#413 – Suite et fin ?

Ce blog n’est pas facile à fermer. J’en ai trop dit, j’en ai trop mis.

J’aimerais redevenir tout à fait anonyme. Disperser mes écrits et ma musique sans aucune signature, pas même un pseudo, et si possible en compagnie d’autres anonymes. Mais voilà, tout ce que j’ai déjà publié est ici. Une recherche et chacun pourra s’apercevoir que ce bout de texte, ces quelques pixels agglutinés, et bientôt grâce à l’IA, ce fragment de mélodie, existent déjà là.

Quelle idée ai-je eu quand j’ai décidé de regrouper en un seul lieu quasiment tout ce que j’avais fait sous différents pseudonymes ? Au lieu de semer ça, bien séparé, ou à peine identifiable pour permettre le jeu de piste, sous différentes identités ? Je ne sais pas bien. La volonté d’avoir comme un portfolio dans l’espoir de le faire valoir un jour pour un quelconque projet artistique et justifier ainsi mes années de glandouilles ? Sans doute un peu. Pour l’aspect grand bazar, gros foutoir, aussi. Mon intérieur rêvé a toujours été celui victorien de Sherlock Holmes, surchargé, un bordel sans nom sous une épaisse couche de poussière. Ce qui, étant allergique à la poussière, m’est en réalité interdit. Seule ma prédisposition à la dépression, à la fuite en avant, fait que, parfois, mon appartement s’approche de cet idéal décoratif. Au détriment de ma santé, bien sûr, puisque cela m’oblige dans ces périodes à n’inviter personne et à demeurer, rideaux tirés, plongé dans le noir, afin que personne ne constate la saleté qui règne chez moi.

Mais je m’égare. Pourquoi est-ce difficile de fermer ce blog ? Parce que je sais que quelques personnes l’ont trouvé utile. Ici un article sert de source à une page wikipédia, là une lectrice a trouvé une page sur un auteur obscur et l’a mise en marque-page, ou encore là, tout au fond à gauche, un artiste a trouvé l’outil qu’il lui fallait pour dessiner des polygones étoilés bien réguliers. Qui suis-je donc pour reprendre ce que j’ai donné ? Ça ne serait pas très charitable. Et puis le temps passé à bosser là-dessus, le fameux piège du coût irrécupérable…

Tout cela j’aurais dû y réfléchir avant. Tant pis pour ma gueule.

Où je veux en venir, concrètement ? Vous vous le demandez bien. Voilà :

  1. Malgré ma volonté de disparaître du net, ce site va rester ouvert. Youpi pour vous peut-être. Je vais continuer à payer l’hébergement, tout reste ici.
  2. J’essaierai de mettre à jour tout ce qui risque d’être cassé à l’avenir par les avancées technologiques et les nouvelles normes liées à internet qui ne manqueront pas d’être établies.
  3. Il ne sera plus alimenté, à moins que les quelques bricoles que je fabrique au gré des années s’inscrivent dans une continuité logique de ce qui est déjà là.

Alors voilà, j’ai fait mon deuil. Je ne pourrai plus, à l’avenir, utiliser ce qui est déjà présent ici, et ça me fait bien chier. Mais si un jour, faible que je suis, je succombe à l’envie d’utiliser un élément et que vous retrouvez dans un fanzine ou un CD dans la rue un texte, un morceau, un dessin qui est déjà ici (car n’oubliez pas que ma principale qualité est la fainéantise), s’il vous plaît, faites comme si vous n’aviez rien vu, lu, entendu.

Quelle est cette nouvelle envie qui m’anime ? Cette nouvelle démarche (claudicante) ?

Je mets de côté tout internet, presque, me limitant aux e-mails et à la lecture des informations sur des sites de presse. Je mets également de côté de manière consciente toute tentative de mise en valeur de ma personne par mes petites trucouilleries. M’efforçant par là à ne faire les choses que parce qu’elles me plaisent sur le moment, dans le monde réel en opposition au virtuel, de préférence de manière collective et anonyme, sans attendre absolument aucune réaction ou commentaire insincère par celles et ceux qui les découvriront. J’apprécie moi-même de tomber sur ce genre de choses dans la vie de tous les jours, dans une boîte à livre, dans un café, dans la rue sur les murs.

Internet tel qu’il est aujourd’hui, commercial et faussement social, me paraît être une mauvaise chose pour ma santé mentale et celle de chacun, ainsi que pour nos rapports sociaux dans l’ensemble.

D’autre part, je veux bien qu’un ami me raconte une blague qu’il vient d’imaginer en réagissant à ce qu’il a vu, me parle de sa journée, me raconte ses états d’âme. Je ne veux plus voir/partager un mème de la part/avec des gens que je connais de la même manière qu’on le fait avec des inconnus. Or, sur internet, je trouve qu’on agit aujourd’hui avec ses proches de la même manière qu’avec une foule anonyme et cela me déplaît beaucoup. Je veux donc séparer les canaux. De connaissance à connaissance, ne fonctionnons pas comme d’anonyme à anonyme. Je ne veux plus voir non plus de publicité intrusive et calibrée sur mes désirs inconscients (j’appelle cela de la manipulation et de la recherche d’emprise), ni risquer d’en affliger quelqu’un d’autre sous prétexte que derrière il y avait quelque chose d’intérêt que je voulais partager, ne pas laisser les ogres modernes se nourrir de mes envies de partage. Ne pas être soumis ou soumettre qui que ce soit à cette peur de manquer du « contenu » non plus.

Je ne veux plus de l’uniformisation de la pensée, de l’humour, des indignations à si grande échelle, d’autant qu’elle est orientée par les entreprises commerciales qui règnent aujourd’hui, comme cela était prévu de longue date, sur internet.

Bref, je ne trouve aujourd’hui plus aucun réconfort, aucune motivation, aucun plaisir, dans l’internet tel qu’il est devenu, et même il m’inquiète dans sa propension à nous esseuler tout en nous faisant penser qu’il nous rapproche les uns des autres. Je ressens aujourd’hui le besoin de rapports humains, d’œuvres collectives dans lesquelles le caractère, la vie et les envies de chacun ne sont pas effacés mais où tout ego, tout besoin de se faire valoir, se « vendre », de montrer comme sa vie est plus ceci ou moins cela que celle d’un autre, sont gommés au profit du plaisir esthétique et intellectuel partagé, et du faire ensemble.

Qu’on le veuille ou non, chacun se positionne vis-à-vis des compétitions tacites qui font la valeur qu’on accorde à une personne à une époque donnée. Il me semble qu’il s’agit aujourd’hui, pour ma génération du moins et celles venues après, d’être productif, apprécié et influent. J’aimerais, face à cela, tenter un pas de côté. Participer à proposer d’autres grilles de lecture, sans pour autant revenir à celles passées qui ont également fait souffrir tant de monde.

Cela naît évidemment du croisement de ma personnalité, de mes expériences passées et de l’état d’esprit qui plane sur l’époque actuelle. Je serai bien sûr amené à ajuster tout ça. Il n’y a que la mort dans laquelle tout est figé.

Vous pourrez noter la contradiction entre le fait de ne plus vouloir participer à tout cela et pourtant écrire un message ici, sur moi, sur internet. De contradictions je suis pétris, et je cherche justement à expérimenter des façons de faire qui me sont nouvelles pour tenter d’y voir plus clair. Plus clair dans ce que je suis, ce que je veux, et dans le fonctionnement du monde et des humains. Mais elles ne sont, ces contradictions, peut-être pas aussi fortes qu’elles le semblent au premier abord. Je cherche à démasquer et combattre à la fois les travers de l’époque et mes propres failles. Rien n’est simple là dedans. Pourquoi, par exemple, est-ce que je ressens sans cesse le besoin de me justifier sur le fait que je délaisse un site que personne ne visite vraiment ? (C’est ce que j’imagine, je rappelle que je n’ai aucune statistiques pour que vos données ne filent pas chez des entreprises qui fabriquent tous ces outils de pistage.) Cela fait partie de mes questionnements, des démangeaisons que je cherche à apaiser. Mieux me connaître et par là mieux connaître l’autre.

J’ai dit combattre, plus haut. Le mot est bien fort et ne fait pas partie de mon vocabulaire habituel. C’est que je juge aujourd’hui internet en partie responsable de la dégradation des liens sociaux. Même des amis proches n’ont plus le temps de s’enquérir les uns les autres de leurs vies, de leurs vécus. Quant on va mal, on doit aujourd’hui souvent payer un psychologue, car on ne trouve plus d’oreille dans son cercle proche. Bien sûr, personne ne fait le poids face aux fonctionnements voleurs d’attention d’un tik tok, personne n’a une vie aussi stimulante qu’une série netflix à raconter.

Internet, qui fut un temps le refuge et le forum des introvertis et des marginaux pour qui la vie réelle et ses injonctions étaient par trop angoissantes est aujourd’hui devenu leur prison et leur drogue.

Voyez cela comme ceci : longtemps malade, j’essaie d’apprendre à remarcher sans béquilles. Il va bien sûr me falloir, au hasard des rencontres, trouver des gens géographiquement proches et qui partagent plus ou moins certains de ces points de vus exposés, certains de ces dégoûts, certaines de mes failles, afin de lier des amitiés et que nous redevenions ensemble des humains tels que je les apprécie : doux, humbles, attentionnés et solidaires, et refusant de vivre leur vie par procuration.

J’espère qu’il en reste quelques uns de ce genre qui devant la dureté, l’austérité, la brutalité de la vie, n’ont pas complètement plongés dans les divers paradis artificiels que le monde virtuel propose, ou qui comme moi en reviennent et tentent de se sevrer. Moi qui ai longtemps combattu (décidément…) l’alcoolisme, et qui combat encore fréquemment le tabagisme et le cannabisme vers lesquels je replonge dès que tout redevient trop lourd, je reconnais en internet les mêmes travers destructeurs et les mêmes points d’accroche. J’essaie donc maintenant de combattre le netisme en tant qu’addiction affectant gravement la vie, le bonheur et les rapports sociaux de tous ceux qui y ont sombré. Je suis moi-même très mal armé pour mener ce combat, comme vous le voyez, ça ne sera pas facile. Nul n’est à l’abri de la rechute.

Tout ça est bien en désordre, je m’en excuse. Comprenez-y ce que vous pouvez, prenez-y ce que vous voulez.

Je vous souhaite, à tous et toutes, tout le meilleur. Prenez soin de vous, prenez soin des autres et… à la revoyure ? Nous voyurerons bien.

#409 – Bobo ou bobo ?

Voilà une semaine que la maladie — laquelle on ne sait pas — est là.

Quels sont les symptômes ? Une fois un repas avalé, dans les dizaines de minutes qui suivent, des douleurs atroces, depuis la sortie de l’estomac jusqu’au niveau des reins, pendant des heures. Côté droit tout ça. L’impression que je dois chier, mais rien à.

Ce n’est pas tout. Chatouilles le long de la verge et jusque dans le gland, testicule droit douloureux. Envie de pisser toutes les 30 secondes, mais rien à.

Ça, c’était pendant trois jours, jusqu’au rendez-vous chez le médecin. Trois jours à ne plus savoir si j’avais moins mal couché, assis ou debout. Passer deux heures debout sans bouger au milieu du salon est une expérience à vivre, ça rompt la monotonie de deux heures plié en deux sur les chiottes à attendre vainement que quoi que ce soit ne s’échappe de votre cul.

Bâtiment au croisement de la rue de L’Ermitage et de la rue de Hennin – Ixelles

Les antispasmodiques ont calmé tout ça. Je continue à ressentir des petites douleurs ponctuellement aux mêmes endroits, mais estompées. Ce sont des sensations diffuses, pas agréables, mais rien à côté des premiers jours. Je vais tenter une comparaison… Hum. La différence entre le volume sonore d’une boîte de nuit à l’intérieur de la discothèque et sur le parking. Les picotements dans la verge et les envies d’uriner sont passées. Retour à la normale de ce côté-là au moins, c’est rassurant. Après avoir éjecté un petit caillot lors du test urinaire tout de même, mais plus rien depuis.

Depuis quatre jour et la prescription des antidouleurs, j’ai donc accepté de m’alimenter à nouveau.

Et voilà, on y arrive. Quoi manger ? De quoi est-ce que je souffre, quel régime adopter en conséquence ? Un pour les calculs rénaux ? Pour le syndrôme de l’intestin irritable ? Cancer du colon ? Maladie de Crohn ? Bon. Examens en cours, aucune piste pour l’instant. Faut improviser.

Le même bâtiment

La médecin m’a conseillé de manger léger, pâtes ou riz. Sauf que. Quand je mange des pâtes, ça travaille grave. Quand je mange du riz non. Mais enfin, si je ne mange que du riz matin, midi et soir, je vais finir par avoir d’autres sortes de soucis. Un matin j’ai mangé un quignon de baguette artisanale, bien bien mâché, ce n’était pas une bonne idée. Une brioche au sucre le lendemain matin, c’était pire encore. Alors j’ai décidé de tester… le sans gluten.

Allez, riez.

Eh oui. Vous vous imaginez bien que quatre jours à manger midi et soir des pâtes à rien et du riz blanc je n’en pouvais plus. J’ai donc rajouté un peu d’huile d’olive et une pincée de parmesan (alors que bien évidemment il est à peu près conseillé par tout le monde et dans tous les cas de laisser de côté les produits laitiers). Avec les pâtes, douleurs. Avec le riz rien. Donc en toute petite quantité, huile et fromage semblent passer mieux qu’un certain type de céréales.

Me voilà donc ce matin chez le boulanger à acheter un pain de seigle au levain mastoque de 1kg, puis au supermarché (un dimanche, je sais, ne me jugez pas) des bananes entre vertes et mures, des pâtes sans gluten au sarrasin, un pot de miel bio, 4 yaourts de « lait » végétal nature. Total 21€. Et l’envie de hurler à la jeune et jolie caissière qui me regardait amusée : je suis pas un gros Parisien de ceux qui déferlent sur la commune et font chier tout le monde avec leur attitude de merde et leurs croyances new age je te promets, j’ai juste mal aux tripes et un peu aux couilles, tu comprends ? Tu comprends ?? Moi bobo, pas bobo ! Tu fais un truc ce soir ? Tu as quel âge ? Quinze ans de moins que moi ? Une LAN minecraft à la maison ça te tente ?

Toujours le même

Bon. Tout ça pour me rendre compte en rentrant, et en faisant quelques recherches, que les yaourt végétaux et le miel étaient apparemment une fausse bonne idée… 10€ par la fenêtre. C’est les voisins qui vont être contents de récupérer tout ça s’il s’avère qu’en effet ça me fout le bide en vrac.

Je comprends mieux maintenant ces personnes qui s’agaçaient de ne trouver aucun produit sans lactose ou sans gluten dans le supermarché où je travaillais. Je les comprends un peu mieux. En se renseignant, on constate que ce sont des problèmes qui touchent en réalité une bonne partie de la population. On ne s’en rend pas forcément compte quand on est bien portant ou qu’on ne vit pas avec des personnes souffrant de troubles de cet ordre dans son entourage proche. Il semblerait de plus qu’il y ait une certaine gêne à parler de ça chez pas mal de gens.

Attention, ça ne me rend tout de même pas plus tolérant envers ceux qui passent leurs nerfs sur les vendeuses en boulangerie parce qu’ils ne trouvent aucune viennoiserie sans gluten et sans lactose. Ces gens-là méritent une tarte, sans gluten et sans lactose, mais dans le gueule.

Invente toi-même la légende à partir des trois précédentes

#407 – Sertipar

Je me devais d’un petit message en ce début d’année. Enfin, je ne me devais de rien, mais je trouvais sympa de vous laisser savoir que je sortais peu à peu du gouffre dans lequel je me trouvais.

Mes derniers posts n’étaient pas joyeux joyeux. Eh bien, les choses vont mieux. J’ai passé 20 jours avec la famille et les amis pour les vacances de noël, je suis rentré en Belgique et j’ai trouvé exactement le type de job que je cherchais, d’un nombre d’heures par semaine parfait pour une paie qui règle toutes mes factures et la bouffe (si je ne suis pas trop gourmand en cigarettes). Eh bien voilà, plus besoin d’éviter ce blog pour ne pas tomber en dépression. A condition de ne pas relire les vieux articles évidemment.

Que vous dire de plus ? J’ai toutes mes matinées pour moi. A moi donc de redevenir un lève-tôt, recommencer à avaler un café brûlant à 8h et profiter des heures qui suivent pour réaliser une petite œuvre quelconque ou vous raconter des bêtises.

La prochaine œuvre quelconque, laquelle est-elle ? Je n’en sais rien, je n’ai pas encore bu mon café.

#399 – Interdiction de faire demi-tour

En me connectant au blog aujourd’hui, j’étais parti pour faire quelque chose que je n’avais jamais fait jusque là : effacer ma dernière note de blog.

Trop tard, Feldo avait déjà commenté dessus. Ça s’est joué à quelques heures. Je peux pas faire demi-tour. Je l’aurais supprimé en douce en espérant que personne n’ait lu ce tas de crottes, mais c’est trop tard, ça a été lu.

J’en ai pourtant posté, des messages absolument inintéressants, mal écrits. Un paquet, même. Mais celui-là, je ne sais pas. J’avais envie de le voir disparaître. Cela dit je le sais bien, si je commence, si je l’efface, le site tout entier risque d’y passer derrière. Je suis dans une phase comme ça. Plus que l’envie de disparaître, l’envie de n’avoir jamais existé. De n’avoir pas déplacé le moindre atome dans cet univers plutôt que de l’avoir déplacé mal. Là encore, trop tard.

J’avais fait ce blog pour m’occuper et pour me marrer. J’y ai réuni toutes ces choses un peu nulles que j’ai faites dans divers domaines pour apprendre à assumer cette nullité. Me dire que ce n’est pas grave. Que c’est normal. Des fois ça fonctionne, mais pas ces derniers temps.

Je ne vais pas vous mentir en ce moment ça ne va pas du tout. J’avance et je recule sur tout. Il va falloir que j’aille voir un psy. Chologue ou Chiatre, je n’en sais rien. La déprime et la solitude sont en train de me bouffer. Je ne veux pas bassiner mes proches avec mon mal être, mais je ne sais plus comment m’en sortir tout seul. J’ai vraiment besoin d’aide et besoin d’humains, en chair et en os, autour de moi. D’un peu de tendresse. Seulement vu mon état, je ne laisse personne m’approcher, convaincu de ne pouvoir être qu’une force négative dans leur vie. Je ne sais plus comment m’en sortir seul, ce que j’avais pourtant fait jusqu’à aujourd’hui, avec plus ou moins de succès selon les périodes. La déprime entraine l’isolement qui entraîne la déprime qui… J’aimerais qu’on me sauve. Mais personne ne sauve personne dans ce monde. Ceux qui ne savent pas se sauver tout seuls crèvent. C’est comme ça.

Je sais qu’il faudrait que je me démène, que je soulève encore des montagnes pour m’inscrire dans des associations où je m’aide en aidant les autres (regardez comme je parle, des montagnes pour m’inscrire dans une association, des montagnes !! j’ai envie de me mettre des tartes), que je trouve un travail pour voir des gens et me rendre utile à la société en même temps. Que je dédramatise tout, que je rie de tout. Mais là j’ai plus la force, et le cynisme j’en ai eu ma dose.

Donc, ben… à ce texte précédent qui me fait honte, j’ajoute celui-ci qui ne fera qu’aggraver la chose. Rien ne m’y oblige et pourtant je le fais. C’est vraiment la merde dans ma tête.

#398 – Autobiographie super superficielle – partie 1

Je ne sais pas pourquoi j’écris ça ici. C’est plutôt pour moi. Peut-être pour les copains. Si je continue ensuite, avec le collège, le lycée, la fac, le rien, le travail… ils comprendront sans doute deux trois trucs sur moi, surtout quand ils verront des motifs se répéter. Est-ce que c’est important d’être compris ? Je ne pense pas. Peut-être que ça me servira juste de base pour écrire une autobiographie un peu plus détaillée et surtout plus intéressante. Là je vais juste balancer des éléments comme ça. Ce qui me vient. Je n’ai toujours pas retrouvé la concentration nécessaire à écrire correctement un paragraphe depuis ce burnout. Je suis toujours dans un flou étrange presque constamment.

En vrai j’aime beaucoup lire des autobiographies, et pas seulement de gens célèbres. J’aime les blogs très personnels qui ne parlent que du quotidien et du rapport de chacun au monde. Comme d’habitude, quand j’aime bien quelque chose, j’essaie de le faire moi aussi, pour voir ce que c’est. Si ce n’est pas votre truc par contre, ne vous embêtez pas à lire ce qui suit.


  • Décembre 1987, notre héros naît quelque part dans le sud de la France, près de Béziers. Dehors c’est l’orage et les inondations.
  • Il passe une enfance heureuse en bord de mer, du moins tant qu’il est baladé dans une poussette et n’a qu’à observer le paysage en mangeant des quignons de pain. Il regarde les lumières et la texture des choses plus que les choses elles-mêmes. Ça lui plaît. Il aime les couleurs dans le soir ou le matin, il aime aussi l’odeur des lauriers-roses, les bancs et les cailloux, les animaux et les visages. Il a peur de la nuit, des motos qui font du bruit, mais pas encore des araignées.
  • Au bout de quelques années, on commence à lui demander de marcher par lui-même, et de faire des choses. Ça va si on ne lui demande pas de changer d’activité quand il en a finalement trouvé une qui le fait se sentir bien. Par exemple regarder des images, faire des puzzles ou colorier. Et surtout parler ou rester blotti contre quelqu’un.
  • Il n’aime pas trop être à l’école maternelle et se faire gronder parce qu’il dépasse en coloriant. Il ne comprend pas pourquoi on l’oblige à faire des choses qui ont l’air tellement étranges, même s’il aime beaucoup les maîtresses et les assistantes qui sont très gentilles (sauf une).
  • Dans la cour et à la garderie il est souvent triste, surtout s’il fait sombre. Si par exemple sa maman lui donne un petit bonbon, il garde le papier toute la journée pour respirer l’odeur et penser à elle. S’il perd le papier, il a envie de pleurer mais il se retient. Un jour il voit un de ses copains qui est très gros se faire pousser par terre et se faire donner des coups de pieds au sol en se faisant traiter de gros patapouf par tous ses autres copains et il a très mal au cœur. Souvent des enfants vomissent sur le tourniquet et il ne comprend pas pourquoi, jusqu’au jour où il vomit sur le tourniquet après avoir mangé une pomme. Il adore le tourniquet et les balançoires, ça lui procure une sorte d’ivresse dont il a du mal à se sortir.
  • A l’extérieur de l’école, il aime beaucoup aller chez des copains et des copines. Ça tombe bien, il en a beaucoup car sa maman a elle-même beaucoup de copines dans le village. Des fois ils jouent au docteur, des fois à d’autres choses. Les mamans acceptent qu’on joue au docteur, car elles ont bien lu tout Dolto, elles font comme si elles ne savaient pas mais rigolent quand on leur demande de frapper avant d’entrer. Le plus souvent il joue quand même à autre chose, surtout tout ce qui fait rigoler. Il aime beaucoup rigoler. Il pourrait rigoler toute la journée avec ses copines et ses copains. On pourrait même dire que son seul objectif depuis qu’il a eu son premier, c’est d’attraper le fou-rire. Il ne veut jamais rentrer à la maison à la fin de l’après-midi. Quand il rentre il est triste pendant de longues heures, alors il regarde par la fenêtre ou il reste sur son lit, sans rien faire.
  • Son papa est kiné dans le village, alors des fois il va avec lui dans les maisons de retraite quand personne ne peut le garder. Ça sent un peu le pipi, mais les vieilles personnes sont toujours très gentilles avec lui, et son papa s’occupe bien d’elles alors elles sont contentes. Il y a une maison tenue par des bonnes sœurs avec un accent bizarre, elles sont gentilles mais elles lui demandent toujours quand il viendra au catéchisme et il ne veut pas y aller, même s’il ne sait pas ce que c’est.
  • Il n’aime pas du tout qu’on lui demande ce qu’il voudra faire plus tard. Car plus tard, il ne veut rien faire d’autre que ce qu’il aime déjà faire. Sa maman lui lit souvent un livre qui se termine par cette question, il aime beaucoup le livre mais refuse catégoriquement qu’on lui lise la dernière page, ça peut déclencher de grosses crises.
  • Quand il entre à l’école primaire, il a beaucoup de copains et de copines. Il rigole beaucoup dans la cour. En classe, il comprend vite les choses et retient tout sans jamais se concentrer. Il est très fort pour le langage, la maîtresse l’appelle le dictionnaire ambulant. Il passe des heures à penser à autre chose qu’à ce qu’il écrit parce qu’écrire ne l’intéresse pas du tout. Il retient tout ce qu’il entend, et n’arrive pas à dessiner les formes des lettres de manière régulière, c’est une corvée. Alors il écrit lentement. Très lentement. C’est toujours le dernier à sortir. Des fois il rate la récréation à cause de ça. Il pense beaucoup aux autres qui jouent dehors et du coup il écrit encore plus lentement. Il aime bien le maître qui fume dans la classe.
  • Des fois il s’invente des histoires, qu’il est Superman ou le monsieur de K2000, par exemple. Quand les autres se rendent compte qu’il joue tout seul dans sa tête, ils se moquent un peu de lui, mais pas trop, parce qu’en vrai ils l’aiment bien. Souvent il joue quand même avec les autres. Sauf au foot et à courir, ça ne l’intéresse pas parce qu’on n’a rien à s’imaginer et il faut se servir de son corps. Il va souvent voir ceux qui sont tout seuls pour leur demander pourquoi ils sont tout seuls et si ils veulent venir jouer avec les autres à S.O.S Fantômes ou à Retour vers le futur. C’est souvent les nouveaux, ou ceux qui ont des problèmes parce qu’ils sont timides ou handicapés. Ça lui fait trop de peine quand il les voit seuls et tristes, et quand les autres se moquent d’eux. Il y en a que vraiment personne n’aime, parce qu’ils sont sourds par exemple, et les moqueries sont très méchantes.
  • Il n’aime pas trop les anniversaires, parce qu’il y a des jeux obligatoires et des danses, ça lui provoque une honte immense quand il doit participer. Mais il y va quand même parce qu’il adore rigoler avec les copains. Chez les gens il n’ose pas demander à aller au toilettes quand il veut faire pipi, mais il arrive toujours à se retenir jusqu’à ce que quelqu’un le remarque se dandiner et le lui propose. Il regarde les jouets des autres et ils ont toujours l’air tellement mieux que les siens, dont il se fout un peu s’il est seul. Un jour il voit ses copains s’amuser à brûler des escargots avec des cierges magiques et c’est le dernier anniversaire auquel il va.

#397 – Prenez des notes

Dans le bloc note de mon téléphone, le 26 juillet j’écrivais :

– Excusez-moi, monsieur, en quelle époque est-on ?
– Pas une à vous faire dresser le téton.
– Pardonnez-moi madame, à quoi rêvent le jeunes ?
– À mourir sans douleur, à éviter le jeûne.
– Ah, je ne vous crois pas, il doit bien y en avoir
Pour inventer leur vie et cultiver l’espoir
De voir leurs enfants naître, et rire, et faire, et vivre
Et d’idées de progrès souvent se trouver ivres.
– Oh, si peu, vous savez.

Bon, évidemment c’était pas fini, la métrique n’est pas bonne, mais jamais je le reprendrai. Le 1er août j’écrivais :

Les rêves sont taris. Les espoirs sont des leurres. Les minutes en plomb passent comme des heures.

Le 5 août je notais :

Mentir
Le moins possible
Dire la vérité
À votre gré
Vous taire
Serait le mieux
Mais en êtes-vous capable ?

Le 1er septembre :

Syndicat des locataires.

On se demande bien pourquoi. Le 12 septembre, j’écrivais :

5 lucky strike red à rouler 50g
3 camel yellow 30g

Car mon épicier n’avait plus de tabac pour ses clients habituels et comme j’étais au chômage je suis allé lui chercher de quoi le dépanner chez l’autre épicier un peu plus loin dans la rue. Il avait peur que j’oublie si je note pas.

Le 11 octobre j’ai noté :

Andremouille les niettes.

Mais je pense que ça date de juillet quand mon cerveau m’avait quitté, j’ai dû consulter la note plus tard et l’enregistrer. Le 27 octobre, j’ai écrit :

Je cours après le plus dur, une insouciance raisonnée.

Pauvre de moi. Le 30 octobre j’ai noté :

VIANDE

Parce que mon voisin Roumain me demandait comment on disait « carne » en français. Attention on se rapproche d’aujourd’hui.

Le 2 novembre, il faisait très beau et chaud depuis plusieurs jours :

Allez, re-printemps direct sans passer par l’hiver. Moi je suis d’accord. Que les paysans se démerdent, ces psychorigides des saisons. Nous en ville on pourra toujours bouffer du rat.

Le 3 novembre, à 6h37, je délirais complètement de ne pas arriver à dormir depuis 5h, et je notais :

Un GIF, on pourrait croire que c’est une image, puisque c’est un GIF (on pourrait aussi croire que c’est une gifle même s’il manque des lettres, surtout si on le dit très rapidement), mais en fait c’est plusieurs images et on les fait passer très vite les unes après les autres, très très vite. Des fois, tellement vite qu’elles n’ont pas le temps de voir où elles vont qu’elles sont déjà rentrées dans le dos de l’image précédente. Alors ça fait un accident, et il faut faire un constat, et alors ça n’avance plus et l’image reste fixe et ce n’est plus un GIF mais un PNG. Mais c’est plutôt rare, car comme les oiseaux, les images ont un bon instinct qui leur permet habituellement d’éviter les collisions. On pourrait penser que les GIF sont donc comme des films ou des dessins animés, mais c’est absolument faux, car les dessins animés c’est des gens qui dessinent sur de grands post-its de la taille d’une feuille A3 et ensuite, en tordant le paquet et en relâchant chaque page une à une à l’aide du pouce ça donne l’impression que c’est un GIF, mais c’est une arnaque. Pour les films c’est pareil mais avec des photos. Donc aucun rapport avec le GIF malgré la croyance commune. Surtout qu’il n’y a pas de réalisateurs de GIF et qu’on ne les diffuse jamais su grand écran, raison pour laquelle il n’y a ni festival de Cannes ni de Berlin du GIF. Peut-être y a t-il un festival du GIF à Conques, petit hameau Lozérien, mais dans ce cas-là je n’ai pas été mis au courant.

Après je l’ai envoyé à des amis sur discord pour leur montrer que je m’ennuyais quand ils étaient tous couchés sauf moi. Il m’ont souhaité de retrouver bien vite du boulot.

Enfin, le 15 novembre, c’était il y a deux jour, j’écrivais ce qui restera sans doute ma plus grande œuvre littéraire :

Les gants, tu rentres quelque part, tu les mets dans ta poche, mal, et t’en perds un. Les chaussettes n’ont pas cette excuse.

Voilà, un conseil donc : prenez des notes, mais surtout ne les relisez jamais.

#392 – Veau-cer à vau-l’eau

Je ne sais pas si j’ai dépassé le pire de la crise avec ce burn-out. On verra bien. Ce qui est sûr par contre, c’est que vers fin juillet, quand la tête et le corps ont lâché en même temps, il s’est passé un truc.

J’avais envie d’écrire et de dessiner, mais mon cerveau refusait absolument de se concentrer sur quoi que ce soit. Pour ne rien arranger à cela, dans le but de calmer les angoisses dans l’immédiat, je me suis remis à fumer ces douces herbes qui rendent les choses plus légères. Automédication, pas bien, blabla. Je sais. Mais sur le coup ça m’a aidé.

J’avais vraiment envie d’écrire donc, et de la poésie avec ça, mais je n’arrivais pas à construire deux phrases qui se suivaient de manière cohérente, et alors trouver des rimes… Croyez-vous que ça m’ait empêché d’écrire ? Non.

Mon ami Enkidoux m’avait initié, il y a de ça environ 15 ans, à l’écriture automatique. Pas du genre de celle supposée transcrire par l’intermédiaire d’un médium les paroles des personnes décédées, non. L’autre. Celle qui consiste à écrire sans se laisser le temps de réfléchir à l’avance aux mots qu’on mettra sur le papier. Ça donne des résultats parfois amusants, parfois inquiétants, parfois juste illisibles. Tenez par exemple, l’un de ses textes.

Eh bien je me suis naturellement retrouvé à faire à peu près ça. Seulement, loin d’être un choix, j’étais simplement dans l’incapacité de faire autre chose. Il ne me restait plus que la forme, à peu près. Les mots existants se sont mis à côtoyer les inventions, et s’agençaient comme ça, mécaniquement et de manière assez fluide. Pas une rature, pas un retour en arrière. C’était en réalité assez jouissif.

Voici donc les quelques textes produits, intercalés de quelques dessins automatiques faits au même moment. Ça ne vaut pas grand chose, mais je voulais les avoir ailleurs que dans un carnet que je finirai par perdre un jour. Histoire de bien me rappeler de l’état assez singulier dans lequel je me trouvais.


Je disparais dans la frigourle
Et l’herbe fraîche
Mon encre sèche
J’ai en mon cœur un cœur de poule
Dont tu t’effraies
Ô tourneflet
Je vois au loin la grise ampoule
Dessus la brèche
Arganstrabèche
Éclairant tristement la goule
Dont tu t’effraies
Ô tourneflet



Les passemûres s’inverligognent dans l’irmanante sandreboucle quand s’arne le lingot d’aubreverte et s’émoncule la varniotte au bas des andrebrumes.


Dans les fumeurs de cendre
Un tout petit oiseau
Vit parfois en décembre
Jusqu’au mois de juignot
Petit Petit Petit
Tout doux comme un moineau
Ce tout petit oiseau
Boit, boit l’eau de la Sambre
Et va cracher au feu
Des vieux fumeurs de cendre
Son colis d’arboiseau
Pile au niveau des yeux



L’enfroigne était griponne
Et l’auriculation
Donnait au mascarponne
Des airs d’unulation
Ô fiers épondriaques
Qu’on farlotte au bruzard
Izarez les cardiaques
Embrunés au blizzard



L’enfroigne était caduque
Au coutant des artelles
Et long etui de flête
On riait aux appels
Des languières éparses
Au vent des quatres arts
Pour les voitures sales
On prusque les faltards
Ô grand micoulaque
Espatrie les miroufles
Qui dansent dans l’été
Respondit les effares
Écarte les bussins
Et souviens-toi du soir
Des fous, des assassins
On parque à la douleur
Mutrissant les flandales
A sasques secourues
Par les virantes dames
Du bal des suspendues
Car savez-vous que diment
Les moris de princesses
Une purée de seins
Une pincée de fesses
Ah, pruce d’ici-bas
Souviens-toi de décembre
Et des estabajoies
Qui revenaient de Langres
On vit dans les marées
Dans les manes marrées
Les petits fiancs de Sambre
Arriguer les diarrhées.



Qu’attendez-vous,
Luirnes sans fard,
Lorsqu’il est tard,
Quand il fait lourd ?
Le peignefeuille ?
Celui qu’on cueille
Aux mois gentils,
Mai et avril ?



Dans la sombre fuite
Des étals de fruits sans seaux
Étaux sans suite
On ressent les soubresauts
Des tendres frites


Voilà, voilà. Vous voyez qu’en deux ans, la Belgique à eu le temps de faire son effet sur moi, entre cette mention des frites et deux fois le nom de la Sambre. Ça me plaît assez de constater que tout ça a touché mon inconscient.

Pendant cette période, qui a duré 3 ou 4 jours, j’étais bien sûr inquiet de l’état mental dans lequel je me trouvais, de la fuite de mes capacités intellectuelles (que je savais tout de même momentanée), mais j’ai véritablement ressenti à ce moment-là que ce genre de poèmes était peut-être le seul qui valait la peine d’être écrit ou lu. J’en étais convaincu. Depuis j’ai retrouvé quelques cases de mon cerveau et bon, je vais sans doute me relire La fin de Satan, Les Tragiques et tout Norge et je me dirai mon dieu quels génies, mais sur le coup…

Pour finir, ayant relu les textes d’Enkidoux pour l’occasion, je ne pouvais pas vous laisser sans vous partager son texte intitulé Poésie, en plein dans le sujet ! Vous pouvez également aller lire d’autres de ses textes, souvent à contraintes, sur son site principal Enkidoux.

#391 – L’automne est las

Aaa…

Aaaa….

AaaaaaTCHAAAAA !!

Excusez-moi. Attendez, vous en avez un peu sur le col. Voilà. Vous inquiétez pas c’est pas de la mouke de covideux. C’est les allergies. Deux mois sans foutre les pieds ici, la poussière a eu le temps de s’accumuler. Passerai un coup de balais plus tard si j’ai la foi.

Quoi de neuf par chez vous ? Ça a été l’été ? Des vacances peut-être ? Vous avez vu la famille, les amis ? Vous êtes partis faire un tour ? Parfait ça, ça fait du bien.

Hein, moi ? Oh bah j’ai testé cette activité tellement à la mode, le burnout. Bah j’irai pas jusqu’à dire que je déconseille absolument, mais allez, c’est pas fait pour tout le monde. Y en a à qui ça plaira pas du tout, c’est sûr. Ça va mieux à certains qu’à d’autres disons. Et puis c’est un peu cher, mieux vaut avoir de l’argent de côté.

Bon et vous avez prévu quoi pour cet automne alors ? Le retour au travail, oui mais à part ça ? C’est pas bon de n’avoir rien en vue pour vous sortir du quotidien comme ça. Surtout avec les journées qui raccourcissent, faut trouver de quoi égayer les longues soirées.

Sticker vu quelque part dans Bruxelles, me souvient plus où.

Moi je me suis mis un petit défi, c’est de ne plus mettre le chauffage jusqu’à ce que l’humidité sur mes murs se transforme en givre. C’est que j’ai reçu ma facture d’énergie de rééquilibrage de l’année qui vient de passer et j’en ai pour 1800€. Donc cet automne, c’est sobriété et cols roulés. On brise la monotonie comme on peut. Et puis, il paraît que les sinusites sont souvent provoquées par des changements de températures soudains, s’il fait donc la même température à l’intérieur qu’à l’extérieur, je vais peut-être même m’économiser quelques visites chez le toubib, qui sait.

Et à part ça ? Perso de mon côté rien, je suis bien occupé à courir après les différents organismes pour toucher mon chômage, les ouvriers pour faire isoler mes fenêtres, les techniciens pour faire vérifier mon chauffe-eau. De quoi bien me tenir le mois.

Voilà voilà.

Eh ben, c’est cool de se croiser de temps en temps comme ça. Ça fait du bien d’avoir des nouvelles. À dans deux mois du coup, portez-vous bien !

AaaTCHAA !

#390 – Pas concluant

Je me demande si je ne vais pas écrire un peu ici à nouveau.

Après tout, depuis le 30 mai, j’ai arrêté d’écrire, j’ai arrêté de faire de la musique, ou d’inventer tout un tas de petits projets ridicules et irréalisables mais qui me font tant plaisir, tout ça pour me concentrer sur ma recherche de travail. Or depuis ce 30 mai, je peux compter sur les doigts d’une main le nombre de CV que j’ai envoyés.

Pour ce que je veux faire, il est quasi-impératif que je signe un contrat avant la fin du mois d’octobre si je ne veux pas perdre une année. Le supermarché me tue à petit feu. Je démissionne en septembre quoi qu’il en soit. Si je démissionne je n’ai droit à aucune aide. Si je ne trouve pas de travail ni n’ait droit à aucune aide, je ne sais pas payer mon loyer plus de deux mois, et je ne compte pas retourner en France. Encore moins chez mes parents. C’est vraiment la merde.

Ce dernier mois, je suis au plus bas, et ces deux dernières semaines je suis au plus bas du plus bas.

Hier, en sortant du travail où pour une fois j’étais du matin, je suis allé visiter le cimetière d’Ixelles. Ça me fait toujours du bien de visiter les cimetières. En plus du calme, des chants d’oiseaux, des arbres et des chats, marcher entre les morts m’aide à relativiser un peu toutes mes misères. Puisqu’à la fin il n’y a que ça, la tombe, j’en ressors en général apaisé. Prêt à profiter à fond de cette période indéterminée qu’il me reste à gigoter, rire ou même pleurer pourquoi pas, tout ça n’est pas très grave. Il faisait grand soleil, hier. Le cimetière était beau. Il y avait même quelqu’un qui jouait de la guitare entre les stèles. Le temps que j’y suis resté, j’y étais bien. Comme chez moi. Mais ce cimetière ferme tôt, à 16h30, alors je n’ai pu y passer qu’une petite heure. J’ai tout de même réussi à trouver la tombe des seuls résidents que j’y connaissais, Elisée et Elie Reclus. Minuscule entre les autres tombes, la leur se contente de n’être qu’une simple plaque d’à peine un mètre carré.

En sortant, j’ai contacté le seul ami que je savais parfois traîner dans le quartier mais il n’était pas disponible. Et il faisait beau. Et il faisait chaud. Et je me sentais tellement seul. Je me suis dit que tant pis, j’allais prendre une petite bière avec moi-même un peu plus bas, pas loin des étangs. Mauvaise idée, comme toujours quand il s’agit de boire seul. Je n’ai pas su m’arrêter à une. Au bar, j’ai fumé un paquet de cigarettes en deux heures en lisant des textes d’Elisée sur mon téléphone à la batterie mourante. J’ai papoté un peu avec des voisins de table. C’est eux qui m’ont sollicité, je n’ai pas été cet ivrogne qui embarrasse des inconnus. Ce n’était pas désagréable, mais n’ayant pas dormi plus de cinq heures au cours des deux nuits précédentes et n’ayant rien mangé le jour-même alors que j’avais travaillé de 7h à 14h et que le soleil cuisait les crânes, les bières m’ont assommé. Pourtant, j’avais bien fait attention. C’était de la bière blanche ne dépassant pas les 5%. J’ai envoyé des messages à des amis sur mon téléphone. Et puis…

Et puis j’ai failli encore une fois couper tous les ponts après que l’alcool m’a aidé à me convaincre que je ne pouvais pas continuer à imposer une personne comme moi aux gens que j’aimais. Le malaise, le souci que je devais leur provoquer quand ils me savent sur la brèche tout en étant incapable de m’aider en quoi que ce soit n’était pas digne d’un véritable ami. Je n’en ai rien fait. Tant mieux. Je commence peut-être à me connaître, et même saoul je finis par me rendre compte que sans alcool je ne penserais pas ça. Ou pas avec autant d’intensité. À une heure du matin, je suis donc allé me coucher et j’ai dormi jusqu’au lendemain, me suis levé trente minutes avant de devoir filer au travail, pour ne me laisser strictement le temps que de prendre une douche et me laver les dents, et surtout pas de réfléchir beaucoup plus à ma situation.

Je me demande donc si je ne devrais écrire un peu ici à nouveau, car au final je ne cherche pas plus de travail en n’écrivant pas, et clairement ça ne me rend pas plus heureux de n’alterner qu’entre travail-torture et sommeil forcé, avec occasionnellement ici et là une glissade sur pente éthylique qui n’arrange rien.

#389 – Les montagnes belges

La période difficile se profile. Le pire genre de périodes. J’exagère quand je dis le pire, mais disons pas le plus sympa. Car voilà, je n’ai plus trop le temps de fuir, ni trop l’argent pour.

Voyez, il y a quoi, trois semaines ? j’arrête de fumer. S’ensuit la période où je fais tout pour m’occuper la tête et les mains. Il fait beau, parfait. Je reprends le blog, je vous raconte tout ce qui me passe par la tête et sous les yeux, je bois un petit café tous les matins en terrasse. Le soir, je sors voir les rues ou un concert dès que j’en ai l’énergie. La priorité est au changement d’habitudes, à retrouver du plaisir sans l’aide de substances abrutissantes, et tout me le permet. Je sors d’un tunnel, je m’émerveille de la jolie clairière sur laquelle il débouche.

Mais voilà. J’ai traversé cette clairière, elle n’était pas ma destination finale, et je me trouve face à un nouveau tunnel, d’un style différent mais quoi, ça reste un tunnel. Au bout de celui-ci, une autre clairière, plus vaste et où, je l’espère, je pourrais établir mon petit campement pour quelques années au moins. Oui bon, je vous ai déjà dit mille fois que j’étais nul en métaphores filées, faites pas la moue. Je me suis moi-même surnommé « écrivouilleur », si vous veniez pour de la grande littérature…

Je suis à la recherche d’un travail. Je me donne trois mois pour le trouver, sans ça c’est reparti pour une année de supermarché. Et ça, c’est non. Non, non. Non, vraiment, n’insistez pas. Dès lors, je ne peux pas me permettre de papillonner beaucoup plus. CV, lettres de motivation, recherches de quelle institution, quel potentiel employeur, comment l’aborder… dans une ville et un pays dont je ne connais encore presque rien, et dans lequel personne ne peut m’aider, me soutenir. Je culpabilise dès que je fais autre chose. Comme il se doit d’ailleurs, sinon rien n’avance. C’est le désavantage de garder l’esprit clair.

De plus, depuis une semaine, le temps a décidé d’être moche. Gris le matin, noir l’après-midi, froid le soir. Et puis il me faut commencer à mettre de l’argent de côté, au cas où la recherche de travail prenne plus de temps que prévu, puisque j’ai décidé que quoi qu’il en soit, le supermarché, c’est fini en septembre. Alors difficile pour moi de me lever avec la pêche, de justifier des petits cafés à 2,50€ aux terrasses sous crachin, ou de me motiver à sortir en rentrant du taf, sachant que le lendemain je serai trop fatigué pour me lever tôt et reprendre mes recherches. Je me couche en pensant que demain la journée sera chiante, je me lève en me disant que je préférerais rester au lit une ou huit heures de plus.

Peinture au pochoir sur l’un des murs du Mont des Arts

Il reste le blog. C’est sain, un blog. Oui mais, en ne sortant pas, je ne sais pas comment l’alimenter. Je commence à raconter mes états d’âme et je ne vous dis plus rien du monde, de ce qui fait le lien entre ma vie intérieure et la votre. Je ne vous intéresse pas et je me désespère de mon rien-à-dire. Les tribulations d’un chercheur d’emploi en terre inconnue, voilà qui serait sans doute intéressant à raconter, mais j’ai trop peur qu’un futur employeur tombe sur mon blog en trois recherches habiles. Et puis la rédaction d’un article me prend bien plus de temps que je ne veux bien l’assumer. Alors même ça… C’est dommage, le temps de deux semaines, il commençait à reprendre un peu de la gueule, le blog. Tant pis.

Me voilà donc bien pris. Je m’interdis de renouer avec mes habitudes qui ne conviennent pas dans cette période où je dois garder l’esprit alerte, et par la force des choses je suis tenu à l’écart des mécanismes qui me permettent de prendre du plaisir ailleurs. Tout ce qu’il me reste, c’est mon travail qui me devient de plus en plus insupportable, et la recherche d’un nouveau job qui, tout en me correspondant mieux je l’espère, ne me fait pas vraiment rêver pour autant.

La période difficile se profile, donc. On va tâcher de garder le cap. De toute façon un tunnel, c’est un tunnel. À moins de faire demi-tour, on peut pas trop se planter. Suffit de serrer les dents et d’avancer. Non vraiment, même pour moi cette métaphore est vraiment trop pourrie, et même pas filée avec ça.

Il y a quelques soirs, les voisins m’ont invités à manger chez eux. Comme d’habitude, ils ont bien arrosé le repas, et moi avec. Quand je suis rentré, je me suis connecté au blog, voir s’il y avait eu un commentaire ou deux sur mon précédent article, et puis j’ai commencé à relire des articles passés au hasard. Pris par le genre d’illumination qui vient quand on est à pas loin d’avoir le nez qui clignote, je me suis dit : mais oui, c’est ça le seul fil rouge de ce que j’écris ! Assumer l’inconstance.

L’inconstance, certain que je nage en plein dedans. Pas sûr de tout à fait assumer par contre.