Salut ! Non, bougez pas, je passe en coup de vent. Il est déjà 11h30, c’est bien trop tard. Je n’ai pas pu commencer à rédiger ce post plus tôt alors aujourd’hui faudra vous contenter de peu. Les infos essentielles.
D’abord, les hélicoptères. Ça tourne et ça tourne dans le ciel montpelliérain, ça fait un barouf de machine à laver en fin de vie. Ça vous inquiète, hein ? Recherche-t-on un·e terroriste potentiel·le ? S’est-il passé un terrible accident ? Une course poursuite s’est-elle engagée entre la municipale et un vendeur de livres à prix libre rue de la Loge ? Et bien non. Des sources dont je préserverai l’anonymat m’ont informé du fait qu’il s’agissait des équipes de tournage de la Carte aux trésors, cette émission increvable. Ou plutôt qui aurait la mauvaise manie de ressusciter tous les quinze ans. C’est bon pour le tourisme. Paraît. Enfin bref, ils m’emmerdent avec leur boucan, juste les jours où je suis supposé faire de la musique. Voyez ? Quand je vous disais infos essentielles, je ne me foutais pas de votre gueule.
J’aimerai bien vous dire plus de mal de la télé mais j’ai vraiment pas le temps.
Sinon. Aujourd’hui y a plein de bonnes choses à faire, à voir, à écouter. Ça va pas être simple de choisir.
À la fac de lettres, salle crampoux, dans le cadre de leur semaine des droits des femmes : À 14h, conférence, Violences sexistes et sexuelles au travail. À 18h, conférence aussi, Les discriminations salariales. Gratos.
Au Barricade à 19h30, club/bar associatif (2€ l’abonnement à l’année), 14 rue Aristide Ollivier, première projection du cycle sur le cinéma soviétique : Le Cuirassé Potemkine. Plus débat entre spectateurs·rices à la fin. Toujours gratos ou prix libre (une fois abonné·e).
À l’Agora des Savoirs à 20h00, Centre Rabelais, sur l’esplanade Charles de Gaulle, à l’occasion de la semaine du cerveau, conférence encore, encore gratos : Ma mémoire et les autres.
J’aimerai bien vous décrire mieux en quoi tous ces évènements consistent, mais j’ai toujours pas le temps.
Oui c’est bien moi qui disais que je ne voulais pas que ce blog devienne un vulgaire agenda d’évènements, et oui c’est bien vous qui pensiez que les articles des jours précédents étaient trop longs. On n’en finit plus de s’étonner.
Allez, zou ! C’est pas que je veuille pas vous faire la conversation ou que je m’intéresse pas à vous, mais il faut vraiment que je file. À demain !
Voilà quatre jours que je vous rédigeais de beaux, mouais, de longs, ça c’est sûr, articles, il fallait bien qu’arrive le moment de la panne d’inspiration. Est-ce dû au fait qu’hier, à part pour une brève balade d’une demi-heure le soir ainsi qu’une sortie furtive en quête de 200g de houmous et de deux baguettes, j’ai passé la journée enfermé à installer lubuntu sur un netbook de 2009 ? Sans doute un peu. Est-ce que ça fonctionne au moins ? Disons que oui, dans son ensemble, mais il me reste encore à faire marcher correctement l’un des deux systèmes pour écrire en japonais. On pourrait penser que je m’y connais en informatique, hein ? J’aimerai bien vous le laisser croire, mais vous savez comment c’est, on commence par un petit mensonge innocent et d’eau chaude en tisane on est rendu·e vendeur·se. En vérité, je parcours les forums d’aide de tout l’internet et suis à la lettre les solutions proposées jusqu’à trouver la bonne. D’où la journée pas fofolle. Cela dit, c’est un peu pour vous, pour rédiger mes notes de blogs d’où que je me trouve, et ce sans risque de niquer mon ordinateur principal qui a bientôt dix ans lui aussi. Parce que je vous signale que ça fait quarante-trois jours d’affilée que je tiens ce blog, et que c’est autant de nuits sans découcher pour pouvoir vous divertir chaque matin. J’aimerai bien que ce petit moment de plaisir quotidien ne m’empêche pas d’être mobile pour autant.
Enfin, tout de même hier mon cousin est passé chez moi l’après-midi. Quoi mes histoires de famille on s’en tape ? Attendez, il y a une morale à la fin. On s’est maté, en même temps que je triturais le netbook, la chaîne YouTube de Nuclear Blast Records, pour se marrer un peu. Moi Norman et Cyprien je les trouve nuls à en chier sur son clavier et à tamiser le tout pour que ça rentre bien sous les touches, mais par contre, quand je veux rire, je regarde la chaîne de Nuclear Blast Records, le pire du métal qui n’arrive pas à se dépêtrer des clichés créés au cours des années 90. Là on rigole franchement, sans se forcer, sans pouvoir se retenir, même que c’est pas fait pour, on rigole donc d’autant plus. La moralité ? Bah, heureuse la génération internet qui n’a plus besoin d’acheter les DVD des clips Nuclear Blast pour se payer une après-midi de fou-rires. Vous vous attendiez à mieux ? Je vous ai dit que j’avais pas l’inspiration aujourd’hui.
Sinon, ce soir, exposition-conférence « Le cerveau en musique » à la Maison des étudiants Aimé Schoenig à 19h. Je vous copie la description que j’ai trouvée en ligne, mais je vous enlève les mots qui ne servent à rien, comme ça on pourra pas dire que j’ai juste copié et on louera ma faculté de synthèse : « neurosciences comprendre émotions musique effet cerveau neuromédiateurs dopamine sérotonine endorphine maladies psychiques dépression anxiété schizophrénie douleur applications thérapeutiques microscopie électronique ».
Je vous conseille d’y aller puisque moi je ne pourrai pas y être, comme ça vous pourrez me raconter. Pourquoi je ne pourrai pas y être ? Parce que je vais garder les enfants d’un couple ami qui, lui, y sera… Et oui, moi qui fait de la musique ! Mais je m’étais engagé avant d’apprendre l’existence de cette conférence, et j’aime savoir qu’on peut compter sur moi, ne sait-on jamais. Ne sait-on jamais que si un jour j’ai besoin de faire appel à mes propres services j’apprécierai sans doute de pouvoir me faire confiance.
À part ça, les gars et les gals de Paul-Valéry continuent leur semaine consacrée aux droits des femmes intitulée Paul et Valérie. Vous trouverez le programme en deuxième partie de l’article d’hier.
Sur ce, il faut que j’aille en faire, de la musique. Je me suis engagé sur un projet Kino et un autre avec des gens qu’on retrouve au Kino mais pour un projet indépendant de l’association. Si vous ne savez pas ce qu’est le Kino, c’est que vous avez pris le blog en cours de route, oui vous avez l’air bête mais on va remédier à ça, vous pouvez vous rattraper en allant lire la seconde partie de cet article. Ça m’angoisse un peu, de reprendre la musique. J’ai pas touché Logic Pro depuis bientôt trois mois. Enfin pas le choix. Engagement, confiance, tout ça, connaissez la chanson.
Passez donc toutes et tous une bonne journée, et à demain ! Je vous raconterai sans doute comment s’est passé le babysitting.
Le chien de la casse à dreads blondes s’est jeté dès son arrivé sur la petite qui dansait seule devant la scène, la hipsterette à larges culs de bouteille assise en retrait écrivait dans son petit calepin comme il se doit, mais moi aussi alors on ne juge pas s’il vous plaît, le fou sur la piste dialoguait avec lui-même. Où est-on ? À la Pleine Lune. Qui va-t-on voir un dimanche soir ? Neil Conti & The Lazy Sundaze. Que peut-on dire ? C’est du jazz, de la soul et du funk, c’est du funk qui jazzotte avec un supplément d’âme, comme dirait l’autre carotte, le tout teinté d’une miryitude d’autres influences, pensez hip-hop, disco, samba et plus.
Les musiciens sont tous impeccables. Un saxophoniste à l’alto, un trompettiste, un claviériste, un percussionniste aux congas, un autre aux bongos, timbales, tambourins, maracas, bref vous voyez, tout le reste quoi, un guitariste, un bassiste, un DJ, et ? et ? et ? Ben, Neil Conti, sur sa batterie. Badaboum tsssh ! Kss-kss-pam ! pam ! Bliboum~bidabi~doum!doum! Da-bam ! Ah, voyez comme je fais vivre la batterie par les touches de mon clavier. Neil Conti comme si vous y étiez. Encore, vous dites ? Okay. Poum-kss-poum-kss-poum-kss tak ! tak !! Poum-kss-poum tak !! tak !!! Bidi~boum-bidi~bam blou~boudou~bidouboudiboudaaa sprishhhhhhhhh……. Fait monter la sauce où il faut, calme le jeu quand il faut, en constante écoute et lâchage, chef d’orchestre et homme orchestre de percussions à la fois, il est fort le bonhomme. Au cours de la soirée d’autres musiciennes·s sont montées·s sur scène, deux autres saxophonistes en fait, pour les instrumentistes, je ne sais pas s’il sont dans le groupe ou pas. Vous avez remarqué ? Pour l’instant tout ça c’est rien que des porteurs de testicules. Heureusement, c’était pas le cas pour les voix. D’abord une chanteuse soul a atomisé la salle en deux fois deux minutes d’impro, c’était le choc, elle envoyait la batavia (végétarisme oblige), je suis infiniment triste de ne pas connaître son nom, puis une… improvisatrice slameuse ? Disons ça comme ça, est montée sur scène elle aussi. Un poil alcoolisée mais si ce n’était pas génial, ce n’était pas mauvais, d’autant qu’elle a choisi le moment le plus hip-hoppotisant du set pour s’emparer du micro libre. Elle j’ai son nom, mais je ne vous le donnerai pas. Niveau noms je suis désolé, je n’arrive pas à les trouver, j’avais noté les prénoms de quasi tous les musiciens mais pas leurs noms. Par exemple le trompettiste je sais qu’il s’appelle Olivier. Et démerdez-vous avec ça.
Le trompettiste, d’ailleurs, cet énigmatique Olivier dont on ne connait que le prénom et qui joue d’une seule joue (hein, j’ai dit ça moi ? Vous lui direz pas, vous serez gentils·les), il a la place centrale. Pas parce que c’est traditionnellement la place de la trompette, mais parce qu’il la mérite. Il a bien de la chance qu’on sache pas qu’il s’appelle Dullion, le Conti, parce que le groupe pourrait vite devenir Neil Conti, Olivier Dullion & The Lazy Sundaze. Les unissons trompette-sax, c’est toujours aussi efficace, les unissons trompette-guitare ne voulaient décidément pas sortir ce jour-là, pas une seule fois. Ça les faisait marrer, sachant que la session avait été enregistrée, moi j’aurais pas ri. Que dire d’autre vite-fait avant de vous saouler ? Le DJ balance des samples hyper connus à des moments stratégiquement clichés, mais c’est d’autant cliché que c’est efficace. Pour ses parties scratchs, rien à dire, il vient s’intégrer parfaitement à la section rythmique, et ses solos sont les bienvenus, d’autant que quelques parties du set un peu hip-hop lui offrent une belle place au premier plan. Chacun, d’ailleurs, y est allé de son petit solo, sauf le bassiste me semble-t-il, qui jouait pour la seconde fois seulement avec Mr Conti si j’ai bien pigé, mais peut-être ai-je les esgourdes faisandées par ce marathon trois soirs, trois concerts (cinq en vrai). Quoi d’autre ? Rien, allez les voir, ils jouent tous les dimanches soir de 18h à 22h avec seulement trente minutes de pause au milieu. Vous pouvez boire et manger sur place, y a de l’ambiance, les couches sociales s’y mélangent, on rencontre des gens pour la première fois et d’autres qu’on connaît déjà.
Sinon, cette semaine à l’université Paul-Valéry, c’est la semaine Paul et Valérie, leur semaine des droits des femmes. Ça commence aujourd’hui, à 18h à la salle Crampoux par une conférence sur l’histoire du féminisme ! Heureusement que Solidaires étudiant.e.s 34, est là pour faire la com et les rectificatifs autour de cette série d’évènements pour ceux qui n’ont pas Fècesbook, parce qu’avec toutes les manifs, les blocages, et les neiges, et les trucs que j’oublie, c’est vraiment le merdier, le programme change tous les jours. On regrette juste que le programme ne soit pas sur leur blog, pour ne pas être obligées·s de passer par Twitter non plus. Pour la suite du programme, si tout se passe bien, c’est toujours à la salle Crampoux. Mais je crois que j’ai pas assez dit programme. Programme :
Mardi 13 mars
12h-14h – Atelier : le consentement, auto défense et déconstruction
15h – Atelier : contre les injonctions sexuelles faites aux femmes
18h – Conférence : les violences gynécologiques
Mercredi 14 mars
14h – Conférence : violences sexistes et sexuelles au travail
18h – Conférence : les discriminations salariales
Jeudi 15 mars
Y a pas, y a mouvements sociaux, mais rien ne vous empêche de discuter droits des femmes en tenant une banderole.
Vendredi 16 mars
18h – Conférence : InterseXions : langage et construction du genre
(+1 pour le thème, -1 pour le jeu de mot, on ira donc écouter ça en partant d’un préjugé neutre)
Voilà pour aujourd’hui. Bisettes à tous et à toutes, et à demain.
La journée d’hier ayant été bien complète, aujourd’hui on va pouvoir parler d’art sous toutes ses formes : expo, théâtre, concert. Ah, que j’aime quand je n’ai pas à me fiche le cerveau sens dessous dessus pour trouver une façon amusante de vous dire que je n’ai rien à vous raconter. Allez, c’est parti on y va. Ça va être long. Est-ce que ça va être bon ? Rien n’est moins certain.
Exposition d’art contemporain, pour commencer. Devinez où, devinez quand ? En fin d’après-midi à la Panacée, bien sûr. À celles et ceux qui diront que pour le où, okay, mais pour le quand pouvaient pas savoir, j’ai envie de dire estimez-vous heureuses·x que je n’aie pas ajouté : devinez avec qui ? Parce que là c’était la colle et vous seriez encore passés·es pour des branquignoles. La réponse ça aurait été : avec Will, qui s’appelle Billiam dans la vraie vie, comme les Bobert Rob, Dickard Rich, et Pegaret Mar. Donc, direction la Panacée où nous avions rendez-vous. C’était l’exposition Crash Test, dont tout le monde parle, énorme succès. À mon tour d’en parler, à moi les dollars.
Je suis arrivé un peu en avance sur Will, ce qui était prévu. Je me suis donc rendu à l’accueil pour y glaner de la doc en l’attendant. Une dame à l’air assez âgé et aux cheveux d’un rouge très rouge toute habillée de noir vêtue des pieds à la tête, sauf ses cheveux qui étaient découverts puisque je vous ai dit qu’ils étaient rouges et son visage qui était découvert aussi puisqu’il avait l’air âgé, donc plutôt toute de noir vêtue habillée des pieds aux épaules (je me fatigue, pas vous ?), m’a donné tous les papiers dont elle disposait, en m’expliquant les principes de l’exposition, mais elle tentait également de l’expliquer à d’autres personnes, qui, elles, étaient arrivées après moi, elle intercalait donc des éléments d’explications que j’avais déjà entendus à leur intention, entre deux éléments d’informations qu’ils n’avaient pas encore eues, eux, pour moi, tout ça en même temps qu’elle répondait au téléphone. J’ai pris les prospectus et je suis allé les lire à la table basse dans l’entrée en attendant Will. Là, une autre dame habillée toute de noir vêtue des pieds aux épaules, accompagnée par un monsieur de la sécurité, est venue s’asseoir à côté de moi. Elle s’était sans doute fait mal quelque part, au dos ou à la cheville, ou au mollet, parce que le monsieur de la sécurité lui a touché le mollet du bout du doigt, mais j’ai pas bien entendu ce qu’ils se disaient, ou alors c’était autre chose, mais en tout cas elle travaillait au musée, et là ne travaillait plus pour cause d’un quelconque accident ou d’une maladie. Le monsieur de la sécurité a aussi tiré un fil qui trainait de sa veste à elle, à mesure qu’il tirait le fil s’allongeait, elle a dit que c’était pas grave. Ensuite il n’a pas arrêté de faire des allers-retours entre l’intérieur du musée et elle, il venait lui raconter tout ce qui se passait, comment un enfant avait un peu marché sur une œuvre d’art et que le chargé de médiation de la salle s’était mis à sermonner la mère et que ça avait commencé à monter dans les tours, mais que ça s’était calmé, ouf. Ou que unetelle était dans telle salle, et que untel était là-bas qui faisait ça. Tout ça en faisant des va et vient musée-hall, toutes les cinq minutes. Je me demande s’ils étaient en couple, les deux. La dame aux cheveux rouges est également venue la voir, la plaindre et lui passer une main consolante dans le dos. Ensuite William est arrivé, on a fait le tour du musée puis on a pris lui un jus de poire, moi une limonade au bar et on s’est quittés.
Là, j’ai foncé aux Aubes, je suis arrivé pile à temps à la Maison pour Tous George Sand, à l’angle du Parc Rimbaud, quartier les Aubes. Oui, les Aubes. Allez-y. Dites-le à voix haute, faites bien la liaison, riez un bon coup une fois et on y va, on va pas passer la journée là-dessus. C’était une soirée Playback Théâtre. Aucun rapport avec les gens qui chantent sur bande pré-enregistrée. Là, celles·eux qui le veulent parmi les spectatrices·eurs racontent l’une de leurs expériences sur le thème de la soirée, ici les histoires de voisinage, et les différents·es comédiens·nes présents·es la jouent. D’abord on détermine une certaine forme contraignante (favorisante, selon le point de vue) avant de se lancer : en épisodes, en cinq parties, en paires, en transformatif (ça veut dire une seule scène avec un évolution du jeu)… et puis place au jeu, comme ils·elles disaient. L’un·e des comédiennes·s fabrique la bande son en direct à l’aide d’instruments posés sur un tapis d’un côté de la salle. La troupe, c’était Magma, la délégation ce soir-là se composait d’Anne Berchon, François Bousquet, Sandrine Dury, Marianne Grison, Élisabeth Loubat, Cathy Lumale et Pascal Menut. Voilà, ça c’était pour l’aspect technique, l’aspect matériel et matériel humain. Maintenant qu’est-ce qu’on peut en dire ? Que je ne me suis pas ennuyé une seconde, que je suis reparti avec le sourire, que j’ai beaucoup ri, que j’ai ressenti comme une envie de se rapprocher les unes·s des autres, comme une envie de se voir montrer des émotions partagées par toutes et tous mais trop souvent gardées pour soi. Je pensais tout de même, au vu de la population présente tendance quinquagénaires et plus, qu’il y aurait beaucoup plus d’histoires à raconter tout de suite, ça a mis un moment à venir, comme quoi, l’âge n’efface pas la pudeur. Les comédiens et diennes étaient inventifs et tives, parfois mimaient les gestes, parfois les personnages, parfois jouaient les émotions, parfois répétaient les mots mêmes qu’ils et elles avaient entendus. Tous et toutes et tout ensemble, c’était foisonnant d’impressions. Chacun·e un petit tableau en formant un grand. Maintenant, une chose que je n’avais jamais remarquée : le renforcement d’une émotion par deux personnes jouant la même chose au même moment. Exemple : une femme est inquiète du fait que son bébé est toujours malade. Sandrine Dury (si je ne me trompe pas) entre en scène, faisant mine de tenir un bébé dans ses bras et d’être inquiète en le berçant vivement, ça marche mais c’est un peu bateau, on attend la suite. Les autres tardent à entrer, petit moment de manque d’inspiration, ça arrive, ça fait bien une heure qu’ils et elles jouent. Avant que Sandrine Dury n’ait eu le temps de s’essouffler totalement seule sous les regards, Anne Berchon arrive en renfort et copie chaque geste de derrière sa co-troupière (hum). Une vrai sensation de tension se crée, on a l’impression d’une réelle nervosité, on ressent l’émotion mieux. On a pas l’impression de voir deux fois le même geste, on a l’impression de voir ce geste plus fort. C’est assez indescriptible. Ça pouvait sembler n’être pas grand chose, c’était en fait très efficace. Que dire d’autre ? J’ai encore un concert à vous raconter. La prochaine fois que vous entendez parler de Playback Théâtre en tout cas, allez-y. Et de Magma, la troupe, pas le groupe, allez-y aussi.
À 22h30 à la louche j’arrive au Bric À Brac, je tombe en plein concert de Gneiss Rock. J’ai dû rater bien une heure et de toute façon je ne pense pas être le plus calé pour en parler bien, je n’avais jamais entendu quoi que ce soit du genre. En arrivant, j’ai même demandé au mec devant la porte si c’était pas encore commencé parce que j’entendais rien et que depuis les images de la caméra projetées à l’étage on voyait le public assis sur scène semblant attendre que quelque chose se passe. C’était commencé et chut qu’il m’a répondu. C’était du bidouille noise, selon moi. Un mec appelé Ozzy Keller tripatouillait des instruments musicaux-ou-pas vintage qu’il avait semble-t-il bidouillés lui-même. J’étais bien incapable de déterminer à quel moment il faisait ce qu’il voulait et quand c’était un bruit dû à un faux contact. Tout était à base de bruit blanc filtré (à peine) et de samples overdrivés sous-mixés. Super chelou, c’est le moins qu’on puisse dire. Les gens, assis par terre, semblaient plutôt concentrés. En tout cas personne ne se foutait ouvertement de la gueule du musicien comme on pourrait s’y attendre devant un spectacle aussi inhabituel et des sons aussi peu agréables, bien que pas mal cherchaient des regards complices dans le public un sourire en coin, et qu’une bonne partie de la salle se soit barrée avant la fin. On a au moins évité la grosse moquerie crasse. Peut-être était-ce en partie dû au photographe à moustaches du XIXè siècle qui faisait douter les gens avec son allure hipsterisante : pouvait-il rire à gorge déployée et hurler au scandale, le public, ou se dévoilerait-il, en agissant ainsi, en pauvre masse rétrograde incapable de reconnaître une révolution artistique quand on la lui mettait sous le nez ? Ou alors les gens sont devenus plus corrects que dans mes souvenirs.
Le second groupe c’était Moteur! C’était psyché dans l’idée, jazzizant sur les bords, un peu rock dans le fond. Impros, compos, on aurait pas su dire. Tant mieux. Avec une bière dans le gosier et un joint dans les bronches, j’aurais sans doute réussi à me laisser porter par le tout, mais là j’avoue que sobre la sauce n’a pas pris. Ça manquait de jouer ensemble, je trouvais. Malgré l’effet recherché, je pense, de chacun dans son coin qui fait un tout et crée des effets par un hasard semi-contrôlé, y avait moyen de donner plus en s’écoutant mieux. En plus on voyait bien que les musiciens étaient tous bons, c’était le plus râlant. Tant pis, ça arrive. Au moins ils ont le bon goût de ne pas essayer d’accrocher le public par des genres aimés d’avance, par des mélodies ciselées pour le tube, de ne pas faire une musique démago quoi, et que le tout ne soit pas désagréable pour autant. Parce que c’était quand même très agréable, juste, y avait pas le truc pour m’emporter que l’étiquette psyché jazz qu’ils s’étaient collée m’avait fait espérer.
Hier, car je vais encore vous parler de choses que vous avez ratées, hier, donc, vous avez qu’à sortir un peu aussi, je peux pas tout faire à votre place, hier, on y vient, la soirée a été chargée. Je vais essayer de vous la faire courte et efficace. Oui, oui, vous pouvez me regarder avec votre air moqueur, j’ai assez de recul sur moi-même pour savoir que court et efficace, ce n’est pas mon truc. Écoutez, c’est samedi matin, vous n’allez pas commencer. Ça commence, justement, hier, encore, par un message de Feldo sur l’un des multiples forums privés par lesquels on s’échange des mots doux régulièrement :
« Mercredi je suis allé au Barricade pour voir jouer un gars (nom de scène Ben Johnson) qui parle de sa vie dans une ZAD forestière. Et ben c’est super bon, ça dure que 50 minutes, c’est à prix libre (dans les lieux militants en tt cas). Et je me disais « meeeeeeeeeerde dommage je l’ai su trop tard et puis de tte façon je pouvais pas savoir que ça allait être top). ET BEN POUF, AU LIEU DE RETOURNER A MARSEILLE IL VA REJOUER CA CE SOIR. Ça se passe dans le « RAID » près du tram G∝∴℘∠♠ L∋⌉⊆Δ. Si je ne m’abuse c’est un squat récent, je sais pas exactement où. On devrait me filer une adresse sous peu. Je suis pas sûr d’y retourner, mais j’ai un pote qui y a va pour 19 heures. Éventuellement, si vous y allez avec une plume dans le cul je lui dirai d’aider les gens qui ont une plume dans le cul. »
Il avait raison sur plusieurs points et s’était planté sur d’autres. Le RAID est bien un squat récent puisque ouvert en octobre 2017, le prix était bien libre, et il ne savait bien pas où ça se situait exactement. Par contre c’était à 20h et son pote n’est pas venu, heureusement que je ne m’étais pas mis une plume dans le cul. Le spectacle s’appelait donc La Cucaracha, mélange de tranches de vies en ZAD en mode TDI, de questionnements concernant l’acceptation des autres tels qu’ils sont et de lâcher prise en même temps que de résistance, de chants ibériques, arabes et de danse, ainsi que de quelques chroniques animalières. C’était court, 40 minutes, ça aurait bien pu durer le double que ça ne m’aurait pas dérangé, mais c’était bien comme ça aussi, compact et dense. C’était touchant, rythmé, drôle, questionnant, singulier. Le comédien-auteur se fait appeler Miguel Aziz Ben Johnson, j’espère tellement que c’est son vrai nom mais je n’y crois que d’un œil. Il ne s’économise pas, il joue pour de vrai, il imite parfaitement le serpent sous ayahuasca, le coq revanchard et le luchador sensible. Il fait partie du collectif Xanadou. Y a un trailer du spectacle sur youtube mais il est vraiment nul à en boucher les rainures du parquet à la merde, s’il vous plaît ne le regardez pas.
Il devait y avoir ensuite une diffusion de film sur les violences policières au cours d’une COP 21, 22, ou 23 on a perdu le compte, mais Feldo avait rendez-vous avec une amie très belle mais très je passerai pas dix minutes en sa compagnie alors, ne connaissant personne et étant un peu timide malgré l’accueil plutôt invitant au RAID, je suis parti aussi. Seulement, ne souhaitant pas me joindre aux pérégrinations nocturnes de copain et pas copine, je me suis cherché un concert gratuit. C’est comme ça qu’à 21h30 je me suis retrouvé dans la cave du Bric À Brac pour trois heures de punk. Du vrai. Du gras.
Le premier groupe à passer, c’était Triploï. Quatre mecs : guitare, guitare, guitare basse, voix et une boîte à rythmes zoom à 60€ qui étonnamment sonnait très bien. Bonne programmation par le fondateur du groupe, j’imagine. Le groupe existe depuis sept ans, est de Bédarieux, mais a connu de multiples restructurations avec le temps. Le fondateur, toujours, me disait qu’il était allé chercher des gens qui ne savaient pas faire de musique au départ mais qui avaient l’envie, et que tant pis si des fois ça n’allait pas, il préférait faire les choses comme ça. Je dois dire que j’aime beaucoup cette démarche et j’admire les gens qui s’y tiennent malgré les déconvenues. Pour le coup, là, on voyait qu’ils aimaient ça, le punk, dans sa totalité. Les mecs avaient le look total, crête ou béret, Docs et t-shirt à logo, en plus de l’énergie, qui s’accordait bien à leurs tronches de bons gars à l’attitude pas prétentieuse pour un sou. Que ceux qui me disent que les punks devraient pas faire gaffe à leurs sapes aillent relire l’histoire du mouvement pour se rendre compte d’à quel point ces gens-là ont été coquets Docs coquées en plus de cokés depuis toujours. L’esthétique visuelle et sonore avant tout, le propos n’est que prétexte, quoi qu’on veuille bien en dire. Les propos du groupe justement ? Dénonciation d’une société oppressive, anti-militarisme, anti-cléricalisme, anti-fascisme. Comment que ça sonne ? Vous voyez du punk français ? Ben ça sonne comme ça, gras, avec des chœurs dont on entend moins les notes que le grain des larynx défoncés. C’est pas punk rock, c’est punk, teinté d’hardcore. Ils ont joué leur set en entier et ont refait quatre chansons en rappel. Ce qui était sympa c’est que les morceaux, qui ont tous une sacré pêche, étaient assez reconnaissables les uns des autres pour ne pas qu’on ait l’impression d’entendre toujours le même durant le premier passage, bien que tous dans un même genre, mais pas assez pour qu’on ait l’impression de les avoir déjà entendus pendant le rappel. Et que demander d’autre ? J’exagère un peu, je les ai reconnus, en vrai, les morceaux, ils passaient juste très bien une seconde fois.
Après ce premier concert je suis remonté au bar me prendre un jus de tomate. Je l’ai bu là-haut et vite, méfiant comme tout que je suis du jugement des buveuses·rs de bière et d’anisette. J’ai bien fait, un vieux keupon commençait à me faire des remarques amusées et risquait d’ébruiter ma triste sobriété. Je ne voulais pas risquer que la nana super jolie qui me matait discrétos depuis qu’elle avait mis les pieds dans la salle n’apprenne que j’étais un buveur de softs invétéré. Rassurez-vous, elle ne l’a pas su, elle n’a donc pas arrêté de se rapprocher de moi au cours de la soirée, et je n’ai pas osé l’aborder quoi qu’il en soit parce que je suis timide comme une pucelle bourgeoise élevée au couvent. C’était pas l’envie qui m’en manquait, c’était plutôt que je suis con.
Fix-o-Dante, c’était le deuxième groupe. Un batteur qui frappe comme un sourd sur ses tambours, une bassiste qui avait parfois du mal à suivre mais elle se plantait avec tellement de bonne humeur qu’on s’en foutait, c’est aussi ça l’avantage du punk, et un chanteur guitariste qui jouait au poil, braillait tout aussi bien, composait un punk ‘n’ roll super efficace et qui faisait bouger les têtes. Les thèmes étaient plus personnels et plein d’humour, des dealers jamais à l’heure à sa fille élevée par un autre mec, des hommages à notre grand-père à tous comme il disait, Lemmy, comme aux multiples anonymes qu’en ont trop pris et à qui il manque quelques chicots, annonce-t-il avant d’ôter son dentier pour le porter bien haut sous les spots tout en souriant pour bien appuyer le propos, le refrain c’était descendants des sans dents si j’ai bien pigé. Bref, j’irai les revoir avec plaisir. Le point commun d’avec le groupe précédent à part la base punk des deux styles ? Pas de prise de tête. L’envie de se faire plaisir et la gentillesse enfantine qui émane évidente des musiciens·nes. Comme la musique était vraiment bonne, drôle et entraînante, y a rien à demander de plus. Je suis même pressé de retourner les voir. J’ai moins à dire que sur le premier groupe, oui, pourtant je préférais plutôt celui-ci, mais j’avais l’esprit pris. Oui pripri c’est pas très joli, mais voilà c’est comme ça, j’avais l’esprit pris par cette jolie fille qui, comme je vous l’ai dit, était venue au bout d’une heure et demi de zieutage en douce se coller à cinq centimètres de moi pour danser, et comme depuis le début j’avais fait mine de l’ignorer tout en ne m’éloignant pas pour ne pas qu’elle croit que je la mate et me prenne pour une gros lourdingue, j’étais pris à mon propre piège et ne pouvait plus en sortir, et alors, j’aimerai bien vous y voir vous, à continuer d’apprécier le concert d’une manière analytique tout en vous insultant vous-même copieusement à l’intérieur de votre tête de petit merdeux d’handicapé de la drague de merde.
Bon, ça fait un sacré pavé, c’est assez pour aujourd’hui. Ce soir quand même, quartier les aubes, parc Rimbaud, Maison pour Tous George Sand, playback théâtre à 20h, entrée à prix libre, sur le thème des histoires de voisinage du quartier. Qu’est-ce que c’est que le playback théâtre ? Chaque spectateur arrive avec son histoire sur le thème, les comédiens improviseront là-dessus. Entre théâtre d’impro et éducation populaire s’il faut qu’on vous mette des étiquettes sur tout.
Ce matin, je me suis presque levé de bonne humeur. Pourtant, la journée d’hier, à part pour deux heures de bénévolat en début d’après-midi, a été complètement vide. Vide d’évènements, vide d’envie quelle qu’elle soit, et donc vide de sens. Une de ces journées où j’erre, non pas à la recherche de ce que je désire, mais plutôt à la recherche de désir tout court. Je n’ai pas pu me rendre au festival de l’Université Paul-Valéry à cause de cette session de bénévolat entre 14h et 16h et puis de toute façon, bon. J’ai voulu aller voir un concert le soir, mais je n’ai pas eu le courage de m’assoir seul à une table dans un bar bondé avec mon jus de tomate, et puis de toute façon, bon. Alors j’ai marché dans la ville de nuit pendant deux heures, seul quand même. D’ailleurs, de la journée, à part heureusement quelques SMS échangés avec Gwlad qui subissait les réactions typiques à la journée des droits des femmes au boulot, je n’ai eu de contact avec personne de proche, pourtant je pense que ça m’aurait fait du bien, j’aurais dû faire péter les textos et les e-mails mais je l’ai pas fait, et puis toute façon, bon. Pour finir, pour la première fois depuis le lancement du blog, je n’ai eu quasiment aucune visite en journée. Les stats me disent que quelques personnes sont finalement venues fouiner vers 22h ou 23h, c’est dommage pour une fois que je parlais de choses qui se passaient le jour même et pas la veille, mais de toute façon, bon.
Pourtant, malgré tout ça, j’ai bien dormi le soir. Je m’en veux un peu de ne plus m’en vouloir de vivre des journées sans goût, au point de ne plus insomnier d’angoisse la nuit venue. Ça n’incite pas à faire changer les choses, de s’en foutre. C’est sans doute que je vieillis. M’angoisser, c’était un signe d’avoir des désirs et de les voir frustrés. De savoir que ces paysages fantasmés c’était pas moi qui les verrai, que ces sentiments tant anticipés c’était pas moi qui les vivrai, que cette nana tant aimée c’était pas sur moi qu’elle se coucherait… Pourquoi est-ce que ça continuerait maintenant que je me suis fait à l’idée qu’il suffit juste d’attendre la seconde d’après jusqu’à ce que tout ça se termine, et que tout se terminera bien assez vite ? Non vous voyez, les soirs à pleurer de déception de soi, c’est réglé. Par contre, je pensais que j’arriverai à trouver avec l’âge, et surtout sans alcool, sans joints et sans tabac une sorte de constance dans l’humeur. Mais non, vraiment ça dépend des jours. Aujourd’hui, comme je vous le disais, je me suis presque levé de bonne humeur, alors que le temps est gris dépression et qu’hier, c’était vraiment pas top. Sans doute est-ce justement le fait d’avoir bien dormi. Parfois ça a du bon de vieillir et d’être assez blasé pour dormir bien malgré une vie insipide au possible.
Je vous laisse avec un extrait de La conspiration de Paul Nizan qui me hante depuis que je l’ai lu pour la première fois, me reconnaissant et reconnaissant trop mes insomnies passées à chaque phrase. Si je ne savais pas qu’il parlait de lui-même, je mettrais ma main à débiter en tranches qu’il parlait de moi. Je crois que c’est lui qui a décrit le mieux, mais vraiment dans le détail, au poil de chatte, ces angoisses de la vingtaine :
« Pour que les jeunes gens se tiennent tranquilles, les hommes de quarante ans leur racontent que la jeunesse est le temps des surprises, des découvertes et des grandes rencontres, et toutes leurs histoires sur ce qu’ils feraient s’ils avaient de nouveau vingt ans, leurs jeunes espoirs, leurs jeunes dents, leurs jeunes cheveux, avec leur fameuse expérience de pères, de citoyens et de vaincus. La jeunesse sait mieux qu’elle n’est que le temps de l’ennui, du désordre : pas un soir à vingt ans où l’on ne s’endorme avec cette colère ambiguë qui naît du vertige des occasions manquées. Comme la conscience qu’on a de son existence est encore douteuse et qu’on fait fond sur des aventures capables de vous prouver qu’on vit, les fins de soirées ne sont pas gaies ; on n’est même pas assez fatigué pour connaître le bonheur de s’abîmer dans le sommeil : ce genre de bonheur vient plus tard.
Personne ne pense avec plus de constance à la mort que les jeunes gens, bien qu’ils aient la pudeur de n’en parler que rarement : chaque jour vide leur paraît perdu, la vie ratée. Il vaut mieux ne pas s’aventurer à leur dire que cet impatience est sans raison, qu’ils ont l’âge heureux et qu’ils se préparent à la vie. Ils vous répondent que c’est gai, cette existence de larves en nourrice en attendant d’être de brillants insectes de cinquante ans. Tout pour les ailes futures : nous prenez-vous pour des hyménoptères ? Quelle est cette morale d’insectes ? À trente ans, c’est déjà fini, on s’arrange ; comme on a commencé à s’habituer à la mort et qu’on fait plus rarement qu’à vingt ans le compte des années de reste, avec tout ce travail qu’on a, les rendez-vous, les politesses, les femmes, les familles, l’argent qu’on gagne, il arrive qu’on croit tout à fait à soi-même. La jeunesse a fait son temps, on va rendre de petites visites à cette morte, on la trouve touchante, heureuse, auréolée du pathétique halo des illusions perdues : tout cela est moins dur que de la voir mourir en vain, comme on fait à vingt ans. »
Salut à tous, salut à toutes. Aujourd’hui, de quoi tout le monde cause ? Tout le monde cause que d’un truc, allez c’est pas difficile. Mais si vous savez. D’ailleurs, vous que je ne connais pas, il y a une chance sur deux pour que cette journée internationale soit dédiée aux droits accordés sur papier et dans les actes aux personnes de votre sexe. Ah la la. J’ai pas envie d’en parler, j’ai l’impression que quoi qu’on en dise on occulte toujours, sans pouvoir faire autrement tant le sujet est vaste, une énorme majorité des implications d’une telle journée.
Il va y en a avoir des lieux communs balancés à la va vite par celles et ceux qui n’ont jamais réfléchi à la question, mais qui tiennent à prendre position dans le grand jeu des pour et des contre. Mais peut-être que cela donnera l’occasion à ceux et celles qui y ont déjà un peu réfléchi de saupoudrer au bon moment la pensée de l’autre de quelques éléments basés sur des études, des essais, des expériences personnelles.
Il y en aura des entreprises qui se serviront de cette journée pour faire un fric fou par le biais d’un marketing du pire goût, des hypocrites qui feront leur promo à grands coups de hashtags et hommages prétextes. Mais peut-être que, au terme d’une discussion qui aura pris de l’importance au cours de la pause de midi dans une boîte, ou d’un instant débat organisé à l’occasion, quelques structures ou individus en leur sein tenteront de modifier leur manière de fonctionner à la suite d’une prise de conscience.
Il y en aura des colloques et des actions qui ne toucheront que les convaincus·es de la réflexion nécessaire et de la modification des comportements et des lois, mais on peut espérer que ce qui s’y dit, s’y fait, bave par on ne sait quels effets sur celles et ceux qui passeraient à proximité par hasard.
J’essaie d’être optimiste, mais je crois que les réflexions merdiques des beauf’ et belles’ et les coups marketings auront largement le dessus sur les discussions constructives suivies d’actes, ou au minimum de tentatives même maladroites d’ajuster une peu la façon dont chacun·e nous fonctionnons dans nos rapports aux autres. Que l’on continuera encore à bien enfermer porteuses·rs de couilles et d’ovaires dans des rôles définis, et d’ainsi les soumettre à des attentes et des exigences spécifiques de la société sans se soucier de ce à quoi chaque individu aspire personnellement. Que chacun·e se sentira encore bien forcé·e de rentrer dans le rang qu’on lui assigne pendant quelques siècles. Si, si, j’essaie d’être optimiste.
On arrête là pour la journée internationale des droits des femmes. Vous allez en bouffer toute la journée, choisi ou subi.
À l’université Paul Valéry, le festival Paul Va au cinéma continue. J’y étais hier, c’était bien sympa, mais je garde mes notes pour plus tard j’ai une petite idée d’article et du moment où le sortir. Ce que je peux vous dire pour l’instant c’est que j’y ai vu trois courts-métrages documentaires qui m’ont plu, et je peux même vous dire lesquels : Les fêtes du village de Ioanna Neophytou, Petit peuple de Amélie Jeammet, et SKOPJE 2014 de Ivan Robert et Antoine Gaunin. Je vous conseille d’essayer de les trouver sur le net, chacun a vraiment son intérêt.
En fait on est pas obligés de sortir tout de suite des réflexions que peut entraîner cette journée spéciale, puisque, aujourd’hui, à la salle Jean Moulin à partir de 11h15 sont diffusés à la suite Paye ton Gynéco, de Nina Faure (j’ai déjà vu un de ses documentaires sur le travail précaire et c’était très très bon) et Je ne suis pas féministemais… de Sylvie et Florence Tissot. À 14h, à l’Utopia, Coby, film de Christian Sonderegger, qui traite de la transexualité. Puis retour à la salle Jean Moulin à 16h15 pour une série de courts-métrages choisis sur le thème du droit des femmes directement suivie de la diffusion du film Free Angela de Shola Lynch, documentaire sur Angela Davis.
Pour une fois ça parle des sexes et le but n’est pas de vous faire gonfler le clitoris ou la verge pour vous vendre des maltesers à l’entracte.
Bon c’est tout pour aujourd’hui. Comme hier, je veux poster cet article rapidement au cas où ça vous motiverait pour aller au festival, surtout que le documentaire de Nina Faure est dans une heure, et que je pense qu’il vaudra le coup. Sur ce, à demain.
Il y avait Jazz Jam Session hier au Little Red. La dernière fois je ne vous en avais pas dit trop de bien, du lieu et de la soirée, alors je vais revenir un peu sur mes propos. C’était vraiment sympa cette fois, les joueurs étaient résolument dans le jazz gitan, quand on est arrivés c’était deux guitares, une électro-acoustique et une électrique, et une caisse claire frappée aux balais seulement. J’aimais pas trop le son de l’électrique, elle bouffait toute la tension exercée sur la corde par le gratteux pourtant indéniablement bon, on entendait les notes, on entendait pas le jeu. Mais enfin, vous vous doutez bien que si c’est le seul reproche que j’ai à en faire, c’est que ce n’était qu’un détail, comme l’était l’histoire des chambre à gaz parmi la longue liste de conneries qu’a bien pu sortir Jean-Marie Le Pen au cours de sa (certains diront trop) longue vie. Rah la la, c’est dommage, on était bien là, au milieu du jazz, et je viens tout gâcher en nommant ce patibulaire personnage pour faire un bon mot. Reprenons donc. Deux guitares, une caisse claire, auxquelles est venu s’ajouter un sax alto non moins talentueux au bout d’une petite demi-heure. Les mecs s’accordaient parfaitement. Je dis les mecs parce que c’était trois mecs. J’aurais pu mentir pour la parité. Mais dois-je peindre le monde comme je le voudrais ou comme il est ? On est beaucoup d’écriveuses·rs à se le demander. Autant dans la fiction m’est avis qu’on peut faire comme on veut, autant quand on rapporte une scène qui s’est réellement passée… J’en sais rien, ça peut avoir ses avantages également. Si vous avez une réponse définitive, laissez-moi un commentaire, et je vous répondrai sans doute qu’il est bien présomptueux de penser avoir une réponse définitive. Enfin bref, ils s’accordaient parfaitement, échanges de solo, thèmes en harmonie improvisés grâce à ce sens de l’écoute et cette connaissance de la théorie musicale hypertrophiées auxquelles on reconnait les jazzeux·ses. Pendant leur pose clope on est partis, mais j’ai vu qu’un autre guitariste prenait le relais, un qui s’était caché, fourbe, parmi le public. C’est ça qui est cool avec les jam sessions, ton voisin ou ta voisine de table peut soudain se métamorphoser en le génie musical que tu vas admirer le reste de la soirée. Enfin là on est partis, on a pas trop pu l’admirer.
Eh, c’était pas un beau petit pavé ça ? Si que c’en était un, et pourtant j’ai toujours pas vraiment parlé du Little Red, mais j’ai envie de dire que tant mieux. L’ambiance était sympa, les musiciens pas bridés sur le volume, les prix raisonnables, l’accueil gentil. Que dire de plus ? Rien. Ça me suffit, ambiance bonne franquette et pas cradingue. C’est déjà beaucoup demander à Montpellier.
Sinon, en ce moment, c’est le festival cinoche de la fac de lettres : Paul va au cinéma, édition 2018, qui se déroule du… 5 au 9 mars. Oui, j’aurais pu vous en parler plus tôt, mais vous avez bien vu comment j’étais ces deux derniers jours. Enfin, z’avez encore 3 jours pour y aller.
Aujourd’hui, vous avez une table ronde avec l’ACID, Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion, c’est à 11h45 (mais si vous avez le temps d’y être), c’est salle Jean Moulin, et c’est gratuit.
À 16h15, toujours dans la même salle, projections et remise des prix des court-métrages de la catégorie documentaire. Je sais pas si c’est gratos aussi ou pas, vous verrez bien.
Et puis sur toute la durée ou presque du festival, des expo, des ateliers, des stands divers et variés, pour les détails, leur programme, un peu mal foutu selon moi, est téléchargeable ici.
Je crois qu’on a pas du tout fait le tour mais je veux poster cet article au plus tôt pour que vous ayez le temps de vous motiver, je sais bien comme vous êtes, alors je vous laisse là, et je vous dis à demain. Bises.
Ah la la, encore un jour où vous avez failli ne pas me voir. Mais cette fois, ça aurait pu durer longtemps. Mon chargeur d’ordinateur me lâchait petit à petit depuis une semaine, et vous savez comment on est, on n’en commande pas un nouveau, on l’entortille dans tous les sens jusqu’à ce que ça remarche brièvement, un peu comme avec les écouteurs, et plus les jours passent et moins ça marche longtemps sans qu’on y touche, jusqu’à ce qu’au final ça ne marche plus du tout. Mon ordinateur portable ayant neuf ans, vous imaginez bien que l’autonomie de la batterie est d’environ dix minutes, alors ce matin, quand le chargeur a définitivement cessé de fonctionner, j’étais bien couillonné. Pas moyen d’en commander un en ligne. Il a fallu que je me pointe dans une boutique. J’ai essayé un revendeur mac homologué, juste pour rire comme ça. 90€ le chargeur. J’ai bien ri. J’ai essayé un réparateur lambda. 50€. J’ai moins ri. Mais pas le choix de toute façon, en plus du blog j’ai au moins quatre heures à taffer sur l’ordi pour l’une des associations dont je fais partie cet après-midi.
Évidemment, c’était pas de ça que j’avais prévu de vous parler aujourd’hui, je me doute que vous vous en fichez de mes problèmes informatiques, mais c’est une façon de vous expliquer que j’ai plus le temps de vous parler du DVD du film Du Satin Blanc qu’on m’a offert hier, ni des cinéma de Montpellier alors que ça aurait été un bon sujet, ni de quoi que ce soit d’autre parce qu’il est bientôt midi et que normalement je m’accorde une plage de 8h à 9h30 pour m’occuper du blog et pas plus. Enfin, je vous en parlerai quand même de tout ça dans les jours qui viennent, ne vous inquiétez pas. Si, si, je sentais que vous vous inquiétiez. Pas la peine de faire les forts·es, tout le monde s’inquiéterait dans cette situation, on ne vous jugera pas.
Je vous laisse tout de même avec une photo de Gwlad, histoire que vous ne soyez pas venues·s pour rien. Mais attention, là je me fous pas de vous, c’est une photo sur un thème encore inédit. C’est le grand chamboulement. Ça va remuer les vieilles habitudes. Non vraiment, si vous avez du mal avec la nouveauté, détournez le regard.
Il y a des jours comme ça où on n’a pas dormi de la nuit. Quand on ne dort pas de la nuit, il arrive qu’on dorme le matin. De 7h à 9h, par exemple. Juste ce qu’il faut pour avoir quand même à regretter le maigre sommeil qu’on a dû quitter. Dans ces cas-là, à votre avis, a-t-on le cerveau dans un état propice à rédiger un article de blog qui vaille quoi que ce soit ? Personnellement, je ne le pense pas. Je ne pense rien d’ailleurs, je n’en ai pas les capacités là tout de suite. Vous vous souvenez de l’éternel vieux chewing-gum collé sous votre bureau au collège ? C’est mon cerveau dans sa boîte crânienne.
Ce que je peux faire, c’est vous dire que ce soir, le film indépendant Du Satin Blanc, dont je parlais dans cet article, est à nouveau diffusé au pub O’Sullivans, place de l’Europe. L’entrée pour voir le film c’est 5€, les conso sont optionnelles.
Quoi, vous en voulez encore ? Vous êtes vraiment pas possible. Je vous explique que je suis à l’agonie et vous me pressez comme… Ah tiens, vous l’avez déjà croisé lui à Montpellier ? Un monsieur très étrange, souvent en ciré et qui, un demi-citron en main, vous lance : « Excusez-moi, vous êtes pressé ? », ensuite il vous pose des questions sans aucun sens sur votre vie ou vous raconte la sienne qui n’en a pas plus. Mais ça c’est pareil pour tout le monde, la vie ça n’a aucun sens. Pour rester dans l’anecdotique, je me souviens de Vincent Desagnat à qui une intervieweuse demandait : « Et si la vie avait un sens ? ». Il lui avait répondu : « On prendrait l’autre. » Ça laisse rêveur·se. Vous voyez, quand je n’ai pas dormi, mes références culturelles c’est l’homme au citron et Vincent Desagnat, alors de grâce, laissez-moi y aller avant que je me ridiculise un peu plus encore.
Passez une bien belle journée avec ce temps pourri et n’oubliez pas que dans une quinzaine de jours c’est le printemps, courage.