- …j’avais un copain qui ne voulait pas manger de volaille, alors sa mère lui faisait manger des dindosaures en lui disant que c’était du sanglier. Il les mangeait bien, pour être fort comme Astérix.
- …j’avais une copine qui était allergique aux fraises. Un jour sa mère est venue la chercher à l’école et elle avait les joues remplies de gros boutons rouges. Sa mère lui a demandé : « tu as mangé des fraises ?! » et elle a répondu : « Non, j’ai bu que le jus. »
- …j’avais une passion pour la nourriture. Si on m’avait demandé ce que je préférais dans la vie, j’aurais répondu le camembert, la grenadine et les trucs à la vanille. Pas loin derrière il y aurait eu les dindosaures.
- …j’avais un copain qui avait un trou tellement grand dans le talon (du pied, pas de la chaussure) qu’on pouvait y mettre le doigt presque en entier dedans.
- …j’avais un chat qui, si je rigolais beaucoup ou si je pleurais fort, montait sur mon lit et me mordait.
- …j’avais un copain avec qui on jouait aux comiques derrière chez lui. Lui il faisait Bigard et moi je faisais Lagaf’.
- …j’avais une copine qui dessinait mal les « s ». Un jour je lui ai dit qu’elle les enroulait trop, mais sa mère qui passait derrière lui a dit que c’était pas vrai, qu’elle dessinait très bien les « s ». Menteuse.
- …j’avais un copain dont le papa était policier et qui un jour avait amené ses menottes à l’école. En vrai, c’était des fausses très bien imitées, mais la maîtresse était quand même en colère.
- …j’avais un arbre préféré dans la cour de l’école. C’était un vieux mûrier qui avait des branches toutes difformes dans les nœuds desquelles on avait l’impression de voir des visages grimaçants et des têtes de mort. Avec mes copain on s’asseyait toujours autour aux récréations. On l’appelait l’arbre de la peur.
- …j’avais un copain anglais. Un jour, il s’est trompé de date pour le carnaval de l’école et il est arrivé déguisé en vampire. Il faisait « gwwwaou gwwwaaouuu » à tout le monde en gigotant les doigts, il était super content. Puis il a compris qu’il s’était trompé. Il a dû garder son costume toute la journée et les autres se sont moqués de lui. J’ai eu tellement de peine pour lui que j’ai failli pleurer.
- …j’avais une copine dont la maman me gardait certains jours. Quand elle était malade, je n’allais pas à l’école pour rester jouer avec elle.
- …j’avais plein de figurines dragon ball. Aujourd’hui, à l’association où je travaille, un petit garçon de sept ans est venu me demander si on avait des figurines dragon ball. On n’en avait pas. J’étais triste pour lui.
- …j’avais un copain qui était très gros, alors les autres le faisaient tomber par terre et lui donnaient de coups de pied en le traitant de grosse patate. Plus tard il est devenu méchant.
- …j’avais un copain qui ne savait pas se moucher, alors sa mère lui tenait le mouchoir sous le nez et lui disait : « Fais le dragon » et lui il faisait le bruit du cochon. C’était le même qui voulait pas me croire quand je lui disais que les dindosaures, c’était pas du sanglier.
- …j’avais un copain qui s’appelait Évian. Les autres l’appelaient « l’eau pure des égoûts ». Moi j’essayais d’être son copain, mais il voulait parler à personne. Plus tard son père m’a expliqué qu’il avait été traumatisé en arrivant dans cette grande école de cent élèves. Dans son ancienne école à la campagne, ils étaient cinq.
- …j’avais une copine qui, quand les garçons l’emmerdaient, criait : « SAILOOOOOR MOON ! » avant de leur balancer un grand coup de pied dans les couilles avec ses semelles compensées (pour raisons médicales).
- …j’avais un copain qui avait une casquette polaire avec des cache-oreilles intégrés. C’était Évian. Comme c’était la première fois qu’on voyait ça dans notre sud profond, on a appelé ça des oreilles d’Évian pendant des années.
Étiquette : enfance
#235 – Lyonniais #061 – Regarde maman je suis pas tombé
« Regarde maman je suis pas tombé », c’est ce que j’ai entendu un petit garçon répéter à sa mère alors que je marchais le long d’un parc en rentrant chez moi. Trois fois. « Regarde maman je suis pas tombé. Regarde maman je suis pas tombé. Regarde maman je suis bas tombé. » J’imagine qu’au moment même où sa mère a tourné la tête vers lui le mioche s’est lamentablement gaufré, comme il est de coutume. En tout cas, après, il s’est tu ou alors j’étais trop loin pour l’entendre.
Tout en marchant, je me suis fait plusieurs réflexions en repensant à cette phrase. La première, c’est qu’en général on attire l’attention de quelqu’un sur quelque chose qu’on a fait, pas sur quelque chose qui ne s’est pas produit. Vraiment aucune logique ces mômes. La deuxième, c’est, comme je vous l’ai dit, que ce que vous voulez montrer marche toujours très bien jusqu’à ce qu’une personne y porte enfin le regard sur vous, ce qui est vraiment étrange. M’est avis que si on voulait trouver la preuve que nous existons dans une simulation, c’est de ce côté-là qu’il faudrait fouiller. La troisième, c’est que j’ai la cruelle sensation que nous sommes tous des enfants qui, par chacun de nos actes, passons nos vies à répéter dans un néant d’attention total : regarde maman je suis pas tombé·e.
Hein ? Oui, c’est tout pour aujourd’hui. Bonne déprime à vous également.