’avoir ou ne pas avoir d’enfant à tel ou tel âge, je ne suis sûr de rien. En ce qui concerne l’intérêt qu’il y a à vivre, je ne suis sûr de rien. Il y a bien une chose dont je suis certain cependant, c’est que je serai toujours prêt à défendre une société qui permet à chaque individu d’effectuer ses propres choix vis-à-vis de sa volonté ou non de se reproduire (comme de se donner la mort) quitte à ce qu’il se trompe et le regrette, car disposer de soi-même, c’est bien la moindre des réparations à accorder à des êtres qui n’ont jamais choisi d’être là.


#209 – Lyonniais #035 – Des hauts débats

J’ai entendu causer, mais vraiment comme ça en passant, d’un grand débat national. J’avoue ne pas bien savoir de quoi il s’agit, mais je me demande tout de même s’ils vont trouver une salle avec assez de place pour faire entrer tout le monde, et si l’on va faire fabriquer des sièges pour l’occasion ou si chacun·e devra amener son propre tabouret. Et l’ordre du jour, comment va-t-on en décider tous ensemble ? Ça risque de prendre du temps mais on ne pourrait décemment pas éviter d’en passer par là. Une fois installés et -lées dans la grande salle qu’il faudrait donc penser à faire construire assez vite, devra-t-on inscrire sur un petit morceau de papier les sujets dont on veut débattre et le faire passer en bout de table, la personne en bout de table récupérant les feuilles de sa rangée et les faisant à son tour passer à la personne devant elle et ainsi de suite, jusqu’à ce que tous les petits papiers arrivent au bureau du président qui les lira à voix haute et procédera à un vote à main levée pour décider des sujets que l’on garde ou pas ? Évidemment, il ne faudra pas se tromper entre le papier qu’on fait passer au président et celui qu’on comptait faire passer à Nicole ou Nicolas et sur lequel était inscrit : « est-ce que tu veux bien sortir avec moi ? oui / non, entoure la réponse », sinon on n’y arrivera jamais. Ce projet me paraît bien ambitieux, mais je suis sûr que ceux et celles qui l’ont organisé ont tout prévu et qu’ils y mettront les moyens pour que chaque Française et chaque Français ait son mot à dire, voit ses questions étudiées, et que des temps de paroles égaux pour les soixante-sept millions d’habitants et -tantes que nous sommes soient scrupuleusement respectés, sans ça, ça ne sert à rien. Personnellement, moi, je voudrais que soit discuté le rapport qu’entretient la société au bien-être de l’individu, ce qui, je l’espère, ne devrait pas manquer de déclencher une réflexion sur la mort, l’absurdité de la vie, et la place du travail et de l’argent dans tout ça. Je sens que ça va être passionnant.

#208 – Lyonniais #034 – Faut pas avoir la tremblotte pour jouer au Mikado

J’étais tranquillement installé à la table d’un café sur les bords du Rhône, table stratégiquement choisie pour son exposition plein soleil (j’ai passé douze ans à Montpellier sans être foutu de savoir distinguer le nord du sud, alors ne me demandez pas d’être plus précis après quatre mois à Lyon), en train de boire un —surprise— café, quand je tombai sur cette note de bas de page du Japon pré-moderne (1573 | 1867) de Ninomiya Hiroyuki (二宮 宏之) : « Le shôgun est donc dit taikun et l’empereur, le tennô, est alors désigné par le mot mikado« .

Ça alors ! que je me dis, c’est donc sûrement de là que vient le nom du jeu si célèbre et si déclencheur de fou-rires, dans une tentative de me trouver intelligent en dépit de mon incapacité à retenir une seule information de l’enchaînement de noms de seigneurs et de fiefs, de dates et de revenus convertis en quantité de riz (koku [石]) qu’un tel ouvrage académique de civilisation ne manque pas d’offrir. Et justement, à découvrir cette succession sans répit de prises de pouvoir par divers partis à la suite de ruses et de coups de force, j’avais été amené à penser que le jeu du Mikado représentait symboliquement le fait de mettre de son côté, ou de vaincre, les divers seigneurs en place un à un et en toute discrétion, sans inquiéter les autres (ce qui vous ferait courir le risque qu’on s’aperçoive de vos ambitions et qu’on trouve un moyen de vous écarter plus ou moins brutalement de ce jeu de pouvoir), c’est-à-dire sans les pousser à bouger, jusqu’à enfin obtenir la plus puissante des positions, celle de mikado. Le Mikado étant, dans le jeu, le bâtonnet octroyant le plus de points au joueur qui le possède.

Le terme mikado, qu’on pouvait utiliser pour évoquer le tennô, l’empereur donc, et qui servait originairement à désigner le palais impérial, a été employé selon différentes sources de l’internet (qui reprennent toutes mot à mot les mêmes phrases et sans source donc je m’en méfie) au cours des époques Heian et Edo. À l’époque Heian (794 – 1185) et à l’époque Edo (1603 – 1868), ou de l’époque Heian à l’époque Edo ? Je n’en sais rien et, pour tout vous dire, ça ne fait pas une grande différence concernant l’origine du jeu du Mikado, car (toujours selon l’internet sans source) des descriptions du jeu existeraient déjà dans des textes bouddhiques du Ve siècle avant l’an 0 de notre calendrier grégorien. Le Mikado n’est donc pas un jeu d’origine japonaise symbolisant les luttes de pouvoirs de ce pays. Ma fulgurante déduction s’en trouva donc vaporisée, me laissant nu au milieu des références historiques qui me passaient au dessus de la tête comme autant de vautours affamés de ridicule se payant copieusement ma tronche. Hein ? Non, effectivement, je ne suis pas plus doué pour le lyrisme que pour retenir une simple suite chronologique d’évènements. Ô, à quel point je m’étais planté. Le nom du jeu tel qu’on le connaît aujourd’hui en France lui vient même de la marque d’un fabriquant de jeux, alors qu’on le connaît sous l’appellation pick-up sticks, jackstraws et spillikins dans les régions anglophones, et de jonchets, ou onchets, dans la France du XIXe siècle.

Bon, ben, je préférais mon explication. Et quoi qu’on en dise, que ce soit pour jouer au Mikado ou pour devenir mikado à la place du mikado, faut pas avoir la tremblotte.

#207 – Lyonniais #033 – Il est 19h18 et je mange des céréales

Le titre de cet article aurait pu être « Avez-vous déjà transporté des meubles dans le métro ? Moi je viens de le faire, je ne vous le conseille pas » ou bien « Aujourd’hui j’ai acheté huit livres en japonais parce qu’ils coûtaient que dalle sans savoir de quoi ils parlaient, résultat je me retrouve avec la biographie d’un ultra-capitaliste et un manuel pour lire son avenir selon son groupe sanguin », ou encore « hier j’ai encore dormi six heures, j’ai besoin d’une nuit complète sinon je vais finir par agresser quelqu’un, et expliquez-moi à quoi ça sert d’être sans emploi si on n’a même pas le temps de dormir ? » ou même « Y vont bien finir par s’apercevoir que sous prétexte de trouver des titres hypothétiques je ne vais, une fois de plus, rien écrire d’intéressant aujourd’hui », ou alors « Dans dix minutes je suis en pyjama et j’en sors pas avant lundi ». Mais non, c’est « Il est 19h18 et je mange des céréales », ce qui n’est déjà plus vrai puisqu’il est maintenant exactement 19h26 et que j’ai fini de manger mes céréales pour pouvoir écrire ce texte. C’est du voyage dans le temps à pas cher. Profitez, c’est cadeau. Allez, j’arrive plus à garder les yeux ouverts et du coup je tape à côté des touches que je vise sur mon clavier, c’est signe qu’il faut que je vous laisse. J’essaierai de me rattraper demain. Bisettes.

#206 – Lyonniais #032 – On fait comme on a dit

« Allez, d’accord, mais une heure et c’est tout. Juste une petite heure. Toute petite. Dans soixante minutes, pile, on se lève. » Combien de fois l’avez-vous dit, combien de fois entendu ? En tout cas, ce dont je suis sûr c’est que vous n’avez jamais respecté votre parole, et moi non plus. Une demi-heure, une heure, c’est la durée annoncée de la sieste de 17h30. Celle d’après plusieurs nuits à moins de six heures de sommeil. Dans les faits ce sera une heure trente, deux heures de sommeil au minimum, et un réveil snoozé cinq, six fois entre temps. Par exemple, là, je vous écris depuis l’année 19h36. Hein ? J’ai dit année ? Commencez pas, j’ai aucune patience quand je me réveille en retard d’une sieste qu’a débordé. Surtout quand je sais que je devrais retourner dormir dans trois heures, juste quand je commencerai à être assez alerte pour ne pas retrouver le sommeil. Vraiment, ça me met d’humeur à envoyer chier la terre entière. La première chose que j’ai pensé en coupant mon réveil pour la dernière fois, c’est « m’en fous, je l’écrirai pas cette putain de note de blog. Z’ont qu’a venir se plaindre si y zosent, cette bande d’internautes de mes deux, d’une seule main que je me les prends et que je leur fais bouffer leurs clavier par le cul. » Oui. Ça me rend grossier aussi. Alors voilà ce qu’on va faire : moi, je vais me convaincre que ces quelques phrases tapées tant bien que mal, les paupières encore collées l’une à l’autre et la marque du drap incrustée sur la joue, suffisent amplement à remplacer le billet sur le Musée des Confluences que je voulais vous écrire aujourd’hui parce vous ne méritez pas mieux, et vous, de vôtre côté, vous allez vous en satisfaire sans broncher parce que, de toute façon, quel choix vous avez ?

Non sans déconner, faites pas de sieste à 17h30. C’est JAMAIS une bonne idée.

#205 – Lyonniais #031 – Dehors, il fait beau. Et dedans ?

Aujourd’hui, à Lyon, il fait bon. Non, beau, pardon. Deux jours de suite, ça faisait longtemps que ce n’était pas arrivé. Il fait froid, certes, mais le ciel est Montpelliérien. C’est-à-dire d’un grand bleu sans nuage. Donc beau, mais pas bon, car ce dernier terme supposerait une température agréable. Or, à 11h, l’herbe des parcs était en grande partie toujours givrée, du moins près des fleuves. Ça ne vous intéresse pas ce que je raconte ? Vous avez en horreur la petite conversation météorologique ? Ne vous inquiétez pas, c’était juste une introduction.

De nombreuses personnes ressentent une difficulté à conserver leur bonne humeur lorsque la grisaille perdure. Z’ont beau se dire qu’au-delà du tapis de nuages étalé au-dessus de leur tête il fait tout bleu et que le soleil chauffe, ça n’y change rien. Question de vitamine D, j’imagine. Suis pas biologiste. Je croyais moi-même faire partie de ce groupe-là. Eh ben pas forcément. Mon humeur est bien plus constante que lorsque les jours de grands soleils alternaient inlassablement avec les nuits très noires. Fulgurantes excitations dès le matin, sentiment d’être un ouistiti en cage chaque soir, et donc frustrations monstres, et donc déprimes chroniques. Alors qu’ici, bah… c’est toujours un peu pareil. Je me lasserai sans doute de la monotonie comme je me suis lassé de ces hauts et bas quotidiens au sein des mêmes 24h. Je vais même vous dire, il y a plusieurs semaines de ça, après un bon mois de gris 25% en continu, le ciel s’est dégagé une petite heure et ce salaud d’astre solaire en a profité pour me balancer ses rayons en plein dans la gueule. Eh ben je me suis senti agressé. Oui, rien que ça. Agressé. De quel droit venait-il me sortir de mon petit confortable cocon grisounnet pour me foutre un coup de speed soudainement ? Surtout si c’était pour repartir aussi sec qu’il était apparu ? Non mais franchement.

La bonne humeur, ça se cultive indépendamment du temps qu’il fait. Mais encore faut-il avoir bien préparé le terreau dans lequel on compte la faire fleurir. Ah non, merde, je me trompe de post. Le discours imagé c’était hier. Enfin tant pis, continuons cinq secondes puisqu’on a commencé. La bonne humeur se cultive, donc, cependant il est clair que chacun·e ne part pas avec les mêmes outils de jardinage, et n’a pas forcément les mêmes chances d’acquérir les plus solides d’entre eux. Hmm. En fait j’ai fini, j’ai plus d’idée pour filer la métaphore. Ah si, personne à ma connaissance ne dispose de la notice desdits outils. Mais de toute façon, d’une j’ai jamais vu de notice accompagner les outils de jardinage, et de deux ça commence à devenir lourdingue alors j’arrête pour de bon. Ce que je voulais dire en bref, c’est que s’il ne fait pas beau ni bon dehors, il reste sans doute toujours possible de faire en sorte qu’il fasse beau à l’intérieur, bien que ce soit loin d’être simple. Et aussi que j’ai pris ces deux photos il y a longtemps et que je voulais les caser quelque part, il me fallait donc bien broder quelque chose autour.

Alors, brillez les amis·amies. Brillez pour vous, brillez pour moi, brillez pour celles et ceux qui vous entourent. Ne laissez pas la météo décider forcément du temps qu’il fera sous votre caboche et dans votre petit cœur. Et si vous n’y arrivez pas tout de suite ni à tous les coups, ne vous exaspérez pas malgré mes exhortations, car vous savez bien que je raconte souvent des conneries. Ce qui marche peut-être pour moi, et encore c’est loin d’être sûr, ne marche peut-être pas pour vous, voire ne marche pas du tout. Mais laissez-moi espérer un peu quand même, ça me fait du bien.

Peut-être une dernière chose tout de même, concernant les notices explicatives relatives au bonheur. Moi, je serais vous, je me méfierais de celles et ceux qui cherchent à me les vendre.

Allez, à demain. J’espère quand même qu’il fera beau.

#204 – Lyonniais #030 – Métaboles et paraphores

Il y a les choses qu’on dit clairement et celles qu’on ose seulement murmurer. Au dessus et en dessous, amplitudiquement parlant, il y a les choses qu’on hurle et les choses qu’on tait. Cet après-midi, je disais à mon amie que j’avais écrit les quatre dernières notes du blog sans problème et que donc, ça y était, j’abordais le cycle de la semaine et demie à ne plus savoir quoi dire. Enfin, pas tout à fait ça. Que j’avais à dire certaines choses, mais que je n’osais pas, pour diverses raisons, et que donc je n’avais rien à dire. Elle m’a donc proposé de les dire, ces choses, mais sous forme de paraboles, de métaphores. Eh, pourquoi pas ? Tentons l’expérience.

Une larve qui ne pouvait se résoudre à faire caca dans son propre cocon, de peur de se noyer sans doute, mais ne sachant trop comment sortir sans se faire picorer des oiseaux, préférait ne pas faire caca du tout quitte à mourir d’occlusion intestinale. Une puce qui passait par là, sautant allégrement, légère de pouvoir déféquer quand elle le voulait, vit la larve toute enflée de s’être tant retenue en train de se tortiller. « Toi, lui dit-elle, tu m’as tout l’air d’avoir envie de faire caca. -C’est bien vrai, lui répondit la larve, car je me retiens depuis fort longtemps. J’ai trop peur de me noyer dedans -Fais comme moi, lui proposa la puce, je ne fais caca que de toutes petites crottes sèches et noires, bien calibrées. Ploc ploc ploc. Nulle coulure. Ainsi je suis à mon aise pour gambader par chiens et par chats en sautillant gaiement. » Et c’était vrai, les puces font de toutes petites crottes sèches et noires et passent ainsi leur temps à sauter, c’est pour cette raison qu’on les nomme les lapins du monde des insectes. « Si tu procèdes ainsi, reprit la puce, tu ne pourras pas te noyer. Enfin, ne mange pas trop de fibres quand même… et évite les laitages. » Sur ce, la puce sauta sur un hérisson qui passait juste en dessous, mais rata son atterrissage et alla s’empaler sur une épine. Voyant ceci, la larve qui s’était presque laissée séduire par ce discours, dut serrer les fesses plus fort encore qu’au départ, car dans la perspective du soulagement à venir, elle s’était relâchée un peu, et il est fort dur de se reprendre après ça. Tellement dur en vérité qu’elle ne put s’y tenir. Elle attendit que la nuit fut bien opaque et totalement silencieuse pour se risquer à glisser ses fesses par une minuscule ouverture hors de sa capsule de soie. Mais à peine eut-elle sorti son cucul du cocon pour faire caca qu’un coucou la croqua. « Beuark ! s’écria le coucou. Elle avait vraiment un goût de merde celle-là. »

Voilà, voilà. Oh je sais, je ne suis pas un roi de l’allégorie, et vous aurez bien sûr toutes et tous deviné le fond de ma pensée sans que j’aie besoin d’en rajouter. Mais, ça m’a fait du bien de pouvoir me livrer sans pour autant me sentir trop impudique, sans me rendre trop vulnérable. Je ne sais pas bien de quoi je pense me protéger ainsi, car quand on a des convictions politiques aussi fortes que celle-ci, qu’importe l’enrobage au fond, elles se repèrent au premier coup d’œil. Enfin… Méditez bien là-dessus, et à demain.

#203 – Lyonniais #029 – Une histoire comme tant d’autres

Un homme en imperméable noir s’avance parmi la foule alors qu’autour de lui tous et toutes reculent. Son pas est assuré, bien qu’il boite un peu. Personne n’est parfait. Une fine moustache souligne le contour de sa lèvre supérieure dont la forme est symétrique à celle d’un doublevé par rapport à un axe horizontal, ce qui est fort commun malgré la description quelque peu ampoulée. Il tient à la main un petit objet sphérique. Vraiment très petit. Non, plus petit que ça encore. Voilà, à peu près. De la taille d’une bille, donc, qui aurait rétréci sous la pluie, et non au lavage, car on ne met pas les billes à la machine. En vérité, l’objet est tellement minuscule que la femme vers laquelle il s’avance a l’impression qu’il joint simplement l’extrémité de son pousse à celle de son index, formant un cercle dans l’espace ainsi délimité par ses deux doigts, afin de lui jouer une mauvaise blague de collégien. Mais il n’en est rien. Arrivé à son niveau, l’homme passe à côté d’elle sans même sembler la considérer. Comprenant alors qu’elle n’est pas l’un des personnages principaux de cette histoire, elle se met à reculer comme le reste de la foule.

L’homme a maintenant parcouru bien des mètres en ligne droite et la foule n’a cessé de reculer, si bien que lui se retrouve seul à un bout de la rue dont les néons refoulent la nuit à renfort de photons fluo, et que les autres s’agglutinent à l’extrémité opposée de la chaussée. La masse des piétons étant mal répartie, la rue s’est mise à pencher. L’homme en imperméable noir doit se plier en deux pour gravir ce qu’il lui reste de chemin à parcourir. Il en est même contraint à poser ses mains sur la paroi de bitume afin d’adhérer mieux à la côte et ne pas glisser. Grace à son long imperméable, la foule est incapable d’apercevoir son derrière et de lui faire des commentaires désobligeants quant à sa taille, sa forme ou sa couleur. Grace à sa fine moustache, la pluie ne ruisselle pas jusqu’à l’intérieur de sa bouche, mais reste stockée dans le poil, ce qui n’est pas inutile si l’on se met à avoir soif et qu’on ne dispose pas d’un verre pour recueillir l’eau qui tombe. Ainsi, il continue à grimper, l’esprit tranquille.

Après d’éreintants efforts, l’homme en imperméable noir, à bout de souffle, parvient au sommet de la rue. Il se retourne alors et, toisant de son perchoir la foule en contrebas dont les membres, ne pouvant reculer plus, ont fini par s’imbriquer et former une ligne bien droite d’un trottoir à l’autre, il hurle de tout ses poumons : « ATTENTION !!! » Puis, délicatement, il pose à ses pieds l’objet qu’il n’avait pas lâché durant toute son ascension. Celui-ci se met à rouler en suivant la pente. Il roule, il roule, il roule, il roule, prenant de la vitesse à chaque seconde, une vitesse fantastique, inédite ! Tout en bas, la foule retient son souffle. « Ça arrive », disent certains, « tenez-vous prêts » intiment d’autres. Ainsi, tous et toutes se tiennent prêts et prêtes, chacun et chacune étant très bien au courant que ça arrive. L’homme en imperméable noir, n’entendant pour sa part rien de particulier, sans doute à cause de la distance, et le temps se faisant long d’être perché seul et si haut, finit par dévaler lui-même l’asphalte à toutes jambes et rejoindre la ligne humaine. « Alors ? » lance-t-il une fois à la portée des autres. « Alors, lui répond l’une d’entre eux, c’était trop petit, on l’a pas vu passer. »

#202 – Lyonniais #028 – L’écriture inclusive, c’est bien mais pas top

Depuis l’ouverture du blog Montpelliérien, et donc maintenant sur Lyonniais, je tente de me tenir comme je le peux à l’écriture inclusive. Ce qui n’est pas facile. L’écriture inclusive, je trouve ça intéressant et je la vois d’un mauvais œil à la fois. Je vais essayer de m’expliquer brièvement, parce que j’ai la flemme d’écrire. J’en ferai peut-être un article complet un jour, étayé de citations et appuyé de sources universitaires solides une autre fois. Là je vais tout balancer en vrac comme ça me vient.

Ma première rencontre avec l’écriture inclusive fut un texte dont j’ai oublié le titre et la provenance et qui disait, d’après ma piètre mémoire, qu’il fallait cesser de mettre les femmes entre parenthèses. On ne devait plus écrire un(e) marchand(e), par exemple, et on y prônait l’utilisation du « · » que désormais tout le monde connait. J’avais été assez agacé par le ton de l’article qui semblait donner des ordres quant à la manière dont tout un chacun (toute une chacune ?) devait écrire, car je considérais que le langage est propre à chaque personne et ne doit en aucun cas se conformer à des règles dictées par une quelconque autorité, que celle-ci soit l’académie française ou un groupe militant. Mon langage m’appartient comme le tien t’appartient à toi. Ton orthographe, tes expressions, tes tournures de phrases comme ton accent, c’est toi. C’est sympa une langue commune, c’est encore mieux une langue riche de mille variations à l’écrit comme à l’oral. Bref, chacun·e sa langue, et se comprenne qui pourra, pour les autres on fera appel à un tiers chargé de traduire. Je trouvais également que tout cela était bien symbolique, et le symbolique moi, ça m’emmerde. C’est de la poudre aux yeux. Le symbolique, c’est beau, c’est tape-à-l’œil, ça n’explique rien, ça pousse à agir selon l’affect et pas la raison, c’est l’outil principal du conformisme bêbête, et le conformisme bêbête est l’outil principal du harcèlement de minorités par des majorités qui se pensent dans leur bon droit parce que ben, euh, c’est la majorité quoi, les autres n’ont qu’à s’écraser. Entre un(e) marchand(e) et un·e marchand·e, la différence me paraissait purement symbolique.

Cela dit, je me suis aperçu avec les années et à force de lecture, que même si on évacuait cette question des parenthèses ou du point médian, les textes qui me tombaient sous le nez s’adressaient implicitement aux hommes en grande majorité. Surtout chez ceux et celles qui aiment écrire comme on parle. Les adresses directes aux lecteurs et aux lectrices étaient en fait des adresses à des lecteurs seulement. Des « hé, les mecs », ou des « quand votre femme » partout, supposés s’adresser au lectorat en général. Par contre, des « hé, les nanas » qui ne s’adressaient, eux, qu’aux femmes spécifiquement. Dérive logique et qu’on ne voit pas forcément venir du neutre masculin. Hors, moi, je ne voulais pas écrire seulement pour les hommes ou seulement pour les femmes, je voulais écrire pour tout le monde, sans qu’on ait la sensation d’une conversation en non-mixité (non-mixité dont d’ailleurs je comprends bien les avantages majeurs lors d’évènements liés à la condition des femmes, mais qui me paraît tout de même avoir ses limites et ses problèmes dans une société qui découvre, à raison, que le genre n’est que construction sociale). Je me suis donc demandé quelle était la meilleure manière de résoudre ce problème. Eh ben je n’ai toujours pas trouvé.

La raison première de mon passage à l’écriture inclusive était donc de me forcer à voir quand moi aussi je m’adressais sans m’en rendre compte à un lectorat masculin par réflexe langagier (culturel ?). (Oui, si je n’aime pas qu’on me dise comment parler, je n’ai aucun mal à modifier moi-même ma propre façon de parler ou d’agir pour coller au mieux à mon éthique. Et là je dois bien avouer que si des militantes féministes n’avaient pas parlé aussi intensément et sur une aussi longue durée de ces problèmes, sans doute que cette réflexion personnelle n’aurait jamais été déclenchée). C’est-à-dire que quand on fait bien attention à s’adresser aussi systématiquement aux femmes qu’aux hommes, on se rend compte d’à quel point ces réflexes sont ancrés en nous, et on se donne plus de moyens de ne plus faire les choses par défaut, de ne plus dire les choses comme on les disait par habitude, mais de contrôler mieux son expression.

J’ai pu écrire des choses comme :

  • les mardand·es
  • un·e marchand·e
  • des chanteurs·teuses et plus loin des chanteuses·teurs
  • des chanteurs·chanteuses et plus loin des chanteuses·chanteurs
  • des chanteurs et -teuses

J’ai même, sur les conseil de mon ami Koinkoin, tenté d’utiliser le script qui permet d’afficher la notation atomique afin qu’au lieu d’avoir l’impression d’une terminaison m. suivie d’une f. ou d’une f. suivie d’une m., les terminaisons masculine et féminine d’un mot soient superposées, avec toujours dans l’idée (et c’est là que je me vautre également dans le symbolique) d’alterner celle qui se trouverait au dessus et celle qui se trouverait en dessous de l’autre, mais sans succès. Si vous trouvez comment faire, ça m’intéresse toujours d’essayer. Toutes ces solutions, je les essaye et les alterne afin de rester dans l’inventif, le non-conforme, le pas figé. Le plus dur étant de trouver des manières pas trop désagréables à lire.

Car je vois trois problèmes majeurs à l’écriture inclusive. Le premier c’est que ça casse la musicalité d’une phrase. Car le langage est une musique. Une phrase est une mélodie, elle contient ses rythmes, ses notes et ses percussions. Changez un bout de la mélodie, elle n’est plus aussi douce à l’oreille, plus aussi cohérente, il faut en modifier un autre bout pour revenir à un résultat global satisfaisant, mais jamais elle ne sonnera aussi bien, de mon avis, que celle qui vous est venu d’un trait. Pour un blog comme celui-ci, ça n’a pas grande importance, mais pour un texte plus littéraire, ça peut être dommageable. Alors, si vous rajoutez à ça des embranchements en fin de mots plusieurs fois par phrases…

Le deuxième, c’est l’accessibilité à la lecture. La mère d’une amie, directrice de bibliothèque, et anti-écriture inclusive, m’avait fait la remarque que pour quelqu’un qui sait bien lire, ça peut passer, mais que pour les personnes souffrant de troubles d’apprentissage (dyslexie, etc.), ç’allait être un véritable calvaire si ce mode d’écriture était institutionnalisé. Vous l’avez compris, je suis pour l’institutionnalisation de que dalle, mais il est vrai qu’à un moment il faut se poser la question de comment on apprend à lire aux gens. Je ne me suis pas bien penché sur la question, je n’ai donc pas d’avis là dessus.

Enfin le troisième et principal souci d’un point de vue éthique pour moi, c’est que je n’ai pas envie de constamment rappeler qu’il y a des hommes et qu’il y a des femmes. Je veux m’adresser à tout le monde, simplement à des gens, à des personnes, je n’en ai rien à faire qu’il s’agisse d’une lectrice ou d’un lecteur. Car je pense que, si pour en arriver à une réelle égalité de traitement de tous les genres et sexes (je suis un peu paumé quant à ces deux notions, alors je mets les deux) dans une société aussi asymétrique vis-à-vis des comportements attendus des unes et des autres, ont doit évoquer les anciennes catégories pour les analyser et les transformer, mais à terme, pour consolider cette notion d’égalité totale, il faudrait pouvoir s’adresser à une catégorie neutre, l’humanité dans son ensemble. Et pour cela, eh bien oui, il nous manque un véritable neutre en français, qui ne soit pas basé sur le masculin. Ce neutre masculin, c’est principalement ce qui fait que l’adresse directe ne concerne souvent, par glissement, implicitement que des hommes comme je le disais plus haut. Pour le dire plus clairement, à force de dire lecteur, lectrice, madame, monsieur, l’un et l’une, chanteuses·teurs, j’ai l’impression de venir constamment renforcer cette idée qu’il y a deux groupes distincts. Et j’aime pas ça.

#201 – Lyonniais #027 – Y a explosion et explosion, pas confondre.

Ce matin, 10h, en allumant mon ordinateur, je découvre un tweet de la branche internationale d’un journal japonais au sujet d’une explosion à Paris. Bon. Je mate les deux-trois conneries qui ont été postées dans la nuit et je passe à reddit. On y cause d’une explosion à Paris. Bon. En fait on en parle dans tous les journaux étrangers. C’est un véritable drame, pour les journalistes je veux dire, car il ne s’agissait que d’un accident suite à une fuite de gaz. C’est en premier lieu un véritable drame pour les victimes et leurs proches, évidemment, soyez pas bêtes. Mais pas d’attaque terroriste quoi, pas un coup des hordes en jaune. Zut alors, il a dû y en avoir des rédacteurs et -trices en chef sans scrupules pour se frotter d’avance les mains et s’écrier « wouah, génial ! » à la manière d’un David Pujadas découvrant les premières images des avions s’écrasant sur le World Trade Center (vous aviez oublié ? Si si, et ça a été filmé, cherchez), sans même encore savoir de quoi il s’agissait. Eh oui, car en France pas plus qu’ailleurs on ne manque de « journalistes » davantage intéressés et -ssées par leur salaire, et donc par le tarif auquel ils et elles vont pouvoir vendre l’espace publicitaire qui ensandwiche leur actualité sensationnelle, que par l’utilité publique et la qualité des informations qu’ils et elles proposent.

Quoi ? Je suis de mauvaise foi ? Si ça s’était passé à Vesoul un jeudi soir, vous pensez qu’on en aurait parlé moins de cinq minutes après l’évènement à l’international ? Non, car personne n’aurait suspecté un évènement susceptible de faire tenir des milliers de téléspectateurs et d’internautes devant leurs écrans à consommer l’écœurante bouillie de réclames des heures durant. Et vous en entendez souvent parler, vous, des explosions suite à des fuites de gaz dans les autres pays du monde ? Non. En tout cas, on sait ce qui intéresse les journaux à pub, les journaux qui cherchent à faire exploser leur taux de profit, et c’est pas les fuites de gaz. Une heure plus tard, une fois les causes de l’accident connues, on n’en parlait déjà plus (dans la presse étrangère). À peine continuait-on de mettre à jour le nombre de morts et de blessés. Les compteurs morbides, ça attire toujours un peu de monde.

Ah la la, ils ont vraiment dû râler dans les salles de rédac, une belle explosion comme celle-ci, à Paris, un samedi matin de manifestation ! J’imagine sous quelque cervelle de journaliste s’amorcer déjà l’écriture d’un article en cas d’attentat : « Ils se sont attaqués au symbole Français par excellence, la boulangerie ! Demain, partisans de la chocolatine et du pain au chocolat marcheront pour la première fois main dans la main par toutes les rues du pays pour une manifestation hommage aux victimes. Nous ne devons pas céder à la peur, car c’est ce qu’ils cherchent, nous devons donc continuer à manger les quignons de nos baguettes encore chaudes dans la rue en rentrant des commissions, parce que c’est ça, être Français-e ! »

Bon, ben non on vous dit, c’était un accident. Dommage pour la presse à sensation, tant mieux pour le reste du monde. Car on en est là.