Nous sommes le dimanche 1er mai. Il est 21h30. J’ai bossé jusqu’à 20h30 au supermarché. Demain je bosse à 6h30.
C’était l’humeur du soir.
Écrivouille, dessinouille et musicouille depuis 198x
Nous sommes le dimanche 1er mai. Il est 21h30. J’ai bossé jusqu’à 20h30 au supermarché. Demain je bosse à 6h30.
C’était l’humeur du soir.
Voilà. Je suis dans la place. Je viens d’installer une image créée il y a quelque mois, imprimée et plastifiée, quelque part en ville. C’est une image de ce même endroit, stylisé, et dans laquelle j’ai rajouté un personnage tiré d’un photostock libre de droits.
Ça faisait un moment que j’avais envie de participer au paysage de la ville. De décorer un peu les lieux que je trouve très sympa. Sans colle ni trucs qui abîment, juste accrocher des trucs démontables facilement. Jusque là, j’en avais rien fait, mais ça y est. Je dois avoir retrouvé le niveau d’angoisse adéquat pour avoir besoin de recréer des trucs et des machins. Une musique ici, un dessin là…
Mon ami Feldo parle de ça dans sa dernière note de blog. En ce qui concerne ma personne, la réponse est claire. Oui, il me faut souffrir pour créer des machins. Plus précisément, il me faut avoir à fuir une souffrance, une angoisse. Il me faut avoir cette impression que fabriquer quoi que ce soit me permettra de me noyer dans cette activité avec assez d’intensité pour que j’oublie la vie qui m’effraie, me dépasse, m’écrase. C’est inconscient, en général je m’en rends compte qu’après coup.
C’est la même chose qui m’a un temps fait me tourner vers l’alcool, c’est la même chose qui me pousse à fumer plus de pétards que de raison. Sauf que là, il y a la notion supplémentaire de combat. Boire ou fumer, c’est fuir, fabriquer quelque chose, c’est fuir aussi, mais c’est mettre une petite gifle à la vie au passage, pour se faire croire à soi-même et aux copains qu’elle est pas si terrible, qu’on peut y ternir tête. Avec fantaisie et en se marrant si possible, pour bien bien oublier l’horreur de l’existence physique.
Quand j’étais en couple, j’étais tellement bien que je n’avais besoin de rien créer. Je n’avais besoin de rien tout court, sauf d’elle et de ses sourires. Je ne manquais de rien, pourquoi faire quoi que ce soit ? Les moments où j’ai fait des machins étaient toujours des périodes de stress intense. Déménagements, recherche de travail… Les moments où l’angoisse était si grande que même en couple, je me sentais tout seul à affronter ces épreuves.
Il y a aussi une notion d’orgueil dans tout ça. L’impression de n’avoir jamais rien apporté de bien, d’assez bien pour que… disons une œuvre, puisque c’est le mot, apporte ce soulagement à d’autres que moi seul, et si possible pour une durée plus longue que le temps de la découverte. Le genre de trucs qui vous crée un petit bouton quelque part dans le cerveau sur lequel vous pouvez appuyer quand vous avez besoin de votre shot d’endorphine tout au long de la vie.
Je culpabilise tellement d’exister, que je voudrais m’assurer de procurer plus de plaisir que de douleur aux autres êtres qui souffrent dans mes environs. Essayer de faire des trucs m’aide au moins à croire que je bosse dans ce sens, que j’ai pas tout à fait laissé tomber les autres en baissant définitivement les bras, tout en restant le gros égoïste que je suis au fond. Dans les moments de grosses crises existentielles, donc, pour ne pas me vivre comme un encombrant, je suis poussé à créer.
D’où que ça vienne, ce n’est pas un lieu très cool. Par contre, ça marche. Ça permet de se créer un petit horizon artificiel, de divertir deux trois personnes au passage. Pendant toute la durée d’un projet en cours, je me lève avec le sourire le matin, même si j’ai mal dormi. Je m’enthousiasme pour tel ou tel aspect du monde, j’imagine des rencontres, des avenirs possibles.
Bref. Je suis dans la place, j’ai fait mon petit truc par une matinée ensoleillée. Dans le coin près de chez moi que je préfère. J’imagine les gens qui vont se demander ce que c’est, qui c’est ce mec sur l’image, qui a fait ça, pourquoi. Et j’en suis tout content. Faudra voir combien de temps ça reste accroché. Pas mal de vent aujourd’hui, et mon installation n’est pas très solide.
Me reste plus donc qu’à trouver un truc qui me tienne l’après-midi pour ne pas avoir le temps de penser que demain je retourne bosser au supermarché.
c’est le nouveau morceau ! (et sa version piano)
Écoutable dans la partie musicouilleur du site !
Il y a deux mois, alors que je commençais à bosser sur ce visual novel dont je causais dans les articles de blog précédents, je sentais la motivation baisser à mesure que j’écrivais le scénario. Je me suis donc dit et si tu commençais à composer la bande son pour changer un peu. Et puis de bande son n’ai point composé. Je ne sais pas comment, mais j’ai bifurqué. Je me suis mis à apprendre les rudiments de certains styles de musique cubaine, et puis j’ai commencé à faire des trucs et des machins divers quand j’ai pigé qu’il était trop tard pour sortir un son cubano qui devienne un classique.
D’entre les trucs et les machins faits, je vous partage un petit morceau, qui n’a absolument aucun rapport avec le visual novel en cours de fabrication.
C’est dans la partie musicouilleur que ça se passe, ici précisément. Je vous y présente la version démo d’un morceau.
Je suis également en train de faire enregistrer ce même morceau par de vrais musiciens, un autre article suivra donc pour vous montrer ce que ça a donné, si ça a donné quelque chose, pour expliciter un peu la démarche car elle est nouvelle pour moi et un peu particulière, vous partager les partitions, ou simplement me justifier de mon incompétence musicale s’il s’avère que le résultat est vraiment catastrophique. Bref allez-y voir et n’hésitez pas à me faire des retours.
Ça y est. J’ai enfin une cause à défendre. Une vraie juste bonne cause. Une qui vaut incontestablement le coup de se battre. Une contre laquelle rien ne peut s’élever, même pas ma conscience pourtant peu clémente envers mes propres actions. Je n’avais encore jamais publiquement défendu une Cause, avec un C. Mais il y a des environnements qui poussent à la prise de position, à l’action radicale.
Cet environnement, qui me force aujourd’hui à me déclarer combattant du bien, c’est le supermarché. Quelle est ma cause ? Le respect du droit de chaque individu à ce qu’on ne l’oblige pas à supporter chaque jour une playlist composée à 95% des mêmes chansons d’un jour à l’autre.
Je n’en peux plus. Je connais tous les tubes à la mode d’il y a cinq ans, que je n’avais jamais entendus jusque là, puisque je n’avais jamais travaillé dans un supermarché. En un an et demi, j’ai bossé dans deux genres de magasins différents, de différentes enseignes. La playlist de celui dans lequel je travaille à ce jour est, aujourd’hui, à 50% identique à celle de l’autre supermarché il y a un an et demi. Et dans l’actuel, aujourd’hui, elle est à 80% identique à ce qu’elle était il y a un an. Estimations, mais je ne dois pas être loin du compte.
Les Maître Gims et Vianney (j’ignore encore à ce jour ce à quoi il ressemble, mais à chaque fois que je dis je déteste cette chanson, on me répond : c’est Vianney) en ont plusieurs dans la playlist. Les reprises plates de chansons vraiment sympa à la base (je pense à Mr. Blue Sky d’ELO surtout, mais aussi à Je t’emmène au vent de Louise Attaque, et King of bongo de Manou Negrachao) font crever de frustration. En période de Noël j’ai une fois eu droit aux Pogues, Fairy Tale of New York. Je ne sais pas ce qui a pu se passer. Le fin disc jokey qui contrôlait que la playlist en boucle tourne bien en boucle s’est sans doute assoupi et a appuyé sur un mauvais bouton dans sa somnolence. Et puis hop, on a dû repasser à Mariah Carey ou je ne sais pas quand il s’est réveillé.
Il y en a deux que je tolère depuis tout ce temps, et c’est étrangement le Havana de Camila Cabello qui passe une fois par jour, sûr, et une autre qui à l’instant m’est sortie de la tête et je pense que c’est une sorte de protection inconsciente. Ah non, ça y est, l’air m’est revenu, mais je ne connais pas le titre.
Et donc.
J’estime que nous, animaux, n’avons pas à supporter les mêmes suites de fréquences sonores bombardées chaque jour en boucle durant des semaines, des mois et des années. Il s’en faut de peu que j’utilise le mot torture.
Il y a assez de musiciens dans le monde pour qu’on n’ait pas à écouter le même morceau de musique deux fois dans sa vie, de la naissance à la mort.
Faisons un compromis.
Je propose que la même chanson ne soit pas jouée plus d’une fois par semaine, pas plus de deux mois d’affilée.
Vous avez vos chansons pour attirer le client, le faire rester plus longtemps dans le magasin, je ne sais pas, j’imagine. Vous devez avoir une bonne raison pour infliger ça à chacun de vos employés. (Si vous avez connaissance de cette raison, écrivez-là dans les commentaires, vous avez gagné.)
Et nous, nous n’avons pas à tolérer cette atteinte à notre santé physique et psychologique.
Le brouhaha incessant causé par les clients, les fours, les climatiseurs, les caisses, saupoudré des bruits de cartons qu’on déchire, de verres qui s’entrechoquent ou se brisent, de four micro-ondes, de machines à café, et d’insultes et autres vitupérations diverses, use bien assez nos tympans à longueur de journées. Vous y ajoutez de la musique. Soit. Mais pas ça. Pas cette répétition insensée.
Je vais donc me battre, dès demain, ou enfin dans pas longtemps, et sur tous les fronts, pour que les responsables des playlists de supermarchés s’engagent à respecter des quotas de chansons nouvelles sur des durées déterminées.
Alors ? Dites qu’elle est pas bonne, ma cause, pour voir un peu. Hein. En plus, maintenant que j’habite à quinze minutes à pieds du parlement européen, je pourrais aller manifester chaque jour de congé pépouze jusqu’à ce que je tombe sur le ou la bonne député. Je pourrais.
Maintenant que j’ai réussi à trouver un style graphique qui suffira bien pour cette mini visual novel d’entrainement, il me faut trouver un scénario. Étape critique.
Contrairement à un petit jeu flash (†), html5, unity web et autres trucs sur lesquels on peut passer 5-10 minutes à tirer sur des cibles ou construire des tours de défense en mode jeu d’arcade directement dans son navigateur, le visual novel demande à la lectrice et au lecteur du temps et de la concentration, ainsi que de télécharger un minimum de quelques gigaoctets selon la qualité d’image et de son. Même si je vise un jeu qui ne dépasse pas les 1h30 de lecture par partie, je m’en voudrais donc d’écrire un scénario qui n’a absolument aucun intérêt sous prétexte que je m’entraine.
Mon premier jeu réalisé sur Ren’Py, Le bleu du cimetière était court, adoptait un ton humoristique et comportait des quiz et mini-jeux. Réalisé en 10 jours, j’ai écrit l’histoire et les dialogues au fur et à mesure que les idées arrivaient, au feeling. Par un heureux hasard, le jeu a fini par trouver une certaine forme de cohérence. Seulement cette fois ça ne vient pas. J’ai bien trouvé un sujet qui fasse écho à la fois à l’époque et à mon histoire personnelle, les points de départ et d’aboutissement, quelques idées de scènes intermédiaires, d’évènements, de thèmes ainsi que mon personnage principal et des éléments d’univers… mais. Je n’arrive pas à remplir les trous.
Quand j’ai le nez sur une œuvre terminée, j’arrive parfaitement à déceler la fonction de chaque élément au service du propos ou des sentiments qu’on cherche à provoquer, et je suis tout fait capable d’en insérer, déplacer, retrancher, modifier… mais quand je suis en train de construire quelque chose, rien ne me vient trop. L’impression d’être à poil au milieu d’un océan à chercher dans la panique le premier bout de bois flottant auquel me raccrocher. Le scénario ne sera donc sans doute pas prêt avant la fin du mois de janvier comme je l’aurais voulu.
Pour m’aider et me fournir des contraintes, un cadre qui m’aide, je dessine des petits schéma. Et comme je veux que le jeu soit court, il me faut trouver une manière de déterminer à l’avance combien de scènes écrire à peu près, combien de décors, de personnages, d’embranchements seraient à prévoir, afin de savoir comment distribuer les sujets, les évènements majeurs, les dialogues… Évidemment, tout ça n’est pas fixe à ce stade, j’ajusterai en fonction de l’histoire, mais ça m’aide. Et j’aime bien faire des petits schémas.
Bref, je patauge un peu. D’ailleurs, si vous avez entendu parler d’un bon logiciel open source et gratuit sur PC ou Android pour construire des scénar de VN, de fiction interactive, ou autres, n’hésitez pas. J’en ai testé quelques uns vite-fait mais pour l’instant aucun ne m’a convaincu de l’adopter comme outil principal d’écriture. Mais enfin là je dois avouer que je me disperse un peu entre toutes mes notes sur carnets, feuilles volantes, documents LibreOffice et autres… Il serait temps que je centralise un peu toutes les informations.
N’oubliez pas de repasser pour lire les prochaines notes de blog dans lesquelles je me lamenterai de n’avoir pas assez de photos de gens consentants pour être transformés en personnages, ou comment je ne sais pas aboutir une composition musicale, ou encore comment programmer en python c’est la merde.
Ceci est la suite de l’article précédent.
Ça commence à ressembler à quelque chose.
Enfin je crois.
En tout cas moi j’aime bien.
Occuper son temps, occuper son temps… D’accord. Mais à quoi ? Un visual novel tiens, ce serait pas mal. J’ai envie d’en faire un, tout en français, qui ne suit quasiment aucun des codes habituels, sans romance, et visuellement éloigné du style japonais.
J’ai quelques idées de scénarios qui s’y prêteraient bien, mais la plupart seraient trop long. Il me faut me remettre Ren’Py dans les doigts dans un premier temps. Et pour ça je veux attaquer par un tout petit projet, presque improvisé. Que ça me prenne pas plus d’un mois.
Problème avec les visual novels quand on est seul : il faut écrire une histoire et des dialogues intéressants ou au moins drôles, dessiner des décors et des personnages avec une variété d’expressions faciales pour chacun, composer la musique, ajouter quelques bruitages et programmer le tout.
Même un petit projet, c’est long. Pour m’occuper, ça va m’occuper, vous allez me dire. Certes. Mais par quoi commencer ? D’autant que je ne sais pas dessiner. Enfin pas assez pour évoquer la moindre atmosphère dans un paysage. Et je sais que c’est l’étape qui va me bloquer. Tant que j’ai des décors et des personnages, je trouverai toujours des choses à leur faire faire.
Alors voilà, j’attaque les choses de front, et depuis quelques jours je cherche à transformer des photos de manière à ce qu’elles ressemblent à des dessins. Je fais ça sur Affinity Photo. Pas facile d’obtenir un résultat satisfaisant, mais on se rapproche de quelque chose.
Voici ce que ça donne pour l’instant.
Je n’ai pas encore compris ce qui faisait que ça marchait avec certaines images et pas d’autres. La luminosité, les contrastes tout ça. Autant de chose que je ne gère jamais en photographiant avec mon téléphone portable. Il y a encore des progrès à faire. Il me faudra sans aucun doute retoucher les images pour donner encore plus l’impression d’un dessin, et moins d’une photo. Il me faudra également ajouter de la couleur, car le noir et blanc lassera trop vite.
Là encore je me demande comment trouver le processus le plus rapide pour donner un peu de vie aux scènes sans trop me casser la tête. Faire de grands aplats à la Lucky Luke ? Avec une couleur unique mais qui changerait selon ce qui se passe dans la scène, pour donner un semblant de variété ? Je ne sais pas. J’ai tenté quelques trucs qui me font penser que quelque chose de sympa est possible, mais que je n’y suis pas encore.
J’ai bien aimé toutefois leur donner un côté un peu sale, et jouer avec l’outil d’inpainting (qui remplie les zones sur lesquelles vous passez le pinceaux en fonction du contexte), ce qui peut donner des résultats assez surréalistes ou inquiétants.
Ce qui me donne évidemment l’envie de faire un jeu dans lequel la réalité s’effondrerait en mode glitch ou quelque chose comme ça. Et bien sûr, l’atmosphère qui sortira des ces images influencera le scénario du visual novel. Parce que je ne suis clairement pas du genre à développer des techniques qui me permettent de retranscrire exactement ce que je veux pour une histoire. Si un jour j’estime avoir une histoire qui vaille le coup de travailler dans ce sens, je paierai une ou un graphiste.
Évidemment, si vous connaissez des techniques qui demandent peu de travail pour un résultat plus propre, n’hésitez pas à me filer le tuyau. Sinon je vais encore devoir trouver des explications abracadabrantesques pour justifier ma devise habituelle : vite fait, mal fait.
Japon, préfecture de Toyama. Un homme s’est endetté. Nous l’appellerons Michel. Il a la quarantaine, il est pompier. Lieutenant, chez les pompiers, même. Mais sa paye ne suffit pas à rembourser ce qu’il doit. Alors que fait-il ? Revend-il à des fabricants de fourrure les chats qu’il sauve des arbres ? Non. Vend-il des calendriers sous le manteau ignifugé ? Non plus. Michel travaille quelques heures dans un fast-food, en dehors de ses heures de fonctionnaire. Combien d’heures ? Oh, une petite quarantaine de shifts de quatre heures entre août et décembre 2021, ce qui nous donne, allez, 6 à 8 heures par semaine.
Fin décembre, alors qu’il travaille au restaurant, un collègue de travail le reconnaît en venant procéder aux contrôles de sécurité de fin d’année : « Eh Michel !! Tu bosses ici ? Dis-moi, tu peux m’avoir une ration de frites en plus ? » n’est absolument pas ce que lui dit son collègue. D’ailleurs, on ne sait pas ce que lui dit son collègue. Ce qu’on sait, c’est que notre pompier-serveur se met à paniquer en le voyant. Et il a raison, car son collègue va cafeter.
« QUOI ?? MICHEL TRAVAILLE DANS UN FAST-FOOD ? » C’est la sidération chez les pompiers. Vont-ils faire montre de solidarité et se cotiser pour que ce brave homme puisse continuer à vivre décemment de son travail de sauveteur ? Encore non. Car il est interdit d’avoir un second emploi quand on est fonctionnaire dans cette région-là.
Michel doit s’excuser. Il est désolé d’avoir sali la réputation de sa famille et des pompiers. Avant-hier, 6 janvier 2022, une décision est prise. On va sanctionner Michel. On baisse son salaire de pompier de 10% pendant 6 mois.
Bonne chance pour payer tes dettes Michel. Ne te suicide pas. C’est eux les cons.
Il y a des matins où on se réveille et on ne peut que contempler les ruines de ce qu’on avait cru bâtir jusque là. On cherche le responsable de l’incendie. C’est nous-même. On aimerait se recoucher au milieu des gravats, mais il faut aller travailler. Sa place dans les ruines se mérite et se paie en sueur. Mieux vaut les ruines que le trottoir. On y trouve encore quelques recoins pour se cacher du monde.
Mardi matin, fut un de ces matins pour moi. Sous le coup de la honte de moi-même, du désespoir, et bien sûr sous l’influence de l’alcool, j’avais supprimé dans la nuit mon compte Discord. Celui qui me permettait de discuter avec mes seuls amis. Une douzaine de personnes, en deux groupes qui ne se connaissent pas l’un l’autre. Tous en France, loin de ma Belgique. Je ne suis sur aucun réseau social vous savez. J’ai bien installé whatsapp, mais simplement pour le travail, je ne tolère pas de tout y mélanger.
J’ai également supprimé la plupart de mes comptes sur divers sites internet. Mon soundcloud par exemple, que j’avais depuis 2012 ou 2013, je ne me souviens pas. J’ai patiemment supprimé chaque chanson, comme j’ai patiemment supprimé chaque conversation et chaque ami sur Discord, avant de supprimer mon compte, comme pour disparaître encore mieux. Je n’ai pas supprimé mon site. Je ne me souviens plus de tous les détails de cette nuit. Je me souviens juste y avoir pensé et m’être dit non. Peut-être que j’ai voulu me laisser quelque chose à supprimer plus tard, sinon je serai bien embêté la prochaine fois.
Fort de mon succès dans l’arrêt de la cigarette et du cannabis, je décide donc d’arrêter de picoler. Je voudrais bien arrêter les amis aussi. Mais je sens que ça me prendra plus de temps. Pour l’instant ils peuvent toujours me joindre par e-mail, et ils le font les cochons. On ne peut pas tout arrêter d’un coup.