Le funk ça a jamais été mon truc. Non, c’est pas ça. Disons qu’en explorateur que je suis, dans la jungle des genres musicaux, je suis jamais tombé nez à nez avec le funk. J’ai donc fait un morceau avec tous mes préjugés le concernant et ça a donné ça.
Si je me souviens bien, j’avais acheté la piste batterie sur un site qui proposait des enregistrements de… ben ouais de pistes batteries. Des trucs de qualité et dans différents genres. Le site fournissait aussi des samples de chaque coup sur chaque fût et sur chaque cymbale, isolé. Mais là pour ce morceau j’ai juste collé la piste enregistrée telle quelle et j’ai joué par dessus tout ce qui me passait par la tête.
Pour autant on ne peut pas dire que j’ai fait honneur au batteur dans le mix, mais c’était compliqué. J’ai jamais été bon mixeur, et j’ai jamais eu la patience qu’il faut avoir si on n’est pas bon. Je dis ça parce que j’aime m’auto-flageller, mais en y repensant ce mix je l’ai tourné et retourné dans tous les sens, seulement pas possible de m’en sortir correctement. J’ai fini par l’abandonner dans l’état où vous pouvez l’entendre.
C’était compliqué, je disais, parce qu’il y a beaucoup d’éléments. La batterie et les guitares sont réelles, le reste est synthétique, mais en tout ça fait au moins sept instruments qui jouent en même temps.
Ben voilà, après j’ai refourgué ça à Numéro 0 au printemps 2015. Vous remarquez peut-être qu’en ce moment je vous fais bouffer du « fait pour Numéro 0 » à chaque note de blog, c’est pour rattraper la parution des morceaux sur le site. Ensuite ce sera plus qu’une fois toutes les deux ou trois semaines.
If I were a single man I’d lie If I were a single man I’d cry If I were a single man I’d lay If I were a single man I’d pay If I were a single man I’d play If I were a single man I’d stay If I were a single man I’d sing If I were a single man I’d sting If I were a single man I’d think no more If I were a single man I’d drink no more If I were the chosen one I’d smile If I were the fucking devil I’d smite
Ouhlala. Dans celle-là je chante. J’ai un peu honte. J’ai vachement honte même en fait. Du coup si ça vous embête pas on va se concentrer sur autre chose : le contexte.
Ah non, mince. Le contexte aussi il craint… Bon enfin, faut bien que je vous raconte quelque chose. Donc, nous sommes en… devinez ? Bravo, encore 2015, et je me suis fait quitter par ma petite amie depuis six mois environ, après trois ans de vie commune. Me voilà donc tout seul dans mon petit studio trouvé en urgence et qui me coûte chaque mois 50€ de moins que ce que je gagne avec mon travail à mi-temps en crèche. Il me faut faire quelque chose pour Numéro 0, du fond de ma déprime, pendant que ces connards de voisins du dessous font encore la fête à cent personnes pour la troisième fois de la semaine et que c’est comme ça toutes les semaines, alors que moi je suis désespérément seul, et que même mes amis je les vois presque pas. J’allume mon ordinateur pour noyer mon chagrin dans la musique, ça changera un peu de l’alcool.
Je suis parti sur une mesure composée, un petit 7/8 des familles. Dans ces cas-là, en général, je m’attaque directement à la partie percussion, histoire d’avoir un bon support pour tout le reste. J’ai trop de mal à compter les temps et à trouver des rythmes qui vont bien uniquement avec le métronome en 7/8. Je vous ai dit que je faisais semblant d’être musicien non ? Bon, après ça j’ai couché quelques accords au piano (synthé, bien sûr, vous pensiez que j’avais un piano dans ma cage à lapin de célibataire avec mon salaire de misère ?) et la ligne de basse, puis j’ai enregistré la partie mandoline (avec ma vraie mandoline cette fois, c’est pas cher et ça prend pas de place) et enfin les synthés synthés.
C’est pour le mix que ça s’est corsé. J’avais pas fini de mixer les instruments avant d’enregistrer la voix, ce qui fait que j’y ai passé deux jours à m’en arracher les cheveux. Dès que je baissais ou augmentais le niveau d’un instrument ou que je touchais un compresseur, il fallait que je change tout le reste. J’en pouvais plus, j’ai failli abandonner. Bon ben j’ai pas abandonné sinon vous auriez pas pu écouter le morceau.
Bon et puis pour les paroles vous voyez bien, ça dit en anglais « si j’étais célibataire… » et après je mets des trucs qui riment pour lesquels chacun·e pourra bien inventer un sens.
Anecdote : les rires qu’on entend au tout début de la chanson, c’est les connards de voisins qui font la fête en bas pendant que j’essaie d’enregistrer proprement une mandoline. Je l’ai laissé. J’aime bien.
« Generally speaking, you’re free until you’re about four years old. And then five arrives, then you go to grammar school and then you start becoming demented and solved and orientated and shoved into areas. You lose what individualism you have. If you have enough, of course, you retain some of it. But most don’t have enough so you become watchers of game shows, you know, and things like that. Then you work the eight-hour job with almost a feeling of goodness. Like you’re doing something. You get married, like marriage is a victory, and you have children, like children is a victory. But most things most people do are a total grind: marriage, birth, children. It’s something they have to do because there’s nothing else to do. There’s no glory in it, there’s no steam, there’s no fire. It’s very very flat. And the Earth is full of them. Sorry, but that’s the way I see it. »
Charles Bukowski, au cours d’une interview.
Toujours 2015. Toujours pour Numéro 0 (voir note précédente).
Alors celle-ci je l’aime bien. C’est pas souvent. Mais je peux pas trop l’écouter, elle me met instantanément dans une état proche de la défonce et vraiment pas loin de la grosse déprime. Je ne sais pas de quoi ça vient. C’est pas les paroles, c’est la musique. Sûr que quand je l’ai faite j’avais bien fumé et j’étais pas dans mon assiette, mais je ne sais pas si c’est parce que ça me rappelle ce moment ou si c’est juste les sons, le rythme qui fait ça. Je sais pas ce que ça vous fera à vous mais à moi elle me fait pas vraiment du bien, et pourtant je le répète je l’aime beaucoup.
L’idée de départ était encore d’habiller un discours parlé, mais cette fois je ne m’étais pas mis de contraintes musicales particulières. J’ai commencé par laisser trainer cet espèce de note aigüe continue qu’on entend dès le début et qui reste présente jusqu’à la fin, puis j’ai rajouté ces sortes de cloches qui sonnent à un rythme régulier sur la même note, avant de leur faire faire des accords et de développer là-dessus. Pour cette contrebasse vraiment très libre, en dehors des temps et mixée très haut, j’ai beaucoup hésité. Encore aujourd’hui je ne suis pas sûr de ce choix. En même temps rien d’autre ne ressort vraiment dans ce morceaux, il faut bien un élément un peu devant et un qui se comporte étrangement, non ? Sinon on se fait chier. Bon ben là c’est la contrebasse qui fait les deux. Bon et j’aime beaucoup le mellotron, vous aimez le mellotron vous ? Je crois qu’on ne peut pas ne pas aimer le mellotron. Moi j’en foutrais partout du mellotron. En plus le mot est sympa. Mellotron, mellotron, mellotron.
Pour le choix de l’interview de Bukowski… bah, disons que c’était pas ma période la plus sobre et que ça devait encore être un de ces jours où j’en veux à la terre entière. Oui, ça m’arrive. Des fois je trouve que vous êtes tous une belle bande de cons qui m’empoisonnez la vie. Après je pense aux gens que j’aime et je me dis que c’est moi le gros con. Des fois je suis de bonne humeur aussi, mais ces jours-là j’évite de lire du Bukowski. Ça aussi ça peut me faire basculer vite fait bien fait, comme ce morceau.
Maintenant que j’y réfléchis c’est peut-être ce sifflement continu qui me fait déprimer quand je l’écoute.