Et voilà ! C’est enregistré, mixé, masterisé.
Contrairement à mes habitudes, je vous laisse découvrir le morceau tranquillou et j’en discute ensuite. Enfin, les morceaux. Prenez votre temps.
À propos des Pupi
Composé sur un air original de Alexandre ASTIER pour la série Kaamelott.
Guitare classique, guitare portugaise : Michele BONI
Percussions : Maciej GIŻEJEWSKI
Contrebasse : Kentaro SUZUKI
Mix et mastering : Francesco MONTRONE pour InABagRecords
Composition : Alexandre ASTIER / MUSICOUILLEUR
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À propos des Pupi – pour clavier
Toujours composé sur un air original de Alexandre ASTIER pour la série Kaamelott, vu qu’il s’agit seulement d’une « réduction » pour clavier du même morceau.
Piano et mastering : Roman STARKMAN (Starkmanmusic)
Composition : Alexandre ASTIER / MUSICOUILLEUR
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Que m’a-t-il pris ? Pourquoi faire enregistrer cette musique basée sur un air dont je ne possède pas les droits ? Comment ? Notre envoyé spécial nous fait parvenir les dernières nouvelles du bordel qui règne dans mon cerveau.
Pour la genèse du morceau, je vous invite à lire cet article. Je vais maintenant aborder l’aspect pratique de la mise en œuvre.
Pourquoi et comment enregistrer ce morceau ?
La première question que je me suis posée était : comment faire enregistrer son morceau par des musiciens professionnels quand on n’a absolument aucune relation dans le monde de la musique, qu’on ne connaît pas le pays dans lequel on habite depuis presque deux ans, ni les milieux artistiques qu’il abrite ?
Naturellement, dans ces cas-là, on se tourne vers internet. Et il se trouve qu’un site permet effectivement de se payer les services d’artistes, d’artisans et de techniciens de tous niveaux dans à peu près tous les domaines imaginables : Fiverr.
On peut y fouiner à loisir, comparer en quelques clics les savoir-faire, l’expérience et les tarifs des artistes avec lesquels on envisage de travailler, afin d’obtenir un résultat qui soit un bon compromis entre ce qu’on a en tête et ce qu’on peut effectivement se payer.
Pour les petits budgets cela dit, deux choses à savoir : les prix affichés sur les annonces ne tiennent pas compte de la TVA, et il est de coutume de laisser un pourboire aux artistes une fois la commande livrée. À prévoir dès le départ dans le budget donc, pour éviter les surprises.
Surtout ne pas hésiter à bien discuter des spécificités de votre projet avec les artistes avant de les engager. La plupart vous proposeront des offres sur mesure, cela leur permettra d’ajuster leurs tarifs en fonction de la charge de travail estimée.
Je dois dire que je n’ai eu que de bonnes expériences en bossant par le biais de cette plateforme-là depuis un mois.
Et voilà donc le comment. Le pourquoi… me le suis posé qu’ensuite. Mais c’est venu. Je crois que j’avais vraiment envie de voir si tout ça sonnait bien, avec de vrais instruments, de bons musiciens, ou si c’était joli seulement dans ma tête. Après un petit paquet d’années passer à musicouiller tout seul dans mon coin, voir si j’arrivais à sortir un truc qui vaille le coup que ce soit joué par des humains.
À propos de la version originale
Guitares
Une fois la plateforme trouvée. Faut se lancer.
Par où commencer. Percussions ou cordes ? Je ne suis pas très sûr. Qui a le plus besoin de quoi comme support pour faire du beau boulot. Comme à ce moment-là je me dis encore que je n’aurais peut-être pas le budget pour me payer un percussionniste et que je m’occuperais peut-être moi-même de cette partie, je choisis de faire enregistrer la guitare et l’instrument encore inconnu pour la mélodie principale. Le musicien devra s’accompagner de la démo pourrie.
Je contacte Michele. Un Italien vivant en Espagne si je ne me trompe pas. Cet homme joue de tout un tas d’instruments à cordes pincées. J’écoute ses démos, il joue bien, on sent qu’il a de l’expérience, du feeling. Je sens directement qu’il sera capable de jouer ce que j’imagine comme je l’imagine et même mieux. Il va jouer la guitare classique et aussi l’instrument principal. Je ne sais pas lequel. Mais je sais que si je peux engager une seule personne pour jouer cette section mélodique, j’y gagnerai en cohérence.
Si c’était de la musique cubaine pure, pour l’instrument encore indéterminé, on aurait immédiatement opté pour un tres cubain. Mais là, j’avais en tête un truc un peu plus coloré. Dans ma démo l’instrument que j’avais fabriqué sonnait parfois même un peu comme un clavecin. Michele me propose la guitare portugaise. Instrument que je ne connaissais pas vraiment. J’écoute. Parfait. C’est exactement le son que je cherchais. On a simplement dû faire le deuil d’une note trop grave pour être jouée sur cet instrument. Ca m’a rendu très triste, mais Michele a habilement tourné l’affaire pour qu’à part lui et moi personne ne remarque rien.
J’écris les partitions. Mal. Je décide à passer du tempo magique de 55.5 bpm (non c’est pas magique, c’était juste le « sweet spot) à 56 bpm, trahison envers mon intuition profonde que je ne me pardonnerai peut-être jamais, mais qui me garantit que quelque soit le logiciel sur lequel enregistre chaque musicien, ils sera capable d’obtenir le bon tempo, certains n’acceptant pas les décimales. Je prie de ne pas avoir fait d’erreur en écrivant les partitions, puisque que je ne sais pas les lire moi-même à la volée.
Je les envoie donc à Michele. Je lui donne mes indications et m’excuse d’avance pour la guitare classique qui passe la moitié du morceau à jouer des bêtes octaves à la noire, puis je le laisse travailler. Quelques jours plus tard, il m’envoie ses deux pistes. Jeu impeccable, beau feeling, son magnifique. Je vois des petits anges, je peux passer à la suite.
Contrebasse
Je contacte Kentaro. Un Japonais vivant en France. Remarquez qu’en deux musiciens et trois instruments nous couvrons déjà quatre pays. Cinq avec moi Français vivant en Belgique. C’est beau l’internet.
Je lui écris une aussi mauvaise partition qu’aux autres, il n’y a pas de raison. Je lui donne mes indications. Je suis un peu gêné qu’il n’ait pas grand chose à se mettre sous la dent en terme de jeu. Les notes sont longues et peu nombreuses. Il me demande s’il peut modifier des parties pour les rendre plus dynamiques. Je lui réponds que pas trop. Je lui explique que je travaille en composant sur un morceau déjà existant et que s’il peut ajouter quelques notes et effets ici ou surtout là, il peut, mais qu’il ne faut rien enlever et qu’il ne peut pas modifier drastiquement le contrepoint. Il comprend très bien et enregistre sa partie en respectant de très près la partition, tout en ajoutant ici et là quelques effets percussifs, ou en choisissant de jouer une partie à telle octave plutôt qu’à telle autre. Bref, il trouve les moyens de s’amuser dans les limites du bac à sable, qui fait que tout le monde passe un bon moment à jouer.
Les contrebasses, c’est difficile à enregistrer. Et comme c’est difficile à enregistrer, c’est également difficile à mixer. Kentaro a très bien joué et très bien enregistré sa partie, cela dit, elle a eu un peu du mal à se faire sa place au mixage. Comme quoi, ça n’est pas une science exacte. Mais on en reparlera un peu plus bas. J’ai dans tous cas passé quelques belles heures à écouter le son de la contrebasse toute seule. Je voudrais toujours plus de contrebasse. Vous ne pourriez laisser au monde comme seuls instruments que des contrebasses et des clavecins que je m’en porterais très bien.
Bref, j’ai les guitares, j’ai la contrebasse. Passons aux percussions.
Percussions
Devant la qualité des pistes que j’ai reçues jusque là, je me dis que je ne peux pas tout gâcher avec des percussions virtuelles qualité merde. D’autant que si j’ai appris très vite fait les rudiments des rythmes traditionnels afro-cubains, je n’ai absolument pas le feeling et la connaissance profonde des percussions qui me permettraient d’imaginer et réaliser de jolis breaks, transitions, variations, et autre embellissements qui donnent toute la vie à un morceau. Je me résous donc à faire appel à un pro. Et je me prépare à casser la tirelire vu le nombre de percussions que j’imagine nécessaires.
Sur ce, je contacte Maciej. Fabuleux percussionniste Polonais touchant à tous les styles et possédant une collection énorme de percussions des quatre coins du globe. Le son de ses démos est impeccable. Je lui explique le concept, je ne lui écris pas de partition. Des partitions pour les percussions ? C’est bien au delà de ce dont je suis capable à ce jour. Je me contente de lui envoyer piste par piste les percussions que j’ai programmées pour la démo du morceau.
En quoi ? Un, deux échanges, Maciej comprend exactement ce que je veux, exactement ce qu’on peut ajouter ou retrancher, il me donne toutes les références que j’ai en tête et même celles inconscientes. On cause Buena Vista old school, danzón, musique andalouse. Bim boum badaboum. Quelques jours plus tard, Maciej ne m’envoie pas les 6 pistes de percussions que j’attendais, mais 15 pistes (enfin 24 si on compte les prises de sons multiples sur certaines percu). Tout un univers est là. C’est juste parfait. Je ne vous mens pas, j’ai dû écouter les percussions seules presque autant que le morceau finalisé.
À ce stade, ma seule angoisse est : vais-je réussir à mixer tout ça avec mon matos moisi.
Mix et mastering
La réponse est non. Je ne saurais pas faire. Et puis je ne veux pas. Je veux pousser l’expérience jusqu’au bout. J’ai fait enregistrer chaque partie par des musiciens professionnels, je veux un mix et un mastering professionnel. Le mixage, c’est l’étape où on peut tout consolider ou tout gâcher. Au choix.
Alors c’est reparti. Si sur Fiverr vous trouvez des centaines d’ingé son amateurs prêts à mixer vos morceaux trap, drill et hip hop, c’est une autre paire de manches de dénicher un professionnel spécialisé dans la musique acoustique/classique à des prix abordables pour moi.
Mais il s’en trouve ! Au moins un. C’est le cas de Francesco pour InABagRecords. Francesco et un ingénieur du son Italien, spécialisé donc dans la musique classique et acoustique.
Pour ceux qui ne savent pas, et il n’y a aucune honte à ça, le mix dont on parle ici n’a pas de rapport avec le travail de DJ. Pour résumer très vite, il s’agit de travailler le volume et le son de chaque instrument, ainsi que leur placement dans l’espace sonore, pour donner un tout satisaisant. Le mastering est l’étape suivante, qui sert à ajuster le volume global et parfois même la couleur d’un morceau, afin qu’il sonne à peu près de la même manière quelque soit la plateforme sur laquelle vous l’écoutez, et assurer une belle cohérence entre tous les sons. C’est le coup de vernis final quoi.
Eh ben quoi, le résultat du travail de Francesco, c’est ce que vous avez écouté. Évidemment, nous avons échangé durant tout le processus. Cet élément un peu plus fort, celui-ci un peu moins, là plus de punch, ici plus de douceur pour produire tel ou tel effet. Ce genre de choses. Ce qui était sympa avec Francesco, c’est que je lui fournissais une page de feedback à chaque fois qu’il m’envoyait une démo, et au lieu de répondre quoi que ce soit sur le moment par écrit, sa réponse était la démo suivante qui intégrait, avec goût, toutes les modifications que j’avais suggérées. C’était un régal. Zéro blabla, comme disait la pub.
À propos de la version pour clavier
Pour la version piano, j’ai simplement contacté Roman Starkman, lui ai refilé la partition horrible que j’avais préparée à la hâte, sans armure, avec des dièses et des bécarres dans tous les sens, en lui demandant de jouer le morceau comme il le sentait lui, jusqu’au tempo qu’il pouvait choisir. Roman a d’ailleurs eu la gentillesse de m’aider à réécrire la partition pour la rendre plus lisible. Il a lui-même enregistré et masterisé le morceau.
Quelques jours après la publication de cet article, je rendrai disponible toutes les versions du morceau dans la partie Grand Bazar du site, ainsi que les partitions. Laissez-moi quelques jours pour mettre de l’ordre dans tout ça.
Je dois vous dire que j’ai une pensée toute spéciale pour Roman, qui a appris le morceau et a enregistré son interprétation entre le 22 et le 24 mars 2022 depuis son logement à Kiev, en Ukraine, tout juste un mois après le début de l’invasion du pays par l’armée Russe. Je ne sais pas comment tu fais pour continuer à travailler et jouer dans cet environnement, Roman. Mais merci pour le morceau.
Le coût
Un tout petit peu moins de 500€ tout compris, enregistrements, mixage et masterisation des versions originale et piano, TVA et pourboires. Honnêtement, c’est pas cher vu la quantité de travail fournie, étalée sur cinq collaborateurs. Je me sens même un peu coupable, mais la vérité c’est que je n’aurais pas su débourser plus. Je m’en remets à ma conscience en me disant que j’ai bien détaillé les spécificités de chaque partie à chaque artiste avant de commencer, qu’ils m’ont chacun proposé leur offre sur mesure en fonction, et que je n’ai pas marchandé un seul centime sur les propositions qu’ils m’ont faites, ni tenté de les influencer en leur avouant que j’étais fauché. J’ai donc payé ce que chacun a estimé être le prix correct pour son service. Faut que j’arrête de me torturer. Vous inquiétez pas ça va passer.
Le résultat ?
Bah il me plaît beaucoup. Évidemment si j’avais tout su faire moi-même, ç’aurait été un poil différent, mais ça correspond quand même à 90% à ce que j’avais en tête. Je dis 90% (prononcer nonante pour cent), parce que je n’ai pas voulu jouer les control freaks, comme on dit. Tout en étant précis sur mes intentions et le résultat que je souhaitais, j’ai à chaque étape essayé de donner le maximum de liberté à chaque artiste, persuadé que le résultat ne serait que meilleur s’il trouvait à s’amuser en travaillant, s’il avait moyen de mettre sa touche personnelle là dedans, de s’approprier un peu le truc.
Deux regrets. Enfin, pas regrets, deux choix que j’ai dû faire et dont je ne sais pas encore si je les regrette ou pas. La basse passant mal au mix, on a dû forcer un peu sur l’égaliseur et la compression. Ça lui fait perdre de son naturel, mais ça confère le punch qu’il faut au morceau. Triste compromis, mais il faut en faire. Seconde chose, la guitare portugaise qu’on entend trop faiblement à la fin du morceau, tout ça parce qu’on a un peu trop poussé la basse, parce qu’il le fallait. Mais je ne voulais trop pousser la guitare portugaise, pour que ça reste le plus naturel possible (ce qui ne veut pas dire grand chose). Compromis, donc, résultant d’un précédant compromis. Je ne mens pas quand je dit que le mixage c’est l’enfer.
Pour la version piano, elle ne ressemble en rien à ce que j’aurais pu imaginer, et tant mieux ! Pour le coup il s’agissait d’avoir la surprise d’entendre l’interprétation personnelle qu’en ferait un pianiste habitué à divers genres. Comment allait-il comprendre le morceau. Quand il m’a envoyé sa piste, il avait nommé le fichier « fuga », ce qui m’a beaucoup fait rire, un peu flatté, et un rien culpabilisé de ne pas savoir véritablement composer une fugue dans les règles de l’art.
Que dire d’autre ? Je retravaillerai volontier avec chacune des personnes que j’ai pu rencontrer sur Fiverr. Faut juste me laisser quelques mois pour économiser à nouveau et trouver un encore plus chouette morceau à composer (là c’est peut-être en années que ça se compte). Un sur lequel je possèderais les droits à 100%, accessoirement.
Et Alexandre Astier dans tout ça ?
Eh oui. Maintenant comment et où diffuser ce morceau ? Composer un morceau sur la base d’une autre composition… Quelle connerie, hein ? Il va me falloir contacter le monsieur. Pas que j’envisage de faire le moindre sou avec ça, mais j’aimerais tout de même bien le diffuser gratuitement ici ou là (ici, c’est ce site, et là sans doute bandcamp, pas plus), sans avoir le gros nuage menaçant de l’illégalité au dessus de ma tête.
Par exemple, le percussionniste m’a demandé s’il pourrait faire figurer la piste sur son album de percussions et guitares en cours de réalisation, sur lequel il souhaite collaborer avec des musiciens d’un peu partout dans le monde. Bon ben, je peux pas lui dire oui. J’ai pas les droits. Je ne sais pas s’il souhaite le vendre, par exemple, son album. Si c’était le cas, et même si je ne lui demandais jamais rien en retour, ça impliquerait certaines démarches. Comprenez que j’aimerais simplement lui dire oui, bien sûr, tu peux l’utiliser autant que tu veux, fais-toi plaiz ! C’est pas tous les jours qu’on trouve un de mes morceaux si cool qu’on veuille le faire figurer où que ce soit.
Je vais donc essayer de contacter Alexandre Astier pour lui demander ce qu’il est possible de faire ou pas. Cela dit, quand un morceau est protégé et que son auteur est enregistré à la SACEM… la tâche devient ardue. Même Hugues Aufray a dû lui-même payer la SACEM pour que les enfants d’une petite école des campagnes aient le droit de chanter gratuitement ses chansons à la fête de fin d’année. Et oui, c’est qu’un pourcentage revient à la SACEM, ils ne lâcheront rien. Alors je ne me fais pas trop d’illusions sur les possibilités de parvenir à quoi que ce soit, même avec un éventuel accord direct du compositeur. Mais faut essayer.
Et puis comment le joindre, hein ? Fini le temps où il me suivait sur twitter, puisque j’ai supprimé mon compte il y a des années et changé de pseudo entre temps. Si c’était les années 90, je contacterais directement TV magazine, et ils me répondraient quelque chose du genre : pour joindre monsieur Astier, veuillez écrire à Alexandre Astier, 212 rue des grandes machines, M6, Paris CEDEX quelque chose. Mais nous sommes en 2022. Sans compte facebook, twitter, instagram, ça me semble bien compromis.
En attendant, vous pouvez toujours écouter ça ici. C’est déjà ça.
J’ai dû oublier plein de choses en chemin. Mais ça fait deux mois que je bosse sur ce morceau, je n’en peux plus. Je suis pressé de le partager et de passer à autre chose.