Ce matin, je me suis levé tôt. En manque d’inspiration, je me suis dit qu’une petite balade, en plus de me faire tomber le gras du bide et de m’emplir les poumons du bon air sain du centre-ville, m’aiderait sûrement à la trouver. L’inspiration, c’est quelque chose ! C’est quelque chose qui vous donne envie de faire quelque chose. C’est quelque chose qui vous donne parfois une idée précise du quelque chose à faire. Mais attention ! Si l’idée est trop précise, ce n’est sans doute plus de l’inspiration mais du plagiat.
Et voilà, j’ai marché, marché, marché… et rien n’est venu. Alors cinq minutes avant de rentrer, j’ai pris la photo du premier truc qui me tombait sous les yeux. Un collage qui m’a fait sourire en passant. On ne peut pas dire que la photo soit très inspirée, ni originale, ni complètement du plagiat même si je profite du travail d’un·e autre pour faire le mien alors que je n’ai pas d’idée. Après tout, il y a des livres entièrement constitués de photos de street art dont les bénéfices ne vont qu’aux éditeurs et photographes.
Rien à vous raconter aujourd’hui donc. Bien sûr j’aurais très bien pu profiter de l’occasion de cette photo de collage pour vous faire un petit discours sur l’absurdité du droit d’auteur, mais j’ai un peu la flemme.
On continue ! Nouvelle fournée de stickers aperçus dans les rues d’Ixelles. Vous pouvez trouver la précédente ici, et si la patience n’est pas votre truc, la totalité des stickers photographiés jusqu’à aujourd’hui se trouvent ici.
Faut dire qu’on pose nos sacs poubelles directement devant nos portes, ça ne devrait pas nous étonner. Mais ce n’est pas de ça que je vais vous parler aujourd’hui. D’ailleurs je ne vais pas vous parler beaucoup. Je vais vous montrer de jolies photos.
Oui, je me permets de ne pas revenir sur mes six mois de silence, ni sur ce qui s’y est passé. J’ai décidé de ne pas vous plomber le moral. On en causera quand j’aurai bien digéré.
Aujourd’hui, donc, début d’une série d’articles-galeries de stickers qu’on trouve dans les rues d’Ixelles. Pour les Français qui se demandent, Ixelles est une commune de Bruxelles, un peu comme les grandes villes ont leurs arrondissements, et j’invite les francophones non-Belges de l’Algérie, de l’Andorre, de l’Angola, du Bénin, du Brésil, du Burkina Faso, du Burundi, du Cameroun, du Canada, des Comores, de la république du Congo, de la république démocratique du Congo, de la Côte d’Ivoire, de Djibouti, de la Dominique, du Gabon, de la Guinée, de la Guinée équatoriale, d’Haïti, du Liban, de la Louisiane et du Maine, du Luxembourg, de Madagascar, du Mali, du Maroc, de Maurice, de la Mauritanie, de Monaco, du Niger, de la Province de Gérone, de la République centrafricaine, du Rwanda, de la Sarre, du Sénégal, des Seychelles, de la Suisse, du Tchad, du Togo, de la Tunisie, de la Vallée d’Aoste, de Vanuatu, et du Vatican à nous raconter à quoi ça correspond par chez vous. Je vais pas faire tout le boulot non plus.
Quelques mots de présentation très rapidement et ensuite je la boucle et place aux images.
À Ixelles, on en trouve, des autocollants, une quantité folle. Sur les poteaux, les panneaux, les transformateurs, les boîtes aux lettres, les portes, les vitrines… Ils peuvent être purement esthétiques, ou bien publicitaires, militants, sportifs, ou encore un peu tout ça à la fois. Je dois d’ailleurs vous dire que je n’effectue aucun tri. Je les prends tous en photo, tous. Dès que j’en trouve un que je n’ai pas, clic ! Et je vous les montre tous. C’est un état des lieux, je n’en ferai aucun commentaire, c’est pas moi qui les colle, et je ne connais pas les personnes qui les ont collés. Je ne les classe même pas, je vous les livre dans l’ordre où je les ai photographiés (sauf quand je retrouve un même sticker mais de meilleure qualité plus tard, il pourra m’arriver de remplacer l’image d’origine, pour une sombre histoire de pas avoir à se retaper la numérotation tout en évitant les doublons, mais ce sera des cas rares et vous vous en foutez en plus).
Comme en trois heures de balade j’en ai accumulé plus de quatre-cent, je vais être sympa et n’en publier que vingt à quarante par article, à un rythme plus ou moins régulier. Mais, j’uploade dès à présent tout ce que j’ai sur cette page que je mettrai à jour au fil de mes balades. Attention, plus de 400 photos sur une page, ça peut mettre du temps à s’afficher. Au milieu, certaines affichettes également, qui ne sont pas à proprement parler des stickers, mais hein bon, soyez tolérants.
Dernier détail, les photos sont prises avec mon téléphone portable dont l’objectif est couvert des miettes et poussières qui vivent au fond de ma poche, et dont la coque de protection tordue recouvre également un partie de l’objectif. Comme vous le savez, j’aime faire les choses bien. On est perfectionniste ou on ne l’est pas.
Alors allons-y.
Le sticker art à Ixelles – Partie 1 :
Et voilà. La suite dans quelques jours (ou tout tout de suite ici).
Et mention spéciale à mes potes Feldo et Gwlad, qui m’ont redonné l’envie d’arpenter les rues pour archiver l’art temporaire qui s’y expose avec leur site sur le street art à Montpellier !
« Generally speaking, you’re free until you’re about four years old. And then five arrives, then you go to grammar school and then you start becoming demented and solved and orientated and shoved into areas. You lose what individualism you have. If you have enough, of course, you retain some of it. But most don’t have enough so you become watchers of game shows, you know, and things like that. Then you work the eight-hour job with almost a feeling of goodness. Like you’re doing something. You get married, like marriage is a victory, and you have children, like children is a victory. But most things most people do are a total grind: marriage, birth, children. It’s something they have to do because there’s nothing else to do. There’s no glory in it, there’s no steam, there’s no fire. It’s very very flat. And the Earth is full of them. Sorry, but that’s the way I see it. »
Charles Bukowski, au cours d’une interview.
Toujours 2015. Toujours pour Numéro 0 (voir note précédente).
Alors celle-ci je l’aime bien. C’est pas souvent. Mais je peux pas trop l’écouter, elle me met instantanément dans une état proche de la défonce et vraiment pas loin de la grosse déprime. Je ne sais pas de quoi ça vient. C’est pas les paroles, c’est la musique. Sûr que quand je l’ai faite j’avais bien fumé et j’étais pas dans mon assiette, mais je ne sais pas si c’est parce que ça me rappelle ce moment ou si c’est juste les sons, le rythme qui fait ça. Je sais pas ce que ça vous fera à vous mais à moi elle me fait pas vraiment du bien, et pourtant je le répète je l’aime beaucoup.
L’idée de départ était encore d’habiller un discours parlé, mais cette fois je ne m’étais pas mis de contraintes musicales particulières. J’ai commencé par laisser trainer cet espèce de note aigüe continue qu’on entend dès le début et qui reste présente jusqu’à la fin, puis j’ai rajouté ces sortes de cloches qui sonnent à un rythme régulier sur la même note, avant de leur faire faire des accords et de développer là-dessus. Pour cette contrebasse vraiment très libre, en dehors des temps et mixée très haut, j’ai beaucoup hésité. Encore aujourd’hui je ne suis pas sûr de ce choix. En même temps rien d’autre ne ressort vraiment dans ce morceaux, il faut bien un élément un peu devant et un qui se comporte étrangement, non ? Sinon on se fait chier. Bon ben là c’est la contrebasse qui fait les deux. Bon et j’aime beaucoup le mellotron, vous aimez le mellotron vous ? Je crois qu’on ne peut pas ne pas aimer le mellotron. Moi j’en foutrais partout du mellotron. En plus le mot est sympa. Mellotron, mellotron, mellotron.
Pour le choix de l’interview de Bukowski… bah, disons que c’était pas ma période la plus sobre et que ça devait encore être un de ces jours où j’en veux à la terre entière. Oui, ça m’arrive. Des fois je trouve que vous êtes tous une belle bande de cons qui m’empoisonnez la vie. Après je pense aux gens que j’aime et je me dis que c’est moi le gros con. Des fois je suis de bonne humeur aussi, mais ces jours-là j’évite de lire du Bukowski. Ça aussi ça peut me faire basculer vite fait bien fait, comme ce morceau.
Maintenant que j’y réfléchis c’est peut-être ce sifflement continu qui me fait déprimer quand je l’écoute.
« I’m sorry, but I don’t want to be an emperor. That’s not my business. I don’t want to rule or conquer anyone. I should like to help everyone, if possible, Jew, Gentile, black man, white. We all want to help one another. Human beings are like that. We want to live by each other’s happiness, not by each other’s misery. We don’t want to hate and despise one another. In this world there is room for everyone. And the good earth is rich and can provide for everyone. The way of life can be free and beautiful, but we have lost the way. Greed has poisoned men’s souls, has barricaded the world with hate, has goose-stepped us into misery and bloodshed. We have developed speed, but we have shut ourselves in. Machinery that gives abundance has left us in want. Our knowledge has made us cynical. Our cleverness, hard and unkind. We think too much and feel too little. More than machinery we need humanity. More than cleverness we need kindness and gentleness. Without these qualities, life will be violent and all will be lost…. The aeroplane and the radio have brought us closer together. The very nature of these inventions cries out for the goodness in men, cries out for universal brotherhood, for the unity of us all. Even now my voice is reaching millions throughout the world, millions of despairing men, women, and little children, victims of a system that makes men torture and imprison innocent people. To those who can hear me, I say : do not despair. The misery that is now upon us is but the passing of greed, the bitterness of men who fear the way of human progress. The hate of men will pass, and dictators die, and the power they took from the people will return to the people. And so long as men die, liberty will never perish. […] Don’t give yourselves to brutes, men who despise you, enslave you, who regiment your lives, tell you what to do, what to think and what to feel! Who drill you, diet you, treat you like cattle, use you as cannon fodder. Don’t give yourselves to these […] men, machine men with machine minds and machine hearts! You are not machines! You are not cattle! You are men! You have the love of humanity in your hearts! You, the people have the power! The power to create machines. The power to create happiness! You, the people, have the power to make this life free and beautiful, to make this life a wonderful adventure. »
Discours extrait de The Great Dictator, Charlie Chaplin, 1940.
Cette fois on est en 2015, et le morceau fait tout spécialement pour le magazine html underground Numéro 0, premier numéro (c’est-à-dire le numéro 0, suivez).
Au lancement du magazine je me disais que ce serait le lieu idéal pour expérimenter des trucs farfelus, dont le collage musical. Au final, je ne pense pas avoir expérimenté dans Numéro 0 plus qu’ailleurs, vu que je ne me suis jamais vraiment tenu à faire de la musique à formule où que ce soit, mais je reviendrai sans doute sur ce point un autre jour.
Là il s’agit d’une composition qui est partie de l’idée d’accompagner un discours parlé par des accords s’enchaînant selon une certaine séquence de mouvements très brève et répétée sur un Tonnetz néo-riemannien (ça fait mec très intelligent, très qui s’y connait dit comme ça, mais franchement j’ai juste fait mumuse pour la première fois avec de beaux outils que je ne maîtrise pas et auxquels je n’ai jamais retouché depuis) jusqu’à être revenu à l’accord initial. Là je n’ai pas accès à mon projet Logic Pro et je n’ai pas le courage de retranscrire les accords à l’oreille pour vous dire exactement de quelle séquence il s’agit. Ensuite j’ai essayé de dégager des sortes de mélodies pas trop dégueu de tout ces accords contraints.
Représentation animée d’un tonnetz néo-riemannien « toroïdal » ou « en forme de gros donut ». Par Davidwbulger. Enfin allez pas demander un torus à la boulangerie du coin, on va vous regarder bizarre.
Pour le discours, j’ai pris celui du personnage de Chaplin dans son The Great Dictator, non seulement parce qu’il portait grosso modo un message sympa bien que simpliste : « soyez gentils », mais aussi parce qu’il était très simple à trouver et n’était accompagné d’aucune musique de fond. J’ai viré quelques passages du discours que j’aimais moins. Et puis, il y a de l’intention dans la voix, ça aide un peu à tenir cet enchaînement d’accords qui ne semble vouloir aller nulle part. Normalement j’ai pas le droit d’utiliser ça, parce que c’est pas encore dans le domaine public. Chut.
Bon, enfin, pour conclure : j’aime pas trop le résultat.
Dans les expo, je me fais vite chier. Même si c’est très bien. Enfin, je dis ça comme si c’était toujours le cas. Comme un élève qui dit moi j’aime pas lire. Qui veut faire genre. Évidemment que c’est pas vrai 100% du temps. Disons plutôt que, même lorsque j’aime le travail des artistes exposés·ées, j’ai tendance à m’emmerder assez rapidement. Et bien, voyez-vous, je viens d’aller voir une expo dans laquelle je ne me suis pas fait chier. Reportage.
Ah, attendez. Juste une précision avant de commencer. C’est dommage j’ai cassé mon effet. Si vous suivez pas bien ce que je raconte, c’est que j’ai pas dormi longtemps et que je suis pressé. C’est pas vous, c’est moi. Hi hi hi, vous y croyez toujours à celle-là, c’est pas vous, c’est moi…
Photo par Gwlad (avenue Georges Clemenceau)
Bon. Reportage on disait. L’expo Sadobaka de Pakito Bolino à La Jetée, galerie et atelier dans le quartier Figuerolles, 80 rue du Faubourg Figuerolles, pour être précis.
Comme je vous le disais, je ne me suis pas fait chier. Mais à quoi est-ce que cela ça tient-il donc ? Et ben au fait que l’expo soit petite et que le lieux fermait vingt minutes après qu’on y soit rentré. Je n’ai pas eu le temps de me faire chier. Si ça avait duré vingt minutes de plus parce que les potes avec qui j’étais avaient voulu rester, je pense que je me serais barré sans claquer la porte, on est civilisé.
Ce que fait Pakito Bolino, c’est très bien, je connaissais pas du tout, j’ai découvert. J’ai pas été émerveillé, mais j’ai souri plusieurs fois. Dans un style surchargé et destroy (on dit plus destroy mais c’est le terme qui convient et je vous embrasse, j’emploie les termes que je veux, à la mode ou plus) en noir et blanc ou en couleurs dans tous les sens, en encre, en peinture ou en collages, vas-y qu’y nous colle des cranes, des yeux, des bouches à dents, des bites, des chattes, des bites dans des chattes, des figures asiatiques bondagées ou pas. L’expo s’appelle Sadobaka. Sado tout le monde pige, baka c’est crétin en jap. Jap, c’est japonais en fainéant. Sadobaka, c’est ce qui est annoncé, c’est ce qu’on a. Bon mais voilà, c’est ça, c’est esthétique, c’est toujours ça, c’est toujours esthétique et c’est ça. On appréciera ou pas le style obsessif du trait à l’encre de chine et de ces thèmes qui reviennent en boucle partout, tout le temps. Y a des B.D. aussi, pas eu le temps de les lire. Me suis pas renseigné sur la démarche, et j’ai tort. À mon avis c’est un des points les plus intéressants avec le procédé et les moyens de fabrication, mais j’en ai pas pris connaissance. Décidément vous perdez pas votre temps ici.
Je crois que toutes les B.D. et autres productions du Dernier Cri (—?— pas certain de bien me rappeler du nom, j’irai pas vérifier) éditions de Bolino, étaient à vendre sur place. Ce qui m’aurait bien plu, c’est un espace coussins, pour bouquiner tout ça et les fanzines, pendant des heures. Ça ouais. J’y serai retourné pour. Ces produits-là ont quand même l’air vraiment très bien branlés. Même si, à première vue, comme tout ce que j’ai pu apercevoir de la production du bonhomme, c’est esthétique à fond, mais de fond, j’en ai pas trouvé masse.
Voilà. J’ai rien de plus à dire. Ça valait bien le coup.