Que dire au monde ? Bonjour, pour commencer. J’imagine que c’est ce qui se fait. Plus de deux mois sans moi, j’espère que vous ne l’avez pas top mal vécu. Vous ne m’avez pas manqué en tout cas, si ça peut vous rassurer. Ne nous manquons pas mutuellement, et personne n’en voudra à qui que ce soit. C’est le secret du bonheur.
Pourquoi cette note de blog ? Je m’ennuie. Je n’ai absolument rien à vous raconter. Hormis mon petit tour de Belgique, rien de neuf sous les nuages. Boulot-dodo, et même pas métro. J’habite trop près du travail.
Quand je dis dodo, évidemment que je ne dors pas seize heures par jour, mais c’est tout comme. Il ne se passe pas davantage de choses lorsque je suis éveillé que quand je dors. En vérité, il se passe même encore moins de choses qu’avant, puisque j’ai, une fois de plus, arrêté de fumer. Chaque cigarette était jusque là un petit évènement qui venait rompre la monotonie de ce grand rien, eh bien je n’ai même plus ça. C’est vous dire si les journées sont longues.
J’ai racheté tout le strict minimum pour faire de la musique. Et même un micro pour enregistrer ma voix ainsi que tout autre instrument qui ne se branche nulle part. Ça fait une semaine que je le regarde, ce micro. Non seulement il me faudrait décider de quatre accords à mettre les uns après les autres pour avoir une musique sur laquelle chanter, mais en plus il me faudrait écrire des paroles. Enfin je crois. Quoi qu’il en soit c’est l’excuse que je me trouve pour ne rien faire.
Côté sentiments, je ne suis clairement pas remis. Qui le serait au bout de cinq mois après trois ans de vie à deux ? Vais-je attendre encore quatre ans pour accepter de m’ouvrir à nouveau un peu aux autres ? Je n’en sais rien. C’est compliqué. Vous savez bien. C’est pareil pour tout le monde. D’une je ne suis pas pressé de rencontrer quelqu’un pour rencontrer quelqu’un. Ça ne m’intéresse pas. Ma précédente histoire à deux s’est bien passée, je ne suis pas en mille morceaux, je n’ai rien à me prouver ni à prouver à qui que ce soit en me dépêchant de ne plus être seul. J’ai aimé, j’ai été aimé, tout était sincère et beau. J’ai été guéri de ma peur que ce sentiment de sérénité et de bien être doux n’existe pas. Il existe. Si je ne le vis plus jamais, tant pis. Je l’ai vécu, c’est déjà ça. De deux je conserve l’idée que les gens se débrouillent très bien sans moi. Que tout ce que je pourrais apporter à la vie d’une autre serait un désordre supplémentaire à celui qui y règne déjà. Pas vraiment envie de jouer ce rôle.
Il y a bien quelqu’un avec qui je communique un peu plus qu’avant et qui me fait me demander si au fond de moi je n’aurais pas envie de déverser ma tendresse et mon attention sur elle, mais je ne suis absolument pas certain qu’elle en ait envie, elle, ni que ce soit une très bonne idée au fond. Ne forçons pas les choses. Si les sentiments doivent naître, ils naîtront, sinon nous continuerons d’avoir nos agréables conversations, et ce sera déjà quelque chose. L’amitié, ce n’est pas rien. Les gens qui parlent de friend zone me font de la peine. N’ont rien compris. Se gâchent la vie au lieu d’apprécier ce qu’ils ont. Font un caprice parce qu’on leur a donné un bonbon vert au lieu d’une sucette jaune. Ma foi, tant pis pour leur gueule.
Bien sûr, quand je dis que je ne fais rien de mes journées, je ne fais pas strictement rien. Je joue une petite heure à un jeu, j’écoute un album de musique, je regarde un reportage, je discute avec quelques amis, justement. Mais c’est bien tout. Voilà comment je mène ma vie ces derniers mois. Mener est un terme un peu fort, vous remarquerez. Je baigne plutôt dans une sorte de monotonie cotonneuse, sereine dans l’ensemble, même si dénuée d’envie forte, et ponctuée de quelques accès de tristesse. Les joies et les peines ne sont pas très intenses. On verra bien si je sors du brouillard dans les mois qui viennent.