#363 – Gris doux

Que dire au monde ? Bonjour, pour commencer. J’imagine que c’est ce qui se fait. Plus de deux mois sans moi, j’espère que vous ne l’avez pas top mal vécu. Vous ne m’avez pas manqué en tout cas, si ça peut vous rassurer. Ne nous manquons pas mutuellement, et personne n’en voudra à qui que ce soit. C’est le secret du bonheur.

Pourquoi cette note de blog ? Je m’ennuie. Je n’ai absolument rien à vous raconter. Hormis mon petit tour de Belgique, rien de neuf sous les nuages. Boulot-dodo, et même pas métro. J’habite trop près du travail.

Bruxelles

Quand je dis dodo, évidemment que je ne dors pas seize heures par jour, mais c’est tout comme. Il ne se passe pas davantage de choses lorsque je suis éveillé que quand je dors. En vérité, il se passe même encore moins de choses qu’avant, puisque j’ai, une fois de plus, arrêté de fumer. Chaque cigarette était jusque là un petit évènement qui venait rompre la monotonie de ce grand rien, eh bien je n’ai même plus ça. C’est vous dire si les journées sont longues.

Liège

J’ai racheté tout le strict minimum pour faire de la musique. Et même un micro pour enregistrer ma voix ainsi que tout autre instrument qui ne se branche nulle part. Ça fait une semaine que je le regarde, ce micro. Non seulement il me faudrait décider de quatre accords à mettre les uns après les autres pour avoir une musique sur laquelle chanter, mais en plus il me faudrait écrire des paroles. Enfin je crois. Quoi qu’il en soit c’est l’excuse que je me trouve pour ne rien faire.

Anvers

Côté sentiments, je ne suis clairement pas remis. Qui le serait au bout de cinq mois après trois ans de vie à deux ? Vais-je attendre encore quatre ans pour accepter de m’ouvrir à nouveau un peu aux autres ? Je n’en sais rien. C’est compliqué. Vous savez bien. C’est pareil pour tout le monde. D’une je ne suis pas pressé de rencontrer quelqu’un pour rencontrer quelqu’un. Ça ne m’intéresse pas. Ma précédente histoire à deux s’est bien passée, je ne suis pas en mille morceaux, je n’ai rien à me prouver ni à prouver à qui que ce soit en me dépêchant de ne plus être seul. J’ai aimé, j’ai été aimé, tout était sincère et beau. J’ai été guéri de ma peur que ce sentiment de sérénité et de bien être doux n’existe pas. Il existe. Si je ne le vis plus jamais, tant pis. Je l’ai vécu, c’est déjà ça. De deux je conserve l’idée que les gens se débrouillent très bien sans moi. Que tout ce que je pourrais apporter à la vie d’une autre serait un désordre supplémentaire à celui qui y règne déjà. Pas vraiment envie de jouer ce rôle.

Trouvé posé sur un distributeur. Tombé d’un portefeuille, il est maintenant dans le mien. Un joli mot comme ça, ce serait gâché qu’il finisse au caniveau.

Il y a bien quelqu’un avec qui je communique un peu plus qu’avant et qui me fait me demander si au fond de moi je n’aurais pas envie de déverser ma tendresse et mon attention sur elle, mais je ne suis absolument pas certain qu’elle en ait envie, elle, ni que ce soit une très bonne idée au fond. Ne forçons pas les choses. Si les sentiments doivent naître, ils naîtront, sinon nous continuerons d’avoir nos agréables conversations, et ce sera déjà quelque chose. L’amitié, ce n’est pas rien. Les gens qui parlent de friend zone me font de la peine. N’ont rien compris. Se gâchent la vie au lieu d’apprécier ce qu’ils ont. Font un caprice parce qu’on leur a donné un bonbon vert au lieu d’une sucette jaune. Ma foi, tant pis pour leur gueule.

Doel

Bien sûr, quand je dis que je ne fais rien de mes journées, je ne fais pas strictement rien. Je joue une petite heure à un jeu, j’écoute un album de musique, je regarde un reportage, je discute avec quelques amis, justement. Mais c’est bien tout. Voilà comment je mène ma vie ces derniers mois. Mener est un terme un peu fort, vous remarquerez. Je baigne plutôt dans une sorte de monotonie cotonneuse, sereine dans l’ensemble, même si dénuée d’envie forte, et ponctuée de quelques accès de tristesse. Les joies et les peines ne sont pas très intenses. On verra bien si je sors du brouillard dans les mois qui viennent.

#362 – Réparations

L’ordinateur est réparé. Depuis un peu plus d’une semaine. Je n’ai tout de même pas posté. Je ne suis pas dans ma meilleure forme ces derniers jours. Depuis qu’elle est venue récupérer ses dernières affaires, c’est un peu dur.

Deux jours après que mon disque dur m’ait lâché, la carte SD de mon téléphone a grillé. Les machines se parlent dans notre dos, que je vous dis. Contrairement à mon disque dur, je n’avais rien sauvegardé de ma carte SD depuis longtemps. J’ai dû perdre 6 mois de photos, dont environ 500 stickers que j’avais pris au gré de mes balades. Coup dur.

Je me remets très doucement à la musique. Il y aura sans doute quelques sons qui sortiront dans les prochains mois. Je vais essayer de faire un peu plus quali que d’habitude.

J’ai encore retourné dans tous les sens cette question de poster quotidiennement ou pas sur le blog, vous savez, cette question qui ne turlupine que moi. Je crois que je vais arrêter momentanément au moins. Déjà parce que je vais finalement avoir droit à mes vacances du 5 au 19 octobre. Je vais en profiter pour faire un petit tour de Belgique à défaut de rentrer voir les amis et la famille en France. Pas l’énergie pour ça. Je ne suis pas sûr de pouvoir tenir le blog, ni d’avoir envie d’organiser mes activités en fonction de quand je dois écrire une note.

Ça fait maintenant un an que je suis arrivé ici, et je ne suis sorti qu’une fois de Bruxelles pour aller signer un contrat à Waterloo. La porte à côté quoi. J’ai envie de voir les régions flamandes et wallonnes, l’Ardenne… Enfin, j’ai envie… En ce moment je n’ai envie de rien, mais je me force. Avant de n’avoir envie de rien j’en avais envie en tout cas. Je ne veux pas regretter de ne pas le faire quand j’en ai l’occasion.

Après donc avoir réparé mon ordi, mon téléphone, c’est moi que je vais tenter de réparer dans les mois à venir. Quel rôle jouera le blog dans tout ça, je n’en sais rien. On verra bien.

#361 – Belnouna

Les larmes coulent sur les joues de Cyril Hanouna, et moi je n’ai jamais vu un film de Belmondo. Ni une émission d’Hanouna. Enfin, j’ai vu passer quelques images des deux, mais disons que je n’en ai jamais rien regardé dans son entièreté et de mon plein gré.

Combien de classiques de la grande famille des images qui bougent n’ai-je pas vus ? Beaucoup. En images qui bougent, je manque de culture. Faut dire ce qui est, c’est pour moi souvent franchement ennuyeux. Des images qui bougent pour m’abrutir ça marche bien, des images qui bougent pour passer un un bon moment c’est déjà plus rare.

Oui, le cinéma, la télé, les séries, c’est beaucoup de femmes et d’hommes qui bossent sur des projets collectifs, mettent toutes leurs forces, tout leur savoir faire, à réaliser une grande œuvre. Croyez pas que ça me laisse froid, je suis admiratif. J’aimerais moi-même écrire, ou monter, quelque projet vidéo. Mais voilà, dans les faits, en tant que public, le résultat n’est tout simplement pas souvent à la hauteur de mes espérances. C’est que je me fais des films sur les films, voyez. Or ce ne sont jamais que des films.

Heureusement, je ne souffre pas de ce problème avec la musique, car à la fin un album reste un album. Ce pourrait-être la même chose. Mais je ne sais pas, je n’ai pas la sensation de perdre autant de temps en écoutant de la musique bof qu’en regardant un film mouais. Je ne m’agace pas autant des éléments que je peux y trouver et qui ne sont pas de mon goût. Pourtant les lieux communs, les genres trop bornés, le manque d’originalité, la visée purement commerciale d’une œuvre, peuvent se retrouver en audio comme en vidéo nous sommes bien d’accord. C’est peut-être parce qu’avec la musique, on n’est pas forcé de rester immobile pendant une à deux heures.

Où je veux en venir avec tout ça ? Nulle part, vous voyez bien que je tente désespérément de trouver quelque chose à dire et que je n’y arrive pas. Z’êtes déçu·es ? Je comprends. C’est sans doute pour ça que vous ne lisez plus les blogs.

#360 – La pause est finie

Hier mon ordinateur marchait mal, je n’ai pas forcé. Aujourd’hui apparemment il veut bien marcher, mais je n’ai pas le temps. J’ai encore été contacté par le boulot, je dois y retourner. Commencer à 7h du mat, terminer à 20h30, ça se passe comme ça au supermarché. Au moins je n’ai pas à me gratter la tête pour savoir ce que je vais faire de cette belle journée ensoleillée. Le positif on a dit.

#359 – Plus ou moins

J’ai un problème de disque dur. Un vrai problème. Son utilisation monte à 100% plusieurs fois par heure alors qu’aucune tâche spécifique ne semble motiver ça. Résultat ? Je dois attendre environ 5 minutes avant de pouvoir écrire une phrase car tout freeze. Parfois l’ordinateur plante totalement et redémarre tout seul après un manifique blue screen of death, un peu moins brutal dans son design actuel que l’ancien. Puis il y a eu cette impossibilité de redémarrage faute de disque dur trouvable il y a quelques jours.

Tout ça n’annonce rien de bon. Si jamais je ne poste pas dans les prochains jours, vous pourrez ajouter la triste fin de mon disque dur à la liste des raisons probables de cette absence. Liste qui pour l’instant contient les éléments : flemme, hospitalisation, mort. Quelque part, ça ramène à 50% les chances que ce ne soit rien de grave. Ce qui est positif. Voyons le positif. Ça fait presque un mois que je n’essaie de voir que le positif. Ça ne me ressemble pas. Ça ne ressemble à rien. Qui a inventé cette connerie de ne voir que le positif ? Un scénariste de comédie romantique sans doute.

Sticker vu à Ixelles

Voyons le négatif. Regardons autour de nous. C’est fait ? Voilà. Faudrait être un sacré charlatant pour voir le positif. Avoir un bouquin sur la guérison par les pierres ou la pleine conscience quantique à vendre, ou un truc du genre.

Non, non, non. Le positif. Je suis en pleine santé, j’ai une rentrée d’argent mensuelle qui me prémuni du sans-abrisme, et pour l’instant aucune guerre ne fait rage à Bruxelles. Voyez. C’était pas si compliqué.

L’employé absolument incompétent a été viré du supermarché où je travaille après deux mois. Pas foutu d’accomplir une seule tâche correctement. Racontait sa vie aux clients gênés toute la journée. Ne retenait pas une seule consigne. Pas une. Plus personne ne le supportait car désagréable avec tout le monde. N’a jamais su garder un taf plus de trois mois depuis dix ans, car manquant des facultés intellectuelles nécessaires à entreprendre quoi que ce soit. Le jour où il s’est fait viré, la première chose qu’il m’a dite était : « Ça fait rien, c’est que du positif ».

#358 – Tard le matin

Oh la la, vous êtes déjà là. Désolé je me suis levé tard, vous ai pas entendu arriver. Asseyez-vous. Voulez du jus d’orange ? L’ami Feldo dirait que c’est juste du sucre liquide mais il a la tête tournée, c’est le moment. Des biscottes ? Du plantafin, c’est bon c’est fin ça se mange sans faim ? Et avec ça ? Miel ou confiture ? Non, vraiment, mettez-vous à l’aise. Quoi ? Il est midi ? Oh, on se calme. Dites-vous que c’est un brunch. Ou un leakfast. Et passez-moi le journal tant que vous y êtes. Servez-vous du café en attendant que je trouve quelque chose à recopier sur le blog. Alors, ça non… Ça non. Ça… Mais vous préférez peut-être le jus d’ananas ? Je me souviendrai toujours de mon séjour en Martinique, où les amis de mes parents nous avaient invités et logés. Les jus et les confitures maison, à base de fruits dont je ne mangeais jamais sur le continent… Hein ? Que je me paye des voyages en Martinique ? Pardon, j’avais huit ans. Et si c’est pour faire des remarques comme ça, sortez de mon salon. J’ai traversé une seule fois l’atlantique de ma vie, commencez pas à me traiter de bourgeois. Bon, il faut sucer qui ici pour avoir de la petite friture ? J’aime bien la petite friture au déjeuner. Si vous dites petit déjeuner tant pis pour vous, ce sera long mais ça se soigne. Ou j’en étais ? La Martinique, oui. Je ne sais pas, les petits déjeuners étaient originaux. Bon, ce journal me fait tourner la tête. Les nouvelles sont dégueulasses et puis vous me fatiguez, le matin j’aime être tranquille. Me coupe l’appétit tout ça. Tant pis pour le déjeuner, j’ai changé d’avis. Foutez le camp et laissez-moi de la monnaie pour ce que vous avez déjà consommé.

Non mais.

#357 – JdR sur Twitch

Vous avez toujours rêvé de vous mettre aux jeux de rôle mais vous n’avez pas assez d’amis ? Ne vous inquiétez pas, MJ Feldo est là pour vous.

Tous les lundis soirs sur Twitch à partir de 21h, Feldo se propose d’être votre confident, votre amante et votre MJ. Vous pourrez donc lui raconter vos peines de cœur, ou lui parler de vos mauvaises relations avec les collègues de travail juste avant d’aller vous coucher. Mais surtout, vous pourrez participer aux sessions de jeux de rôle en ligne qu’il propose.

On ne fait pas plus simple. Un thème ou un univers, quelques caractéristiques pour votre personnage gérées par un logiciel simple affiché à l’écran, des décisions qui se prennent dans le tchat, et un Feldo qui déroule l’histoire en fonction de vos choix et réussites. Vous pouvez même rester simple spectateur ou -trice si ça vous intimide de partager le tchat avec d’autres gens. Enfin bon, tout ça est bien expliqué dans l’article cité précédemment.

Voici d’ailleurs la conclusion d’une campagne menée précédemment, ça vous donnera une idée de ce à quoi ça peut ressembler.

J’essaierai moi-même d’être le plus présent possible les lundis soirs. Il faut simplement que je retrouve l’un des mes quatre comptes Twitch dont j’ai oublié les identifiants.

Image rare d’un MJ sur le point de se faire écraser par une boîte à dés géante tombée du ciel.

#356 – Backing Up

Hier, avant de partir au travail, j’éteins mon ordinateur. Geste écologique. Sauf que je me plante de bouton et le voilà qui redémarre. Pas le temps d’attendre, j’enfile mon uniforme de super vendeur en supermarché et je file. Quand je rentre chez moi, m’attend sur l’écran une magnifique icône de disque dur sur fond noir, accompagné de ces quelques mots seulement : NO BOOTABLE DEVICE.

Ça fait ding ding ding dans ma tête. Depuis toutes ces années, tu as bien fait des backups, hein ? Sur des disques durs externes, des clés USB, des microSD, des CD-ROM, des disquettes, hein ? Non, évidemment que non. Je relance l’ordinateur en serrant les dents. Il est lent à redémarrer, mais il redémarre. Ça fait t’es vraiment un con dans ma tête.

Aujourd’hui j’ai donc acheté un espace de stockage cloud avec système bien sécurisé de fichiers cryptés. Quand je dis acheté… Oui, on peut dire acheté. C’est un abonnement cloud à vie, payé en une seule fois. C’est un peu cher, mais c’est un investissement. Il y a des documents qu’il ne vaut mieux pas perdre et qui peuvent vous amener à dépenser largement plus de 300€ dans un futur lointain si jamais vous les égariez.

Je paye également car je ne fais pas confiance aux clouds gratuits de ces chers GAFAM pour y stocker mes données personnelles sensibles. Je vous donne l’adresse de la boîte pour laquelle j’ai opté. Au cas où ça vous intéresse : pCloud. Si on ne lit pas les petites lignes c’est une entreprise Suisse. Si on lit les petites lignes parce qu’on a de bonnes lunettes, on voit que le développement se fait en Bulgarie, et que si certains serveurs où sont stockées vos données sont au Luxembourg, d’autres sont aux États-Unis. Évidemment ça ne m’enchante pas. J’aime bien que les serveurs sur lesquels sont hébergées mes données importantes soient du même côté de l’Atlantique que moi, mais que voulez-vous que j’y fasse. N’avez qu’à monter la même boîte à Namur, avec une équipe de développement à Liège et des serveurs à Charleroi, je serai votre premier client.

Sticker vu à Ixelles

Et quoi alors ? Rien, je passe une matinée très amusante à sauvegarder tous mes documents importants de ces cinq dernières années. Bulletins de salaires, déclarations d’impôts, attestations d’assurance, tout ça tout ça voyez. La seconde étape sera de faire un backup total du blog, chose que j’aurais dû faire avant la migration du serveur, mais que voulez-vous, jusque là j’aimais vivre dangereusement. Enfin, il me faudra numériser tous mes papiers datant d’avant ces cinq dernières années. On ne sait jamais, un dégât des eaux, un incendie… c’est fragile le papier. Peut-être davantage que les ordinateurs.

Allez, laissez-vous tenter. Vous aussi, faites la sauvegarde, aujourd’hui, des fichiers qui vous sont chers. Aujourd’hui. Maintenant. Allez allez.

#355 – Pro- et Anti- menades

Hier, quelques minutes après le réveil, j’allume machinalement mon ordinateur. Surprise : pas d’internet. Je relance la box. Rien. Bonne excuse pour sortir me promener sans même avoir à penser à ma note de blog.

Je me suis tellement perdu dans la ville de Bruxelles, que j’ai doucement fini par me perdre à Saint Josse. Le quartier dans lequel je me suis retrouvé était sans un doute possible le QG de la communauté turque. En y repensant, j’aurais dû arrêter n’importe quel grand-père sirotant son café pour lui demander s’il ne connaissait pas un bon professeur de bağlama dans le coin. En tout cas, je sais maintenant où aller pour ça.

Quoi d’autre ? Rien. Je me suis baladé, baladé et rebaladé. Y a pas mieux pour les jours de congés. Je ne sais pas vous, mais quand j’en ai assez de la routine, je vais marcher dans des rues que je ne connais pas. Ça me fait un bien fou. J’ai l’impression qu’il suffit d’offrir à mes yeux les images inédites de lieux inconnus pour m’aérer le cerveau. Mon travail est répétitif, mes activités sur mon ordinateur aussi. Mais un simple changement de décor le temps d’une promenade et la lassitude s’en va.

Et puis, en ville du moins, on croise toutes sortes de gens. On imagine quelques secondes ce qu’ils font là, la vie qu’ils mènent. On s’évade encore. Il y a des passants qu’on oublie dans la seconde, d’autres qui marquent l’imaginaire un peu plus longtemps. J’ai par exemple croisé une femme qui, n’ayant sans doute plus toute sa tête, chantait de tous ses poumons des airs d’opéra semble-t-il improvisés. Concert gratuit. À sa manière agressive de brailler à la gueule des passants qu’elle regardait droit dans les yeux, on pouvait sentir qu’elle avait fait le choix de chanter plutôt que de mettre des coups de poings dans la gueule, mais qu’elle pourrait très bien changer d’avis si votre air ne lui revenait pas.

Chose bien étrange, il y a des gens qui ne se promènent pas. J’en ai connu. À quoi sert de se promener ? vous demanderont-ils. Z’ont aucune idée des motivations qui poussent une personne à flâner dans les rues ou les champs, sans aucun autre but que de flâner, faire marcher les jambes, respirer un peu d’air frais, observer l’environnement qu’il soit urbain ou champêtre, se laisser aller à penser une chose puis une autre au gré d’un trajet connu d’avance ou improvisé.

Je ne suis pas sûr de pouvoir vivre avec des gens qui ne sortent jamais se balader.