« Regarde maman je suis pas tombé », c’est ce que j’ai entendu un petit garçon répéter à sa mère alors que je marchais le long d’un parc en rentrant chez moi. Trois fois. « Regarde maman je suis pas tombé. Regarde maman je suis pas tombé. Regarde maman je suis bas tombé. » J’imagine qu’au moment même où sa mère a tourné la tête vers lui le mioche s’est lamentablement gaufré, comme il est de coutume. En tout cas, après, il s’est tu ou alors j’étais trop loin pour l’entendre.
Tout en marchant, je me suis fait plusieurs réflexions en repensant à cette phrase. La première, c’est qu’en général on attire l’attention de quelqu’un sur quelque chose qu’on a fait, pas sur quelque chose qui ne s’est pas produit. Vraiment aucune logique ces mômes. La deuxième, c’est, comme je vous l’ai dit, que ce que vous voulez montrer marche toujours très bien jusqu’à ce qu’une personne y porte enfin le regard sur vous, ce qui est vraiment étrange. M’est avis que si on voulait trouver la preuve que nous existons dans une simulation, c’est de ce côté-là qu’il faudrait fouiller. La troisième, c’est que j’ai la cruelle sensation que nous sommes tous des enfants qui, par chacun de nos actes, passons nos vies à répéter dans un néant d’attention total : regarde maman je suis pas tombé·e.
Hein ? Oui, c’est tout pour aujourd’hui. Bonne déprime à vous également.