#112 – Montpelliérien #112 – Nom d’un chien

Aujourd’hui, Feldo et moi sommes allés au parc. Quel parc ? Rimbaud. Quoi faire ? Ah, parce qu’il vous faut une raison pour aller au parc avec un·e ami·e, vous ? Vous ne saurez pas. Projet top secret. On vous dira en temps voulu. Le parc Rimbaud, donc. Vous voyez ? Celui sur les berges du Lez. Côté les Aubes. Il y a une partie parc de jeux pour enfants, de grands terrains de pétanque, un bar associatif des pétanqueurs, de grandes allées bordées d’arbres sous l’ombre desquels on a installé des bancs, et, vers le centre, une pente douce qui mène jusqu’au bord du fleuve, au niveau de l’eau. On peut s’y tremper les pieds. Ou pas. Si vous voulez vous faire becter les orteils par un silure, vous faites comme bon vous chante, moi ça ira.

Il n’en manque pas des parcs à Montpellier. Allez, tiens, et si on se les faisait tous ? Je sens que je vais regretter de me lancer dans ce dans quoi je vais me lancer, mais l’idée est sortie, c’est trop tard. Voici une liste de tous les parcs, squares, et autres jardins et places avec deux-trois bancs au milieu, de Montpellier. Vous êtes prêts·es ? On y va.

Il y a l’Esplanade Charles-de-Gaulle, l’Esplanade de l’Europe, la Maison du Lez, le Jardin de la Canourgue, le Jardin des Plantes, le Jardin Hôtel de Sully, le Square Charles Flahaut, le Parc de la Guirlande, le Parc Edith Piaf, le Parc Georges Clemenceau, le Parc Magnol, le Parc Rimbaud, le Parc Sainte-Odile, le Square de Marathon, la Place du Millénaire, le Plan Cavaillé-Coll, la Promenade du Peyrou, le Square de la Tour des pins, le Square des Arceaux, le Square Jean-Monnet, le Square Maquis Bir-Hakeim, le Square Planchon, le Square de la Providence, le Square Saint-Roch, la Terrasse des Arceaux, le Bassin Jacques Cœur, le Parc du château de Grammont, le Parc de la Grande Lironde, le Parc des Pastourelles, le Parc du Mas de Costebelle, le Parc Georges Charpak, le Parc Richter, le Square Blaise Pascal, l’Aire de jeux Vert-Bois, le Bois de Montmaur, le Domaine de Méric, le Parc de l’Aiguelongue, le Zoo de Montpellier, le Parc Rachel, le Square des Brusses, le Square Jean Baumel, l’Aire de jeux de Louisville, les Berges de la Mosson, le Domaine Bonnier de la Mosson, l’Esplanade de Celleneuve, le Lac des Garrigues, le Mail de la Paillade, le Parc Azéma, le Parc Chico Mendès, le Parc du Mas de la Paillade, le Parc Edouard André, le Parc Georges-Brassens, le Parc la Carriera, le Square d’Ajaccio, le Square du soleil levant, le Square Louis Carles, le Square du Mas de Bagnières, l’Esplanade Pierre Paraf, l’Esplanade Paul Valéry, le Parc de Bagatelle, le Parc de la Croix d’Argent, le Parc des Sylvains, le Parc Enclava Del Lop, le Parc Tastavin, le Square de Diane, le Square des Hibiscus, le Square du chai Molière, le Square du Mas Drevon, l’Aqueduc Saint-Clément, le Mail du Mas de Perrette, le Parc du Mas Prunet, le Parc du Mas Vanneau, le Parc Jacques Roseau, le Parc Mas de Neuville, le Petit Bois de la Colline, le Square François Dezeuze, le Square Jouanique, le Parc Saint-Martin, le Jardin de la Pépinière, le Mail Alain Bashung, Parc des Aiguerelles, la Place de Tibériade, le Square des près d’Arènes, le Square Fabre de Morlhon, le Square Hildevert, le Parc Malbosc, le Centre horticole Pierre-Richer-de-Belleval, le Square Billie Holiday, le Square d’Arsonval, le Square du Clos des Orangers, le Jardin du Champ de Mars, la Serre Amazonienne, le Square de l’Intendance du Languedoc, le Parc Emmanuel Roblès, le Square Renaudot, le Square Louis Boffet, les Jardins d’Alco, le Parc Bartolomé de Las Casas, le Parc Font-Colombe, le Parc Bel Juel, le Parc du Château d’O, le Parc Dioscoride, la Mairie annexe de Grammont, le Domaine d’O, le Square du Père Bonnet, le Square Camille Ernst, le Square des Beaux-Arts, le Square des Améthystes, le Square Docteur Fourcade, le Square Ferdinand de Lesseps, le Parc du Belvédère, le Parc du Mas de Nouguier, le Square boulevard Paul Valéry, le Square Bernard Chely, le Square Saint-Cléophas, le Square Saint Berthomieu, le Square Joseph Delteil, le Square des Cétoines, le Square Angelo Bramante, le Parc Saint-Fiacre, le Square des Sculpteurs, la Pinède Mosson, le Square de la piscine Mosson, et le Domaine de Grammont.

Et voilà. C’était simple, je n’ai mis qu’une soixante-quinzaine de minutes à les lister. Vous voulez connaître la position géographique de chacun ? Mais grattez-vous très chers·chères.

Photo par Gwlad (rue Marceau)

Bon quoi d’autre ? Quand nous étions au parc, une jeune fille —dix-huit ans peut-être— est venue fumer son joint juste à côté de nous. Avec elle, un chien. Feldo demande comment s’appelle le chien. Il s’appelle Chien. La surprise passée, je me mets à réfléchir à ce que j’en pense des gens qui appellent leur chat Chat ou leur chien Chien. Avant que je n’aie le temps d’ouvrir la bouche pour faire un mauvais commentaire, Feldo annonce que lui aussi, tous ses chiens s’appelaient Chien-Dog. Parce qu’il voulait appeler ses chiens Chiens, mais il voulait aussi un petit quelque chose en plus qui fasse british. Et je vous laisse méditer là-dessus.

#111 – Montpelliérien #111 – Les œufs de ma grand-mère

Souvenez-vous. Il y a quelques semaines, je vous confiais au détour d’un paragraphe que ma grand-mère tenait absolument à me donner les œufs de ses poules. Pas la peine de nier, on n’oublie pas aussi facilement un si grand moment de littérature. Elle disait, ma grand-mère, savoir que je ne mangeais pas les œufs des poules que je ne connaissais pas. C’est un fait. Et c’est fait. Elle me les a donnés. Quatre œufs frais du jour. Sept poules, quatre œufs par jour en moyenne. Elle ne peut pas tous les manger. Moi, je n’en mange pas, mais je ne peux rien refuser à ma grand-mère. D’autant qu’elle fêtait ses quatre-vingt-six ans. Ça vous intéresse pas ce que je raconte ? Bon. Alors parlons du sujet qui fâche.

Pourquoi que je mange pas les œufs des poules que je ne connais pas ? Parce que je n’achète pas de produits d’origine animale. Pourquoi que je n’achète pas de produits d’origine animale ? Parce que je ne veux pas contribuer à la bonne santé d’une industrie qui traite des êtres vivants de la manière dont il les traitent. Si, vous savez. Faites pas semblant. Parce que je n’aime pas le profit, et je l’aime encore moins lorsqu’il justifie la torture et le meurtre de consciences à la chaîne. Non, ne vous inquiétez pas, je n’aurai pas le temps de faire la morale à qui que ce soit ce soir. D’ailleurs, même quand j’en ai le temps je ne la fais pas. Si vous saviez… Je ne sais plus où me mettre quand on me pose des questions sur mon régime alimentaire alors qu’on est à table. Pourquoi les gens veulent-ils m’entendre m’expliquer sur mes sentiments vis-à-vis du grand massacre juste au moment où ils mangent un steak ? Alors que pour moi tout ça est une horreur absolue ? Genre la bande de Gaza du bout de la table ? Ils ne le veulent pas en fait, les gens. C’est parce qu’ils voient que je ne me jette pas sur ce qui est d’ordinaire le plus prisé sur la table qu’ils se posent la question. Bon, en général ils sont d’accord pour qu’on remette la discussion à plus tard quand je le leur fait remarquer.

Bon. Ma grand-mère. Son poulailler est plus grand que la plupart des appartements dans lesquels j’ai pu vivre ces dix dernières années, et même, les poules sont souvent en liberté dans le potager. Potager lui-même plus grand que n’importe quel appartement ou maison dans lesquels j’ai vécu depuis ma naissance. Alors je les ai pris, ses œufs. Mais je ne suis pas certain que ça ne me pose pas de problème pour autant en fait. Que les poules soient là non pas parce qu’elles ont le droit d’y être comme tout le monde, mais parce qu’elles sont destinées à nous nourrir m’agace. Voilà, je m’arrêterai là. Aujourd’hui je n’ai vraiment pas le courage d’écrire un long article et je n’ai toujours pas de photo. Je terminerai juste en précisant que j’ai écrit cet article en mangeant une portion de salade de lentilles à la feta, aux œufs et au jambon de montagne, que j’ai récupérée avant de partir de l’anniversaire, sinon ça allait finir à la poubelle.

#110 – Montpelliérien #110 – Sans 尾 ni 頭

Ce matin, comme tous les samedis matins, se tenait le marché des Arceaux. Producteurs locaux et produits artisanaux d’un côté, bouquinistes et antiquaires numismates de l’autre. Par contre, c’était la première fois que je n’allais pas fouiner du côté des livres à pas cher, histoire de voir si entre deux anciennes revue, il ne se cachait pas un vieux numéro d’Hara-Kiri. Non. Ce matin. J’ai acheté des cerises, du jus d’orange et des croissants. Vous voyez que j’ai bien fait de donner des cours. Le jus d’ORange se vendait au verre. Il me fallait une bouteille. Le marchand a dû dégainer sa calculette pour savoir combien ça allait faire. Ça ne vous intéresse pas ce que je raconte ? C’est trop personnel, vous ne pouvez rien en tirer ? Vous commencez à devenir exigeants·es… C’est qu’en ce moment, je suis absorbé par ma vie. Il se passe quelques chamboulements dont vous pouvez deviner la nature si vous êtes une lectrice ou un lecteur assidu·e. Mais c’est entendu, dépassons le cadre de ma petite existence.

Photo par moi (ce matin aux Arceaux)

Hein ? Oooh… Je vous trouve facilement choquées·s. Allez, rassurez-vous. Ce n’est pas vraiment moi qui l’ait écrasé, ce pigeon. J’ai juste mis mon pied à côté pour donner une idée de la taille. Pointure 42. Ça va mieux ? Et puis je fais comme je peux en l’absence de Gwlad et Koinkoin, plaignez-vous directement aux responsables.

Bon. Pensons plus grand que moi, donc. Ce n’est pas facile, mais je crois c’est la bonne piste. Oui, c’est ça. Pensons international. À ce sujet, je vous disais, il y a quelques temps déjà, qu’un blog concernant Montpellier rédigé japonais allait poper sur la toile. Ça se rapproche. Je commence à l’écrire mais c’est lent. Trop lent. Je me rassure un peu en me disant que c’est aussi difficile pour mon amie Rie d’apprendre le français que pour moi, le japonais. Voici l’introduction d’un article concernant le street art. Le premier ou la première à me donner une traduction valable aura l’honneur d’avoir gagné.

モンペリエの歴史地区は、ストリートアーティストの楽園です。

観光客は、ここに来ると落書きやステンシルテンプレート やコラージュが見られます。

ストリートアートは禁止されているので、ストリートアーティストは夜中に落書きをします。

ストリートアートは違法ですが、アーティスト達の作品が

素晴らしいので、自治体は、目をつぶっています。

従って、モンペリエの住民は、日常、新しいアート作品を満喫しています。

 

Comment ça c’est trop international ? Faudrait savoir que ce vous voulez !

Cela dit, je l’admet WordPress, ce n’est pas terrible pour écrire en japonais. On ne peut pas décider d’où couper les phrases pour revenir à la ligne quand le format d’affichage change. Ça coupe n’importe où. Non, mais dites-moi franchement, vous ne trouvez pas que ça rend les choses tout de suite plus difficiles à lire ? On est bien d’accord.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Allez, je suis pas salaud, je vous donne le vocabulaire des kanji :

  • 歴史地区:れきしちく (centre historique)
  • 楽園:らくえん (paradis)
  • 観光客:かんこうきゃく (touriste)
  • 落書き:らくがき (graffiti)
  • 禁止:きんし (interdit)
  • 夜中:よなか (la nuit)
  • 違法:いほう (illegal)
  • 作品:さくひん (œuvre d’art)
  • 素晴らしい:すばらしい (magnifique)
  • 自治体:じちたい (la municipalité)
  • 従って:したがって (ainsi)
  • 住民:じゅうみん (habitants)
  • 日常:にちじょう (tous les jours)
  • 新しい:あたらしい (nouveau)
  • 満喫:まんきつ (apprécier pleinement)
  • 尾:お (queue)
  • 頭:あたま (tête)

#109 – Montpelliérien #109 – two minutes to midnight

Oh. Vous êtes là. Installez-vous. Non, ne vous installez pas, pardon. Je n’ai pas le temps. Le repas est tout juste prêt, il est 23h46, je vais aller manger. C’est dommage, j’avais plein des choses à vous raconter. Il vous faudra les imaginer. Évidemment, vous n’arriverez sans doute pas à les imaginer aussi intéressantes qui si c’était moi qui vous les avais dites, mais bon, faites comme vous pouvez.

Ah oui, et j’ai plus de photo en stock. Parlez d’une note de blog. Bon allez, arrêtons là le massacre, il est 23h58. À demain.

#108 – Montpelliérien #108 – Il y a des petits signes

Vous remarquez qu’une personne de votre entourage vous sourit particulièrement, rit a vos blagues même lorsqu’elles sont mauvaises, se retrouve souvent à quitter le lieu de travail ou d’une quelconque activité commune en même temps que vous, en profite pour faire un bout de chemin à deux, essaye de vous connaître un peu mieux. Vous remarquez avec le temps que le physique de cette personne ne vous laisse pas insensible, que ses propos vous intriguent et que ses manières vous émeuvent. Vous remarquez également que lorsque vous devez vous quitter, il y a toujours une nouvelle question qui émerge de la conversation, et que vous vous dites mutuellement « allez bonne soirée » au moins trois fois avant de recommencer à discuter pour finir par vous apercevoir que ça fait déjà trente minutes que vous devriez être chez vous, mais que non, vous êtes toujours sur ce bout de trottoir à tailler la bavette. Bref, vous remarquez des petits signes qui semblent montrer qu’une entente plus que cordiale est possible entre cette personne et vous.

Alors vous tentez également de faire passer un petit signe tout discret. Quelque chose d’assez anodin, qui laisserait entendre que vous-même n’êtes pas insensible à ses charmes sans pour autant trop vous révéler : vous proposez un café. Quelques jours plus tard, on vous propose une soirée d’anniversaire, la sienne, au cours de laquelle vous trouvez ce qui vous passe par la tête pour vous revoir encore une fois à l’extérieur du cadre professionnel ou de l’activité de votre rencontre première. Ce qui vous passe par la tête, mais en restant tout de même authentique vis-à-vis de vos intérêts, faudrait pas construire un château de cartes sur un pâté de sable. Ce nouveau rendez-vous en entraîne un suivant, sous un prétexte ou un autre, et vous finissez enlacés·es sous une couette.

Photo par Gwlad (rue Levat)

Lorsque l’atelier de communication non-verbale s’achève (j’ai pas trouvé plus fade comme métaphore), les langues se délient. Vous vous ouvrez enfin un peu l’un·e à l’autre. Vous vous amusez du tour qu’ont pris les choses, des cheminements qui vous ont menés là. Vous posez finalement la question, par curiosité : « C’est quand que tu t’es dit que… t’avais envie qu’on… enfin, que tu as commencé à penser à… tous les deux ? » Décidément, vous n’êtes pas très fort·e pour poser des questions directes. Qu’à cela ne tienne, la personne en face de vous répond : « Ben, quand tu m’as proposé un café. » Paf. Petit vertige. Vous vous demandez comment vous aviez à ce point pu vous monter votre petit film au départ ! Mais bon, hein, au final vous êtes bien content·e de les avoir vus, ces petits signes qui n’étaient pas là.

Ça vaudra pour toutes les fois où vous n’aviez pas su voir la roue du paon planté à un mètre de vous.

#107 – Montpelliérien #107 – On m’a proposé du travail

Oui. Vous avez bien lu le titre. Alors, que m’a t-on proposé ? Un CDD de trois mois renouvelable une fois pour un mi-temps comme réchauffeur de big macs au macdo de la Comédie ? Un CDI à 35h comme découpeur de tissus au Toto de la gare ? Oh la, non, vous allez trop loin. C’est simplement une ancienne élève qui m’a recontactée pour que je lui donne quelques cours d’anglais avant un concours approchant à vitesse grand V. J’ai toujours bien aimé cette expression, vitesse grand V. On devrait sans doute pouvoir simplement l’écrire vitesse grand v. Puisqu’on dit qu’il est grand, on n’a pas besoin de le mettre en plus en majuscule, le v. C’est redondant. Ou alors on pourrait l’écrire vitesse V. Ou même, plus justement, seulement V. Mais, on ne comprendrait plus rien : un concours approchant à V, ça ne veut rien dire. En tout cas on ne l’écrira pas vitesse grand vé, ni granvé. Je vous jure que je viens de chercher sur google, et quand on tape « granvé » on trouve « à la vitesse grand v ». Et ben j’ai hésité longtemps. Pour les cours. Suivez un peu. J’ai d’abord prétexté n’être pas là pendant une semaine, pour me donner du temps et accepter le fait que j’allais rendre un service contre de l’argent. J’ai comme l’impression de voler la personne en la faisant payer. C’est pourtant un de ces métiers assez nobles, prof. On n’est pas là à faire du profit en pourrissant la planète. Mais monnayer le savoir… Bon. Enfin. Il faut bien que je mange. Cette phrase est vraiment une excuse à tout. Il doit me rester un peu moins de 100€ pour tenir jusqu’au 5 juin, jour sacré du versement du R.S.A., ce qui est déjà mieux que la plupart des mois, mais j’ai envie de m’autoriser quelques sorties supplémentaires, alors soyons un peu calculateur et troquons des soirées en terrasse potentielles contre quelques notions grammaticales.

Photo par Gwlad (rue Dessalle Possel)

Pourquoi je vous raconte ça ? Je veux dire en dehors du besoin de vous expliquer que j’ai vraiment un rapport tordu à l’argent et d’exhiber l’état de mes comptes comme un enfant vous montre ses croutes. Et bien parce que cela même est une excuse pour vous dire qu’il faut absolument que je me mette à préparer cette première séance que je donne dans deux heures, et que je ne peux pas m’attarder beaucoup plus longtemps sur le blog. Hmm, je sais. Vous êtes un peu déçu·e. Vous auriez bien aimé que tout ceci nous mène à une morale édifiante sur le travail, le partage et l’argent qui est un mal nécessaire. Et bien non. Vous n’avez qu’à l’écrire vous-même, je vous laisse un peu de place ici : ____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

#106 – Montpelliérien #106 – Association de gens normals

Les associations ne vont pas bien. Je ne parle pas des énormes associations dont vous entendez causer à la télé. Je parle des associations dans lesquelles vous seriez plutôt bénévoles ou salariés·es au niveau de votre ville. Les associations à portée sociale, surtout. Pourquoi ? Parce qu’elles sont de moins en moins subventionnées, déjà, et ça tout le monde le sait. Et alors ? Elles peuvent pas se débrouiller toutes seules comme tout le monde ? Et ben non patate. Étrangement, les gens qui s’associent pour aider les personnes en difficulté sans intention de faire du profit ne sont pas les cadors de la demande de subvention ou du partenariat économique. Ils passent déjà pas mal de temps à se demander comment être efficaces dans le domaine et pour le but qu’ils se sont fixés. Quand on propose à des personnes dans une situation physique ou morale fragile de les aider, on ne peut pas se permettre de faire n’importe quoi. S’assurer que l’assistance apportée soit bénéfique, savoir éviter les effets pervers ou contre productifs d’une quelconque pratique, ça bouffe du temps et de l’énergie. Alors comme les mairies se désengagent, et que le mécénat se fait plutôt rare…

Mais les associations crèvent aussi de n’avoir personne pour les administrer, pour les faire fonctionner. Rien qu’à Montpellier et dans mon entourage proche, j’ai vu deux associations dissoutes en trois mois pour ces raisons, deux autres encore dans un cercle plus éloignée. Dans les associations d’aide à la personne, ou d’accompagnement physique ou psychologique, des bénévoles pour être au contact des personnes en demande, il y en a. Pour tenir les comptes, gérer la coordination ou l’organisation d’évènements, il y en a beaucoup moins. Moi-même, un tout petit peu impliqué dans le fonctionnement d’une association, je me suis bien gardé de lever la main à l’A.G. d’une autre association, ce matin, pour prendre un quelconque rôle au bureau. On ne peut pas faire du bon travail en étant partout à la fois. En tout cas, moi je ne peux pas. Mais c’est râlant. C’est trop moche que des associations dont on voit les effets bénéfiques sur les gens au quotidien s’arrêtent parce que la personne qui la faisait tourner seule à bout de bras depuis des dizaines d’années se fait trop vieille, ou encore parce que les responsabilités sont trop dures à gérer pour une seule personne, mais auraient été plus que supportables si seulement deux autres associés·es en avaient assumées quelques unes.

Koinkoin (rue Massane)

Bon enfin, je vous dis ça parce que ce matin, justement, nous avons constaté que certaines antennes de notre association avaient fermé ailleurs en France, pour des raisons analogues, et ça me rend trop triste. Parce que je suis sûr qu’il suffisait de pas grand chose, de vraiment pas grand monde, pour qu’une ou deux personnes seules ne jettent pas l’éponge sous la charge de travail, et parce que la perte pour tous est immense. Alors, si vous avez du temps et de l’énergie à consacrer à une éventuelle cause qui vous paraîtrait valoir le coup, pensez à vous renseigner sur les groupes de gens qui, pas loin de chez vous, essaient de s’unir pour améliorer un peu le quotidien de tous.

#105 – Montpelliérien #105 – N’éteignez pas, j’arrive

Et voilà. Je le savais. Je suis encore à la bourre. Ce matin, à dix heures, j’ai failli me lancer. Il était prévu qu’à midi j’aille aider une amie à corriger une petite rédaction. Évidemment, on n’est pas de marbre, et je sentais bien que l’invitation ressemblait à une invitation. Vous voyez le genre d’invitation ? Mais si ! Non, pas celui-là. L’autre. Voilà. Ah vous voyez que vous voyez. Bon. S’il se trouvait que ce soit bien le cas, il aurait été possible que je n’aie pas le temps de rédiger cet article. Seulement au moment de me lancer, voilà que l’une des multiples voix de ma conscience me glisse, cynique : « et ben mon petit père, on s’y voit déjà ma parole ? Ça va les chevilles ? Tu te rappelleras quand même de lui demander ce qu’elle en pense avant de lui rouler une pelle, hein ? » Du coup je l’ai pas fait.

Photo par Gwlad (place de la Comédie)

Bon et ben voilà. Je suis actuellement chez elle, je n’ai certes pas eu le temps d’écrire ma note de blog, il est 23h30, j’ai dû aller chercher mon ordinateur chez moi et le ramener chez elle, je n’ai rien à raconter et j’avoue que là tout de suite, j’ai quand même d’autres priorités. Et puis, elle regarde par dessus mon épaule, et allez écrire ce qui vous passe par la tête dans ces conditions vous, j’aimerai vous y voir. Ah la la, pour une fois qu’une nana le trouve à son goût celui-là, il se vante aussi sec, que vous dites. Je vous raconte que je fais un aller retour, de nuit, le soir où je me mets avec une fille, tout ça pour que vous puissiez avoir votre petite note de blog et c’est comme ça que vous le prenez ? Non, vraiment, vous ne me méritez pas.

#104 – Montpelliérien #104 – On fait des phrases

Enfant, on est heureux·se pour rien ; adulte, on cherche des occasions de l’être. Paf. Aphorisme. J’aime pas trop les aphorismes. Ou alors juste pour les détourner. Disons qu’un aphorisme énoncé comme s’il résumait au poil une situation m’est toujours suspect. L’intérêt que je trouve à ces grandes phrases, c’est justement de pouvoir leur opposer toute une série de situations dans lesquelles elles deviennent fausses ou absurdes. Après tout, il faut bien qu’un cliché soit posé pour pouvoir le dézinguer. Il me semble que, de toute façon, on ne peut rien décrire dans sa complexité, sans partir au préalable d’une proposition sinon fausse, du moins caricaturale. Alors les aphorismes, je veux bien me les bouffer comme ça. Comme points de départ d’une réflexion. Pas comme des aides à consolider ce qu’on pensait déjà, à ré-affermir nos intuitions, des sentences qui te renvoient illico le bon sens bien sec dans la gueule et ne te laissent pas faire le pas de côté nécessaire à une plus riche observation de la scène.

Donc, si vous aviez trouvé que, oui, c’est très vrai, enfant, on est heureux·se pour rien ; adulte, on cherche des occasions de l’être, je vous invite à y réfléchir encore un peu. Vous remarquerez au passage que l’écriture inclusive, ça fait pas très aphorisme. L’écriture inclusive, j’en ai encore jamais parlé, même si j’expérimente sur le blog. Ça viendra un jour. Je n’ai aucune conviction en la matière, même si j’ai l’envie, entre autres, de lutter contre la surabondance du masculin dans mes propres textes, et de m’assurer que quand je représente un groupe ou fait mine de m’adresser à tout le monde, la lectrice ou le lecteur ne puisse pas faire autrement que de s’imaginer une foule mixte. D’autant que sur ce blog, vous l’avez remarqué, ne niez pas, je m’adresse souvent directement à vous. Des fois c’est vous, lecteurs, lectrices, des fois c’est vous, lecteur, lectrice, puisque je vous vouvoie (on s’était mis d’accord au cours des premières semaines du blog, je sais pas si vous vous souvenez). Dans le second cas, si je veux m’adresser à vous, là, seul·e derrière votre ordinateur, l’écriture inclusive est bien pratique.

Bon on a sauté du coq à l’âne. Pour en revenir aux aphorismes mais ne pas nous éloigner trop des animaux (et puisque je n’ai toujours pas de photos de nos reporters et que les pavés de textes, vous n’aimez pas ça et je vous comprends), nous finirons avec une petite fournée de proverbes non pas sur les animaux, comme la peau de l’ours qu’il faut tuer dans l’œuf ou les larmes du crocodile dévorant la blanche colombe, mais des animaux eux-mêmes.

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SENTENCES, MAXIMES, PROVERBES, DICTONS, ADAGES & PENSÉES

DES

ANIMAUX

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« Qui attend de pondre et a la colique s’abstient de voler. »

Dicton Aviaire

« Dieu doit être cruel, qui nous a fait l’odorat à l’image du Sien et nous a laissés vivre aux pieds de l’Homme. »

Lamentation Chienne

« Nous n’oublierons jamais le grand génocide ! Les interminables années au cours desquelles les Humains nous ont massacrés pour avoir voulu manger la même nourriture qu’eux. »

Extrait du Pacte des Loups

« Qui marche sur sa trompe s’en souviendra longtemps. »

Sentence Éléphant.

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« Aimer, c’est souffrir. »

Proverbe Hérisson

« Faites-lui surtout du riz et des pâtes. En dessert : des bananes. Évitez autant que possible les laitages. »

Extrait des Conseils aux jeunes mères Kangourous

« Il n’est pas de taux de plomb dans le sang qui puisse être considéré comme non-nocif. »

Science Lapine

« Ils ont peur des « noirs », ils ont peur des « jaunes », on n’est pas sorties du sac… »

Extrait des Carnets de voyage d’une Guêpe en Occident.

#103 – Montpelliérien #103 – La paire honnie

On ne va pas refaire la même erreur qu’hier. Écrivons tout de suite quelque chose. J’aurais bien aimé vous raconter mon calvaire au F.I.S.E., mais je n’y suis pas encore passé. Ç’aurait été bien pratique. Je vous aurais dit qu’on était trop nombreux, qu’on avait soif, qu’on était mal assis et qu’on n’y voyait rien. Bon ben, je vous le dirai demain. Parce que j’y vais cet aprem, au F.I.S.E.. Koinkoin n’a pas changé d’avis. J’écris donc maintenant, de peur qu’une sortie en entrainant une autre je ne sois encore pas rentré à minuit.

Tout ça ne m’arrange pas. Non seulement il me faut trouver un sujet mais je n’ai plus de photos en stock. Allez. Inspiration je t’invoque ! Et hop ! On parlait de Lapeyronie, hier. Je suis déjà passé à Lapeyronie. Ce n’est pas un très bon souvenir. Je devais avoir vingt, vingt-et-un ans. On avait commencé fort l’apéro à 17h sur le balcon de mon ancienne colocation. Je crois qu’on s’était enfilé un bon pack de bière et une bouteille de pastis à trois personnes. Pas mal de pétards aussi. Nous avions naturellement continué la soirée dans un bar du centre-ville jusqu’à la fermeture. Puis nous étions allés nous finir à l’alcool fort sur l’une des pelouses de l’Esplanade. Autant vous dire qu’en repartant on ne marchait pas bien droit. Remarquez que j’écris « en repartant », et non « en rentrant », car même si c’était là l’idée principale, nous étions bien incapables de nous diriger dans la nuit éthylique de ce mois d’été.

En passant sur une place, la Canourgue, il me semble, l’ami avec qui j’étais, voyant une enfilade de motos garées, envoie un grand coup de pied dans la première. Effaré, je les vois toutes tomber comme des dominos, et je me rends compte que mon pote se met courir et disparaît à l’autre bout de la place. Je jette un regard sur le côté, lequel de côté j’en sais plus rien, et je vois, tapie dans l’ombre d’une rue pile en face des motos, une voiture de police à l’arrêt. Avec des agents dedans. Bon ben je continue à marcher comme si de rien n’était. Persuadé qu’ils venaient juste de voir l’autre con taper dans les bécanes, se tirer en courant et qu’ils allaient sans doute tenter de le poursuivre, et qu’il serait sans doute loin. Erreur.

À ce moment là, une dizaine de policiers déboulent par les rues adjacentes, on me passe les menottes, et on me dit de fermer ma gueule jusqu’à ce qu’on arrive au poste. Ah oui, on me répète aussi une dizaine de fois qu’on m’a VU faire. Les petits menteurs. C’est ce qui me fout encore le plus les boules aujourd’hui quand j’y repense. Donc menotté, embarqué dans l’énorme Ford à l’américaine qu’ils avaient à l’époque, et baladé jusqu’à Lapeyronie pour des tests sanguins. Sans ceinture, au passage. Menotté les mains dans le dos et sans ceinture avec l’un des cowboys de la municipale au volant, c’était déjà une aventure.

On arrive à Lapeyronie. Il doit être quatre heures du matin. L’un des flics est un petit jeune, hargneux au possible, c’est limite s’il ne m’insulte pas. Oui, ils étaient un peu en colère les flics. Vous vous doutez bien que si une dizaine de poulets était planquée à quatre heures du mat autour de cette place, c’était pas pour chopper un étudiant complètement cramé qui rentrait se coucher avec son pote un peu trop con quand il a bu. Je pense qu’on a dû faire foirer une petite opération bien comme il faut. Donc l’un d’eux était une jeune merde agressive qui se fichait bien de ce que je pouvais répondre à ses questions. Car oui, arrivés à l’hôpital, en attendant les résultats des tests, ils ont bien voulu me laisser répondre à leurs questions pour la première fois. Avant ils me posaient des questions, mais c’était pas pour que j’y réponde, c’était pour pouvoir me dire de fermer ma gueule quand j’essayais d’y répondre. Ça devait les amuser.

Les tests arrivent. L’infirmière est formelle, il me reste un tout petit peu de sang dans l’alcool, mais il est saturé de cannabis. Et je fais de la tachycardie. Tu m’étonnes. Défoncé comme j’étais et après avoir virevolté sur le siège arrière de leur caisse pourrie pendant dix longues minutes. Elle exige des policiers qu’ils me laissent à l’hôpital. Oui. Elle voit bien que je suis complètement cuit et qu’eux ne savent pas bien ce qu’ils font là avec moi, qu’ils exagèrent un peu. Elle leur laisse pas le choix, ils me prendront pas au poste ce soir. Les policiers lâchent l’affaire. De toute façon depuis une demi-heure ils ont bien eu le temps de se rendre compte que j’étais saoul mais honnête et que, effectivement, c’était pas moi qu’avait tapé dans les motos. L’autre flic était plus âgé, plus sympa. Il me demande si j’ai des trucs sur moi avant de partir. Heureusement, j’avais presque tout fumé. Il me fait comprendre qu’il me prend la boulette de shit qui me reste, mais comme ça, petit clin d’œil, on dira rien à personne. Ils ont fini par se barrer et j’ai plus jamais entendu parler d’eux.

Toujours est-il que j’ai passé la nuit à Lapeyronie. Quand je me suis réveillé à onze heures, la pièce s’était remplie. Apparemment c’était la chambre des alcoolos repêchés de nuit. J’avais pas sauté du lit que je me faisais déjà gratter une clope par le voisin. La facture de l’hôpital, par contre, je l’ai bien reçue. 900€ la nuit (et les tests j’imagine). L’assurance me remboursera une partie plus tard, et mon ami ne voudra jamais reconnaître qu’il aurait pu m’aider à en payer une partie, étant donné que tout ça était un peu de sa faute. Évidemment, on s’est moins vus après ça. Bon enfin, c’était il y a dix ans, bientôt je ne lui en voudrai plus du tout.

Ah la la. Que du texte, que de l’anecdote perso, aujourd’hui c’est un peu rude, hein ? En plus maintenant je suis pressé, je n’ai pas le temps de me relire. J’espère que ce sera pas trop la cata. Ah, et désolé pour le jeu de mots dans le titre, je pouvais pas m’empêcher. Allez. Bisettes.