#74 – Montpelliérien #074 – On se détend et on enfile ses pantoufles

Je crois n’avoir jamais écrit aussi tard. On pourrait en profiter pour parler des soirées Montpelliériennes. Mais pour ça faudrait que je sorte. Or je me terre. Dehors il flotte toujours. Je n’ai pas mangé. Je me retrouve seul pour la première fois de la journée. J’ai plutôt envie de me faire cuire du riz et de flâner vingt minutes sur internet. Flânons sur internet.

On vérifie le forum Numéro 0. Si vous ne connaissez pas, cherchez dans le sommaire. Personne n’a posté. Il y a bien des discussions en cours qu’il faudrait faire avancer, mais je m’y mettrai plus tard. On doit notamment discuter d’un nouveau Hors Série imprimé et d’un site internet. L’un doit arriver fin août début septembre, l’autre j’espère avant mais c’est pas joué. Ça demande beaucoup de travail.

Par un étrange détour on se retrouve sur google news Montpellier, où l’on apprend que « il fait griller des saucisses sur son balcon, les voisins appellent les pompiers ». C’est beau le journalisme. Moi non plus je ne parle pas de ce qui est en train de se passer dans les universités dans lesquelles les étudiants·es se font brutaliser parce qu’ils·elles manifestent de la seule manière qu’a un·e étudiant·e de manifester : en bloquant l’université et en faisant beaucoup de bruit. Y a pas à dire google sait faire le tri dans l’actualité pour me servir ce qui m’intéresse. C’est le genre de choses qui me fait relativiser la puissance de cette boîte en tant que pieuvre profileuse qui me connaîtrait mieux que moi-même.

On regarde le twitter du blog. J’avais un compte twitter avant, sous un pseudo. Je crois que j’étais inscrit sur le site depuis 2011. Au début c’était bien marrant. Peu de Français, ça favorisait les rencontres de personnes qui aimaient les mêmes sujets. La télé y était inexistante, certaines célébrités Américaines étaient déjà présentes, les Françaises presque totalement absentes mais elles n’allaient pas tarder à se pointer avec leurs gros verified account. Aujourd’hui, c’est une succursale de la télévision. Bien que parfois on se demande si la télévision n’est pas une succursale de twitter. J’en suis parti, ça ne me plaisait plus. Je ne voulais pas lier ce blog à un réseau social. Mais il faut dire que, m’interdisant complètement fèceprout, en passer par twitter me paraissait être une quasi-obligation si je voulais être lu par plus de deux personnes. Même si ce sont deux personnes de qualité, évidemment. Je ne suis toujours pas tranquille avec ça.

Enfin ça peut être pratique. On y apprend par exemple qu’il y a une manifestation nationale inter-lutte qui part du Peyrou demain à 15h30. Et qu’après vous pouvez par exemple aller voir la ZAT à prés d’arènes, mais qu’apparemment c’était le projet d’une promo de master et ça leur a un peu été repris salement des mains par la ville de Montpellier. Ce ne sont que des rumeurs, mais qu’est-ce qu’on ferait sans les rumeurs ?

Ah oui, je tiens à dire qu’on aura pris, comme d’habitude, la peine de vérifier ce matin déjà les autres blogs dans le dossier de flux RSS. Le mien est composé d’une vingtaine de sites que je vérifie quotidiennement. Avec twitter notamment, et beaucoup facebook, ils sont un peu tombés en désuétude les liens RSS. C’est dommage. Moi je les garde.

On vérifie le soundcloud. Oulah, pas mal d’écoutes, likes et reposts. Surprise. Youpi, c’est la gloire. Pas mal d’écoutes c’est 24. Et c’est la même personne, même les likes et les reposts. Oui, vous avez raison, il faut le préciser de suite. On aurait pu croire que c’était vraiment la gloire. Non, j’ai de la musique sur internet depuis 2006 je pense, et j’ai arrêté bien tôt de regarder les chiffres. Enfin, les regarder non, on les voit, mais d’y accorder de l’importance. L’important c’est que ça existe, et que d’autres personnes au bout du monde puisse tomber dessus et pourquoi pas aimer. C’est assez magique comme ça. Quand on reçoit un petit message c’est toujours sympa. Un like, un repost, c’est gentil aussi, quand c’est pas un robot. Je dois avoir quelques trois-cent morceaux sur le net sur plusieurs sites et sous des noms divers, mais je ne vérifie que soundcloud, parce que je peux surtout y écouter facilement plein d’autres artistes que je choisis et que je rajoute au flux de nouveaux sons sur ma page d’accueil. Pour découvrir des musiciens en train de se faire, y a pas mieux. Mais faut fouiner, tenter des trucs.

Bon, je crois que ça suffit. Le net ça va bien cinq minutes.

#73 – Montpelliérien #073 – On continue sur la lancée

Il flotte, il flotte encore, il flotte toujours. Parlez-moi de printemps. J’ai fait mon grand ménage pour rien. Y a même un article sur le site de france 3 régions : Montpellier : la pluie plombe le moral, on est vraiment des petites natures. Donnent un chiffre dans l’article : « Depuis le début 2018 il a plu autant dans l’Hérault que sur l’ensemble de l’année dernière… ». Au temps pour moi, c’était pas un chiffre. Font même de la vulgarisation scientifique, ce qui va beaucoup plaire à notre biologiste de Koinkoin. On nous dit : lumière = sérotonine = bonheur. J’ose pas regarder vers Koinkoin, je suis sûr qu’il bougonne. Ah, attendez, ce n’est pas fini : « Ce n’est pas une équation mais un ressenti qui n’épargne aucun cerveau. » Oui. lumière = sérotonine = bonheur, ce n’est pas une équation, c’est un ressenti. Et ben. Effectivement, la pluie, ça mine le moral.

Toujours du Terauchi dans les oreilles, je retourne au Japon, ça vaudra mieux. Hier on avait failli parler de 菊池俊輔, Kikuchi Shunsuke. On va se l’expédier histoire que ça fasse pas comme avec Delfeil de Ton. Ce compositeur, vous le connaissez peut-être sans le savoir. Regardiez-vous le dessin animé Dragon Ball Z ? Alors vous connaissez Kikuchi. Les scènes de batailles, de tension, les fameuses musiques de prologue, celles des OAV également, c’est lui. Avez-vous vu Kill Bill ? Alors vous avez entendu du Kikuchi. Deux ou trois fois.  Ah oui, aujourd’hui, on n’a pas de photo de Koinkoin ou de Gwlad —à Montpellier, quand il pleut, on en profite pour ne pas faire les choses—, alors je me disais que je pourrais éventuellement me permettre de glisser quelques liens vers de la musique sur… su… you… sur… y… argh. Non. tant pis. Je n’arrive pas à m’y résoudre. Ça me fait trop mal au cœur de mettre de la vidéo sur ce blog. Vous chercherez vous-même. Le type a également été compositeur pour Kaji Meiko, une chanteuse et actrice dont certains morceaux servent de bande son au film de Tarentino. 怨み節 et 修羅の花 par exemple. Dans le même film on peut également entendre le générique douverture d’une série composé par Shunsuke Kikuchi.

Bon maintenant il va falloir que je trouve une photo de Montpellier… J’en prends pas tous les deux jours des photos. Enfin, je crois que j’ai trouvé.

Photo par moi (Peyrou)

Que va-t-on faire ce soir à Montpellier ? Vous je sais pas, moi je vais rester planqué au chaud, j’ai assez traîné sous la flotte ces derniers jours.

#72 – Montpelliérien #072 – 邦楽

Feldo —il y a un lien qui traîne vers son blog dans la section les potos— qui avait dû lire que j’écoutais Terauchi Takeshi & the Bunnys, en a parlé à un ami à lui qui n’est pas moi, genre tu connais ça ? Réponse de l’ami :

Il est bon de savoir qu’on s’entoure de gens qui s’entourent de gens de bon goût. Si vous n’avez pas cliqué sur le lien dans l’article où j’en parlais, je vous conseille vraiment d’écouter l’album Seichô Terauchi Bushi.

Takeshi Terauchi, Terauchi Takeshi. Quel est le bon ordre ? Ça dépend. En japonais c’est Terauchi Takeshi, le nom de famille avant le prénom, en français c’était comme ça aussi pendant longtemps. Aujourd’hui c’est égal. En France on ne dispose pas d’une immense bibliothèque de noms de familles et de prénoms japonais en mémoire, par conséquent on ne sait pas bien les distinguer l’un de l’autre. Takeshi on a l’habitude de l’entendre. Mais si je vous parle de Yasushi Ishii. Je ne suis pas sûr que beaucoup d’entre vous sachent dire ce qui est quoi. En kanji, on l’écrit 石井妥師. Donc, Ishii nom, Yasushi prénom. Pourtant même l’adresse de son site est construite sur l’ordre prénom-nom.com. Y a vraiment pas moyen de se décider. C’est donc un peu comme on veut en Français. Plutôt nom prénom en japonais.

Qui est-il, ce Monsieur Ishii d’ailleurs ? Un compositeur de musique. Qu’a-t-il fait pour nous impressionner ? La bande son de Hellsing. Cette bande son en deux albums Raid et Ruins, que j’écoute au moins une fois par mois depuis dix ans. Je crois que je n’ai jamais regardé plus de deux épisodes de la série animée pourtant. Elle est aujourd’hui difficile à trouver en CD cette BO. Là-dedans y a de grosses grasses basses et des pianos géants, des batteries nerveuses, des guitares inspirées, classiques ou électriques, des orgues, des violons, des clavecins, des beats, des bruits, des sons dans le fond, des nappes, des funk, des jazz, des rock, tellement d’ambiances différentes qui se cognent ou se fondent les unes aux autres, des citations à des œuvres connues… Bref, c’est bourré de créativité, c’est toujours efficace et jamais stagnant.

Très longtemps, j’ai été très triste. Je ne trouvais rien d’autre par ce monsieur. Très longtemps, ça veut dire dix ans. Puis je suis tombé sur son blog. Sur lequel il publie, gratuitement téléchargeables, deux morceaux par mois depuis onze ans. Ouais. C’est vraiment dingue. Plus de deux cent-cinquante morceaux gratuits. Dont des versions alternatives de morceaux qui apparaissent dans les bandes originales dont je vous ai parlé plus haut. Il fait dans tous les styles, il mélange tout. Parfois ça marche, parfois moins. En tout cas y a de quoi se faire des albums d’inédits pour moins d’un centime de Franc. Y a de quoi s’en mettre plein les oreilles et faire s’agiter les neurones en rythme pendant des heures et des heures. Merci Ishii Yasushi. どうもありがとう。

Photo par Gwlad (sous Odysseum)

Quand on parle de compositeurs de bandes sons au Japon, un autre nom vient tout de suite en tête, celui de Shunsuke Kikuchi. Enfin, 菊池俊輔. Mais on en parlera une prochaine fois sinon vous n’allez rien retenir.

Et Montpellier dans tout ça ? Il flotte, il flotte. Le printemps n’est pas là, les arbres ne bourgeonnent pas, les animaux ne baisent pas. Pourquoi vous me parlez de Montpellier ? J’étais de bonne humeur dans mon Japon.

#71 – Montpelliérien #071 – Lost in Description

Je me souviens d’un reportage tourné dans une classe test de Montpellier. Il me semble qu’il y avait des enfants de l’âge d’aller du CP jusqu’au CM2. Je me souviens, mais vaguement, je l’avoue. Parmi les activités, fréquemment les enfants réfléchissaient à un mot et, ensemble, avec le professeur pour les guider, produisaient une définition qui était affichée aux murs de la classe. Par exemple, on les voyait réfléchir à la honte. L’un des élèves dit qu’il avait eu honte en arrivant en retard le matin même, en discutant un peu des expériences de chacun, on en arrive à la conclusion que : la honte, c’est la peur qu’on se moque de nous. Pas mal.

J’aime bien définir et re-définir les mots comme ça, depuis longtemps. Comme un enfant qui aurait vraiment envie de comprendre de quoi il s’agit. Un qui se rend compte qu’on lui a bien expliqué le truc et appris son nom, mais quand il regarde le truc en question par lui-même, y a comme un décalage entre ce qu’on dit et ce qu’il voit, alors il aimerait un peu arriver à comprendre ce qui fait la différence. Je sais pas pourquoi je dis comme un enfant, on pourrait dire comme un adulte, ça marcherait aussi bien.

Des mots, il y en a qu’on a trop employés devant moi et qui me paraissent être vides de sens tant on leur fait tout dire. Il y a aussi les concepts d’intelligence et de connerie, que j’aime bien disséquer. Souvent, ces termes servent simplement à établir un bête classement dans lequel on attribue à un individu ou groupe une valeur supérieure ou inférieure à la valeur présumée d’un autre individu ou groupe. Souvent aussi ça veut dire que la personne dont on parle a agi ou n’a pas agi comme on le voulait, comme on pensait normal qu’elle agisse ou pas. On s’en réfère à un sens commun variable de public en public. Ça sert à dire moi bon, autre mauvais. Ou ça oui, ci non. Selon le contexte, ce qui détermine la valeur qu’on attribue peut paraître très clair à l’interlocuteur ou obscur comme les raisons qui vous font traiter ce multimilliardaire de gros con.

Parfois on me dit que je joue avec les mots. Mais non, justement. Je fais en sorte qu’on s’accorde sur une définition précise de ce dont on parle afin qu’on se comprenne mieux. Jouer avec les mots, ce serait le contraire : utiliser des mots anguilles qui n’expliquent rien et passent partout, qui font qu’on est incapable d’expliquer une situation si on nous les ôte, qui nous poussent à penser par réflexes, qui nous laissent croire qu’on a saisi le sens mais qui permettent à chacun de mieux comprendre ce qu’il ou elle veut comprendre. En vérité il n’y a pas mieux que la description. Mais bon, on a la flemme.

Photo par Gwlad (allée de la Méditerranée)

Je devrais être le premier à me flageller pour utilisation de mots creux, ou trop pleins, et d’expressions toutes faites à tout bout de phrases. La description, j’adore lire, mais se la farcir à l’écriture… J’ai la flemme comme tout le monde.

Pourtant j’essaie. J’essaie aussi de ne plus dire je suis. Et de le remplacer par je fais. Pas pour être ou paraître plus actif, non. Ce serait mal me connaître. Plutôt pour ne pas sans cesse résumer ce que je suis à ce que je fais momentanément. C’est plus par jeu intellectuel (oui je m’amuse bien avec moi-même), mais ça permet de décrire et donc de faire passer plus d’information, de moins compter sur les préjugés qu’a l’interlocuteur vis-à-vis de mots en particuliers. Pas besoin de dire je suis musicien, on peut dire je fais de la musique. C’est presque la même chose. Enfin j’essaie… Je n’y pense jamais en fait.

De la même manière, on peut avoir tendance à dire un peu vite les gens qui. Et bien je vous invite et je m’invite moi-même à plutôt dire quand on. En partant du principe qu’on reproche souvent aux autres un défaut/une qualité qu’on ne se sait pas posséder soi-même ou qu’on ne veut pas voir chez soi, et que quelque part on comprend un peu pourquoi ils font ce qu’on leur reproche, je propose qu’au lieu de dire, par exemple, « les gens qui balancent leurs papiers par terre moi je les… », on dise « quand on balance ses papiers par terre… ». Et oui, parce qu’en plus là vous êtes bloqué·e, vous ne pouvez pas dire quand on balance ses papiers par terre moi je les quoi que ce soit. Il vous faut trouver quelque chose de plus intéressant à dire. Ça va pas être facile.

Non ! « Quand on balance son papier par terre, on est un gros con », je ne veux pas l’entendre. Il y a deux alternatives :

  • « Quand on balance son papier par terre, on est une personne que je place en dessous d’une personne qui ne balance pas ses papiers par terre dans mon petit système de valeurs. »
  • « Quand on balance son papier par terre, on fait le gros con. »

#70 – Montpelliérien #070 – Oundi

Lundi. Une journée qui veut dire retourne au turbin pour beaucoup. Les dimanches soirs de l’angoisse depuis l’école, tout ça on connaît, on en a déjà entendu causer des centaines de fois. On a vécu. On a vu des panneaux you don’t hate mondays, you hate capitalism. Ça fait réfléchir. Vous, vous êtes allé·e bosser après un dimanche pas assez long ? Moi non. J’ai bossé quand même, mais ça n’a aucun rapport avec le jour de la semaine. En causant jours de la semaine, il ne vous aura pas échappé que lundi lune, mardi mars, mercredi mercure, jeudi jupiter, vendredi venus, samedi saturne et dimanche le soleil. Et bien en japonais, c’est pareil. En fait j’allais vous montrer comment c’était pareil, mais c’est tellement pareil que c’est pareil dans toutes les langues d’origine greco-romaines, germaniques, indiennes ou celtes et asiatiques, à part en Chine on dirait.

On nous dit sur Wikipédia que dans les langues baltes, balkaniques et ouraliennes par contre, on a adopté le lundi comme jour un. Et puis après c’est deuxième jour, troisième jour… Je vais pas vous citer tout Wikipédia mais voilà une langue intéressante que je suis heureux de ne pas parler, le luo : [WIKIPEDIA] En luo, le premier jour de la semaine est le lundi (wuok tich) et signifie littéralement « sortir pour travailler », mardi (tich ariyo) signifie littéralement « deuxième jour de travail » et ainsi de suite jusqu’au vendredi. Le samedi (chieng’ ngeso) est un mélange de luo avec chieng’ (« jour ») et de swahili avec ngeso (« ajout ») et signifie donc « jour ajouté ». Le dimanche (odira) signifie littéralement « jour de repos ». [/WIKIPEDIA]

Je voulais vraiment vous montrer comment ça correspondait avec le japonais, mais c’est tellement commun au final. C’est dommage, ils étaient jolis ces 月曜日, 火曜日, 水曜日, et 木曜日, et ces 金曜日, 土曜日, et 日曜日, qui est dimanche, et qu’on voit très bien que c’est le jour du jour.

Photo par Gwlad – rue de Chelia

Gwlad m’a envoyé cette image à mettre sur le blog en attendant qu’elle aille en prendre de nouvelles. Au début je voulais pas la mettre, je trouvais que ça manquait un peu de vie. Un canard, quelques grenouilles. Au minimum des carpes. Et puis elle a su me convaincre. Elle m’a dit que si je ne la publiais pas, elle la vendrait au eMétropolitain. Avec des arguments comme ça, c’est sûr…

Enfin, en attendant qu’on renomme tous ces jours de la semaine comme dans Problemos, passez un bon 月曜日 soir. On n’a jamais noté d’angoisse du 月曜日 soir, donc vous devriez être tranquille.

Ah oui, à Montpellier, il a un peu plu, maintenant il fait un peu beau. Ne ratez aucune actu dans votre ville sur Montpelliérien.com

#69 – Montpelliérien #069 – Le travail c’est lassant, té

On rentre de vacances et qu’est-ce qu’on trouve en arrivant ? Tout un tas de factures à régler. Ça c’est au cinéma. Quand ils ont trouvé une image ils la lâchent plus. À la campagne la chenille devient papillon, à Hollywood l’allégorie devient clicheton. Dans la réalité des gens qui n’ont pas de vacances parce qu’ils ne travaillent pas, on se réveille un dimanche, vers onze heures, et qu’est-ce qu’on trouve en émergeant ? Un tas d’e-mails qui nous rappellent les choses qu’on s’était engagé à faire et dont le faisage est en cours ou presque commencé. J’aurais préféré une tartine de confiture et une tasse de café.

Je n’arrive plus à compter le nombre de projets personnels en cours sous lesquels je me noie actuellement, plus le nombre de tâches que j’ai promis d’accomplir pour les associations et que j’essaie de bourrer comme je peux dans mon emploi du temps… Dans un billet précédent, je disais que j’aimais qu’on puisse avoir confiance en moi, et que je tenais donc à faire les choses pour lesquelles je m’étais engagé. C’est vrai. Je fini souvent par tenir mes promesses, mais quand rien ne le nécessite je ne garantis aucune date précise quant à l’achèvement du travail. Je me force un peu à m’engager auprès des autres afin de m’entrainer, en quelque sorte, à me discipliner, mais ça marche un moment seulement. Ensuite je commence à me dire tiens, si je faisais ça plutôt demain, je pourrais faire ça à la place ça m’avancera, et puis ça, ça prend cinq minutes et c’est dans cinq jours, on a le temps de voir… On sait bien comment ça finit tout ces ça. Ça finit par la moitié du travail fait à temps et un millionième de la totalité de la jungle Wikipédia cartographiée en plus.

Assez. Je vais me divertir cinq minutes, je l’ai bien mérité. Lisons un peu de Victor Hugo sur Wikisource. Il est toujours sur la page d’accueil, j’aime bien aller y picorer un peu de ses poésies au hasard. C’est le plaisir sûr à portée de clic, parfait pour un dimanche.

(…) Je travaille.

Ce mot, plus profond qu’aucun autre,
Est dit par l’ouvrier et redit par l’apôtre ;
Le travail est devoir et droit, et sa fierté
C’est d’être l’esclavage étant la liberté.
Le forçat du devoir et du travail est libre. (…)

Mouais. C’était peut-être pas le matin pour ça non plus.

Aujourd’hui je n’ai toujours pas de photo de Koinkoin ou de Gwlad à vous montrer, on dirait que la dernière semaine a été rude pour tout le monde. À mon tour, donc, de faire le reporter en ville. Attention c’est du grand art.

Oui.

Ce soir à Montpellier, concerts gratuits à la Pleine Lune, au Red Turtle ainsi qu’au Broc’ Café. L’un de ces bars est au quartier Figuerolles, un autre en face du jardin des plantes et le troisième avenue de Palavas, ce sera musique latino, rock psyché ou funk jazzy selon où vous vous rendrez. Dans le désordre ça commencera à 20h30, 18h00 ou 19h30.

Sinon, à 17h vous pourrez aller écouter l’intégrale des sonates pour piano et violoncelle de Beethoven à l’Opéra pour pas trop cher. Moi j’aurais dû y aller. Vous me raconterez. Ça m’aidera à rédiger cette foutue conférence qu’il me faut avoir terminée pour après-demain.

#68 – Montpelliérien #068 – BIP

Vous êtes bien chez Montpelliérien.com, le propriétaire des lieux n’est pas là pour le moment, vous pouvez laisser un message ou enlever vos chaussures et faire comme chez vous. La clé est sous le paillasson. Vous ne trouverez pas d’alcool dans les placards, puisqu’on est sur un blog et qu’il n’y a pas plus de placards que de paillassons sur un blog, mais vous pouvez vous servir un jus de tomate, avec du tabasco, du sel au céleri et de la worchersor… werterch… worsterchaïre sauce. Enfin, de quoi vous mettre bien le temps de lire des articles que vous avez ratés en allant voir la page sommaire. Après le bip.

C’était décidément une bien mauvaise idée de partir sur un message type répondeur. Ça ne rime à rien. Je m’en rends compte maintenant. Mais croyez-vous que dix minutes chrono pour rédiger et publier cet article me laissent le temps de choisir la manière ? Non. Dans ces conditions je n’ai même pas le temps d’ouvrir ma boîte e-mail histoire de voir si Gwlad ou Koinkoin m’ont envoyé des photos pour aujourd’hui, ni donc d’en mettre une. Elles sont presque passées d’ailleurs ces dix minutes. Tout ça pour ça. Eh oui. On fait ce qu’on peut. Je ne suis donc pas de cette catégorie de génies qui sortent leurs plus beaux textes sous la pression, ou face à la date de publication approchant. Il fallait essayer pour savoir, c’est le genre de chose qu’on ne peut pas prédire à l’avance. Mais maintenant c’est sûr. Je dois bien l’admettre, j’appartiens sans doute à une autre catégorie de génies. Une encore mal identifiée par les universitaires, c’est pour ça qu’elle n’est pas tant remarquée que ça. Une qui n’hésite pas, par exemple, à faire semblant de ne pas savoir prononcer worcestershire à l’écrit. Bon, faut vraiment que je file.

BIP

#67 – Montpelliérien #067 – Ne retirez pas vos vestes, je passe en coup de vent

Mon colocataire a reçu un colis Amazon destiné au voisin. Comme il recevait au même moment plusieurs colis qui, eux, lui étaient adressés, il n’a pas fait attention et l’a ouvert. Comme c’était une B.D. et que ce n’était pas notre adresse qui figurait sur l’étiquette, il l’a posé sur mon bureau. Ça ne lui serait pas venu à l’idée de le remettre dans la bonne boîte aux lettres, qui se trouve dans notre immeuble, non. Ni que je ne veux pas du tome vingt-et-un des Bidochons. Et encore moins s’il est au voisin, un certain Didier.

Je vous raconte ça parce que je vois le colis sur mon bureau et qu’il faut bien que je dise quelque chose et que je suis pressé. Pas la peine de m’envoyer un message pour un tome des Bidochons gratuit. Je vais aller remettre en main propre cette B.D. à son propriétaire, je meurs d’envie de savoir qui commande, en 2018, le vingt-et-unième tome des Bidochons, c’est tout. En me renseignant je vois bien que c’est le dernier de la série officielle, et qu’il est paru en 2012. Pas assez fan pour se l’acheter à la sortie, mais assez pour l’acheter quand même.

Je ne comptais pas dire du mal des Bidochons aujourd’hui, c’est le manque de temps qui m’y pousse.

Deux demis, j’appelle pas ça une tournée —c’est pour changer de une fois n’est pas coutume, vous occupez pas—, je vous laisse avec une photo de Gwlad qui devrait servir de bannière à ce blog et un texte sorti du tiroir comme à chaque fois que j’ai pas le temps. Quant à moi, je file !

Photo par Gwlad (embranchement rue Pagezy / rue Jules Ferry / rue Durand / rue Levat)

Luc n’avait jamais été particulièrement fier du fait que l’anagramme de son prénom soit « cul », ce qui est fort vulgaire, ou bien « ulc » qui, phonétiquement, le rapproche inévitablement d’une brute épaisse Américaine vert pomme en mini-short, et moins encore « clu », qui ne veut absolument rien dire. Souvent il se prenait à être admiratif et, à dire vrai, un peu jaloux des autres prénoms. Des Léon qui donnent « Noël », des Gaël et leur signe « égal », ou du « moins » de Simon, voire de Pierre et sa « Prière ». Mais pas des Quentin, qui donnent « niquent », ni des Alan.

#66 – Montpelliérien #066 – Calmement

On fait le bilan.

Ces derniers jours ont été compliqués niveau tenue du site, et les prochains ne semblent pas particulièrement annonciateurs d’amélioration. C’est la soixante-sixième note du blog et je me demande bien pourquoi je me suis promis d’y poster chaque jour. Enfin, ne revenons pas sur nos choix, il faut bien en faire et s’y tenir. Disons simplement qu’il y a deux mois, quand j’avais du temps pour moi tous les matins et que l’idée de ré-ouvrir un blog était encore fraîche dans ma caboche, je pensais que je pourrais tenir des années comme ça. Au bout de soixante-six jours je me dis que c’était un peu optimiste de ma part, ce qui est rare, de croire que j’aurais deux heures à accorder à la rédaction d’un article chaque matin jusqu’à la fin de ma vie. Je me dis aussi qu’un sujet, un ou plus, par jour, même évoqué brièvement, c’est pas si facile à dénicher. Y a des jours où on est sec. Sec sur le fond, sec sur la forme.

Après tout, c’était l’exercice. Me forcer à écrire même quand j’en ai pas envie, même quand je me dis un peu facilement que je n’en ai pas le temps. J’ai pris Montpelliérien comme titre parce que je me disais que ça pourrait servir de filet de secours. En cas de panne, on balance deux trois anecdotes sur la ville, et hop. Au final, j’ai aussi fait un peu d’actu et de chroniques d’évènements qui n’étaient pas juste des excuses pour écrire quelque chose. J’ai parlé un peu des sujets qui me passionnent, comme la musique, les langues et les autocollants sur les camionnettes des artisans, sujets qui n’ont aucun rapport avec la ville, car comme je le disais dans un ancien billet je ne veux pas que le blog devienne un simple agenda, ou que la vie de la métropole prenne toute la place. Je suis pas du genre chauvin. Je parle de Montpellier parce que j’y suis en ce moment, et que parler d’une ville c’est l’occasion de parler des individus qui y vivent et de comment ils y vivent. Pour finir, j’ai beaucoup parlé de moi, c’est un peu le jeu du blog. Tout cela, je l’ai fait dans des posts parfois trop longs, parfois trop courts. La seule chose vraiment régulière jusqu’à la semaine dernière c’était l’heure à laquelle je publiais les articles, toujours entre 10h et midi. Ce n’est plus le cas. Bref, j’espère que ce grand bordel vous va, parce que ça va continuer comme ça encore un moment.

Et voilà, sous couvert de faire le bilan, calmement, ça fait déjà deux paragraphes d’envoyés. Je passe mon temps à vous arnaquer et vous continuez à venir me lire, vous êtes vraiment sympa.

Photo par Koinkoin (grand-rue Jean Moulin)

Ne devenons pas un agenda culturel, donc. Toutefois, ce soir à 21h, au Théâtre Gérard Philipe, Maison pour tous Joseph Ricôme, 7 rue Pages, c’est le Cabaret des chansons fraîches. Je n’ai aucune idée de ce en quoi ça consiste, mais l’amie de l’un de mes colocataires y participe. On va donc aller voir. Cette amie crèche à l’appart jusqu’à dimanche et la salle est à deux minutes de chez nous, on n’aurait vraiment aucune excuse. Je vous raconterai peut-être comment c’était demain. C’est pas gratuit pour une fois, c’est 8€-10€, selon que vous êtes pauvre-riche, jeune-vieux. Moi ça va, je ne suis ni jeune ni vieux et on vient de me verser mon R.S.A., et vous ?

#65 – Montpelliérien #065 – Le bağlama ne prend pas la poussière, parce qu’il est dans une housse

C’est un peu toujours pareil avec les instruments. On en veut un très fort, on attend plus d’un an avant de pouvoir se le payer, une entrée de gamme à prix ridicule, on en joue beaucoup quelques mois, et puis de moins en moins, pour finir par le délaisser totalement. Remarquez que je dis on pour ne pas dire je, ça me permet de mieux déculpabiliser. Pourtant, le bağlama, c’est vachement chouette. C’est un peu long à accorder. C’est pas vraiment intuitif. Mais ça sonne d’une manière unique. Qu’est-ce que j’ai comme ça qui prend la poussière en ce moment ? Trois fois rien. Une guitare classique, trois électriques dont une basse, un dulcimer, un ukulele, une mandoline, un melodica et un harmonium indien. Un violon. Une bombarde. Un clavier midi… Je crois que j’ai fait le tour. Une flûte traversière. On est bons. Il y en a dont j’ai joué beaucoup et longtemps, en fait. Je m’en rends compte en faisant la liste. Oubliez le c’est un peu toujours pareil. En tout cas… l’harmonium, le melodica, le violon et la flûte… Il ne faudrait pas que le bağlama vienne rejoindre cette longue série.

Décidément, ces derniers temps on parle musique, et un peu tard vous vous dites. Oui, j’ai un poil de mal à gérer mon emploi du temps. Je voudrai vous laisser croire que je suis ce fin stratège qui tente différentes heures de publication des billets en vue d’analyser les tranches horaires qui feront dépasser le million de followers à ce blog, mais la vérité c’est que je gère mon emploi du temps comme une quiche. Pourquoi la musique ? Je n’en sais rien, peut-être parce que je passe mon temps le cul vissé devant mon ordinateur pour sortir quelque chose sur Beethoven, mais que j’ai pas du tout envie de bosser sur Beethoven. Il m’emmerde Beethoven. Pom pom pom pom pooom. Le mec a inventé les premiers jingles publicitaires. Ça et bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla bla baaa blablaa. C’était l’Hymne à la joie. Mais vous aviez reconnu, j’en suis sûr. Cavanna avait écrit : « Beethoven était tellement sourd que toute sa vie, il a cru qu’il faisait de la peinture. » Quelques humoristes avaient déjà piqué de ses phrases sans le citer, celle-ci je crois que c’était Jacques Martin qu’il l’avait dite à la télé. Ça l’avait un peu gonflé, mais bon. Depuis on entend toujours des gens la sortir à droite à gauche. J’imagine une personne née aujourd’hui qui ne tombera jamais sur ce blog mais qui si elle y tombait se demanderait bien qui est Jacques Martin et qui est Cavanna. Et je lui répondrai, et toi, je t’en pose des questions sur ta tante ? Et paf. On a pas que ça à faire d’expliquer qui sont des fantômes à de jeunes gens qui devraient être occupés à imaginer un monde nouveau moins con que celui de leurs parents.

Ça tombe bien, Beethoven, c’est à des personnes d’un âge avancé que je dois l’expliquer. Elles n’ont aucun monde moins con que celui de leurs parents à bâtir, alors on peut prendre le temps de leur raconter des machins sur d’autres vieilles gens. Elles ont entre soixante-dix et cent ans, et elles errent dans des couloirs. Des fois elles n’errent pas, elles sont simplement assises sur des chaises dans des couloirs. Des fois elles sont assises ou elles errent dans leur chambre. Parfois elles sont juste allongées. Vous voyez si on a le temps de leur en raconter des machins. Aucun risque de polluer leurs esprits avec des ancêtres devenus symboles, ils en sont déjà farcis. Le problème ici c’est d’y faire entrer des choses un peu nouvelles. Je ne pense pas pourvoir leur parler de Porky Vagina ou de 6ix9ine avant une bonne quarantaine d’année. Porky Vagina, j’ai découvert il y a quelques semaines en cherchant ce qui se faisait de nouveau dans l’univers du grindcore. Je découvre une sous-genre, le pornocore. Exemple de titre de chanson par le groupe chilien Piggy : Diarregla. C’est bon, c’est fin, ça se mange sans faim. Vagina sont de Pologne, ils se définissent comme étant un groupe qui mélange « disco, rock, folk, metal, pop, techno, synthwave, country ». Je comprends pas les titres en polonais, à part Fekal Disko Party.

Photo par Koinkoin (rue Jacques Cœur)

Petite vierge sur un fond de ciel bleu, aide-moi à trouver une fin pour cet article. Une qui ferait le lien entre le bağlama, Beethoven, Porky Vagina, Montpellier et moi, d’une façon fluide et tout à fait naturelle, qu’on ait pas l’impression que ce soit forcé…

S’il te plaîîît… Ah. Je crois que ça vient.

En conclusion, nous pouvons dire que je regarde moisir mon bağlama en écoutant Porky Vagina alors que je devrais rédiger cette conférence sur Beethoven, le tout depuis mon appart situé à Montpellier, ville dont j’ignore tout à fait l’actualité du jour.