Très rapidement : en quelques jours, j’ai pu apprendre les bases du toki pona. C’est une langue construite grammaticalement simple et ne comptant qu’environ 130 mots de vocabulaire. Ça me fait des vacances dans l’apprentissage du japonais.
La phonétique du toki pona est également simple et s’adapte assez bien à ce que sont capables de produire les vocaloids japonais, alors je me suis dit que j’allais tenter un petit quelque chose. Une quinzaine d’heures plus loin voilà un résultat provisoire :
jan ale jan ala
jan ale li ijo pakala utala li nasin nasa jan ala li sona e pona kon la telo loje li lon
sewi pimeja li lon o kama wile apeja li kon o weka monsi la lete li lon o kama mu moli pini li kon o weka
Je vous ai déjà parlé ici du logiciel de musique Vocaloid, un synthétiseur permettant de créer des lignes de chant, musique et paroles. C’est un logiciel de Yamaha, principalement utilisé par des musiciens japonais.
Malheureusement, en cherchant sur internet, on trouve plus de cercles de fans des personnages associés aux banques de sons du logiciel que de bonne musique. La plupart des morceaux trouvables sur le web sont soit complétement amateurs et manquent de finition, soit répondent entièrement aux codes de la j-pop commerciale, que j’ai particulièrement beaucoup de mal à apprécier dans son ensemble.
Mais, il existe quelques artistes qui se concentrent vraiment sur l’aspect musical de leur production, s’inscrivent dans le courant pop sans s’y dissoudre totalement, et viennent se frotter à cette vocaloidmania par le truchement de sons recherchés, à la limite de l’attendu et de l’expérimental, sans essayer de vous vendre des figurines, des posters ou des coussins à l’effigie d’un personnage d’animation.
C’est pour moi le cas de l’artiste Hiiragi Kirai (柊キライ), pour lequel je serais bien incapable d’écrire une biographie, même courte.
(si vous ne connaissiez pas déjà, appréciez l’intégration des commentaires directement sur la vidéo caractéristique de la plateforme niconico)
Tout en étant bien sûr influencé par la musique pop de son pays, le Japon, Hiiragi Kirai fait de bons mélanges étranges. Les paramètres des banques de son (les voix donc) sont chez lui poussées à leurs extrêmes et déformées, coupées, scratchées de diverses manières, ce qui confère un côté étrange, hors de ce monde, inquiétant, à ses musiques. On peut sentir des influences electro, rock, pop, jazz, afro-cubaines et baroques dans l’ensemble des morceaux de l’artiste. Cela peut parfois rappeler les mélanges electro-rock-jazz manouche tant à la mode par chez nous au début des années 2000.
Mais chez Hiiragi Kirai, il y également une volonté d’intégrer des dissonances, des instruments (dont la voix) qui sonnent faux, ou à peine justes et qui rendent le tout moins facilement intégrable à l’idée qu’on se fait d’un morceau mainstream. Ces dissonances voulues soulignent les thèmes sombres que l’on retrouve dans les paroles, et les voix qui déraillent complimentent très bien les émotions instables et hors de contrôle des personnages.
(dans cette chanson, par le choix de sons, la composition et l’esthétique de la vidéo l’accompagnant, on reconnait un hommage aux musiques de Yasushi Ishii, compositeur de la bande son d’Hellsing, entre autres)
Évidemment, un artiste naissant se cherche. Je ne tombe pas en admiration devant tout ce que produit Hiiragi Kirai. Ses premières musiques ne sont pas de mon goût, l’album sorti même après le premier succès (tout relatif, 1 750 000 de vues sur la plateforme niconico en deux ans) d’un de ces morceaux, ne m’a pas franchement emballé. Mais voilà, reste que de temps en temps, je vais voir ce qu’il fait et tombe sur un petit objet musical curieux pas dénué d’intérêt ni de charme.
On commence à sentir qu’il a trouvé le bon filon, la formule qui va bien. Mais est-ce un mal ? Pour l’instant, alors que je vois très bien quels éléments il me ressort à tous les morceaux, il reste assez de variations dans tout le reste pour me procurer assez de plaisir à l’écoute. Hiiragi Kirai est tout de même bien balaise niveau rupture de rythmes et sens de la mélodie.
Au cours de cet article, je vous ai partagé les trois dernières musiques sorties par Hiiragi Kirai, de la plus récente à la plus ancienne, il était donc naturel que je vous quitte sur la chanson qui a attiré mon oreille au tout début, celle qui l’a fait connaitre (tout relativement, comme je disais, il reste un compositeur tout à fait underground à ce jour), sortie en août 2019 :
Je ne sais toujours pas si j’aime ou pas cette musique. Ce que je sais, c’est que parfois, je ne peux pas m’empêcher de l’écouter une dizaine de fois d’affilée. Il y a à la fois quelque chose qui m’attire et autre chose qui me repousse dans ce morceau, et plus généralement dans ses morceaux. Et je trouve ça fort. J’aime ne pas savoir si j’aime. J’aime ne pas savoir quoi faire de cette musique. J’aime qu’elle m’attrape par des détails, et me rende accro car je n’ai pas tout à fait eu ce que j’attendais en l’écoutant et qu’il reste donc un manque à combler.
Dans tous les cas, je garde un œil sur cet artiste.
Je viens de faire l’acquisition, très légalement cette fois-ci, du synthétiseur Vocaloid et de la voix synthétique nommée Flower. En trente petites minutes, on peut créer grâce à tout ça d’infâmes morceaux pop à base de voix robotiques, ce qui me plaît beaucoup puisqu’en ce moment je n’ai ni le temps ni les moyens matériels de faire mieux.
J’en ai bien bavé pour télécharger des gigabytes à 120 kb/s à l’heure où tous les voisins pompaient la bande passante ce soir, mais j’ai quand même pris quelques minutes pour tester le machin avant de devoir aller me coucher :
Vous pouvez entendre de la reverb, elle est native du logiciel. Pas mal d’effets sont déjà présents (compresseur, delay, disto… une dizaine en tout) de bonne qualité (c’est un produit Yamaha, les mecs débutent pas dans le métier…), et il y a encore plus de paramètres pour régler finement ses voix et les rendre les plus humaines possible que ce que j’expliquais de vocaloid 4 dans ces articles. C’est même incomparable niveau accessibilité, tous les défauts que je trouvais à l’ancienne version ont été gommés. N’importe quel-le amateur-trice (comme moi) peut en quelques secondes, et avec un peu de motivation, mettre en œuvre ses idées et les faire sonner correctement à grands coups de presets avec cette version 5 du logiciel.
Seul hic, toujours aucun vocaloid francophone. Il faudra faire avec la phonétique anglaise ou japonaise. Perso je prends la japonaise, mais comme je n’ai toujours pas le niveau pour écrire des chansons en japonais, c’est un vrai frein à la création. On reste dans l’onomatopée, les oooh, les aaah, les kiki kaka. Je veux dire qu’on serait forcé d’y rester, dans l’onomatopée, même en prenant plus de 20 minutes pour faire un vrai morceau, faute de paroles originales. Ou faudrait se cantonner aux reprises. Ou trouver un ou une poète du Japon pour nous pondre un joli texte.
Bon ben dans tous les cas maintenant je pourrais faire chanter des kaka kiki à un robot japonais en toute légalité, et qu’est-ce que vous dites de ça ?
Hier, Feldo me disait qu’il serait intéressant de savoir comment ça marche concrètement le vocaloid. Alors je vais faire une présentation des éléments de base. Si vous avez déjà touché à un logiciel de MAO, vous allez voir que ce n’est pas sorcier. Sinon, ben vous pouvez toujours en profiter pour vous lancer. Accrochez-vous, ça va être long même si je vais tâcher d’être le plus rapide possible.
Brève présentation du machin
Vocaloid est un logiciel distribué par Yamaha. C’est un synthétiseur et un séquenceur MIDI. Un synthétiseur, vous savez ce que c’est, et un séquenceur MIDI, ce n’est qu’un orgue de barbarie numérique. Vous voyez les orgues de barbarie ? Cet instrument dans la fente duquel on fourre des plaquettes de carton trouées puis dont on tourne la manivelle pour qu’il joue les notes perforées dans les plaquettes ? Voilà. C’est ça. Le petit singe sur l’épaule est optionnel.
Attention, comme je le disais dans un précédent article, les vocaloids sont aussi des chanteurs virtuels. Ils s’achètent indépendamment du logiciel vocaloid. On les appelles normalement « banques de voix ». Donc, pas confondre vocaloid et vocaloids. Avec la version 5 du logiciel, quatre banques de voix sont intégrées. Si vous utilisez une version ultérieur il vous aura fallu en acheter au moins une pour pouvoir faire quoi que ce soit avec, mais de toute façon elle n’est plus à la vente. Donc si vous vous y mettez aujourd’hui, vous aurez forcément des banques de voix intégrées. Moi, j’utilise la version 4 du logiciel, mais ne vous inquiétez pas, la v5 n’est qu’une version améliorée de la v4. Tout ce que je vais vous montrer fonctionnera donc très bien sur les deux versions.
Allez. Vous avez le logiciel ? Vous avez au moins une banque de voix ? Alors lançons la machine.
On prépare le terrain
Vous pouvez déjà voir les blocs essentiels ici.
tout en haut, la barre de menu
juste en dessous de gauche à droite : les outils pour dessiner vos mélodies et ajuster les paramètres midi / un petit bouton sur lequel nous reviendrons plus tard si j’y pense / les boutons liés à la lecture du morceau (pas plus compliqué qu’un magnétoscope, hein ? Oui je me fais vieux.) / les indicateurs de position, de tempo et de signature rythmique / des informations relatives à la position et durée des notes et la façon dont ces dernières vont s’aimanter à vos barres de mesures ou à leurs subdivisions.
En dessous encore l’éditeur de piste. Imaginez que votre orgue de barbarie a plusieurs fentes, chacune de ces pistes en est une. Il y a également des pistes dédiées aux fichiers wav. Pour que vous puissiez synchroniser la musique pour laquelle vous composez votre ligne de chant.
Toujours plus bas, l’éditeur de musique, ou piano roll : ce sont vos plaquettes de carton, et c’est ici que vous allez les perforer là où il faut pour que l’orgue de barbarie joue les note que vous voulez entendre. (En fait le terme piano roll vient des piano automatiques qui marchent sur le même principe que l’orgue de barbarie, on y glisse des partitions sur rouleaux de papier perforés et le piano joue tout seul.)
Dans la même section, un endroit pour gérer les diverses modifications qui s’appliqueront aux notes que vous aurez dessinées juste au dessus.
Si aucune piste n’est crée (mais il y en a toujours au moins une), ben commencez par en créer une. Patate. Une ou plusieurs si vous voulez faire jouer plusieurs voix en même temps, car on ne peut pas superposer plusieurs notes dans la même piste. On dira donc que chaque piste est monophonique. Elle ne produit qu’une note à la fois.
La piste est créée. Bravo, vous venez de créer une fente dans votre orgue de barbarie, maintenant il va falloir créer les plaquettes en carton sur lesquelles vous allez perforer (enfin, ici dessiner) vos notes. C’est ce qui s’appelle une « part » dans ce logiciel. Plus communément, dans les logiciels de MAO (Musique Assistée par Ordinateur), on appelle ça une région MIDI. Cliquez sur une piste, puis allez chercher « Add Part » dans la barre du menu.
Chaque piste peut contenir plusieurs régions MIDI (les unes après les autres), et pour chaque région vous pouvez sélectionner une banque de voix différente de la précédente. L’avantage c’est que vous pouvez donc alterner les vocaloids sur une même piste si vous n’avez pas besoin de les faire chanter simultanément. En bout de course une piste est souvent égale à un fichier wave, donc c’est de la place économisée sur votre disque dur.
Évidemment, si vous créez plusieurs pistes, ça va vite être le bordel niveau volume sonore. En appuyant sur F3 vous pouvez ouvrir le mixeur. Ici vous contrôlerez le volume et le panoramique stéréo de chaque piste.
Bon. Vous avez créé une piste et une région MIDI (part) sur cette piste. En cliquant avec le bouton droit de la souris là-dessus, un menu déroulant s’ouvrira grâce auquel vous pourrez choisir quelle banque de voix vous voulez utiliser. En gros, c’est le choix de l’instrument.
Tout ça s’annonce bien. Seulement, je ne vais pas faire une mélodie comme ça toute seule sortie de mon imagination. Parce que je suis fainéant. Je vais donc importer une musique déjà existante et reproduire la ligne de chant du refrain de ce morceau. Ce morceau, c’est le générique des Mystérieuses Cités d’Or. Pour importer le fichier un simple glisser-déposer depuis le dossier où se trouve le fichier jusqu’à la piste wave stéréo.
Maintenant je cherche le tempo de la chanson, je trouve que c’est à peu près 104.5 BPM, donc je double clique sur l’indicateur de tempo que vous avez pu voir sur la première image et je rentre cette information. Vous pouvez voir sur l’image juste en dessous qu’il est également possible de modifier le tempo en cours de morceau, pour cela il suffira de spécifier à quelle mesure et sur quel temps le faire varier.
Ensuite, on s’appuie sur la forme d’onde pour faire correspondre le premier temps des mesures du morceau aux barres de mesure du logiciel et on prie pour avoir trouvé le bon tempo sinon ça va se décaler et… bon ben ça va être la merde parce que musique et voix n’arrêteront pas de se désynchroniser.
Dernier ajustement avant de commencer à dessiner vos notes dans l’éditeur de musique. Sélectionnez les bonnes durées pour la quantification et la durée des notes, sinon vous allez de venir fou·folle. Comme vous le voyez ci-dessous, vous pouvez sélectionner une durée (1/4 : une noire ; 1/8 : une croche ; 1/16 : double croche…) dans ces deux catégories. Le quantificateur (quantize) va déterminer à quelles subdivisions de mesure le début de vos notes vont pouvoir s’accrocher, la durée (length) déterminera la durée minimale des notes que vous pourrez dessiner : noire, croche etc… et quand vous étirerez votre note, de quelle durée vous l’étirerez au minimum.
En gros, si vous sélectionnez 1/4 pour le quantize, vous ne pourrez débuter vos notes que sur chaque temps d’une mesure. Si vous sélectionnez 1/8 pour le length, à chaque fois que vous dessinerez une note le logiciel vous proposera des durées égales à des multiples de croches. Donc plus vous sélectionnez des fractions de petite durée plus vous pourrez ajuster finement le placement et la durée de vos notes.
Maintenant on peut commencer à faire n’importe quoi
Bon, ben voilà. On peut commencer à dessiner nos notes. Sélectionnez la bonne piste et la bonne région. Avec le bouton droit de la souris, cliquez sur le piano roll et sélectionnez l’outil crayon (ou allez le chercher tout en haut à gauche de l’écran comme vous avez pu le voir sur la première image de l’article). Ensuite dessinez vos notes à la hauteur et de la durée que vous désirez.
De base, quand on dessine les notes, elles sont remplies par la voyelle [a]. Voici donc le résultat de mon dessin sans avoir encore modifié les phonèmes de chaque note :
Vous savez que si j’aime autant v4 flower, c’est parce que dans les graves on dirait un·e gamin·e qui fait la gueule, et dans les aigües, ben on dirait la voix du refrain des Mystérieuses cités d’or. Oui, je suis un brin nostalgique comme garçon.
Bon, faites gaffe. De base quand vous dessinez de longue notes, le logiciel vous colle d’office un vibrato, si vous voulez le virer, placez votre curseur à la base des vaguelettes sur la ligne affichée en dessous des notes, maintenez le clic et tirez vers la droite. Si au contraire vous voulez en ajouter, placez le curseur au bout de la partie droite de la ligne horizontale et maintenez le clic en tirant vers la gauche.
Les choses sérieuses maintenant. On va commencer à rentrer les paroles. Attention, très compliqué : double-cliquez sur la note dont vous voulez éditer le phonème.
Maintenant entrez vos paroles. Tadaa. C’est fait. Sauf que. Sauf que v4flower est une chanteuse virtuelle japonaise. Donc ici j’utilise le japonais. Pour passer votre clavier en japonais, y a des tutos partout sur le net, merci de vous y référer.
Donc, pour commencer : une note = une syllabe. C’est pas obligatoirement le cas, mais là c’est un tuto grand débutant, alors on fait simple. Ici, on veut lui faire dire « Esteban, Zia ». Je commence donc par entrer les syllabes japonaises qui sont le plus proche possible du son que je veux obtenir sur chaque note.
Les japonais n’ont pas de syllabe « zi », mais ont un « dji » à la place. Pour palier à ça, je veux lui faire prononcer « si » pour le « zi » de « zia ». Mais ils n’ont pas de son « si » non plus. Ils ont « sa », « so », « se », « su », mais avec le i, ça devient un « shi ». Cela dit pas de problème. Le phonème [i] existe, le phonème [s] aussi. Alors allons modifier ça dans les propriétés de la note.
Voilà ce que me donne le logiciel pour le シ / « shi » : [S i]. Pour le logiciel, ce S majuscule dans la case « phonetic », correspond au son « ch » en français, comme dans chat. Je vais donc modifier ça manuellement.
Je remplace donc le [S] par un [s], qui lui désigne le son ssss. Oui, comme le serpent. Bravo. Vous avez 5 ans ou quoi ?
Une question ? Pourquoi je n’ai pas choisi [z i] ou [dz i] ? Parce que ça passait mal avec v4 flower. Comme je vais vous le dire deux paragraphes plus bas, à chaque banque de voix sa prononciation particulière.
Notez avant ça qu’on n’a pas besoin de changer la syllabe des paroles associées quand on modifie l’aspect phonétique. Paroles et phonétique sont dissociées, même si quand vous entrez des paroles directement dans les notes, le logiciel remplit directement la note avec des phonèmes adaptés. Cliquez sur « protect » pour faire en sorte que même si vous modifiez cette syllabe dans les paroles, les phonèmes que vous avez choisis restent inchangés.
En ce qui concerne les symboles phonétiques acceptés par le logiciel pour les vocaloids japonais, je vous laisse apprendre ça par cœur sur ce site (il existe également un page similaire pour les vocaloids anglais). Sachez toute fois que chaque banque de voix gère différemment les phonèmes, donc pour chacune il faut adapter ses techniques. D’où le fait que la plupart des compositrices et compositeurs restent fidèles à une poignée de vocaloids qu’elles et ils maîtrisent bien.
Si vous êtes assez maligne ou malin, vous aurez pigé que vous pouvez directement entrer les phonèmes dans la case phonetic de chaque note sans passer par le clavier japonais. Ce qui peut être utile, bien que sans savoir quels sons existent en japonais, ça risque d’être assez fastidieux.
Allez, la suite. Je rajoute un « su » (ス) après le « E » de Esteban, et je neutralise le son « u » (noté [M] dans le logiciel) en lui adjoignant un petit [_0] pour qu’il ne reste que le son « s ». C’est ce qu’on appelle un dévoisement, en phonétique. Eh oh, vous vous doutiez bien qu’en voulant faire causer un synthétiseur vous alliez un minimum devoir bosser votre phonétique non ? Sans déconner, veulent plus bosser les jeunes aujourd’hui…
Je rajoute également un [N] après le « ba » de Esteban. Et je fais ainsi pour toutes les autres notes auxquelles il manquait des sons complexes à produire pour des japonais après que je leur avais attribué une syllabe simple.
Voici donc ce que donne donc cette même mélodie avec tout les phonèmes qu’il faut là où il les faut :
C’EST PAS TERMINÉ !!!
Enfin, pour moi si, parce que je suis un gros fainéant. Mais voici tous les potards que vous pourriez tourner pour changer le son global de chaque note :
D’abord de succinctes descriptions, ensuite quelques démos.
VEL: La manière dont la première consonne est prononcée (sur certains phonèmes c’est l’intensité avec laquelle ils sont prononcés, sur d’autres ça joue sur le timing). N’affecte que les consonnes.
DYN: Un bouton de volume en gros. En haut ça gueule, en bas ça chuchote.
BRE : Pour rajouter du souffle dans la voix, pour simuler la respiration, ou simplement ajouter un petit grain à la voix.
BRI et CLE: Deux filtres type égaliseur qui jouent sur les haut médiums et aigües, jouant donc sur la clarté et la brillance du son.
OPE: Un autre filtre qui simule la proportion dans laquelle la voix virtuelle ouvre sa bouche qui n’existe pas. Ce qui étouffe ou rend plus claire l’énonciation.
GEN: Pour jouer sur la qualité masculine ou féminine de la voix.
POR: pour régler à quel point la note précédente bave sur la suivante.
XSY: J’ai pas pigé. Cherchez vous-même.
GWL: Pour ajouter du grognement. De la saturation dans la voix.
PIT et PBS: Pour modifier manuellement et très finement la hauteur des notes.
On sélectionne ces effets dans le sélecteur d’effets (sans dec…) dont vous pouvez voir le menu déroulant dans l’image du dessus, et on les module avec l’outil crayon en dessinant des courbes et lignes (la partie verte et les barres dans l’image) sous les notes.
Illustrations de quelques uns de ces effets. Évidemment, pour que vous entendiez bien les différences, j’ai poussé les boutons à fond, ce n’est pas très esthétique.
En jouant finement de ces deux paramètres, on peut arriver à reproduire des voix plus réalistes. Mais moi je suis un bourrin donc j’y touche pas trop. Du coup j’ai essayé quand même, pour donner un exemple, mais c’est peu concluant et ça m’a vite saoulé :
Autre exemple, le paramètre GEN pour gender :
Voilà. Quand vous avez fini de faire mumuse avec tout ça (moi je ne le fais pas trop, mais si vous voulez un résultat soigné vous devriez). Vous pouvez ajuster vos volumes dans le mixeur si vous avez créé plusieurs voix, ainsi que le panoramique stéréo (ce que j’ai oublié de faire).
Et finalement il ne vous reste plus qu’à exporter le résultat en wave. Plusieurs options s’offrent à vous, elles sont listées dans l’image ci-dessous.
OUF !
C’est fini. J’en peux plus. Définitivement je ne suis pas fait pour rédiger des tutoriels. J’y ai passé bien trop de temps et j’ai les yeux éclatés. J’espère que vous avez appris deux trois trucs au moins.
Et que vous avez la musique des Mystérieuses cités d’or dans la tronche pour quelques jours.
À demain. Et désolé pour les fautes, mais clairement cet article est trop long, je vais pas me relire.
Dernier point sur les vocaloids, après je n’en parle plus, promis. Quand on ne cause pas japonais, ou pas assez bien, il est vraiment difficile de trouver quoi leur faire chanter. Le problème c’est qu’on ne peut pas non plus composer un air d’abord et y coller des paroles plus tard quand on n’a encore développé aucun instinct de la langue en question. Les meilleures mélodies pour voix sont celles qui collent avec le texte, qui jouent avec la rythmique et les intonations naturelles du langage. Pour remédier à ça, je m’entraine donc en ce moment en utilisant des textes courts que je trouve ici ou là.
Voici par exemple v4 flower qui vous chante le 9ème article de la constitution japonaise.
Pourquoi l’article 9, me demandez-vous, et pas le 7 ou le 10 ? Parce qu’il a quand même de la gueule cet article 9. En voilà la traduction :
Aspirant sincèrement à une paix internationale fondée sur la justice et l’ordre, le peuple japonais renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation, ou à la menace, ou à l’usage de la force comme moyen de règlement des conflits internationaux.
Pour atteindre le but fixé au paragraphe précédent, il ne sera jamais maintenu de forces terrestres, navales et aériennes, ou autre potentiel de guerre. Le droit de belligérance de l’État ne sera pas reconnu.
Cela dit, le gouvernement en place au Japon, droite conservatrice, cherche actuellement, et depuis un moment, à modifier cet article. Ou, si vraiment trop de voix continuaient à s’élever pour les en empêcher, à en proposer au moins une réinterprétation. Ce qui a déjà été fait plusieurs fois depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
Qu’est-ce que je voulais vous dire aujourd’hui déjà ? Je ne sais plus vraiment, je suis fatigué. Bon ben c’est déjà pas mal, vous avez eu droit à un mini-morceau de musique expérimentale et à un point histoire, vous n’allez quand même pas vous plaindre ?
Aujourd’hui je m’y prends tôt. En fait on pourrait dire que j’expédie, car j’ai toujours le nez plongé dans les vocaloids et je compte bien l’y laisser. À la différence que maintenant fini les pipi-caca. Je commence à entamer les grands travaux. C’est fou ce qu’on peut faire avec ce machin. De la pop à deux ronds comme d’harmonieuses polyphonies qui feraient se lisser les bacchantes au plus fortuné des aristocrates. C’est pour l’image. Les polyphonies, ce n’est pas de la musique d’aristocrate, ça se retrouve dans beaucoup les cultures, et c’est une façon très populaire de chanter ensemble. Je précise parce que j’ai en tête une discussion en ligne ou ça causait de musique et cinéma, et ou quelqu’un dont j’ai oublié le pseudo pointait très justement du doigt le fait que c’était toujours les méchants fortunés qui écoutaient de la musique classique. Essayons donc de nous départir de ces mauvais réflexes. La polyphonie, c’est tout simplement deux personnes ou plus qui chantent ensemble mais pas les mêmes notes. Ça donne très rapidement quelque chose d’émouvant.
Je ne vous l’ai pas expliqué, mais vocaloid, c’est tout d’abord un logiciel. Un séquenceur midi. Seulement il y a aussi les vocaloids, ou loids, qui sont des chanteuses et chanteurs virtuel·les. Il y en a beaucoup. Pour tous les goûts, j’ai envie de dire. Même si je pense que le simple fait que les voix soient factices et pour la plupart chantent en japonais en rebutera plus d’un très vite. Tant pis pour celles-ci et ceux-là, z’ont pas les oreilles assez élastiques. Il y a donc des voix masculines, des voix féminines, des voix haut-perchées et d’autres tout dans les graves. Il y a des voix cassées, des voix cristallines, des faites pour le rock, d’autres pour les berceuses. Vous vous rendez compte de la manière dont je qualifie de fausses voix générées par des ordinateurs ? Allé, je vais vous en donner un petit exemple. Sans aucun mot, juste des [ä].
Alors ? Là je n’ai même pas bidouillé les paramètres. C’est ce qui sort directement avec cet·te artiste virtuel·le androgyne quand on place les notes qu’on veut où on le veut. Et on peut vraiment bidouiller. Ça fait réfléchir sur l’avenir de la synthétisation des voix hein ? Car ce n’est que le début. Ça doit aussi effrayer quelques chanteurs et chanteuses de certains milieux de la pop. Moi ça va, je ne suis pas chanteur, alors je m’en fiche.
Bref, tout ça pour vous dire que j’y retourne, et pour vous expliquer pourquoi hier j’ai oublié d’écrire et n’ai posté la note qu’in extremis, un quart d’heure avant minuit. C’est que je suis tout entier accaparé par ce nouveau jouet.
…quand on raconte parfois qu’on a presque oublié d’écrire sur le blog, mais aujourd’hui c’est vrai. Il est 23h35 et mon amie me dit : « Tu as écrit ta note de blog ? » Euh… Non. C’est qu’après les logiciels de montage, que je continue d’utiliser bien que l’inspiration s’amenuise, j’ai encore trouvé un nouveau joujou. Je vous en avais peut-être déjà causé ici ou là, il s’agit des vocaloids. Ce sont des synthétiseurs qui permettent de faire chanter votre ordinateur d’une manière plus ou moins naturelle. Pour l’instant surtout en japonais et en anglais. Je connaissais de nom, mais là… Je n’en avais jamais eu sous la main jusqu’à aujourd’hui. Vous imaginez donc qu’avec un truc pareil à expérimenter je n’ai pas pensé au blog. J’étais trop occupé à faire chanter à v4flower : カカアアアアアアア, ピピイイイイイイイ. Cherchez pas. C’est phonétiquement « caca » et « pipi » dans l’un des syllabaires japonais. Ben oui, je m’y connais pas encore assez en japonais pour fignoler des paroles comme il faut en même temps que je compose et que je teste toutes les possibilités du machin, alors je fais avec ce qui me vient. Ouais… Ce qui me vient tout de suite, c’est caca et pipi… Ben je sais pas quoi vous dire. Je fais chanter des polyphonie à mon ordinateur sur des paroles scato et, honnêtement, je trouve ça fabuleux.